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Mon pays se meurt (par Baïdy Ndiaye)

Rédigé par leral.net le Samedi 28 Avril 2018 à 15:14 | | 0 commentaire(s)|

Le chef de l'Etat et les Syndicats d'enseignants, le 02 avril 2018
Le chef de l'Etat et les Syndicats d'enseignants, le 02 avril 2018


Et personne ne lève le plus petit doigt, hormis justement, ceux qui le mettent en péril : les enseignants.
L’on est donc en droit de se demander ce que fait la société civile dans sa large acception ? Le khalife des Tidianes a tenté un rapprochement des positions certes, mais il est le seul à l’avoir fait parmi les guides religieux ! Tout semble distribué, planifié, programmé en haut lieu, à procéder à la mise à mort de l’école républicaine déjà si malade de la carence des enseignants, dont plusieurs ne parlent même plus le français en classe, même aux candidats aux examens qui, pourtant, composeront en français et non dans les langues nationales.

Mais, dans ce méli-mélo, où se joue l’avenir, que dis-je, le devenir de notre pays, ce sont les preneurs d’otage qui dictent leurs lois, toujours faites de sempiternelles revendications pécuniaires, d’octobre à septembre, avec les mêmes rengaines d’indemnités de ceci, de rappels de cela ou de droits qui n’existent pas parce qu’inventés au nom de la toute-puissance syndicale !

Et dans ce sport national instauré par le régime de Wade, c’est la posture des acteurs muets qui étonne, qui dérange, qui inquiète, qui fait peur, qui fait mal !

Pourquoi les enseignants battent-ils le pavé alors que les associations de parents d’élèves restent muettes ? La Fédération nationale des associations de parents d’élèves et d’étudiants devrait avoir honte de l’image qu’elle donne dans ce pays. Elle ne se fait remarquer, cette FNAPEES, qu’aux banquets initiés par l’Etat au terme desquels son mutisme est récompensé par des per diem indûs ; en effet, elle ne prend jamais d’initiative pour défendre les attentes normales des citoyens pères, mères et tuteurs de futurs citoyens.

Mais, que dire des autres OSC promptes à « jeter des pierres » sur la gouvernance, sur la gestion des finances publiques, sur les soi-disantes dérives du régime ? Y a-t-il au monde domaine plus souverain et républicain que l’Education ? Quelle société civile dans ce monde globalisé et ouvert, assiste muette, à la dislocation de son système, sans réagir, sans dire mot, sans tenter de mettre les acteurs autour d’une table, dès le début des tensions ?

A ce titre, les syndicats ont raison : l’Etat et la société civile auraient dû réagir depuis que les organisations professionnelles ont déposé leurs mots d’ordre ! Mais Serigne Mbaye Thiam a cette habitude de regarder le feu consumer les palissades, s’attaquer aux cases avant de crier « au feu ». C’est cette attitude indigne d’un décideur que nous déplorons chez cet expert-comptable, très doué parait-il dans son domaine.

En fait, sa manière de gérer le secteur de l’éducation a fini par ôter aux Sénégalais, tout espoir de redressement de notre système éducatif, mis à mort par les groupuscules organisés au sein du ministère à la recherche d’opportunités de gagner des prébendes, en surfant sur les lignes budgétaires du PAQUET.

Par ailleurs, que font donc le CONGAD, la Plateforme des Acteurs non Etatiques, les grosses ONG et coalitions d’ONG telles que le Forum Civil, Amnesty Sénégal, la RADDHO, les jeunes activistes de Yen A Marre, et les soi-disant lanceurs d’alerte qui polluent les médias, en publiant des articles tellement déconnectés de nos lois et textes qu’ils en perdent tout crédit et toute crédibilité ?

L’heure est grave, chers compatriotes !

Il est vrai que M. le Président Macky SALL a hérité d’un pays « qui marche sur la tête » mais cela ne le disculpe ni ne le dédouane de ses faiblesses vis-à-vis de la chose publique. L’on regarde des enseignants du public être plus réguliers aux cours privés qu’à ceux pour lesquels ils sont payés par l’Etat ! Du reste, la floraison des écoles privées jouxtant les lycées et collèges privés, en dit long sur le partage des responsabilités au premier rang desquelles, bien sûr, l’Etat dans tous les organes et organismes qui le composent.

Levons-nous, parents d’élèves ! A moins que nous ne soyons les complices des fossoyeurs de l’école républicaine et, à terme, de la République ! Rangeons nos différences religieuses et sectaires, et oeuvrons à faire renaitre le système éducatif de notre pays ou ce qu’il en reste. Soyons donc républicains et tirons de son sommeil, la Fédération des parents d’élèves ; aidons-la à jouer son rôle : mobiliser toutes les victimes, et mettre la pression sur tous les responsables de la crise, en vue de sa solution définitive.

Demandons aussi la tête de l’actuel ministre, qui est désorienté et dépassé par la tournure des évènements, mais aussi pris en otage par des conseillers, membres parait-il, de clans visant à enrichir « ceux qui sont proches de la retraite », en les mettant à des postes où ils peuvent se faire une santé financière pour affronter ce qui leur reste à vivre.

Je me demande même comment ce ministre a survécu à sa bourde hérétique quand il a repris le slogan de la COSYDEP « démarrer les cours le jour de l’ouverture même » !!! Monsieur le Ministre, en sortant son « ubbi tey, jàng tey » qui en dit long sur la gouvernance de notre système, la COSYDEP est dans ses habits d’organisation de la société civile ! Mais, vous, représentant de l’Etat en matière d’Education, vous n’avez pas le droit de le répéter ! Car, savez-vous, M. le Ministre, qu’en le faisant, vous avez avoué aux Sénégalais que vous payez des fonctionnaires qui ne font pas le travail pour lequel ils sont recrutés ! Que, malgré tout, vous fermez les yeux au nom de je ne sais quelle logique, qui ne peut être qu’antirépublicaine. Car enfin que signifie « ubbi » sinon « tàmbalee jàng » ?

Bref, voilà pourquoi, je vous suggère, Monsieur le Ministre et, à travers vous, à M. le Président de la république, que les enseignants grévistes soient, au terme d’un délai raisonnable fixé, radiés de la fonction publique, purement et simplement.

Je suggère donc que l’Etat du Sénégal prenne son courage à deux mains et décrète une année blanche et radie tous les enseignants grévistes, qui retiennent les notes, qui passeraient le plus clair de leurs temps hors des enceintes scolaires à enseigner dans les écoles privées (c’est un héritage de Me Wade) ou, pire, à ouvrir leurs commerces, à surveiller leurs projets de poulaillers, de bergerie, d’immobilier, etc. (je ne répèterai pas pour la plupart d’entre eux ce que Alpha Condé vient de dire à propos des enseignants guinéens mais …).

Le faisant, le pays y gagnerait doublement car i) l’on recruterait les nombreux jeunes garçons et filles diplômés et chômeurs. Ils seront exemplaires devant le cas qui les aura fait recruter dans la fonction publique ; et l’on arriverait enfin à disposer d’enseignants « moins guinéens » et, ii) l’Etat obligerait les écoles privées à recruter les enseignants radiés pour un peu de sérieux dans ces établissements qui échappent à tout contrôle.

Cette alternative, seule, comme récemment celle avec les infirmières de Zimbabwe, ou celle de nos policiers radiés en 1987, ou encore celle avec des aiguilleurs du ciel américains radiés par le Président Ronald Reagan, pourrait sortir ce pays de la fosse dans laquelle nous ont entraînés ces syndicalistes peu responsables. Cette courageuse décision devrait être couplée à une reprise des Assises de l’Education car les premières, managées par un éminent universitaire certes, mais malheureusement peu au parfum des techniques nouvelles de consultation, de concertation, de bonne gouvernance, n’ont pas eu tous les fruits attendus des fleurs.

Mais souhaitons que nos enseignants dont les enfants sont, en très grande majorité, inscrits dans le privé, entendent raison et n’obligent pas à en arriver à cette alternative extrême.

Le reste, M. le Ministre, sera géré par les nécessaires concertations que vous oubliez souvent de provoquer, tellement vous voulez gouverner « à la Senghor », au temps révolu de l’UPS. Je sais que votre successeur à ce poste, y veillera.





Baïdy NDIAYE,
Parent d’élèves
Kolda