Vous comprendrez Monsieur le Président pourquoi ceux qui ne peuvent à vous accéder pour l’intérêt général, choisissent de vous interpeler de cette façon non confidentielle. Alors dans la droiture et même l’admiration qui siéent à une personne de votre rang, en dehors de toutes raisons partisanes chacun pour le même but utilisera les mots et métaphores qui lui semblent, sans violence et de bonne foi, plus aptes à faire vibrer vos sentiments sans nul doute hautement patriotiques. Vous nous excuserez du reste de la tonalité et des éventuels écarts qui peuvent faussement colorer ces notes. Cela n’altère en rien la grande estime et le bien que nous vous souhaitons comme la majorité des sénégalais tous âges confondus. Mais, c’est là où commence notre logique, celle qui nous fait penser que vous devriez librement et volontairement quitter le pouvoir pour au moins chacune des trois raisons suivantes :
le Devoir, qui crée le droit et qui est aussi, la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi ;
la Sagesse, qui désigne le savoir et la vertu d’un homme. Elle caractérise celui qui est en accord avec lui-même et avec les autres, avec son corps et ses passions, celui qui a cultivé ses facultés mentales tout en accordant ses actes à ses paroles. Elle est aussi attribuée à ceux qui prennent des décisions raisonnables, parfois au prix de leurs propres intérêts ;
la Gloire, qui consacre la réputation, la célébrité ou le renom acquis aux prix de faits, gestes ou sacrifices pour une cause noble et/ou inhabituelle comme la paix et le progrès.
A deux reprises vous avez été élu pour apporter des solutions aux multiples problèmes qui assaillent le Sénégal et lui ouvrir les voies sûres du développement durable. Vous avez tout essayé en vain comme en atteste la longue liste de vos collaborateurs ministres et autres conseillers depuis plus d’une décennie. Les raisons sont multiples. Malheureusement toutes ne plaident pas en votre faveur. Le pays est certes pauvre cependant, les problèmes n’étant pas souvent bien cernés, les solutions apportées ont été généralement conjoncturelles, donc inefficaces. Il n’y a pas eu non plus de hiérarchie dans les actions prioritaires sensées conduire le pays à la croissance. Mettons de coté les dépenses inutiles et les innombrables lignes budgétaires peu pertinentes qui ont caractérisé votre intendance. Le manque d’efficacité et les promesses non tenues ont pollué votre bilan. Le constat est fait et dix ans de plus n’y changeront rien. C’est votre façon de concevoir le pouvoir et celle de voir le développement qui semblent erronées. Qu’à cela ne tienne. Vous avez fait de votre mieux.
L’expérience acquise sous votre magistère en dix ans est un trésor qui vaut à l’échelle de l’évolution d’une nation peut-être même plus que tous les souhaits qui auraient pu déjà être réalisés. Votre passage à la tête du pays est une leçon pour le peuple. Il sait actuellement tout ce qu’il faut faire et tout ce qu’il ne faut plus permettre pour réussir. Restez maître du jeu et par devoir, en toute quiétude, jouissez volontairement de vos droits à une retraite paisible. Cela aura l’avantage d’éviter le chaos tant redouté. En effet les nuages qui s’amoncèlent à l’horizon menacent lourdement de leur bourrasque, l’avenir du Sénégal. De cet orage de malheurs qui se dessine, personne d’autre que vous n’est en mesures d’épargner le pays. Oui Maître le décor est planté, le risque d’implosion est plus que réel. Vous le savez et votre peuple sait que vous le savez bien. Il attend que vous décidiez d’être son sauveur, le grand arbitre de son destin. Cela est plus exaltant qu’un nouveau mandant qui ne fera que vous éprouver davantage, vous épuiser sans aucun gage de meilleure réussite. Les 19 mars et 23 juin 2011 constituent un avertissement et les répétitions générales du 23 juillet une revue de troupes qui a fini de dresser deux camps sûrs de leurs forces face à face attendant le verdict déjà fragilisé du juge constitutionnel. Faites le sacrifice de vous retirer alors qu’il est encore temps. Le Sénégal vaut plus que toutes les ambitions, tous vos projets en cours et à venir qui ne sauraient prospérer sur un pays en ruine.
Vous avez atteint vos limites Monsieur le Président. Le monde rural, la jeunesse, la santé, les infrastructures, l’éducation et l’industrie pour ne citer que ceux là, ont été le plus clair du temps gérés avec peu de fermeté. L’informel a investi tous les milieux. Nous en voulons pour preuve le diagnostic tardif et les pseudo-solutions qui viennent seulement d’être envisagées pour résoudre le problème énergétique. La paupérisation des masses est plus que frappante. Vos idées lumineuses des années 80 quand vous parliez encore de programme de société sont rangées dans les tiroirs de vos pensées. La mutation a été sournoise mais profonde. Et, il est peu probable que d’ici cinq ou sept ans encore vous puissiez faire plus que tout ce que vous avez tenté et échoué, quand physiquement vous disposez naturellement de moins de ressources. Vous comprendrez comme le dit bien Mc Arthur, que l’âge et la jeunesse qui semblent vous habiter sont deux choses distinctes.
Oui, Maitre vous êtes jeune, plus que la plupart de ceux qui s’en réclament ou paraissent porter cette jeunesse. Mais quelque part aussi la nature à ses droits et vous l’impose inexorablement. Voila pourquoi une bonne frange de la jeunesse, persuadée que ce pays peut bien s’en sortir, ne se reconnait plus dans vos discours, dans vos projets qui semblent aux antipodes du vrai rêve de 2000 dont l’espoir entretenu jusqu’en en 2007 a tissé vos différents lauriers. Ce que la jeuneuse vous dit aujourd’hui dans sa majorité, c’est qu’elle s’est réveillée, a grandi, n’a plus d’espoir et ne veut plus continuer ces rêveries debout de quelques origines qu’elles puissent d’ailleurs venir, aussi bien du pouvoir que de l’opposition. Encore une fois, acceptez par sagesse et par devoir, alors qu’il est temps de prendre votre retraite. Donnez-nous la chance de vous la fêter dans l’unisson comme en 2000. Vous en avez besoin, le pays en a besoin et encore davantage vos amis de cette vaillante jeunesse des années 1988 (sous les chars de combat) à 2001.
Que faut-il vous dire de plus pour vous faire vaciller ? Peut être ceci : vous êtes un symbole et le peuple le veut immaculé et encore plus grand que votre monument de la renaissance dont le sort est intimement lié au vôtre. Faites par sagesse, Monsieur, et laissez le peuple vous le rendre. Vous avez tout à y gagner.
Votre parti et vos alliés comptent certainement bien des hommes et des femmes prêts à perpétuer votre engagement. Ils ne sont pas emballés de vous voir briguer un troisième mandat. S’ils ne vous le disent pas tout haut, sachez qu’ils le pensent presque tous tout bas et le murmurent souvent. Malheureusement, ils vous soutiennent en chœurs pour ce pari insensé venant de vous qui n’avez plus rien à prouver que la sagesse et la raison. Ont-ils honte ou tous peur de vous demander de céder la main ? Faites si ce n’est déjà le cas, votre enquête et vous vous rendrez compte que leur soutien n’est plus que de façade. A l’abri de votre Vigilance, dans la permanence de leurs rencontres privées et mêmes affables ou dans la solitude de leur cœurs, ils prient presque en majorité pour que vous partiez en paix.
Votre façon de concevoir la politique, le pouvoir et le développement a laminé les ardeurs du Sopi. En 2000 les Sénégalais ne demandaient qu’à être guidés. Vous avez préféré votre parti à la république. Le peuple s’est finalement auto saisi avant terme de votre bilan politique, social et économique, après vous avoir tout confié et tout toléré. A ses yeux les échecs semblent plus palpables que les succès en 12 ans.
Le chemin de fer tout seul aurait suffi pour couronner un mandat à la place d’un aéroport qui n’est pas dans les priorités du peuple qui a du mal à se déplacer. Que sont devenues nos villes toutes promues à un bel essor par des programmes spéciaux d’investissement promis à l’instar de Thiès et Kaolack (restées sur leur faim). Combien d’enfants de ce pays sont tombés en Casamance pour un conflit qui en réalité ne semble même pas trouver les prémices d’une résolution ? La santé constitue une désillusion et ne pourra jamais être redressée sur la base des principes qui l’ont régi depuis l’an 2000.
Votre programme scolaire est diamétralement opposé à vos grands concepts des années 80, tous oubliés. L’enseignement est resté toujours trop général et assez théorique. Le niveau ne cesse de se dégrader et l’année scolaire est toujours tronquée. Que soient vite oubliées vos idées d’assistants éducatifs évoquées le 14 juillet pour résorber le chômage des jeunes. Cela risque de déstabiliser davantage un système qui a du mal à se retrouver. La jeunesse mérite plus et mieux que ces sous-emplois. Ce n’est pas non plus en faisant de Dakar un énorme souk pour marchands ambulants que vous allez résoudre la précarité et l’exode rural qui font exploser nos villes. Les questions de la résorption du chômage au Sénégal et de la sécurité urbaine si fortement liées ne seront résolues que par la mise en jeu de politiques dignes de ce nom.
N’ayant pas encore découvert de grande richesses dans notre sous sol, l’évidence voudrait qu’on se reprenne en remettant sur la sellette les plus solides piliers de notre développement que sont l’agriculture, l’élevage et la pêche. Les paysans, pasteurs et pécheurs représentent près de 75% de la population active. Le plein emploi que vous avez promis et toujours cherché ne pourra donc être réglé que par une bonne politique agropastorale. C’est cela notre pétrole. Du fond de nos campagnes, des millions d’emplois durables pourraient être créés et des centaines de diplômés placés.
Monsieur le Président, vous pouvez partir rassuré. Dite seulement comme Franklin « Je n’ai pas échoué. J’ai eu 10 000 idées qui n’ont pas marché ». Ainsi vous armerez votre successeur à aller rapidement à l’essentiel car vous avez quand même ouvert une grande brèche dans la montagne. Il ne lui servira à rien de vouloir réinventer la roue d’autant qu’Il n’aura ni le choix, ni de répits. En 2006 vous avez lancé le plan Reva qui sera plus tard consacré Agence, prenant alors l’allure d’une politique, d’un programme qu’il fallait seulement approfondir et adapter aux réalités et besoins du pays pour que la réussite soit totale. Un déficit de conviction et de maîtrise l’en a empêché.
La GOANA lancée avec précipitation en 2008 sur les flancs de l’Anreva n’a pu rester qu’un simple slogan et demeure un défi majeur à relever pour le développement du pays. La GOANA revisitée nous mettra en bonne posture dans les nouvelles guerres de la faim qui planent sur le monde. Refusons de redevenir les futurs esclaves des pays développés qui viendront faire travailler nos paysans pour nourrir les leurs ou s’enrichir.
La terre, capital inestimable et indispensable à toute activité agropastorale, souffre et doit être protégée. Elle fait courir les grandes firmes de ce monde qui ont saisi les enjeux de ce début du 21 ème siècle. Au Sénégal, la méprise sur cette question semble être une énorme carence qui ne saura encore engendrer que de redoutables conflits fonciers. Le problème de la Casamance n’a t- il pas surgi de ce genre de considérations où les nordistes étaient pointés du doigt ? Il n’est pas raisonnable de céder autant d’hectares que ce qui est dénoncé à Mbane et à Podor à des compagnies et firmes étrangères, ou à quelques particuliers, au détriment du monde rural sans que l’Etat ne réagisse. Pour l’exemple, les villes de Dakar, de Pikine et Guédiawaye tiendraient amplement dans 20 000 hectares (200 Km² ou plus de 1/1000 ème du territoire). C’est une énormité que de céder de telles surfaces pour des sommes qui n’excèdent même pas le pauvre milliard qui n’impressionne même plus nos collégiens.
Les paysans et le monde rural doivent continuer à s’opposer à ces pratiques d’un autre âge. Ceux qui veulent exploiter des terres pour le profit ou pour assurer la sécurité alimentaire d’autres nations devront le faire en respectant les règles absolues de l’association gagnante. Les pays du golfe ont leur pétrole, les occidentaux leurs industries et leurs technologies. Ils ne les donnent ni ne les cèdent. Ils demandent le prix, même à leurs amis. Cela restera valable Monsieur le Président pour nos terres que vous devez sécuriser pour les générations futures. Cette action de haute portée parait facile et tout le peuple est prêt à vous y accompagner.
Ainsi, en plus d’organiser des élections démocratiques et transparentes pour votre succession, voila une occupation pour le reste de votre mandat qui vous ouvrira les portes de la gloire éternelle. Le pouvoir n’est-il pas fait, entre autres pour la délivrance de ceux qui souffrent injustement ? Le Sénégal vous en sera infiniment plus que reconnaissant.
Professeur Aliou Lam, Ophtalmologiste
Colaser, Dakar - Sénégal
le Devoir, qui crée le droit et qui est aussi, la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi ;
la Sagesse, qui désigne le savoir et la vertu d’un homme. Elle caractérise celui qui est en accord avec lui-même et avec les autres, avec son corps et ses passions, celui qui a cultivé ses facultés mentales tout en accordant ses actes à ses paroles. Elle est aussi attribuée à ceux qui prennent des décisions raisonnables, parfois au prix de leurs propres intérêts ;
la Gloire, qui consacre la réputation, la célébrité ou le renom acquis aux prix de faits, gestes ou sacrifices pour une cause noble et/ou inhabituelle comme la paix et le progrès.
A deux reprises vous avez été élu pour apporter des solutions aux multiples problèmes qui assaillent le Sénégal et lui ouvrir les voies sûres du développement durable. Vous avez tout essayé en vain comme en atteste la longue liste de vos collaborateurs ministres et autres conseillers depuis plus d’une décennie. Les raisons sont multiples. Malheureusement toutes ne plaident pas en votre faveur. Le pays est certes pauvre cependant, les problèmes n’étant pas souvent bien cernés, les solutions apportées ont été généralement conjoncturelles, donc inefficaces. Il n’y a pas eu non plus de hiérarchie dans les actions prioritaires sensées conduire le pays à la croissance. Mettons de coté les dépenses inutiles et les innombrables lignes budgétaires peu pertinentes qui ont caractérisé votre intendance. Le manque d’efficacité et les promesses non tenues ont pollué votre bilan. Le constat est fait et dix ans de plus n’y changeront rien. C’est votre façon de concevoir le pouvoir et celle de voir le développement qui semblent erronées. Qu’à cela ne tienne. Vous avez fait de votre mieux.
L’expérience acquise sous votre magistère en dix ans est un trésor qui vaut à l’échelle de l’évolution d’une nation peut-être même plus que tous les souhaits qui auraient pu déjà être réalisés. Votre passage à la tête du pays est une leçon pour le peuple. Il sait actuellement tout ce qu’il faut faire et tout ce qu’il ne faut plus permettre pour réussir. Restez maître du jeu et par devoir, en toute quiétude, jouissez volontairement de vos droits à une retraite paisible. Cela aura l’avantage d’éviter le chaos tant redouté. En effet les nuages qui s’amoncèlent à l’horizon menacent lourdement de leur bourrasque, l’avenir du Sénégal. De cet orage de malheurs qui se dessine, personne d’autre que vous n’est en mesures d’épargner le pays. Oui Maître le décor est planté, le risque d’implosion est plus que réel. Vous le savez et votre peuple sait que vous le savez bien. Il attend que vous décidiez d’être son sauveur, le grand arbitre de son destin. Cela est plus exaltant qu’un nouveau mandant qui ne fera que vous éprouver davantage, vous épuiser sans aucun gage de meilleure réussite. Les 19 mars et 23 juin 2011 constituent un avertissement et les répétitions générales du 23 juillet une revue de troupes qui a fini de dresser deux camps sûrs de leurs forces face à face attendant le verdict déjà fragilisé du juge constitutionnel. Faites le sacrifice de vous retirer alors qu’il est encore temps. Le Sénégal vaut plus que toutes les ambitions, tous vos projets en cours et à venir qui ne sauraient prospérer sur un pays en ruine.
Vous avez atteint vos limites Monsieur le Président. Le monde rural, la jeunesse, la santé, les infrastructures, l’éducation et l’industrie pour ne citer que ceux là, ont été le plus clair du temps gérés avec peu de fermeté. L’informel a investi tous les milieux. Nous en voulons pour preuve le diagnostic tardif et les pseudo-solutions qui viennent seulement d’être envisagées pour résoudre le problème énergétique. La paupérisation des masses est plus que frappante. Vos idées lumineuses des années 80 quand vous parliez encore de programme de société sont rangées dans les tiroirs de vos pensées. La mutation a été sournoise mais profonde. Et, il est peu probable que d’ici cinq ou sept ans encore vous puissiez faire plus que tout ce que vous avez tenté et échoué, quand physiquement vous disposez naturellement de moins de ressources. Vous comprendrez comme le dit bien Mc Arthur, que l’âge et la jeunesse qui semblent vous habiter sont deux choses distinctes.
Oui, Maitre vous êtes jeune, plus que la plupart de ceux qui s’en réclament ou paraissent porter cette jeunesse. Mais quelque part aussi la nature à ses droits et vous l’impose inexorablement. Voila pourquoi une bonne frange de la jeunesse, persuadée que ce pays peut bien s’en sortir, ne se reconnait plus dans vos discours, dans vos projets qui semblent aux antipodes du vrai rêve de 2000 dont l’espoir entretenu jusqu’en en 2007 a tissé vos différents lauriers. Ce que la jeuneuse vous dit aujourd’hui dans sa majorité, c’est qu’elle s’est réveillée, a grandi, n’a plus d’espoir et ne veut plus continuer ces rêveries debout de quelques origines qu’elles puissent d’ailleurs venir, aussi bien du pouvoir que de l’opposition. Encore une fois, acceptez par sagesse et par devoir, alors qu’il est temps de prendre votre retraite. Donnez-nous la chance de vous la fêter dans l’unisson comme en 2000. Vous en avez besoin, le pays en a besoin et encore davantage vos amis de cette vaillante jeunesse des années 1988 (sous les chars de combat) à 2001.
Que faut-il vous dire de plus pour vous faire vaciller ? Peut être ceci : vous êtes un symbole et le peuple le veut immaculé et encore plus grand que votre monument de la renaissance dont le sort est intimement lié au vôtre. Faites par sagesse, Monsieur, et laissez le peuple vous le rendre. Vous avez tout à y gagner.
Votre parti et vos alliés comptent certainement bien des hommes et des femmes prêts à perpétuer votre engagement. Ils ne sont pas emballés de vous voir briguer un troisième mandat. S’ils ne vous le disent pas tout haut, sachez qu’ils le pensent presque tous tout bas et le murmurent souvent. Malheureusement, ils vous soutiennent en chœurs pour ce pari insensé venant de vous qui n’avez plus rien à prouver que la sagesse et la raison. Ont-ils honte ou tous peur de vous demander de céder la main ? Faites si ce n’est déjà le cas, votre enquête et vous vous rendrez compte que leur soutien n’est plus que de façade. A l’abri de votre Vigilance, dans la permanence de leurs rencontres privées et mêmes affables ou dans la solitude de leur cœurs, ils prient presque en majorité pour que vous partiez en paix.
Votre façon de concevoir la politique, le pouvoir et le développement a laminé les ardeurs du Sopi. En 2000 les Sénégalais ne demandaient qu’à être guidés. Vous avez préféré votre parti à la république. Le peuple s’est finalement auto saisi avant terme de votre bilan politique, social et économique, après vous avoir tout confié et tout toléré. A ses yeux les échecs semblent plus palpables que les succès en 12 ans.
Le chemin de fer tout seul aurait suffi pour couronner un mandat à la place d’un aéroport qui n’est pas dans les priorités du peuple qui a du mal à se déplacer. Que sont devenues nos villes toutes promues à un bel essor par des programmes spéciaux d’investissement promis à l’instar de Thiès et Kaolack (restées sur leur faim). Combien d’enfants de ce pays sont tombés en Casamance pour un conflit qui en réalité ne semble même pas trouver les prémices d’une résolution ? La santé constitue une désillusion et ne pourra jamais être redressée sur la base des principes qui l’ont régi depuis l’an 2000.
Votre programme scolaire est diamétralement opposé à vos grands concepts des années 80, tous oubliés. L’enseignement est resté toujours trop général et assez théorique. Le niveau ne cesse de se dégrader et l’année scolaire est toujours tronquée. Que soient vite oubliées vos idées d’assistants éducatifs évoquées le 14 juillet pour résorber le chômage des jeunes. Cela risque de déstabiliser davantage un système qui a du mal à se retrouver. La jeunesse mérite plus et mieux que ces sous-emplois. Ce n’est pas non plus en faisant de Dakar un énorme souk pour marchands ambulants que vous allez résoudre la précarité et l’exode rural qui font exploser nos villes. Les questions de la résorption du chômage au Sénégal et de la sécurité urbaine si fortement liées ne seront résolues que par la mise en jeu de politiques dignes de ce nom.
N’ayant pas encore découvert de grande richesses dans notre sous sol, l’évidence voudrait qu’on se reprenne en remettant sur la sellette les plus solides piliers de notre développement que sont l’agriculture, l’élevage et la pêche. Les paysans, pasteurs et pécheurs représentent près de 75% de la population active. Le plein emploi que vous avez promis et toujours cherché ne pourra donc être réglé que par une bonne politique agropastorale. C’est cela notre pétrole. Du fond de nos campagnes, des millions d’emplois durables pourraient être créés et des centaines de diplômés placés.
Monsieur le Président, vous pouvez partir rassuré. Dite seulement comme Franklin « Je n’ai pas échoué. J’ai eu 10 000 idées qui n’ont pas marché ». Ainsi vous armerez votre successeur à aller rapidement à l’essentiel car vous avez quand même ouvert une grande brèche dans la montagne. Il ne lui servira à rien de vouloir réinventer la roue d’autant qu’Il n’aura ni le choix, ni de répits. En 2006 vous avez lancé le plan Reva qui sera plus tard consacré Agence, prenant alors l’allure d’une politique, d’un programme qu’il fallait seulement approfondir et adapter aux réalités et besoins du pays pour que la réussite soit totale. Un déficit de conviction et de maîtrise l’en a empêché.
La GOANA lancée avec précipitation en 2008 sur les flancs de l’Anreva n’a pu rester qu’un simple slogan et demeure un défi majeur à relever pour le développement du pays. La GOANA revisitée nous mettra en bonne posture dans les nouvelles guerres de la faim qui planent sur le monde. Refusons de redevenir les futurs esclaves des pays développés qui viendront faire travailler nos paysans pour nourrir les leurs ou s’enrichir.
La terre, capital inestimable et indispensable à toute activité agropastorale, souffre et doit être protégée. Elle fait courir les grandes firmes de ce monde qui ont saisi les enjeux de ce début du 21 ème siècle. Au Sénégal, la méprise sur cette question semble être une énorme carence qui ne saura encore engendrer que de redoutables conflits fonciers. Le problème de la Casamance n’a t- il pas surgi de ce genre de considérations où les nordistes étaient pointés du doigt ? Il n’est pas raisonnable de céder autant d’hectares que ce qui est dénoncé à Mbane et à Podor à des compagnies et firmes étrangères, ou à quelques particuliers, au détriment du monde rural sans que l’Etat ne réagisse. Pour l’exemple, les villes de Dakar, de Pikine et Guédiawaye tiendraient amplement dans 20 000 hectares (200 Km² ou plus de 1/1000 ème du territoire). C’est une énormité que de céder de telles surfaces pour des sommes qui n’excèdent même pas le pauvre milliard qui n’impressionne même plus nos collégiens.
Les paysans et le monde rural doivent continuer à s’opposer à ces pratiques d’un autre âge. Ceux qui veulent exploiter des terres pour le profit ou pour assurer la sécurité alimentaire d’autres nations devront le faire en respectant les règles absolues de l’association gagnante. Les pays du golfe ont leur pétrole, les occidentaux leurs industries et leurs technologies. Ils ne les donnent ni ne les cèdent. Ils demandent le prix, même à leurs amis. Cela restera valable Monsieur le Président pour nos terres que vous devez sécuriser pour les générations futures. Cette action de haute portée parait facile et tout le peuple est prêt à vous y accompagner.
Ainsi, en plus d’organiser des élections démocratiques et transparentes pour votre succession, voila une occupation pour le reste de votre mandat qui vous ouvrira les portes de la gloire éternelle. Le pouvoir n’est-il pas fait, entre autres pour la délivrance de ceux qui souffrent injustement ? Le Sénégal vous en sera infiniment plus que reconnaissant.
Professeur Aliou Lam, Ophtalmologiste
Colaser, Dakar - Sénégal