Mor Dieng, depuis les élections législatives de juillet 2012, vous avez disparu de la scène politique, est-ce un signal de retrait, vu votre score (11 402 voix, soit 0,42 %, Ndlr) ?
Permettez-moi tout d’abord de rendre hommage à Nelson Mandela, cet illustre et digne fils de l’Afrique qui est un modèle qui inspire notre combat politique. Pour répondre à votre question, je dois vous inviter à ne pas confondre la présence au niveau des médias et présence sur la scène politique. Nous ne sommes pas des politiciens professionnels comme ceux qui passent leur temps à parler dans le vide. Nous sommes des acteurs économiques et nous travaillons, ce qui nous prend aussi beaucoup de temps. La politique n’est pas un métier. Nous rencontrons nos militants et nous travaillons sur un plan stratégique hors média. Le parti Yaakaar a participé seul à l’élection présidentielle de 2012, sans apport de coalition alors qu’il venait d’avoir quatre (4) ans et quatre (4) mois. Nous sommes satisfaits de notre score (11 402 voix soit 0,42 %, Ndlr) et de notre rang(9 eme sur 14 candidats, Ndlr). Nous avons une bonne marge de progression, nous sommes dans une dynamique de renforcement de notre pépinière. Le parti Yaakaar a semé des graines de qualité qui sont en train de germer dans les cœurs de beaucoup de Sénégalais. Le parti Yaakaar est un parti d’avenir, In Cha Allah, il fera ses preuves. Nous venons de poser nos premiers pas pour la longue marche vers le développement économique et social du Sénégal.
Vous avez réapparu avec l’anniversaire de l’Apr tenu le 1er décembre 2013, qu’est ce qui expliquait votre présence ?
Quoi de plus normal, le parti Yaakaar est un allié de l’Apr dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Nous avions soutenu la candidature du Président Macky Sall au second tour de l’ élection présidentielle de 2012. Dans la même année, le parti Yaakaar soutenu la liste Benno Bokk Yaakaar aux élections législatives et j’ai reçu une invitation personnelle du président de la République pour participer à l’anniversaire de l’Apr, c’est ce qui justifie ma présence.
«C’est dommage que beaucoup d’acteurs politiques donnent l’image de chasseurs qui ont abattu une bête et qui se partagent des parts. Le parti Yaakaar ne fait pas partie de ce groupe de chasseurs de primes.»
Comment pouvez-vous rester dans une coalition alors que vous ne faites pas partie de ceux qui ont gagné ensemble et qui gouvernent ensemble ?
Notre soutien au Président Macky Sall est un soutien sans conditions, nous n’attendons aucune contrepartie de sa part. Nous sommes dans Benno Bokk Yaakaar et souhaitons une belle réussite à ceux qui gouvernent. Mais nous garderons toujours notre indépendance pour donner notre opinion sur la marche de notre pays. Si nous avons des opportunités et le cadre qui nous permet de donner de bons conseils, nous agirons en conséquence, dans le cas contraire, nos avis seront donnés par d’autres canaux appropriés.
Vous n’êtes donc plus dans Benno Bokk Yaakaar ?
Le parti Yaakaar est membre fondateur de Benno Bokk Yaakaar, nous faisons partie des géniteurs de cette coalition, il ne faut pas confondre Benno Bokk Yaakaar et la majorité présidentielle qui gouverne. Une partie importante de Benno Bokk Yaakaar occupe des responsabilités dans la majorité présidentielle, mais il y a une autre partie de la coalition qui n’a aucune responsabilité dans cette majorité. C’est le choix du président de la République qui est le seul élu à qui le peuple demandera des comptes. Il choisit l’équipe qu’il pense être la meilleure pour l’aider à réaliser ses ambitions pour le Sénégal. En ce qui nous concerne, nous pensons qu’on n’a pas forcément besoin d’être parmi ceux qui gouvernent pour servir son pays. On peut servir son pays quelle que soit la position que l’on occupe, dans le privé ou dans le public. Exemple : si je fais un travail d’attraction d’investisseurs pour venir au Sénégal, aurai-je besoin d’être nommé par le Président Macky Sall pour le faire ? C’est dommage que beaucoup d’acteurs politiques donnent l’image de chasseurs qui ont abattu une bête et qui se partagent des parts. Le parti Yaakaar ne fait pas partie de ce groupe de chasseurs de primes.
On parle de plus en plus de la prochaine disparition de Benno Bokk Yaakaar pour raison de fin de mission.
Êtes-vous de l’avis de ceux qui militent pour cette cause ?
Nous ne pensons pas que Benno Bokk Yaakaar soit en fin de mission. Le slogan était : «Gagner ensemble et gérer ensemble». Si ce slogan est d’actualité, je ne comprends pas sur quoi est basé l’argumentaire de ceux qui militent pour la fin de mission. Nous n’avions pas pour seul objectif de faire quitter le Président Abdoulaye Wade dans le seul but d’installer le Président Macky Sall. Cela n’a pas de sens, nous devons accompagner le Président Macky Sall pour l’aider à réaliser ses ambitions pour le Sénégal. C’est vrai qu’il y a une léthargie au niveau de la coalition Benno Bokk Yaakaar et la responsabilité lui est imputable à 100 %. Nous ne comprenons pas pourquoi le président de la République n’arrive pas à donner une âme à la coalition. Toutes les composantes qui ont décidé de quitter ont fustigé l’absence de cadre de concertation.
Justement, n’y a t-il pas un malaise dans cette coalition avec les démissions de Idrissa seck, Ibrahima Fall, Youssou Ndour etc… ?
Benno Bokk Yaakaar n’a pas encore un cadre de concertation opérationnel qui regroupe tous les acteurs concernés, c’est le reproche que notre parti peut faire. Cette situation arrange certains qui y trouvent leurs comptes ce qui leur permet d’isoler le Président Macky Sall du reste du groupe qui a gagné ensemble. Etant donné que nous sommes dans la dynamique de l’accompagner, nous lui laissons l’initiative d’orienter la coalition. On ne peut pas être plus pressé que celui qu’on accompagne.
Pourquoi vous restez alors que vous n’avez rien obtenu avec le Président Macky Sall ?
Dans notre pays, beaucoup de personnes font de la politique pour une promotion sociale. Pour nous, la politique est un sacerdoce, nous ne nous battons pas pour des intérêts personnels. Dans notre vie, nous nous sommes toujours battus pour les causes justes d’intérêt public. J’ai fait du syndicalisme de très haut niveau et sur ce plan, je me réjouis de mon passage à la Sonatel et de ma contribution dans la bataille qui a permis au personnel de cette importante entreprise, de posséder 10 % du capital de la société. Je suis l’Expert comptable qui travaille quasi gratuitement pour le mouvement syndical. Dans le cadre social, il m’arrive de rencontrer ceux qui s’occupent des questions de l’emploi des jeunes pour le compte de l’Etat et je partage gratuitement mes réflexions avec eux. Mon cabinet accompagne gratuitement des jeunes dans l’élaboration de projets, la recherche de financements et l’appui conseils. Dieu m’a donné un métier noble que j’exerce et qui me permet de vivre décemment. Vous savez, c’est Dieu qui donne à qui il veut, sur ce plan, je n’ai rien à reprocher au Président Macky Sall surtout que notre soutien est sans conditions.
Le Président Macky Sall est en train d’élargir la coalition de la majorité avec des transhumants, qu’elle est la place de Yaakaar dans cette coalition ?
Il faut faire la différence entre la coalition Benno Bokk Yaakaar et la coalition de la majorité présidentielle. Notre parti est dans la coalition Benno Bokk Yaakaar mais n’est pas membre de la coalition de la majorité présidentielle. En politique, le recyclage de «déchets politiques, périmés et toxiques» est un acte dangereux qui peut-être fatal aux recycleurs. Le Président Macky Sall n’a rien à gagner dans cette entreprise, il a tout à perdre. Sur ce plan, les Sénégalais commencent à l’assimiler au Président Abdoulaye Wade. Je pense que cette démarche obéit à une logique d’école politique. Le Président Macky Sall doit comprendre que notre peuple est en avance sur sa classe politique. La majorité des Sénégalais qui votent et qui apportent les grands changements politiques ne sont pas dans les partis. La preuve a été administrée en 2000 et en 2012. Si le Président Macky Sall ne revoie pas sa copie, les mêmes personnes qui ont fait couler le président Abdoulaye Wade vont le perdre. Les «déchets politiques, périmés et toxiques» qu’il veut recycler n’étaient même pas des libéraux de souche mais ils étaient arrivés à pénétrer le Pds comme des termites qui ont accélérer la sortie du Président Wade par la petite porte alors que ce dernier avait une voie royale toute tracée pour une sortie honorable comme celle de Nelson Mandela.
Macky Sall croit avoir besoin de ce grand rassemblement pour gagner les prochaines échéances électorales.
Je pense que le Président Macky Sall est en train d’emprunter une très mauvaise piste. Je souhaite me tromper pour que l’immense espoir des Sénégalais ne soit pas déçu. Comment peut-on comprendre que le Président Macky Sall nous invite autour des valeurs et qu’il pose de tels actes politiques dangereux qui heurtent l’éthique et la morale politiques. Les Sénégalais ne veulent pas de cette image des hommes politiques. Nous devons être des modèles et non des anti-modèles. J’ai plus de respect pour ceux qui ont perdu le pouvoir et qui s’opposent dans la dignité. Ceux qui étaient dans le camp du Président Wade contre le reste du peuple ont intérêt à rester dans l’opposition et le Président Macky Sall gagnerait à construire sa majorité en dehors des transhumants, «déchets politiques, périmés et toxiques». Quel que soit le libellé qu’il inventera pour donner un nom à la transhumance, ça ne passera pas au niveau du peuple conscient. Par ordre d’importance, le Président Macky Sall doit s’appuyer sur les forces politiques suivantes : D’abord sur l’Apr qui est son socle de base politique le plus sûr ; Ensuite sur la coalition Macky2012 composée par certains supposés candidats déclarés qui pour des raisons que j’ignore ne se sont pas présentés à l’élection présidentielle de 2012 mais ils lui ont fait confiance avant le second tour ;Vient après la coalition Benno Bokk Yaakaar composée par des candidats malheureux de l’élection présidentielle 2012 dont certains partagent le pouvoir avec lui tout en envisageant de le lâcher en 2017. La majorité silencieuse apolitique qu’il doit convaincre à condition de rester crédible et d’éviter de projeter des images négatives qui dégoûtent la majorité des Sénégalais.
Ceux qui partagent le pouvoir avec le Président Macky Sall et qui tenteront de le lâcher en 2017 ne seront pas écoutés par les Sénégalais, ils perdront en crédibilité. Notre histoire politique de 2007 a montré que ceux qui avaient profité du pouvoir avec le Président Wade et qui lui ont tourné le dos pour se présenter contre lui n’ont pas récolté grand-chose. Nous émettons de sérieuses réserves pour un «grand rassemblement» qui ressemble à une marre de crocodiles affamés. Un tel rassemblement peut avoir des chances de gagner des élections locales au profit des seuls transhumants «déchets politiques, périmés et toxiques», ce qui est peu probable pour une élection présidentielle qui enregistre un taux de participation plus important que celui des locales ou des législatives. Si le Président Macky Sall perd le pouvoir, les transhumants «déchets politiques, périmés et toxiques» continueront leur chemin vers d’autres pâturages.
«Pendant presque deux ans, on nous parle de traque de biens mal acquis et nous attendons le retour des milliers de milliards déclarés planqués à l’étranger…Je considère innocentes, les personnes arrêtées en attendant que la justice prouve le contraire.»
Le chef de l’Etat a décidé de reporter les élections locales, ne fallait-il pas un large consensus au préalable ?
Il n’y a pas eu de concertation préalable avec la classe politique. A titre d’exemple, nous avons appris par les médias, la rencontre avec les partis alliés. Nous n’avons pas été à cette rencontre parce que nous considérons que ce n’est pas de cette façon que l’on invite des partis sérieux. Il n’est pas trop tard de revoir la méthode et les procédures de concertation. Etre chef d’Etat ne veut pas dire qu’on fait tout ce que les textes autorisent sans concertation préalable avec les différents acteurs politiques de la majorité comme de l’opposition. Le dialogue politique est un instrument indispensable pour le fonctionnement d’une bonne démocratie. Ceux qui lui conseillent d’ignorer les autres ne lui rendent pas un grand service. L’histoire récente du Président Wade doit nous édifier sur l’intérêt d’un dialogue politique permanent. Le président de la République doit éviter de poser des actes politiques qui renforcent le camp de ses adversaires politiques.
Quelle impression avez-vous aujourd’hui de la traque des biens mal acquis si chère au régime en place?
La traque des biens mal acquis ne doit pas ressembler à une justice des vainqueurs. Si c’est un choix politique, il doit être impersonnel. De Senghor à Wade, en passant par Diouf est ce qu’il n’y a que les personnes arrêtées que l’on peut supposer être illicitement enrichies ? Le patrimoine foncier et immobilier de l’Etat a profité à beaucoup de personnalités politiques et religieuses des différents régimes, sans oublier de très hauts fonctionnaires. Nous sommes pour la reddition des comptes. Toutes les personnes qui ont géré des biens publics doivent rendre compte. Le Président Macky Sall doit revoir les mauvaises procédures de l’administration qui ont facilité la dilapidation du patrimoine foncier et immobilier de notre pays au seul profit d’une infime minorité de notre population. Pendant presque deux (2) ans, on nous parle de traque de biens mal acquis et nous attendons le retour des milliers de milliards déclarés planqués à l’étranger. Je n’ai aucun élément matériel du dossier qui me permet de porter une opinion sur les accusations d’enrichissement illicite. Je considère innocentes, les personnes arrêtées en attendant que la justice prouve le contraire. En droit, la présomption d’innocence doit être respectée.
Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
Walfadjri
Permettez-moi tout d’abord de rendre hommage à Nelson Mandela, cet illustre et digne fils de l’Afrique qui est un modèle qui inspire notre combat politique. Pour répondre à votre question, je dois vous inviter à ne pas confondre la présence au niveau des médias et présence sur la scène politique. Nous ne sommes pas des politiciens professionnels comme ceux qui passent leur temps à parler dans le vide. Nous sommes des acteurs économiques et nous travaillons, ce qui nous prend aussi beaucoup de temps. La politique n’est pas un métier. Nous rencontrons nos militants et nous travaillons sur un plan stratégique hors média. Le parti Yaakaar a participé seul à l’élection présidentielle de 2012, sans apport de coalition alors qu’il venait d’avoir quatre (4) ans et quatre (4) mois. Nous sommes satisfaits de notre score (11 402 voix soit 0,42 %, Ndlr) et de notre rang(9 eme sur 14 candidats, Ndlr). Nous avons une bonne marge de progression, nous sommes dans une dynamique de renforcement de notre pépinière. Le parti Yaakaar a semé des graines de qualité qui sont en train de germer dans les cœurs de beaucoup de Sénégalais. Le parti Yaakaar est un parti d’avenir, In Cha Allah, il fera ses preuves. Nous venons de poser nos premiers pas pour la longue marche vers le développement économique et social du Sénégal.
Vous avez réapparu avec l’anniversaire de l’Apr tenu le 1er décembre 2013, qu’est ce qui expliquait votre présence ?
Quoi de plus normal, le parti Yaakaar est un allié de l’Apr dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Nous avions soutenu la candidature du Président Macky Sall au second tour de l’ élection présidentielle de 2012. Dans la même année, le parti Yaakaar soutenu la liste Benno Bokk Yaakaar aux élections législatives et j’ai reçu une invitation personnelle du président de la République pour participer à l’anniversaire de l’Apr, c’est ce qui justifie ma présence.
«C’est dommage que beaucoup d’acteurs politiques donnent l’image de chasseurs qui ont abattu une bête et qui se partagent des parts. Le parti Yaakaar ne fait pas partie de ce groupe de chasseurs de primes.»
Comment pouvez-vous rester dans une coalition alors que vous ne faites pas partie de ceux qui ont gagné ensemble et qui gouvernent ensemble ?
Notre soutien au Président Macky Sall est un soutien sans conditions, nous n’attendons aucune contrepartie de sa part. Nous sommes dans Benno Bokk Yaakaar et souhaitons une belle réussite à ceux qui gouvernent. Mais nous garderons toujours notre indépendance pour donner notre opinion sur la marche de notre pays. Si nous avons des opportunités et le cadre qui nous permet de donner de bons conseils, nous agirons en conséquence, dans le cas contraire, nos avis seront donnés par d’autres canaux appropriés.
Vous n’êtes donc plus dans Benno Bokk Yaakaar ?
Le parti Yaakaar est membre fondateur de Benno Bokk Yaakaar, nous faisons partie des géniteurs de cette coalition, il ne faut pas confondre Benno Bokk Yaakaar et la majorité présidentielle qui gouverne. Une partie importante de Benno Bokk Yaakaar occupe des responsabilités dans la majorité présidentielle, mais il y a une autre partie de la coalition qui n’a aucune responsabilité dans cette majorité. C’est le choix du président de la République qui est le seul élu à qui le peuple demandera des comptes. Il choisit l’équipe qu’il pense être la meilleure pour l’aider à réaliser ses ambitions pour le Sénégal. En ce qui nous concerne, nous pensons qu’on n’a pas forcément besoin d’être parmi ceux qui gouvernent pour servir son pays. On peut servir son pays quelle que soit la position que l’on occupe, dans le privé ou dans le public. Exemple : si je fais un travail d’attraction d’investisseurs pour venir au Sénégal, aurai-je besoin d’être nommé par le Président Macky Sall pour le faire ? C’est dommage que beaucoup d’acteurs politiques donnent l’image de chasseurs qui ont abattu une bête et qui se partagent des parts. Le parti Yaakaar ne fait pas partie de ce groupe de chasseurs de primes.
On parle de plus en plus de la prochaine disparition de Benno Bokk Yaakaar pour raison de fin de mission.
Êtes-vous de l’avis de ceux qui militent pour cette cause ?
Nous ne pensons pas que Benno Bokk Yaakaar soit en fin de mission. Le slogan était : «Gagner ensemble et gérer ensemble». Si ce slogan est d’actualité, je ne comprends pas sur quoi est basé l’argumentaire de ceux qui militent pour la fin de mission. Nous n’avions pas pour seul objectif de faire quitter le Président Abdoulaye Wade dans le seul but d’installer le Président Macky Sall. Cela n’a pas de sens, nous devons accompagner le Président Macky Sall pour l’aider à réaliser ses ambitions pour le Sénégal. C’est vrai qu’il y a une léthargie au niveau de la coalition Benno Bokk Yaakaar et la responsabilité lui est imputable à 100 %. Nous ne comprenons pas pourquoi le président de la République n’arrive pas à donner une âme à la coalition. Toutes les composantes qui ont décidé de quitter ont fustigé l’absence de cadre de concertation.
Justement, n’y a t-il pas un malaise dans cette coalition avec les démissions de Idrissa seck, Ibrahima Fall, Youssou Ndour etc… ?
Benno Bokk Yaakaar n’a pas encore un cadre de concertation opérationnel qui regroupe tous les acteurs concernés, c’est le reproche que notre parti peut faire. Cette situation arrange certains qui y trouvent leurs comptes ce qui leur permet d’isoler le Président Macky Sall du reste du groupe qui a gagné ensemble. Etant donné que nous sommes dans la dynamique de l’accompagner, nous lui laissons l’initiative d’orienter la coalition. On ne peut pas être plus pressé que celui qu’on accompagne.
Pourquoi vous restez alors que vous n’avez rien obtenu avec le Président Macky Sall ?
Dans notre pays, beaucoup de personnes font de la politique pour une promotion sociale. Pour nous, la politique est un sacerdoce, nous ne nous battons pas pour des intérêts personnels. Dans notre vie, nous nous sommes toujours battus pour les causes justes d’intérêt public. J’ai fait du syndicalisme de très haut niveau et sur ce plan, je me réjouis de mon passage à la Sonatel et de ma contribution dans la bataille qui a permis au personnel de cette importante entreprise, de posséder 10 % du capital de la société. Je suis l’Expert comptable qui travaille quasi gratuitement pour le mouvement syndical. Dans le cadre social, il m’arrive de rencontrer ceux qui s’occupent des questions de l’emploi des jeunes pour le compte de l’Etat et je partage gratuitement mes réflexions avec eux. Mon cabinet accompagne gratuitement des jeunes dans l’élaboration de projets, la recherche de financements et l’appui conseils. Dieu m’a donné un métier noble que j’exerce et qui me permet de vivre décemment. Vous savez, c’est Dieu qui donne à qui il veut, sur ce plan, je n’ai rien à reprocher au Président Macky Sall surtout que notre soutien est sans conditions.
Le Président Macky Sall est en train d’élargir la coalition de la majorité avec des transhumants, qu’elle est la place de Yaakaar dans cette coalition ?
Il faut faire la différence entre la coalition Benno Bokk Yaakaar et la coalition de la majorité présidentielle. Notre parti est dans la coalition Benno Bokk Yaakaar mais n’est pas membre de la coalition de la majorité présidentielle. En politique, le recyclage de «déchets politiques, périmés et toxiques» est un acte dangereux qui peut-être fatal aux recycleurs. Le Président Macky Sall n’a rien à gagner dans cette entreprise, il a tout à perdre. Sur ce plan, les Sénégalais commencent à l’assimiler au Président Abdoulaye Wade. Je pense que cette démarche obéit à une logique d’école politique. Le Président Macky Sall doit comprendre que notre peuple est en avance sur sa classe politique. La majorité des Sénégalais qui votent et qui apportent les grands changements politiques ne sont pas dans les partis. La preuve a été administrée en 2000 et en 2012. Si le Président Macky Sall ne revoie pas sa copie, les mêmes personnes qui ont fait couler le président Abdoulaye Wade vont le perdre. Les «déchets politiques, périmés et toxiques» qu’il veut recycler n’étaient même pas des libéraux de souche mais ils étaient arrivés à pénétrer le Pds comme des termites qui ont accélérer la sortie du Président Wade par la petite porte alors que ce dernier avait une voie royale toute tracée pour une sortie honorable comme celle de Nelson Mandela.
Macky Sall croit avoir besoin de ce grand rassemblement pour gagner les prochaines échéances électorales.
Je pense que le Président Macky Sall est en train d’emprunter une très mauvaise piste. Je souhaite me tromper pour que l’immense espoir des Sénégalais ne soit pas déçu. Comment peut-on comprendre que le Président Macky Sall nous invite autour des valeurs et qu’il pose de tels actes politiques dangereux qui heurtent l’éthique et la morale politiques. Les Sénégalais ne veulent pas de cette image des hommes politiques. Nous devons être des modèles et non des anti-modèles. J’ai plus de respect pour ceux qui ont perdu le pouvoir et qui s’opposent dans la dignité. Ceux qui étaient dans le camp du Président Wade contre le reste du peuple ont intérêt à rester dans l’opposition et le Président Macky Sall gagnerait à construire sa majorité en dehors des transhumants, «déchets politiques, périmés et toxiques». Quel que soit le libellé qu’il inventera pour donner un nom à la transhumance, ça ne passera pas au niveau du peuple conscient. Par ordre d’importance, le Président Macky Sall doit s’appuyer sur les forces politiques suivantes : D’abord sur l’Apr qui est son socle de base politique le plus sûr ; Ensuite sur la coalition Macky2012 composée par certains supposés candidats déclarés qui pour des raisons que j’ignore ne se sont pas présentés à l’élection présidentielle de 2012 mais ils lui ont fait confiance avant le second tour ;Vient après la coalition Benno Bokk Yaakaar composée par des candidats malheureux de l’élection présidentielle 2012 dont certains partagent le pouvoir avec lui tout en envisageant de le lâcher en 2017. La majorité silencieuse apolitique qu’il doit convaincre à condition de rester crédible et d’éviter de projeter des images négatives qui dégoûtent la majorité des Sénégalais.
Ceux qui partagent le pouvoir avec le Président Macky Sall et qui tenteront de le lâcher en 2017 ne seront pas écoutés par les Sénégalais, ils perdront en crédibilité. Notre histoire politique de 2007 a montré que ceux qui avaient profité du pouvoir avec le Président Wade et qui lui ont tourné le dos pour se présenter contre lui n’ont pas récolté grand-chose. Nous émettons de sérieuses réserves pour un «grand rassemblement» qui ressemble à une marre de crocodiles affamés. Un tel rassemblement peut avoir des chances de gagner des élections locales au profit des seuls transhumants «déchets politiques, périmés et toxiques», ce qui est peu probable pour une élection présidentielle qui enregistre un taux de participation plus important que celui des locales ou des législatives. Si le Président Macky Sall perd le pouvoir, les transhumants «déchets politiques, périmés et toxiques» continueront leur chemin vers d’autres pâturages.
«Pendant presque deux ans, on nous parle de traque de biens mal acquis et nous attendons le retour des milliers de milliards déclarés planqués à l’étranger…Je considère innocentes, les personnes arrêtées en attendant que la justice prouve le contraire.»
Le chef de l’Etat a décidé de reporter les élections locales, ne fallait-il pas un large consensus au préalable ?
Il n’y a pas eu de concertation préalable avec la classe politique. A titre d’exemple, nous avons appris par les médias, la rencontre avec les partis alliés. Nous n’avons pas été à cette rencontre parce que nous considérons que ce n’est pas de cette façon que l’on invite des partis sérieux. Il n’est pas trop tard de revoir la méthode et les procédures de concertation. Etre chef d’Etat ne veut pas dire qu’on fait tout ce que les textes autorisent sans concertation préalable avec les différents acteurs politiques de la majorité comme de l’opposition. Le dialogue politique est un instrument indispensable pour le fonctionnement d’une bonne démocratie. Ceux qui lui conseillent d’ignorer les autres ne lui rendent pas un grand service. L’histoire récente du Président Wade doit nous édifier sur l’intérêt d’un dialogue politique permanent. Le président de la République doit éviter de poser des actes politiques qui renforcent le camp de ses adversaires politiques.
Quelle impression avez-vous aujourd’hui de la traque des biens mal acquis si chère au régime en place?
La traque des biens mal acquis ne doit pas ressembler à une justice des vainqueurs. Si c’est un choix politique, il doit être impersonnel. De Senghor à Wade, en passant par Diouf est ce qu’il n’y a que les personnes arrêtées que l’on peut supposer être illicitement enrichies ? Le patrimoine foncier et immobilier de l’Etat a profité à beaucoup de personnalités politiques et religieuses des différents régimes, sans oublier de très hauts fonctionnaires. Nous sommes pour la reddition des comptes. Toutes les personnes qui ont géré des biens publics doivent rendre compte. Le Président Macky Sall doit revoir les mauvaises procédures de l’administration qui ont facilité la dilapidation du patrimoine foncier et immobilier de notre pays au seul profit d’une infime minorité de notre population. Pendant presque deux (2) ans, on nous parle de traque de biens mal acquis et nous attendons le retour des milliers de milliards déclarés planqués à l’étranger. Je n’ai aucun élément matériel du dossier qui me permet de porter une opinion sur les accusations d’enrichissement illicite. Je considère innocentes, les personnes arrêtées en attendant que la justice prouve le contraire. En droit, la présomption d’innocence doit être respectée.
Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
Walfadjri