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Mounirou SY : "Le plus important, c'est d'avoir respecté le calendrier électoral, le Sénégal est un grand pays de..."

L'enseignant en droit public et acteur politique, Mounirou SY, s'est livré à Leral, dans un grand entretien où il donne son point de vue sur l'actualité politique, dont les élections législatives qui vont prendre fin ce 31 juillet 2022. Sans langue de bois, il assène ses vérités, ancrées dans des principes indéboulonnables. Entretien


Rédigé par leral.net le Vendredi 29 Juillet 2022 à 10:17 | | 0 commentaire(s)|

Mounirou SY : "Le plus important, c'est d'avoir respecté le calendrier électoral, le Sénégal est un grand pays de..."
Leral : Le Sénégal vit la dernière ligne droite de la campagne électorale des élections législatives dont le scrutin est prévu le dimanche 31 juillet 2022. Quelles sont les leçons que vous avez tirées de cela ?

Mounirou SY : Vous savez, les élections sont de la démocratie ce que les maladies sont de l’enfant. Elles lui permettent de grandir. Les élections sont le baromètre de la démocratie et encore une fois, avec cette campagne qui tire à sa fin, le Sénégal a révélé au monde qu’il est un grand pays, une grande nation où l’on discute, exprime ses idées, opère des choix dans le cadre de la réglementation. Ce qui permettra au peuple souverain d’écouter, de savoir, de comprendre et prendre les plus convaincants tant par l’affect que par l’intellect.
Et le point le plus important à relever, que beaucoup d’analystes passent sous silence, est le respect du calendrier électoral. Je suis de ceux qui pensent que la légalité repose sur la légitimité. Une assemblée qui finit sa législature doit être renouvelée à la date échue. Et je tiens à féliciter notre administration et tous les acteurs du jeu politique d’avoir respecté cette règle du jeu.

Mais, on a senti une grande tension préélectorale avec le parrainage et le problème sémantique sur la ou les liste(s). Même pendant la campagne, lorsque l’opposition croit fermement à la cohabitation, la Coalition BBY de la majorité est certaine de sa victoire et qu’au cas contraire, le Président de la République pourra user de son droit de dissolution. Qu’en pensez-vous en tant que constitutionnaliste ?

Toutes les idées distillées ça-et-là reposent sur la normalité. On est en campagne et chaque candidat, pour galvaniser ses troupes et militants, crie victoire même avant l’heure. C’est de bonne guerre. Mais, pour revenir sur la dissolution de l’Assemblée en cas de cohabitation, il faut savoir que la Constitution est claire là-dessus. Elle dispose que "la dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature". Etant donné que la durée séparant le 31 juillet 2022 et la fin février 2024 est moins de 19 mois, aucune dissolution ne serait possible durant le mandat en cours.

Mais, la cohabitation est-elle possible ?


J’ai appris qu’une personne informée est un citoyen et qu’une autre non informée, mal informée ou désinformée est un vassal. Au moment où je vous parle, envisager une cohabitation après le scrutin du 31 juillet est une chimère, un mirage et une gageure. Benno Bokk Yaakaar va gagner et aura une majorité parlementaire très confortable. C’est moins le propos d’un partisan que celui d’un analyste. Ce que l’opposition, surtout l’inter-coalition Yewwi-Wallu, ne divulgue jamais à l’opinion est que lors de la validation des listes départementales, une quatorzaine des leurs n’a pas été admise. Déjà, ne pas être présent dans 14 départements constitue un handicap majeur dès le départ. Ensuite, partir des locales pour envisager le scénario d’une future cohabitation est une illusion puisque lors de ces élections, BBY a gagné 37 départements sur les 46 que compte le Sénégal. Et si on retient que pour ces législatives, plusieurs des listes dissidentes de la majorité sont entrées dans les rangs de BBY et battent campagne dans un élan unitaire, on peut subodorer que la victoire serait acquise.

Donc, vous confirmez l’idée de Sonko disant que certaines coalitions roulent pour le Président Macky SALL ?


Attention, il ne faut pas confondre. Je parle ici des dissidents qui avaient leur liste pendant les locales et qui étaient contre les candidats de BBY. Avec ces législatives, beaucoup d’entre eux ont pris l’option d’être ensemble pour donner une forte majorité au Président de la coalition BBY afin qu’il gouverne avec sérénité pour réaliser les projets et programmes prévus dans le budget en cours. Qui plus est, les collectivités locales qui sont entre les mains de l’opposition l’ont presque été pour les grandes communes. A l’exception de Guédiawaye, des collectivités comme Kaolack, Dakar, Ziguinchor, Thiès, entre autres, étaient gérées par l’opposition avant les locales de janvier 2022.

Pourtant, Sonko persiste et signe que ne pas voter YEWWI-WALLU c’est voter BBY, même si Docteur Abdourahmane DIOUF le dément.


Je pourrais évacuer cette question sous prétexte que c’est une guéguerre entre opposants mais je me dois de préciser pour éviter tout amalgame. Il ne faut pas comparer un torchon et une serviette pour éviter de les confondre. Monsieur Abdourahmane DIOUF n’a rien à voir avec l’autre. C’est un ami et un frère que je connais depuis plus de 30 ans. C’est un intellectuel d’une profonde épaisseur, ce qui n’est pas le cas de l’autre. C’est un homme d’une probité morale, d’une humilité constante et d’une humanité angélique, ce qui n’est pas le cas de l’autre. C’est un républicain, un démocrate et un Sénégalais qui roule au mélange, ce qui n’est pas le cas de l’autre. Contrairement à l’autre, Ass DIOUF ou Aladji Sarr, comme je l’appelle affectueusement, n’est pas hautain, n’est pas menteur et n’est pas fourbe. Il est sérieux, juste, clair et limpide, pas comme l’autre.

Pour la députation, pourquoi des gens comme vous ne sont pas investis ? Vous serez d’un grand apport à l’Assemblée vu votre parcours.


Servir le pays ne nécessite pas toujours d’être ministre ou député même si ça y contribue. Mais, sachez que depuis que je suis Conseiller du Président de la République auprès du Secrétariat général du Gouvernement, je me sens utile et pense rendre un grand service à la Nation au sein du Comité technique chargé de préparer tous les textes normatifs du pays. Participer à la mise en place et à l’effectivité du dispositif normatif, en analysant, rédigeant et corrigeant les projets de lois et de décrets de son pays, est très gratifiant et honorant. La République est une chaine et chacun, à sa station, est un maillon qui permet à la machine de marcher au rythme des besoins des populations à satisfaire. Le nombre de députés à élire est minime comparé aux multiples et énormes tâches de l’Etat. Certains iront à l’hémicycle et d’autres ailleurs.

Mais, on ne vous sent pas personnellement dans la campagne, surtout à Louga, où vous êtes ressortissant et responsable politique.

Me sentir ou me voir (Rires). Au fait, en tant que technicien, y a un temps pour la politique et un temps pour l’Etat. Depuis le début de la campagne, je suis venu trois fois à Louga pour galvaniser les troupes et sensibiliser les militants (je continue via le téléphone et les réseaux sociaux) au moment où à Dakar, j’animais des ateliers sur des projets de lois et décrets relatifs à l’agriculture et sur une stratégie de lutte contre l’émigration irrégulière.

Vous savez, certains s’agitent et organisent des caravanes pour montrer à l’autorité juste qu’ils sont présents en espérant une promotion ou un maintien à leur poste. Il existe des gens dans leur coin qui sont beaucoup plus efficaces. Je me suis tellement investi partout où je passe au point que certains n’ont pas compris mon absence sur la liste départementale des titulaires pour cette législature puisqu’en 2012, il n’y avait que Madame Aminata MBENGUE, Mberry SYLLA et moi-même.

Pour eux, après Mberry SYLLA, à défaut de figurer dans l’attelage gouvernemental, je devais être "le candidat de la liste majoritaire pour le département de Louga et non une dernière venue qui nous a combattus 10 ans durant". Ce sont leurs mots. Ils n’ont certes pas tort. Depuis 2012, je suis de la mouvance présidentielle, soutiens le Président Macky SALL sans ambages et défends partout et à chaque fois que de besoin, son bilan, ses options et ses orientations. Choisir une autre personne moins investie et nouvellement arrivée peut être frustrant et même décourageant, mais il faut savoir que je suis à cheval sur certains principes comme la discipline et l’acception des directives de l’autorité, mais qu’il faut pas prendre comme une soumission béate ou comme quelqu’un n’aspire pas à plus ou à mieux. Loin de là ! Croire le contraire serait mal me connaître.

Au lendemain des législatives, le Sénégal aura enfin un Premier Ministre. En cas de défaite, le Président sera obligé de nommer SONKO, chef de l’opposition. En cas de victoire, quel profil pensez-vous dans BBY ? Le gouvernement qu’il dirigera, sera-t-il politique ou technocrate ?

Dans le régime actuel, le Président de la République est la clé de voûte des institutions. Nommer un Premier Ministre dans l’opposition en cas de cohabitation ne lie pas le Président à nommer impérativement le chef de l’opposition. Il nommera, pour éviter une instabilité gouvernementale, un leader de l’opposition dans la coalition qui aura la majorité et pas le chef de file de celle-ci. D’ailleurs, le Président Macky l’a confirmé. Pendant la seconde cohabitation française, MITTERRAND avait nommé Edouard BALLADUR à la place de Jacques CHIRAC qui était l’opposant le plus en vue.
En cas de victoire, il aura plus de liberté de choix. Mais, il faut se garder de croire qu’un politique n’est pas forcément un technocrate. Cette approche manichéenne est inopérante. Qui ose croire que le Président Macky SALL, un fin politique, n’est pas technocrate en tant que géologue ? Quid de Mahammed Boune Abdallah DIONNE, d’Amadou BA, de ALY Ngouille NDIAYE, d’Aminata TOURE, d’Antoine DIOME. Je ne sais pas qui sera le futur Premier Ministre et jusqu’à présent, personne ne le sait. Il est juste dangereux de croire qu’un gouvernement politique serait forcément pas expert d’autant plus que le travail d’un gouvernement est hautement politique.

Toutefois, ce gouvernement-là aura une énorme charge puisqu’il finit un mandat avec une conjoncture sanitaire et socio-économique très délicate et prépare une élection présidentielle dans moins de deux ans. Le choix des femmes et hommes qui vont le composer devra être très judicieux et pertinent.

On est à deux jours du scrutin, quel est votre dernier mot ?


J’aurai deux mots plutôt. D’abord, une invitation. J’appelle tous les électeurs à aller voter dans le calme, la sérénité et la paix. Une élection n’est rien d’autre qu’un rendez-vous entre une proposition et une acceptation. Le plus grand nombre d’adhésions gagne pour être au service des populations. Donc, pas besoin de violence physique et verbale, d’excès, d’impétuosité et d’animosité.
Ensuite, une prière. Elle sera la résultante de l’élégance qu’aura chaque candidat de prier pour un Sénégal meilleur dès le 1er août en souhaitant, sportivement, à ses adversaires, bonne chance.




Mr Ndao B