On a beaucoup parlé ces dernières années de Sénégal émergeant. Des discours pompeux (… créer un environnement des affaires de classe internationale, avec des infrastructures de dernière génération, un port du futur, un aéroport de classe internationale, des chemins de fer à grand écartement, etc…), ont été tenus partout dans le monde, de nombreux conseils présidentiels et interministériels ont été organisés, des études sectorielles coûteuses ont été menées, on a cherché à vendre la destination Sénégal en brandissant fièrement le classement dans le doing business et en mettant en exergue certains atouts du Sénégal, sans convaincre. Les investisseurs sont restés insensibles à tout cela et sont allés là où la rentabilité est assurée et le retour sur investissement garanti. Les seuls soi-disant investisseurs qui se sont présentés chez nous sont venus sur des bases qu’on commence à comprendre avec les enquêtes déclenchées dans le cadre des biens mal acquis. Une panoplie de sociétés a été uniquement créée pour capter les ressources importantes tirées de la coopération internationale ou pour aspirer les sommes colossales englouties dans des plans et programmes économiquement injustifiés. On a laissé filer les vrais investisseurs dont un gros qui s’appelle Mittal pour promouvoir des aventuriers et des prête-noms. Résultat des courses : Peu d’investissements productifs, une destruction de notre tissu industriel ayant entrainé une crise économique et sociale sans précédent marquée par un chômage grandissant et un appauvrissement inquiétant des populations en milieu rural et urbain.
Aujourd’hui force est de reconnaitre que les problèmes actuels de notre économie sont essentiellement dus aux carences des politiques appliquées ces douze dernières années. Des choix économiques incompréhensibles ont plongé notre pays dans une situation difficile.
L’Action entreprise par les nouveaux gouvernants pour récupérer les biens mal acquis est appréciée positivement par tous les patriotes, mais ne doit pas les dévier de la nécessité urgente d’inscrire dans leurs priorités le problème de l’emploi des jeunes. Certes le nouveau pouvoir en place depuis Mars 2012 a engagé de gros chantiers dans le cadre de la promotion de la bonne gouvernance et cherche à redresser la barre mais, les préoccupations fortement exprimées par les jeunes et tournées vers l’emploi, ne semblent pas, au vu des actes posés et des discours entretenus depuis 8 mois, avoir suscité une rupture claire et une réaction politique pertinente malgré la promesse de créer 500.000 emplois dans les 7 prochaines années. La volonté de promouvoir le secteur privé, de renforcer le partenariat public privé et certaines mesures telles que la suspension de la délivrance des licences de pêches constituent des signaux forts. Cependant certains facteurs qui ont dans le passé fait obstacle au développement de l’emploi productif sont encore perceptibles. On parle peu de développement industriel, de compétitivité, de croissance et d’emplois malgré le niveau de chômage. Un engagement politique fort en faveur d’une industrialisation n’est pas encore perceptible.
Certains discours et concepts doivent être remis à leur place et un management public préférant l’effet d’annonce doit laisser place à un management d’action.
On se focalise encore trop sur le classement DOING BUSINESS dont les indicateurs portent particulièrement sur les dispositions réglementaires qui régissent surtout la création et le fonctionnement des entreprises. Doing Business mesure certaines dimensions du climat de l’investissement, à savoir les dispositions législatives et réglementaires qui portent sur leur fonctionnement. Ses indicateurs mesurent surtout les améliorations enregistrées dans les coûts et les contraintes associés à la réglementation dans un pays. Ils traitent certes du climat des affaires mais ne devraient pas conduire les pouvoirs publics à dévier de leurs priorités pour assurer aux entreprises les meilleures conditions d’exploitation. Il est indispensable que les responsables politiques tiennent compte des spécificités des entreprises et comprennent ce que les indicateurs Doing Business mesurent réellement. Il y’a lieu de se demander ; Comment un Pays dans lequel une entreprise créée en quelques heures pour disparaitre après seulement une année d’exploitation, peut-il attirer un investisseur sérieux ? Les statistiques ont montré que plus de 60% des PME au Sénégal disparaissent au bout d’une année d’existence.
Les décisions d’investissement des entreprises dépendent avant tout de variables qui ne sont pas mesurées par les indicateurs Doing Business. Les coûts de production, les coûts d’accès à des capitaux et à des infrastructures, la qualification de la main d’œuvre entre autres, constituent des variables déterminantes dans la décision d’investissement.
Le discours actuel et le débat entretenu par les politiques dans l’espace médiatique ne sont pas assez révélateurs d’une trajectoire de rupture porteuse de solutions pour le chômage des jeunes.
Il faudra procéder par un changement profond de l’approche des problèmes de l’emploi dans le discours, dans la formulation des politiques et dans les actes posés. Pour la relance de la machine économique, il faudra rompre catégoriquement avec le passé des discours pompeux, des concepts vides et des référentiels inappropriés et entreprendre des réformes actives pour renforcer la compétitivité des entreprises, seul moyen de promouvoir l’investissement dans notre pays. Agissons sur coût de l’énergie, sur le coût de manutention d’un container au port de Dakar, sur les problèmes de communication et de transport, sur les ressources financières long terme disponibles sur le marché, sur les taux d’intérêt bancaires, sur la qualification de la main d’œuvre, bref sur les facteurs qui intéressent en premier lieu les investisseurs. L’investisseur se préoccupe d’abord de savoir s’il va gagner de l’argent dans les conditions d’exploitation qui lui sont offertes. C’est seulement après qu’il s’intéresse aux formalités administratives et réglementaires. Il faudrait noter par ailleurs que l’impôt sur les bénéfices n’a jamais constitué un frein à l’investissement dans un Pays. Un investisseur qui gagne de l’argent ne rechigne jamais à payer d’impôts sur les bénéfices, il est surtout préoccupé par la rentabilité et le retour de son investissement. Si au Sénégal on a ramené le taux d’imposition des sociétés à 30%, c’est simplement dû au fait que l’assiette fiscale s’est rétrécie, conséquence directe des difficultés auxquelles les entreprises sont confrontées.
Un changement d’orientation est nécessaire parce que notre pays a besoin d’une croissance économique forte et durable.
Aujourd'hui, l’un des grands défis pour notre pays consiste à assurer des emplois productifs et des moyens de subsistance aux milliers de jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Tenter d’organiser les marchands ambulants a été une grosse erreur. Les politiques mises en œuvre ont laissé sur le bord de la route des millions d’exclus qu’il faut insérer dans le système productif. Comme il est difficile d’y parvenir en exportant nos produits de base et en continuant d’importer nos besoins de consommation courante, il faudra s’engager dans un processus de transformation structurelle de notre économie. Un processus impliquant tous les acteurs qui partagent l’idée que l’activité industrielle offre les plus grandes opportunités en termes de croissance durable, de création de valeur ajoutée et de lutte contre le chômage. Par exemple, continuer à exporter notre coton, laisser les entreprises de transformation à l’arrêt, et laisser envahir nos marchés par la friperie est une hérésie économique. Aussi le débat actuel sur une possible ouverture de nos frontières à la volaille étrangère ne devrait même pas se poser. Le seul débat qui mérite d’être posé dans ce secteur, c’est celui qui porte sur les moyens à mettre en œuvre pour accroître la production de volailles et faire baisser significativement les coûts et en conséquence le prix.
Le véritable problème du Sénégal reste, et risque d’être encore pour longtemps, le niveau de l’offre des entreprises locales. On devrait aider les entreprises locales plutôt que de chercher à agir sur l’offre étrangère par des subventions insoutenables. Elles pourront en conséquence se développer et accroître leurs capacités technologiques afin de réduire la dépendance de notre économie vis-à-vis de l offre étrangère sur laquelle l’intervention des pouvoirs publics a montré toutes ses limites et s’est révélée peu efficace.
Le chômage est une menace à la paix sociale sans laquelle aucun projet collectif n’est possible. Il sape la confiance des jeunes en leur avenir et en leur engagement dans le processus de développement de notre pays.
Le chômage des jeunes est source de malaise social et ses conséquences désastreuses devraient reléguer au second plan certaines querelles politiques dérisoires. Il y’a urgence à agir vigoureusement au service de l’emploi pour préserver la stabilité sociale et la question du chômage devrait être au centre de tous les débats.
Un peuple, dont ses enfants n’hésitent pas à braver les océans pour aller chercher du travail, un peuple dont ses enfants parcourent à pieds des kilomètres par jour le long des routes embouteillées de Dakar, portant sur leurs épaules des kilos de marchandises sous 40° pour les vendre, n’est pas un peuple paresseux.
Ce peuple porte de grandes valeurs de dignité et de courage et ses enfants ne demandent qu’à travailler. Le devoir de l’Etat c’est de leur donner la chance de vivre dignement au Sénégal. Certains parmi eux ont crié très fort « Y’EN A MARRE », n’attendons pas que d’autres expriment leur « RAS LE BOL ».
Ibrahima Macodou FALL
Industriel
Président Directeur Général de la Nouvelle Société Textile Sénégalaise (N.S.T.S)
Aujourd’hui force est de reconnaitre que les problèmes actuels de notre économie sont essentiellement dus aux carences des politiques appliquées ces douze dernières années. Des choix économiques incompréhensibles ont plongé notre pays dans une situation difficile.
L’Action entreprise par les nouveaux gouvernants pour récupérer les biens mal acquis est appréciée positivement par tous les patriotes, mais ne doit pas les dévier de la nécessité urgente d’inscrire dans leurs priorités le problème de l’emploi des jeunes. Certes le nouveau pouvoir en place depuis Mars 2012 a engagé de gros chantiers dans le cadre de la promotion de la bonne gouvernance et cherche à redresser la barre mais, les préoccupations fortement exprimées par les jeunes et tournées vers l’emploi, ne semblent pas, au vu des actes posés et des discours entretenus depuis 8 mois, avoir suscité une rupture claire et une réaction politique pertinente malgré la promesse de créer 500.000 emplois dans les 7 prochaines années. La volonté de promouvoir le secteur privé, de renforcer le partenariat public privé et certaines mesures telles que la suspension de la délivrance des licences de pêches constituent des signaux forts. Cependant certains facteurs qui ont dans le passé fait obstacle au développement de l’emploi productif sont encore perceptibles. On parle peu de développement industriel, de compétitivité, de croissance et d’emplois malgré le niveau de chômage. Un engagement politique fort en faveur d’une industrialisation n’est pas encore perceptible.
Certains discours et concepts doivent être remis à leur place et un management public préférant l’effet d’annonce doit laisser place à un management d’action.
On se focalise encore trop sur le classement DOING BUSINESS dont les indicateurs portent particulièrement sur les dispositions réglementaires qui régissent surtout la création et le fonctionnement des entreprises. Doing Business mesure certaines dimensions du climat de l’investissement, à savoir les dispositions législatives et réglementaires qui portent sur leur fonctionnement. Ses indicateurs mesurent surtout les améliorations enregistrées dans les coûts et les contraintes associés à la réglementation dans un pays. Ils traitent certes du climat des affaires mais ne devraient pas conduire les pouvoirs publics à dévier de leurs priorités pour assurer aux entreprises les meilleures conditions d’exploitation. Il est indispensable que les responsables politiques tiennent compte des spécificités des entreprises et comprennent ce que les indicateurs Doing Business mesurent réellement. Il y’a lieu de se demander ; Comment un Pays dans lequel une entreprise créée en quelques heures pour disparaitre après seulement une année d’exploitation, peut-il attirer un investisseur sérieux ? Les statistiques ont montré que plus de 60% des PME au Sénégal disparaissent au bout d’une année d’existence.
Les décisions d’investissement des entreprises dépendent avant tout de variables qui ne sont pas mesurées par les indicateurs Doing Business. Les coûts de production, les coûts d’accès à des capitaux et à des infrastructures, la qualification de la main d’œuvre entre autres, constituent des variables déterminantes dans la décision d’investissement.
Le discours actuel et le débat entretenu par les politiques dans l’espace médiatique ne sont pas assez révélateurs d’une trajectoire de rupture porteuse de solutions pour le chômage des jeunes.
Il faudra procéder par un changement profond de l’approche des problèmes de l’emploi dans le discours, dans la formulation des politiques et dans les actes posés. Pour la relance de la machine économique, il faudra rompre catégoriquement avec le passé des discours pompeux, des concepts vides et des référentiels inappropriés et entreprendre des réformes actives pour renforcer la compétitivité des entreprises, seul moyen de promouvoir l’investissement dans notre pays. Agissons sur coût de l’énergie, sur le coût de manutention d’un container au port de Dakar, sur les problèmes de communication et de transport, sur les ressources financières long terme disponibles sur le marché, sur les taux d’intérêt bancaires, sur la qualification de la main d’œuvre, bref sur les facteurs qui intéressent en premier lieu les investisseurs. L’investisseur se préoccupe d’abord de savoir s’il va gagner de l’argent dans les conditions d’exploitation qui lui sont offertes. C’est seulement après qu’il s’intéresse aux formalités administratives et réglementaires. Il faudrait noter par ailleurs que l’impôt sur les bénéfices n’a jamais constitué un frein à l’investissement dans un Pays. Un investisseur qui gagne de l’argent ne rechigne jamais à payer d’impôts sur les bénéfices, il est surtout préoccupé par la rentabilité et le retour de son investissement. Si au Sénégal on a ramené le taux d’imposition des sociétés à 30%, c’est simplement dû au fait que l’assiette fiscale s’est rétrécie, conséquence directe des difficultés auxquelles les entreprises sont confrontées.
Un changement d’orientation est nécessaire parce que notre pays a besoin d’une croissance économique forte et durable.
Aujourd'hui, l’un des grands défis pour notre pays consiste à assurer des emplois productifs et des moyens de subsistance aux milliers de jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Tenter d’organiser les marchands ambulants a été une grosse erreur. Les politiques mises en œuvre ont laissé sur le bord de la route des millions d’exclus qu’il faut insérer dans le système productif. Comme il est difficile d’y parvenir en exportant nos produits de base et en continuant d’importer nos besoins de consommation courante, il faudra s’engager dans un processus de transformation structurelle de notre économie. Un processus impliquant tous les acteurs qui partagent l’idée que l’activité industrielle offre les plus grandes opportunités en termes de croissance durable, de création de valeur ajoutée et de lutte contre le chômage. Par exemple, continuer à exporter notre coton, laisser les entreprises de transformation à l’arrêt, et laisser envahir nos marchés par la friperie est une hérésie économique. Aussi le débat actuel sur une possible ouverture de nos frontières à la volaille étrangère ne devrait même pas se poser. Le seul débat qui mérite d’être posé dans ce secteur, c’est celui qui porte sur les moyens à mettre en œuvre pour accroître la production de volailles et faire baisser significativement les coûts et en conséquence le prix.
Le véritable problème du Sénégal reste, et risque d’être encore pour longtemps, le niveau de l’offre des entreprises locales. On devrait aider les entreprises locales plutôt que de chercher à agir sur l’offre étrangère par des subventions insoutenables. Elles pourront en conséquence se développer et accroître leurs capacités technologiques afin de réduire la dépendance de notre économie vis-à-vis de l offre étrangère sur laquelle l’intervention des pouvoirs publics a montré toutes ses limites et s’est révélée peu efficace.
Le chômage est une menace à la paix sociale sans laquelle aucun projet collectif n’est possible. Il sape la confiance des jeunes en leur avenir et en leur engagement dans le processus de développement de notre pays.
Le chômage des jeunes est source de malaise social et ses conséquences désastreuses devraient reléguer au second plan certaines querelles politiques dérisoires. Il y’a urgence à agir vigoureusement au service de l’emploi pour préserver la stabilité sociale et la question du chômage devrait être au centre de tous les débats.
Un peuple, dont ses enfants n’hésitent pas à braver les océans pour aller chercher du travail, un peuple dont ses enfants parcourent à pieds des kilomètres par jour le long des routes embouteillées de Dakar, portant sur leurs épaules des kilos de marchandises sous 40° pour les vendre, n’est pas un peuple paresseux.
Ce peuple porte de grandes valeurs de dignité et de courage et ses enfants ne demandent qu’à travailler. Le devoir de l’Etat c’est de leur donner la chance de vivre dignement au Sénégal. Certains parmi eux ont crié très fort « Y’EN A MARRE », n’attendons pas que d’autres expriment leur « RAS LE BOL ».
Ibrahima Macodou FALL
Industriel
Président Directeur Général de la Nouvelle Société Textile Sénégalaise (N.S.T.S)