Assane Diagne semble prendre ses distances. Du recul pour, peut-être, mieux aborder l’avenir ( ?). En 2000, lorsque les libéraux ont pris le pouvoir, des audits des sociétés nationales ont été commandités par le Chef de l’Etat et diligentés par son Directeur de Cabinet de l’époque, Idrissa Seck. Plusieurs responsables socialistes ont été épinglés par la Cours des comptes. Certains, de peur d’être jetés en prison, rejoignent le Pds. C’est le cas de plusieurs responsables libéraux actuels. Ceux qui n’ont pas voulu «transhumer» au Parti au pouvoir, ont été poursuivis puis emprisonnés. Les résultats de ces audits auraient été utilisés politiquement contre des adversaires gênants, s’ils ne sont pas devenus un prétexte pour massifier le Pds venu au pouvoir sans force politique réelle. Mais la remarque que la majorité des sénégalais n’a pas faite c’est que parmi les socialistes Directeurs de sociétés nationales, seul Assane Diagne avait gardé son poste de Directeur général de la Sicap. Les raisons sont simples. Il n’avait rien à se reprocher dit une source. Il était resté à la tête de la Sicap pendant plusieurs mois avant d’être remplacé par Omar Sarr, actuel Ministre de l’Habitat.
LIQUIDATION MANQUEE DE LA SICAP
C’est dans les années 90 que Assane Diagne a été nommé Administrateur délégué, Directeur général de la Sicap. Il avait une seule et unique mission : liquider la Sicap sur instruction des autorités d’alors. Lorsqu’il a pris fonction, ce frère de Sémou Pathé Guèye, ancien président de l’Association des Etudiants Sénégalais de Paris a, sur le champ, dissout le Conseil d’Administration de la Sicap et remercié son président tout en respectant les conditions qu’exige la législation en matière de liquidation d’une société d’Etat. Mais, quand il a rencontré les repreneurs, leurs offres n’étaient pas convaincantes. C’est par la suite qu’Assane Diagne a saisi le président Diouf et Collin pour prendre l’engagement de faire mieux que ce que proposaient les repreneurs de la Sicap. Une carte blanche lui sera donnée pour relancer la Sicap. Sans attendre, ce membre fondateur de la Ld/Mpt entre en contact avec le français Directeur général de l’époque de la Société générale et l’américain patron de City Bank. Ces deux financiers rassurés par les arguments exposés par Assane s’engagent avec lui dans la relance de cette société. Ils lèvent des fonds pour accompagner la Sicap. La Société Générale accepta de lever un milliard de FCfa sans compter ce que la banque américaine a octroyé. Avec son équipe, Assane Diagne lance le projet des Sacré-Cœur. Rappelons que c’est lui qui a créé la Cité «Fadja», les Libertés entre autres quartiers de Dakar.
Assane Diagne inspirait sympathie et respect de la part de Senghor. Un jour, un Conseil interministériel a été convoqué à la présidence par Senghor. Omar Bâ, Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Environnement d’alors, vient à cette réunion avec Assane encore très jeune. Après l’exposé de Mamadou Touré, Ministre des Finances de l’époque, sur la question du jour, Assane, ignorant tout des protocoles, prend la parole en premier, devant le président Senghor et Diouf son premier Ministre. Il remet en cause quelques points essentiels du document lu par Mamadou Touré, Ministre des Finances. Persuadé par les remarques du jeune Assane sur le document du Ministre des Finances, le président Senghor décide séance tenante de suspendre le Conseil interministériel non sans demander aux Ministres d’envoyer le document à tous les services avant le prochain Conseil interministériel.
Il a toujours été victime de son intelligence. Diouf l’estimait. Mais il n’a jamais voulu aller plus loin à cause de Tanor qui était son ami. «Tanor est un ami. Nous nous sommes mutuellement soutenus» a confié un jour Assane Diagne à un de ses proches. Après avoir quitté son poste de Directeur général de la Sicap, le président des Cracks se retire de tout. Pendant plusieurs mois, Assane Diagne disparaît. Ni vu, ni entendu. Il sortira de son mutisme lorsque l’équipe de la Cour des Comptes dirigée par Abdou Bam Guèye l’avait accusé au terme d’un audit de la Sicap. Avec du mépris, il dira aux auteurs de cet audit : «Ce rapport est fait par ignorance, par méchanceté et par ingratitude». L’image de la Cours des Comptes reçut un coup fatal. La seule faute commise par Assane, selon la Cours des Comptes, c’est de n’avoir pas convoqué le Conseil d’administration placé sous la tutelle de son président. Lui étant le Directeur général.
Un jour, chez lui, au moment où il s’y attendait le moins, son téléphone sonne. Au bout du file, le Chef de l’Etat. Il le convoque en urgence à la présidence de la République. Il sera surpris d’apprendre qu’il venait d’être nommé Ministre Conseiller spécial du Président de la République. On est en 2001.
WADE ET ASSANE SEUL DANS L’HELICOPTERE
A l’époque, Mame Madior Boye était Chef du Gouvernement, Abdoulaye Baldé, Secrétaire général de la présidence (après Ousmane Masseck Ndiaye), Idrissa Seck Directeur de Cabinet du président, Macky Sall, Ministre.
Juste après sa nomination, le président de la République fait un tour du pays à bord d’un hélicoptère en compagnie de son Ministre Conseiller spécial, Assane Diagne. Pendant plusieurs heures, les deux hommes discutaient sur le pays. Après ce court voyage aérien, le Chef de l’Etat a demandé à son Ministre Conseiller de lui faire le compte rendu de cette excursion. On est un dimanche. Le mardi, Assane déposé sur la table du président Wade son rapport. Ce dernier prend tout son temps pour lire, relire ce document. Non seulement, le rapport d’Assane Diagne portait sur cette excursion aérienne, mais mieux, le Ministre Conseiller a fait des recommandations destinées à chaque Ministère. C’était pratiquement un programme de gouvernement qu’avait fait Assane.
Tombé sous le charme de la qualité du travail, le président convoque Assane dans son bureau. Ce dernier entre à pas feutrés dans le bureau présidentiel. Wade est là assis, les bras croisés dans une position pensante. Assane arrive à ses côtés. D’un signe de la main, il lui demande de s’asseoir. Il prend place. Pendant plus de dix minutes, le président Wade balaie d’un regard presque menaçant son Ministre Conseiller. Toute sorte d’idées défile dans la tête d’Assane qui ignore l’objet de cette convocation et le mutisme du président une fois arrivé dans son bureau. Tout d’un coup, le Chef de l’Etat lève son regard, fixe Assane de nouveau puis dit : «J’ai lu votre rapport. C’est bien fait. Vous avez bien travaillé».
Avec sa main droite, il presse un bouton du téléphone fixe de couleur noire posé sur une table à sa gauche. «Allo ! Idrissa, viens dans mon bureau tout de suite» dit le président Wade. Moins de cinq minutes, son Directeur de Cabinet arrive dans le bureau du président. «Assis-toi !» ordonne-t-il à son Directeur de Cabinet. Ce dernier s’exécute. Il lui remet le document fait par Assane et lui demande de le lire. «Lisez ! Prenez votre temps ! On t’attend» dit le président Wade à Idrissa Seck. Pendant près de 45 minutes, ce dernier lit le rapport du Ministre Assane Diagne. Un calme plat règne dans le bureau du président tout le temps qu’a duré la lecture d’Idrissa. «Oui ! Monsieur le président je l’ai lu» dit le maire de Thiès. «Idrissa Seck si tu veux aller loin, il faut apprendre» conseille le président Wade à ce dernier.
DANS LE VISEUR DES FAUCONS DU PALAIS
Le Chef de l’Etat lui confie le courrier présidentiel. Ce dernier propose un programme de travail pour la gestion du courrier de la présidence. Une nouvelle organisation est mise en place. Toutes les correspondances du lundi au dimanche passent d’abord par le bureau du Ministre Assane Diagne avant d’atterrir sur la table du président. L’ancien Directeur de la Sicap ne quitte pas son bureau avant 23 heures. Le président Wade convoque ses proches devant son ancienne Assistante Mme Kane pour leur demander de ne plus envoyer un courrier sans que le Ministre Assane Diagne ne soit saisi. «Même celui du premier Ministre Monsieur le Président ?» demande l’Assistante de Wade. «Qu’il soit le Premier Ministre ou le président Jacques Chirac. Que tous les courriers passent par Assane Diagne» lui rétorque le président Wade fortement séduit par l’efficacité de ce dernier. En prenant cette décision, le président Wade ne savait pas qu’il exposait son Ministre Conseiller à l’agressivité des faucons du palais. Un jour, le président a signé, sans le lire, un communiqué qu’Assane venait de rédiger sur la sécheresse de 2002. Quelle marque de confiance ! «Tout ce qu’Assane dit est vrai» laissait entendre Wade.
Un groupe contre Assane Diagne se forma à la présidence. Les faucons réussirent à faire revenir le président sur certaines décisions concernant Assane. La gestion classique du courrier revient. Mais il a fallu quelques semaines pour que Wade confie de nouveau la gestion du courrier à ce dernier. Parce qu’entre temps, une pagaille savamment entretenue a été créée.
Lorsque Assane a repris le courrier, un lobby s’était organisé à la présidence de telle sorte que les correspondances n’arrivaient plus.
Et la réponse donnée c’est «qu’il n’y a pas de courrier». Ce qui est invraisemblable. Comment la présidence peut-elle restée une semaine sans recevoir de courrier. Le président convoque Assane Diagne dans son bureau et lui dit : «Je sais que tu as des problèmes». «Tout à fait» lui répond le Ministre Conseiller. En ces moments, le fils du président, Karim Wade rencontrait très souvent les dimanches, Assane Diagne au palais pour des séances de travail.
WADE DECHIRE LE DECRET NOMMANT ASSANE DIAGNE DIRECTEUR DE CABINET
Le président était convaincu que seul Assane Diagne pouvait gérer la présidence de la République. Il lui confie tout et signe un décret le nommant Directeur de Cabinet. Cette décision fait le tour des bureaux de la présidence. Les faucons mettent en place une stratégie. D’abord, l’ancien Ministre de l’Habitat a été dans le viseur de certains leaders de l’Opposition qui faisaient des témoignages négatifs sur lui auprès du président. L’enfant de Baba Garage dérangeait les Cadres libéraux. Une réunion a été tenue par des membres de la structure des Cadres libéraux pour le faire partir. Et l’argument consistait à le présenter comme un élément du Ps dans le dispositif présidentiel. Les libéraux font bloc contre lui. A quelques jours de la nomination d’Assane comme Directeur de Cabinet du président, une stratégie est mise en place pour torpiller cette nomination. Un élément des Renseignements, le Général de Rondon aujourd’hui en service dans une ambassade est actionné. «Le président va nommer Assane Diagne au poste de Directeur de Cabinet. C’est une question de jour ou d’heure. Le décret est déjà signé. Il ne reste que la publication» s’est confié un proche du président à ce «RG». Ce policier entre en action. Et le hasard a fait que le grand frère de ce «RG» est un ami intime d’Assane Diagne. Raison pour laquelle lorsqu’il est venu dans son bureau, Assane a été satisfait de rencontrer un frère. C’était sans arrière pensée. Parce qu’il estimait qu’il ne pouvait être mieux à l’aise qu’avec le frère de son ami. «Monsieur le Ministre, vous allez être nommé Directeur de Cabinet du président. Et la tradition ici c’est que tu ne peux pas occuper ses fonctions sans être reconnu par l’Elysée. Je vous demande de venir rencontrer des agents envoyés par l’Elysée à Dakar pour un entretien avec toi» dit le «RG». Une proposition acceptée par Assane.
LE FAMEUX DINER AU RESTAURANT «OSIO»
Le «RG» fait venir deux français et un Antillais au restaurant «d’Osio» sis au Plateau derrière «Café de Rome» pour un déjeuner. Le Ministre Conseiller «futur» Directeur de Cabinet du président arrive à l’heure. Correctement habillé, Assane Diagne rencontre des gens affables, ouverts et intéressants. Ils discutent à bâton rompu sur des questions diverses. Au cours de la discussion, un des français demande à Assane Diagne : «Monsieur le Ministre, vous connaissez le Monsieur là-bas en chemise jaune ?». Il lui indique un Monsieur assis sur une table d’à côté. Assane tourne le regard pour voir le monsieur question. Ce fut le moment choisi pour prendre des photos sur laquelle on pouvait voir Assane accompagné de trois blancs dans un restaurant. Avant 17 heures le même jour, le «RG» réussit sa mission au grand bonheur de ses commanditaires. Les photos sont remises au président. «Monsieur le président, vous n’avez pas encore nommé Assane Diagne, il complote avec des éléments de la DST français» a-t-on dit au président qui a sur le champ déchiré puis jeté dans la poubelle le décret nommant Assane Directeur de Cabinet. Par la suite, pendant 7 mois, Wade n’a pas adressé la parole à Assane qui était à l’étroit à la présidence. Le Ministre Conseiller n’a rien compris du comportement «incompréhensible» du président à son égard. Les faucons avaient tellement réussi leur mission qu’Assane était devenu un danger aux yeux de Wade. Il fallait, soit l’éliminer politiquement ou l’éloigner.
Sur le plan politique, il était un adversaire juré de Pape Diouf proche d’Idrissa Seck. Pour avoir l’esprit tranquille, le président Wade nomme Assane Ministre de l’Habitat. Une manière de le sortir de la présidence. Dans le Gouvernement de Macky Sall, Assane connaitra des difficultés dans la gestion de plusieurs dossiers. Il n’était pas en odeur de sainteté avec Macky Sall. D’ailleurs, on se rappelle son bureau qui a été cambriolé par des «inconnus». Il sera dessaisi des dossiers du : Monument de la Renaissance, des Travaux de Touba, du Plan Jaaxay, de la Plateforme de Diamniadio et de la Nouvelle Ville. Aujourd’hui, Assane Diagne semble se retiré de la chose politique jusqu’à … nouvel ordre.
Source : http://www.rewmi.com
LIQUIDATION MANQUEE DE LA SICAP
C’est dans les années 90 que Assane Diagne a été nommé Administrateur délégué, Directeur général de la Sicap. Il avait une seule et unique mission : liquider la Sicap sur instruction des autorités d’alors. Lorsqu’il a pris fonction, ce frère de Sémou Pathé Guèye, ancien président de l’Association des Etudiants Sénégalais de Paris a, sur le champ, dissout le Conseil d’Administration de la Sicap et remercié son président tout en respectant les conditions qu’exige la législation en matière de liquidation d’une société d’Etat. Mais, quand il a rencontré les repreneurs, leurs offres n’étaient pas convaincantes. C’est par la suite qu’Assane Diagne a saisi le président Diouf et Collin pour prendre l’engagement de faire mieux que ce que proposaient les repreneurs de la Sicap. Une carte blanche lui sera donnée pour relancer la Sicap. Sans attendre, ce membre fondateur de la Ld/Mpt entre en contact avec le français Directeur général de l’époque de la Société générale et l’américain patron de City Bank. Ces deux financiers rassurés par les arguments exposés par Assane s’engagent avec lui dans la relance de cette société. Ils lèvent des fonds pour accompagner la Sicap. La Société Générale accepta de lever un milliard de FCfa sans compter ce que la banque américaine a octroyé. Avec son équipe, Assane Diagne lance le projet des Sacré-Cœur. Rappelons que c’est lui qui a créé la Cité «Fadja», les Libertés entre autres quartiers de Dakar.
Assane Diagne inspirait sympathie et respect de la part de Senghor. Un jour, un Conseil interministériel a été convoqué à la présidence par Senghor. Omar Bâ, Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Environnement d’alors, vient à cette réunion avec Assane encore très jeune. Après l’exposé de Mamadou Touré, Ministre des Finances de l’époque, sur la question du jour, Assane, ignorant tout des protocoles, prend la parole en premier, devant le président Senghor et Diouf son premier Ministre. Il remet en cause quelques points essentiels du document lu par Mamadou Touré, Ministre des Finances. Persuadé par les remarques du jeune Assane sur le document du Ministre des Finances, le président Senghor décide séance tenante de suspendre le Conseil interministériel non sans demander aux Ministres d’envoyer le document à tous les services avant le prochain Conseil interministériel.
Il a toujours été victime de son intelligence. Diouf l’estimait. Mais il n’a jamais voulu aller plus loin à cause de Tanor qui était son ami. «Tanor est un ami. Nous nous sommes mutuellement soutenus» a confié un jour Assane Diagne à un de ses proches. Après avoir quitté son poste de Directeur général de la Sicap, le président des Cracks se retire de tout. Pendant plusieurs mois, Assane Diagne disparaît. Ni vu, ni entendu. Il sortira de son mutisme lorsque l’équipe de la Cour des Comptes dirigée par Abdou Bam Guèye l’avait accusé au terme d’un audit de la Sicap. Avec du mépris, il dira aux auteurs de cet audit : «Ce rapport est fait par ignorance, par méchanceté et par ingratitude». L’image de la Cours des Comptes reçut un coup fatal. La seule faute commise par Assane, selon la Cours des Comptes, c’est de n’avoir pas convoqué le Conseil d’administration placé sous la tutelle de son président. Lui étant le Directeur général.
Un jour, chez lui, au moment où il s’y attendait le moins, son téléphone sonne. Au bout du file, le Chef de l’Etat. Il le convoque en urgence à la présidence de la République. Il sera surpris d’apprendre qu’il venait d’être nommé Ministre Conseiller spécial du Président de la République. On est en 2001.
WADE ET ASSANE SEUL DANS L’HELICOPTERE
A l’époque, Mame Madior Boye était Chef du Gouvernement, Abdoulaye Baldé, Secrétaire général de la présidence (après Ousmane Masseck Ndiaye), Idrissa Seck Directeur de Cabinet du président, Macky Sall, Ministre.
Juste après sa nomination, le président de la République fait un tour du pays à bord d’un hélicoptère en compagnie de son Ministre Conseiller spécial, Assane Diagne. Pendant plusieurs heures, les deux hommes discutaient sur le pays. Après ce court voyage aérien, le Chef de l’Etat a demandé à son Ministre Conseiller de lui faire le compte rendu de cette excursion. On est un dimanche. Le mardi, Assane déposé sur la table du président Wade son rapport. Ce dernier prend tout son temps pour lire, relire ce document. Non seulement, le rapport d’Assane Diagne portait sur cette excursion aérienne, mais mieux, le Ministre Conseiller a fait des recommandations destinées à chaque Ministère. C’était pratiquement un programme de gouvernement qu’avait fait Assane.
Tombé sous le charme de la qualité du travail, le président convoque Assane dans son bureau. Ce dernier entre à pas feutrés dans le bureau présidentiel. Wade est là assis, les bras croisés dans une position pensante. Assane arrive à ses côtés. D’un signe de la main, il lui demande de s’asseoir. Il prend place. Pendant plus de dix minutes, le président Wade balaie d’un regard presque menaçant son Ministre Conseiller. Toute sorte d’idées défile dans la tête d’Assane qui ignore l’objet de cette convocation et le mutisme du président une fois arrivé dans son bureau. Tout d’un coup, le Chef de l’Etat lève son regard, fixe Assane de nouveau puis dit : «J’ai lu votre rapport. C’est bien fait. Vous avez bien travaillé».
Avec sa main droite, il presse un bouton du téléphone fixe de couleur noire posé sur une table à sa gauche. «Allo ! Idrissa, viens dans mon bureau tout de suite» dit le président Wade. Moins de cinq minutes, son Directeur de Cabinet arrive dans le bureau du président. «Assis-toi !» ordonne-t-il à son Directeur de Cabinet. Ce dernier s’exécute. Il lui remet le document fait par Assane et lui demande de le lire. «Lisez ! Prenez votre temps ! On t’attend» dit le président Wade à Idrissa Seck. Pendant près de 45 minutes, ce dernier lit le rapport du Ministre Assane Diagne. Un calme plat règne dans le bureau du président tout le temps qu’a duré la lecture d’Idrissa. «Oui ! Monsieur le président je l’ai lu» dit le maire de Thiès. «Idrissa Seck si tu veux aller loin, il faut apprendre» conseille le président Wade à ce dernier.
DANS LE VISEUR DES FAUCONS DU PALAIS
Le Chef de l’Etat lui confie le courrier présidentiel. Ce dernier propose un programme de travail pour la gestion du courrier de la présidence. Une nouvelle organisation est mise en place. Toutes les correspondances du lundi au dimanche passent d’abord par le bureau du Ministre Assane Diagne avant d’atterrir sur la table du président. L’ancien Directeur de la Sicap ne quitte pas son bureau avant 23 heures. Le président Wade convoque ses proches devant son ancienne Assistante Mme Kane pour leur demander de ne plus envoyer un courrier sans que le Ministre Assane Diagne ne soit saisi. «Même celui du premier Ministre Monsieur le Président ?» demande l’Assistante de Wade. «Qu’il soit le Premier Ministre ou le président Jacques Chirac. Que tous les courriers passent par Assane Diagne» lui rétorque le président Wade fortement séduit par l’efficacité de ce dernier. En prenant cette décision, le président Wade ne savait pas qu’il exposait son Ministre Conseiller à l’agressivité des faucons du palais. Un jour, le président a signé, sans le lire, un communiqué qu’Assane venait de rédiger sur la sécheresse de 2002. Quelle marque de confiance ! «Tout ce qu’Assane dit est vrai» laissait entendre Wade.
Un groupe contre Assane Diagne se forma à la présidence. Les faucons réussirent à faire revenir le président sur certaines décisions concernant Assane. La gestion classique du courrier revient. Mais il a fallu quelques semaines pour que Wade confie de nouveau la gestion du courrier à ce dernier. Parce qu’entre temps, une pagaille savamment entretenue a été créée.
Lorsque Assane a repris le courrier, un lobby s’était organisé à la présidence de telle sorte que les correspondances n’arrivaient plus.
Et la réponse donnée c’est «qu’il n’y a pas de courrier». Ce qui est invraisemblable. Comment la présidence peut-elle restée une semaine sans recevoir de courrier. Le président convoque Assane Diagne dans son bureau et lui dit : «Je sais que tu as des problèmes». «Tout à fait» lui répond le Ministre Conseiller. En ces moments, le fils du président, Karim Wade rencontrait très souvent les dimanches, Assane Diagne au palais pour des séances de travail.
WADE DECHIRE LE DECRET NOMMANT ASSANE DIAGNE DIRECTEUR DE CABINET
Le président était convaincu que seul Assane Diagne pouvait gérer la présidence de la République. Il lui confie tout et signe un décret le nommant Directeur de Cabinet. Cette décision fait le tour des bureaux de la présidence. Les faucons mettent en place une stratégie. D’abord, l’ancien Ministre de l’Habitat a été dans le viseur de certains leaders de l’Opposition qui faisaient des témoignages négatifs sur lui auprès du président. L’enfant de Baba Garage dérangeait les Cadres libéraux. Une réunion a été tenue par des membres de la structure des Cadres libéraux pour le faire partir. Et l’argument consistait à le présenter comme un élément du Ps dans le dispositif présidentiel. Les libéraux font bloc contre lui. A quelques jours de la nomination d’Assane comme Directeur de Cabinet du président, une stratégie est mise en place pour torpiller cette nomination. Un élément des Renseignements, le Général de Rondon aujourd’hui en service dans une ambassade est actionné. «Le président va nommer Assane Diagne au poste de Directeur de Cabinet. C’est une question de jour ou d’heure. Le décret est déjà signé. Il ne reste que la publication» s’est confié un proche du président à ce «RG». Ce policier entre en action. Et le hasard a fait que le grand frère de ce «RG» est un ami intime d’Assane Diagne. Raison pour laquelle lorsqu’il est venu dans son bureau, Assane a été satisfait de rencontrer un frère. C’était sans arrière pensée. Parce qu’il estimait qu’il ne pouvait être mieux à l’aise qu’avec le frère de son ami. «Monsieur le Ministre, vous allez être nommé Directeur de Cabinet du président. Et la tradition ici c’est que tu ne peux pas occuper ses fonctions sans être reconnu par l’Elysée. Je vous demande de venir rencontrer des agents envoyés par l’Elysée à Dakar pour un entretien avec toi» dit le «RG». Une proposition acceptée par Assane.
LE FAMEUX DINER AU RESTAURANT «OSIO»
Le «RG» fait venir deux français et un Antillais au restaurant «d’Osio» sis au Plateau derrière «Café de Rome» pour un déjeuner. Le Ministre Conseiller «futur» Directeur de Cabinet du président arrive à l’heure. Correctement habillé, Assane Diagne rencontre des gens affables, ouverts et intéressants. Ils discutent à bâton rompu sur des questions diverses. Au cours de la discussion, un des français demande à Assane Diagne : «Monsieur le Ministre, vous connaissez le Monsieur là-bas en chemise jaune ?». Il lui indique un Monsieur assis sur une table d’à côté. Assane tourne le regard pour voir le monsieur question. Ce fut le moment choisi pour prendre des photos sur laquelle on pouvait voir Assane accompagné de trois blancs dans un restaurant. Avant 17 heures le même jour, le «RG» réussit sa mission au grand bonheur de ses commanditaires. Les photos sont remises au président. «Monsieur le président, vous n’avez pas encore nommé Assane Diagne, il complote avec des éléments de la DST français» a-t-on dit au président qui a sur le champ déchiré puis jeté dans la poubelle le décret nommant Assane Directeur de Cabinet. Par la suite, pendant 7 mois, Wade n’a pas adressé la parole à Assane qui était à l’étroit à la présidence. Le Ministre Conseiller n’a rien compris du comportement «incompréhensible» du président à son égard. Les faucons avaient tellement réussi leur mission qu’Assane était devenu un danger aux yeux de Wade. Il fallait, soit l’éliminer politiquement ou l’éloigner.
Sur le plan politique, il était un adversaire juré de Pape Diouf proche d’Idrissa Seck. Pour avoir l’esprit tranquille, le président Wade nomme Assane Ministre de l’Habitat. Une manière de le sortir de la présidence. Dans le Gouvernement de Macky Sall, Assane connaitra des difficultés dans la gestion de plusieurs dossiers. Il n’était pas en odeur de sainteté avec Macky Sall. D’ailleurs, on se rappelle son bureau qui a été cambriolé par des «inconnus». Il sera dessaisi des dossiers du : Monument de la Renaissance, des Travaux de Touba, du Plan Jaaxay, de la Plateforme de Diamniadio et de la Nouvelle Ville. Aujourd’hui, Assane Diagne semble se retiré de la chose politique jusqu’à … nouvel ordre.
Source : http://www.rewmi.com