Anne Sinclair est très rarement revenue sur l'affaire Nafissatou Diallo, du nom de cette employée qui a accusé Dominique Strauss-Kahn de l'avoir agressée sexuellement dans une chambre du Sofitel de New York. Son mari était alors en pôle position dans la course à l'Élysée.
Tout s'écroule en mai 2011 dans un scandale médiatique sans précédent. « Un cauchemar », résumera-t-elle plus tard dans l'émission Un jour, un destin sur France 2, estimant que son mari avait eu un « comportement sot, stupide, incohérent, alors qu'il était à la veille d'une élection. Je pense que c'est infantile, que ce n'est pas à la hauteur, ni de l'homme que je croyais qu'il était ni du destin qu'il ambitionnait.»
« J'ai déposé le sac à dos des tourments »
Dans le Vanity Fair du mois de mars, l'ex-journaliste star de TF1 se fait manifestement violence pour revenir sur une affaire qui appartient désormais au passé.
"Cette histoire va donc me poursuivre jusqu'à ma mort ? Mais merde, alors ! Est-on vraiment obligé de revenir là-dessus ?", s'emporte-t-elle dans le portrait que lui consacre le magazine glamour, à l'occasion de la sortie prochaine de son livre Chronique d'une France blessée (Grasset), dans lequel elle évoque les turbulences qui secouent notre pays depuis des mois... Anne Sinclair affirme avoir tourné la page : elle a lancé la version française du site Huffington Post, refait sa vie avec l'historien Pierre Nora, retrouvé une certaine harmonie et beaucoup de recul. «J'ai déposé le sac à dos des tourments, je me sens légère », confie-t-elle au détour de l'interview.
Alors, pourquoi donc réveiller les mauvais souvenirs ? Sans doute pour tirer définitivement un trait sur une période de sa vie qui l'a enfermée dans le statut de la femme blessée.
Et remettre quelques pendules à l'heure sur les infos et commentaires peu amènes qui ont circulé sur son couple à l'époque, allant même jusqu'à la soupçonner d'avoir fermé les yeux au nom d'une folle ambition. « Contrairement à ce qui a été dit, les palais de la République ne m'ont jamais fait rêver... », glisse-t-elle au passage.
« Je suis stupide, naïve, sans doute... »
Comment fonctionnait donc ce couple Sinclair-Strauss-Kahn ? « Je vous le dis, je ne savais rien, je suis stupide, naïve, sans doute, je ne savais rien, je fais confiance, je ne fliquais rien », explique l'ancienne présentatrice de l'émission 7 sur 7 à la journaliste Sophie des Déserts. « Oui, sûrement, il y a du déni, de la femme qui ne veut pas voir. Mais quand j'avais des doutes, car j'en ai eu, des doutes, Dominique me donnait toutes les assurances. » Notamment en lui jurant : « Il n'y a que toi... »
Quand éclate l'affaire du Sofitel, elle fait face, soutient son mari, se montre à ses côtés, paie les factures, fait appel à un coach sportif, commande les pizzas et gère comme elle peut la traque incessante des paparazzis – deux cents journalistes sont à leurs trousses.
« Ils étaient comme des serpents, explique-t-elle dans Vanity Fair, prêts à surgir dès que je m'approchais des stores. Ils faisaient même les poubelles. » Pour les vider, elle les donne à des proches de passage qui les jettent, par petits bouts, loin de leur habitation...
Un tacle pour Sarkozy
À peine la tête sortie de l'eau, la voilà qui replonge en mars 2012 quand son mari est mis en examen pour « proxénétisme en bande organisée » dans l'affaire du Carlton de Lille.
Anne Sinclair doit encaisser la vie parallèle de son mari, les infidélités, les SMS impudiques et le fameux Dodo la Saumure... Elle décide de jeter l'éponge et quitte cet époux devenu un étranger, qui s'étonne de la voir « faire la gueule ». « Je me demande parfois si vingt ans de ma vie ont été vingt ans de mensonges », confie-t-elle aujourd'hui.
Dans ses confessions intimes, on trouve également un dernier tacle pour Nicolas Sarkozy, qui, il y a quatre mois, n'a pas hésité à évoquer directement l'affaire Nafissatou Diallo devant elle, au cours d'un rendez-vous. « Il a commencé à me signifier qu'il avait pensé à moi au moment du Sofitel, que malgré les rumeurs, il n'y était pour rien, raconte-t-elle. Il parlait par onomatopées : On a dit surveillance... Poutine... En tout cas, contre vous, rien... Puis il m'a dit : Vous et moi, on a un peu vécu la même chose, hein ? La rupture d'un couple... Évidemment, ce n'est pas tout à fait pareil, mais on se comprend, hein ? » L'ex-président s'est très vite fait remettre à sa place : « Je voudrais que vous m'épargniez cela », lui signifia Anne Sinclair afin de changer de sujet de conversation. À ce jour, il reste le seul politique à l'avoir titillée sur le sujet.
Le Point.fr