«Bibi» Nétanyahou est devenu un vrai sujet de la campagne américaine. La manière dont Mitt Romney a attaqué dimanche soir, bille en tête, le président, dans l'émission 60 minutes de CBS, pour «ne pas avoir trouvé le temps» de rencontrer le premier ministre israélien cette semaine, pendant l'Assemblée générale de l'ONU, en dit long sur l'irruption du facteur israélien dans un débat jusqu'ici dominé par l'économie. «C'est une erreur, a dit Romney, et cela envoie un message à travers tout le Moyen-Orient sur le fait que nous prenons nos distances vis-à-vis de nos amis. Je pense que c'est exactement l'opposé de ce qu'il est nécessaire (de faire).»
Dans cette même émission, Barack Obama réplique en soulignant «la proximité» de sa relation avec Israël. «J'ai des conversations avec le premier ministre Nétanyahou tout le temps, se défend-il. Je partage et comprends son insistance sur la nécessité d'empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire.» Mais Obama s'empresse aussi de préciser «qu'en ce qui concerne les décisions de sécurité nationale, la seule pression qu'[il] ressent est de faire ce qui est bon pour le peuple américain.»
«Dans un tel cas, je vais m'extraire de tout le bruit environnant», insiste-t-il, alors que le journaliste de CBS lui demande ce qu'il pense des «lignes rouges» que Nétanyahou le presse de tracer vis-à-vis de l'Iran.
Joute musclée
Lundi, la campagne Romney a saisi au bond le terme de «bruit», pour dénoncer la «condescendance chronique» d'Obama vis-à-vis d'Israël. «Le président en parle seulement comme d'un de nos plus proches alliés dans la région. Le gouverneur Romney pense qu'Israël est notre allié le plus important au Moyen-Orient», note le communiqué républicain.
L'échange retransmis par CBS pourrait annoncer une joute musclée sur le terrain de la politique étrangère lors du premier débat télévisé, le 3 octobre. Alors que le Moyen-Orient est en ébullition, qu'un ambassadeur américain a péri à Benghazi et que la formation des forces afghanes a dû être gelée sine die, les républicains ont une opportunité pour tenter de ternir le bilan du tombeur de Ben Laden. «Si Mitt Romney pense que nous devrions engager une nouvelle guerre, il doit le dire clairement», a averti Obama sur CBS, pour répondre aux accusations de faiblesse des républicains.
Il y a une quinzaine de jours, «Bibi» s'était déjà invité dans la campagne faisant savoir qu'Obama aurait refusé de le recevoir à New York pendant l'Assemblée générale. La Maison-Blanche avait répliqué qu'aucun rendez-vous n'avait été sollicité, ajoutant que les deux hommes ne se trouveraient «simplement pas en ville au même moment».
La réalité est que les relations entre les deux dirigeants n'ont jamais été bonnes, et qu'elles se sont tendues fortement l'an dernier après la reprise de la colonisation juive dans les Territoires occupés. Nerveuse en raison du suspense que «Bibi» laisse peser sur l'éventualité d'une frappe sur l'Iran en pleine campagne électorale, l'Administration n'apprécie guère le chantage aux «lignes rouges».
Pour elle, assigner des échéances précises aux Iraniens reviendrait à enfermer Washington dans une dangereuse logique de compte à rebours. Clairement, «Bibi» roule pour Romney, qu'il a bien connu dans sa jeunesse à Philadelphie. Il est difficile de dire si c'est un atout substantiel pour les républicains, alors que ces derniers s'efforcent d'attirer les électeurs juifs, majoritairement libéraux. Selon un récent sondage de l'institut Zogby, le président semble avoir perdu quelques points même s'il reste le favori de cet électorat restreint, mais qui pourrait s'avérer décisif dans certains États pivots comme la Floride.
Par Laure Mandeville
Dans cette même émission, Barack Obama réplique en soulignant «la proximité» de sa relation avec Israël. «J'ai des conversations avec le premier ministre Nétanyahou tout le temps, se défend-il. Je partage et comprends son insistance sur la nécessité d'empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire.» Mais Obama s'empresse aussi de préciser «qu'en ce qui concerne les décisions de sécurité nationale, la seule pression qu'[il] ressent est de faire ce qui est bon pour le peuple américain.»
«Dans un tel cas, je vais m'extraire de tout le bruit environnant», insiste-t-il, alors que le journaliste de CBS lui demande ce qu'il pense des «lignes rouges» que Nétanyahou le presse de tracer vis-à-vis de l'Iran.
Joute musclée
Lundi, la campagne Romney a saisi au bond le terme de «bruit», pour dénoncer la «condescendance chronique» d'Obama vis-à-vis d'Israël. «Le président en parle seulement comme d'un de nos plus proches alliés dans la région. Le gouverneur Romney pense qu'Israël est notre allié le plus important au Moyen-Orient», note le communiqué républicain.
L'échange retransmis par CBS pourrait annoncer une joute musclée sur le terrain de la politique étrangère lors du premier débat télévisé, le 3 octobre. Alors que le Moyen-Orient est en ébullition, qu'un ambassadeur américain a péri à Benghazi et que la formation des forces afghanes a dû être gelée sine die, les républicains ont une opportunité pour tenter de ternir le bilan du tombeur de Ben Laden. «Si Mitt Romney pense que nous devrions engager une nouvelle guerre, il doit le dire clairement», a averti Obama sur CBS, pour répondre aux accusations de faiblesse des républicains.
Il y a une quinzaine de jours, «Bibi» s'était déjà invité dans la campagne faisant savoir qu'Obama aurait refusé de le recevoir à New York pendant l'Assemblée générale. La Maison-Blanche avait répliqué qu'aucun rendez-vous n'avait été sollicité, ajoutant que les deux hommes ne se trouveraient «simplement pas en ville au même moment».
La réalité est que les relations entre les deux dirigeants n'ont jamais été bonnes, et qu'elles se sont tendues fortement l'an dernier après la reprise de la colonisation juive dans les Territoires occupés. Nerveuse en raison du suspense que «Bibi» laisse peser sur l'éventualité d'une frappe sur l'Iran en pleine campagne électorale, l'Administration n'apprécie guère le chantage aux «lignes rouges».
Pour elle, assigner des échéances précises aux Iraniens reviendrait à enfermer Washington dans une dangereuse logique de compte à rebours. Clairement, «Bibi» roule pour Romney, qu'il a bien connu dans sa jeunesse à Philadelphie. Il est difficile de dire si c'est un atout substantiel pour les républicains, alors que ces derniers s'efforcent d'attirer les électeurs juifs, majoritairement libéraux. Selon un récent sondage de l'institut Zogby, le président semble avoir perdu quelques points même s'il reste le favori de cet électorat restreint, mais qui pourrait s'avérer décisif dans certains États pivots comme la Floride.
Par Laure Mandeville