(Correspondant permanent à Paris) - Nkrumah Sané est-il à l’étroit en France ? La question mérite d’être posée. Car selon nos informations, confirmées par le chef rebelle lui-même, il a écrit au président français, Nicolas Sarkozy, pour lui demander d’intervenir sur le mandat d’arrêt international lancé par les autorités sénégalaises depuis 1997. En effet, depuis que ce mandat a été lancé et que les autorités sénégalaises ont saisi la justice française, Nkrumah Sané est en liberté provisoire. Pour espérer mettre fin à cela, il a pris sa plume pour demander au Chef de l’Etat français d’intervenir afin que son cas soit définitivement jugé. Dans sa lettre dont nous avons lu une copie, il rappelle d’abord sa situation au président français. ‘Vous savez que je fais l’objet de mandat d’arrêt international lancé contre moi par le gouvernement sénégalais depuis le 6 janvier 1997. J’étais donc jugé par le tribunal de Paris et mon avocat a fait un pourvoi en cassation. Depuis lors, je ne sais quel sort le tribunal me réserve toujours’, explique-t-il à Nicolas Sarkozy. Il ajoute que son avocat, ‘Me Antoine Comté, ayant tout fait pour que le tribunal statue sur mon sort, n’a reçu aucun gain de cause’. Alors, ‘il ne me reste plus qu’à me tourner vers vous, M. le président de la République, Chef Suprême de la Magistrature française et vers le droit international sur lequel l’Etat sénégalais s’est basé pour lancer ce mandat contre moi, afin que le tribunal de Paris me juge sur le droit’, souligne Nkrumah Sané. Si le chef rebelle tient tant à l’intervention du président Sarkozy afin que le droit soit dit enfin, c’est parce que depuis que le tribunal de Paris l’a mis en liberté provisoire, il semble sentir toujours que ce mandat d’arrêt est comme une épée de Damoclès sur sa tête. Surtout qu’il a été convoqué en avril dernier à la préfecture de police de Paris. Et c’est pourquoi il précise dans sa correspondance l’état dans lequel il vit : ‘Depuis cette date, je suis en liberté provisoire et je me considère comme vivant dans une prison à ciel ouvert. Ce que tout homme ne peut accepter au nom de la liberté’.
Dans sa missive à Sakozy, il explique la légitimité de son combat en faisant une allusion à la France occupée pendant la deuxième guerre. ‘M. le président, hier c’était la France combattante pour l’honneur et la dignité de ses fils pour lesquels sont également tombés ceux de la Casamance, sur toua les champs de bataille : cette France reconnaissante à la Casamance où elle a bâti un monument à la mémoire de ceux de ses fils ayant donné leur vie pour elle.
Monument sur lequel sont gravés ces mots qui rappellent tant de souvenirs et de sacrifices : ‘La Casamance a ses morts pour la France’’. C’est tout cela qu’il invoque pour demander une certaine ‘protection’ de la France. ‘Aujourd’hui, c’est cette Casamance, aussi combattante et qui, loin de réclamer une quelconque monnaie, demande à la patrie de tout homme libre, une protection pour ses fils membres du Secrétariat général et du Bureau national de son mouvement indépendantiste, le Mfdc et en particulier son secrétaire général, M. Mamadou Nkrumah Abou Sané’, écrit ce dernier.
Interrogé, Nkrumah Sané confirme avoir envoyé une lettre au président français. Le représentant de l’aile extérieure du Mfdc dit avoir reçu l’accusé de réception et a bon espoir de recevoir une réponse du président français.
Entretien avec … NKRUMAH SANE (SECRETAIRE GENERAL DE L’AILE EXTERIEURE DU MFDC) : ‘Si je dois négocier avec les autorités sénégalaises, ce sera en homme libre’
Wal fadjri : Nous avons appris que vous avez envoyé une lettre au président français, Nicolas Sarkozy. Si oui, pour quelles raisons ?
Nkrumah SANE : Je vous confirme que j’ai envoyé une lettre au chef de l’Etat français. La raison est simple : le Sénégal a lancé un mandat d’arrêt contre moi, cela fait presque 13 ans. Jusqu’à présent, ce mandat d’arrêt n’est pas tiré au clair, car je suis toujours en liberté provisoire. Et je ne peux pas accepter d’être dans une prison à ciel ouvert. C’est la raison pour laquelle, après ma convocation au ministère de l’Intérieur en avril dernier, j’ai décidé d’écrire au président de la République française, chef suprême de la magistrature.
Wal fadjri : Dans votre lettre, vous parlez d’une demande d’intervention et de protection…
Nkrumah SANE : Oui ! Je veux seulement que le droit soit dit. Cela fait 13 ans que j’attends. Je voudrais que les choses soient tirées au clair. Si je dois aller en prison ou être extradé au Sénégal, qu’on me le dise. Si je dois être libre de toute poursuite, qu’on me le dise aussi. C’est tout !
Wal fadjri : Nous avons appris que les autorités sénégalaises ont envoyé des émissaires auprès de vous. Si oui, les avez vous reçus ?
Nkrumah SANE : J’ai appris que ces autorités ont envoyé le colonel Cissé auprès de moi. Mais je ne l’ai pas encore vu.
Wal fadjri : Alliez-vous le rencontrer ?
Nkrumah SANE : Je lui aurais répondu que le préalable, c’est de lever le mandat d’arrêt international. Je vous dis que je ne rencontrerai jamais une autorité sénégalaise tant que le mandat d’arrêt international court contre moi. Je dois les rencontrer en homme libre.
Wal fadjri : Ne vous sentez-vous pas libre ?
Nkrumah SANE : Avec le mandat d’arrêt, non ! Quand ils ont lancé le mandat, ils voulaient que la justice française me prenne par la force et m’envoie au Sénégal. Ce qu’ils n’ont pas encore pu. Par conséquent, ils doivent d’abord lever ce mandat et qu’on me rende ce que la justice française a pris chez moi. A partir de ce moment, je pourrai recevoir des émissaires. Sinon, je ne recevrai plus personne, même Abdoulaye Wade.
Wal fadjri : Qu’est-ce que la justice française a pris chez vous ?
Nkrumah SANE : Quand le mandat d’arrêt a été lancé, la justice française a perquisitionné chez moi. Certains de mes affaires ont été mises sous scellées.
Wal fadjri : Si on levait le mandat d’arrêt international contre vous, seriez-vous prêt à aller à la table de négociations avec les autorités sénégalaises ?
Nkrumah SANE : Je suis prêt à les écouter. Jusqu’à présent, le Mfdc n’a pas demandé des négociations. (…).
Wal fadjri : Selon des sources bien informées, l’on traque des membres du Mfdc qui sont en Allemagne. Etes-vous au courant ?
Nkrumah SANE : Ce sont les autorités sénégalaises qui persécutent les membres du Mfdc installés en Europe. Elles mènent des enquêtes sur ces gens-là et mettent la pression sur des gouvernements occidentaux pour qu’ils soient chassés de ces pays. Mais c’est peine perdue et une illusion du gouvernement du président Wade. Cela renforce ces Casamançais dans leur volonté de combattre le Sénégal et ces gouvernements occidentaux sont en train de renforcer également leur sécurité. En Allemagne, c’est le Dr Apakana Diémé qui est visé. Et c’est le ministre d’Etat, Madické Niang, qui est allé en personne en Allemagne pour cela.
Propos recueillis par Moustapha BARRY
Walfadjri
Dans sa missive à Sakozy, il explique la légitimité de son combat en faisant une allusion à la France occupée pendant la deuxième guerre. ‘M. le président, hier c’était la France combattante pour l’honneur et la dignité de ses fils pour lesquels sont également tombés ceux de la Casamance, sur toua les champs de bataille : cette France reconnaissante à la Casamance où elle a bâti un monument à la mémoire de ceux de ses fils ayant donné leur vie pour elle.
Monument sur lequel sont gravés ces mots qui rappellent tant de souvenirs et de sacrifices : ‘La Casamance a ses morts pour la France’’. C’est tout cela qu’il invoque pour demander une certaine ‘protection’ de la France. ‘Aujourd’hui, c’est cette Casamance, aussi combattante et qui, loin de réclamer une quelconque monnaie, demande à la patrie de tout homme libre, une protection pour ses fils membres du Secrétariat général et du Bureau national de son mouvement indépendantiste, le Mfdc et en particulier son secrétaire général, M. Mamadou Nkrumah Abou Sané’, écrit ce dernier.
Interrogé, Nkrumah Sané confirme avoir envoyé une lettre au président français. Le représentant de l’aile extérieure du Mfdc dit avoir reçu l’accusé de réception et a bon espoir de recevoir une réponse du président français.
Entretien avec … NKRUMAH SANE (SECRETAIRE GENERAL DE L’AILE EXTERIEURE DU MFDC) : ‘Si je dois négocier avec les autorités sénégalaises, ce sera en homme libre’
Wal fadjri : Nous avons appris que vous avez envoyé une lettre au président français, Nicolas Sarkozy. Si oui, pour quelles raisons ?
Nkrumah SANE : Je vous confirme que j’ai envoyé une lettre au chef de l’Etat français. La raison est simple : le Sénégal a lancé un mandat d’arrêt contre moi, cela fait presque 13 ans. Jusqu’à présent, ce mandat d’arrêt n’est pas tiré au clair, car je suis toujours en liberté provisoire. Et je ne peux pas accepter d’être dans une prison à ciel ouvert. C’est la raison pour laquelle, après ma convocation au ministère de l’Intérieur en avril dernier, j’ai décidé d’écrire au président de la République française, chef suprême de la magistrature.
Wal fadjri : Dans votre lettre, vous parlez d’une demande d’intervention et de protection…
Nkrumah SANE : Oui ! Je veux seulement que le droit soit dit. Cela fait 13 ans que j’attends. Je voudrais que les choses soient tirées au clair. Si je dois aller en prison ou être extradé au Sénégal, qu’on me le dise. Si je dois être libre de toute poursuite, qu’on me le dise aussi. C’est tout !
Wal fadjri : Nous avons appris que les autorités sénégalaises ont envoyé des émissaires auprès de vous. Si oui, les avez vous reçus ?
Nkrumah SANE : J’ai appris que ces autorités ont envoyé le colonel Cissé auprès de moi. Mais je ne l’ai pas encore vu.
Wal fadjri : Alliez-vous le rencontrer ?
Nkrumah SANE : Je lui aurais répondu que le préalable, c’est de lever le mandat d’arrêt international. Je vous dis que je ne rencontrerai jamais une autorité sénégalaise tant que le mandat d’arrêt international court contre moi. Je dois les rencontrer en homme libre.
Wal fadjri : Ne vous sentez-vous pas libre ?
Nkrumah SANE : Avec le mandat d’arrêt, non ! Quand ils ont lancé le mandat, ils voulaient que la justice française me prenne par la force et m’envoie au Sénégal. Ce qu’ils n’ont pas encore pu. Par conséquent, ils doivent d’abord lever ce mandat et qu’on me rende ce que la justice française a pris chez moi. A partir de ce moment, je pourrai recevoir des émissaires. Sinon, je ne recevrai plus personne, même Abdoulaye Wade.
Wal fadjri : Qu’est-ce que la justice française a pris chez vous ?
Nkrumah SANE : Quand le mandat d’arrêt a été lancé, la justice française a perquisitionné chez moi. Certains de mes affaires ont été mises sous scellées.
Wal fadjri : Si on levait le mandat d’arrêt international contre vous, seriez-vous prêt à aller à la table de négociations avec les autorités sénégalaises ?
Nkrumah SANE : Je suis prêt à les écouter. Jusqu’à présent, le Mfdc n’a pas demandé des négociations. (…).
Wal fadjri : Selon des sources bien informées, l’on traque des membres du Mfdc qui sont en Allemagne. Etes-vous au courant ?
Nkrumah SANE : Ce sont les autorités sénégalaises qui persécutent les membres du Mfdc installés en Europe. Elles mènent des enquêtes sur ces gens-là et mettent la pression sur des gouvernements occidentaux pour qu’ils soient chassés de ces pays. Mais c’est peine perdue et une illusion du gouvernement du président Wade. Cela renforce ces Casamançais dans leur volonté de combattre le Sénégal et ces gouvernements occidentaux sont en train de renforcer également leur sécurité. En Allemagne, c’est le Dr Apakana Diémé qui est visé. Et c’est le ministre d’Etat, Madické Niang, qui est allé en personne en Allemagne pour cela.
Propos recueillis par Moustapha BARRY
Walfadjri