C’est d’abord le ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, qui s’est indigné des propos de l’artiste avant que le chef de l’Etat lui-même, M. François Hollande, ne le fusille à partir de l’Arabie Saoudite où il s’était rendu en mission de VRP. Dès lors, le sort du pauvre Dieudonné était scellé. Et l’appareil répressif français s’est emballé. Mais avant cela, c’est Serge Klarsfeld, fils du célèbre couple de chasseur de nazis, qui avait sonné l’hallali sur les chaînes de télévisions. Dieudonné devait donner une série de concerts à travers toute la France pour présenter son nouveau spectacle intitulé « Le Mur ».
Une tournée qui devait commencer par Nantes. Eh bien, Klarsfeld a sommé le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, d’interdire ce spectacle disant d’ailleurs que les fils de déportés allaient effectuer un déplacement dans cette ville pour protester contre la représentation. Eh bien, Manuel Valls, les doigts sur la couture du pantalon, s’est exécuté ! Et plutôt que de recourir à une décision de justice, il a, dans un premier temps, sorti un arrêté pour demander à tous les préfets de France d’interdire ce spectacle dans leurs circonscriptions administratives. Bien évidemment, celui de Nantes, qui n’osait pas désobéir à son ministre, a effectivement pris un arrêté d’interdiction. Et ce alors que plus de 5000 personnes avaient déjà acheté leurs billets ! Un ministre de l’Intérieur qui interdit une représentation théâtrale par arrêté sans recourir à la justice ? Bonjour la censure !
N’ayant eu cure de cette interdiction, Dieudonné Mbala Mbala s’était quand même rendu comme si de rien n’était à Nantes pour y donner son spectacle. Quand au public, il savourait déjà les bons moments qu’il allait passer en compagnie de l’humoriste d’autant plus que le jour même du spectacle, le tribunal administratif de Nice, saisi en référé par les avocats de Dieudonné, avait annulé l’arrêté d’interdiction du préfet au motif qu’il s’agissait d’une atteinte à la liberté d’expression. Bien vu ! Hélas, le triomphe des conseils de l’artiste ainsi que de ses partisans allait être de courte durée puisque M. Manuel Valls, sitôt connue la décision, a saisi le Conseil d’Etat. Lequel, c’était du jamais vu dans les annales de la République française, s’est réuni dans les heures qui ont suivi — c’est-à-dire la même journée ! — pour désavouer le tribunal administratif de Nantes et interdire le spectacle de Dieudonné.
Et ce au nom d’une prétendue atteinte à la dignité humaine. Laquelle venait s’ajouter au « trouble à l’ordre public » prétexté par le ministre de l’Intérieur, M. Manuel Valls. Même une « justice » dans le plus dictatorial Etat africain n’aurait pas été autant aux ordres que le Conseil d’Etat, pourtant plus haute juridiction française ! A la suite de quoi, comme par un effet boule de neige, les interdictions se sont enchaînées à travers toute la France. La France, terre des droits de l’homme, patrie de la Révolution, fille aînée de l’Eglise, muse de la démocratie, capitale de l’esprit. La France, surtout, terre de libertés qui se mettait à censurer le spectacle d’un humoriste. A se taper le cul par terre ! Et même lorsque le malheureux Dieudonné est retourné à Paris pour se produire au « Théâtre d’Or », où il joue depuis des années à guichets fermés, il s’en est vu interdire l’accès par des policiers qui avaient bloqué toutes les voies menant à ce lieu.
Preuve qu’il s’agissait d’un acharnement, d’une volonté de détruire un artiste qui dérange, Dieudonné avait pourtant fait savoir urbi et orbi qu’il renonçait à son spectacle controversé au profit d’un autre intitulé « Asu Zoa » et qui est fait « de danse et de musique, de mime et de quelques mouvements de taï-chi », un spectacle dans lequel il n’y avait aucun propos antisémite, rien n’y a fait ! Comme si cela ne suffisait pas, la « justice » française a ouvert une enquête contre l’humoriste franco-camerounais pour « blanchiment d’argent » et « insolvabilité frauduleuse ». Il faut dire que Dieudonné, qui est un récidiviste, avait été condamné plusieurs fois dans le passé pour « diffamation » et « antisémitisme ».
A ce titre, il devait payer des dommages et intérêts à diverses associations antiracistes et de lutte contre l’antisémitisme comme le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples). Des dommages et intérêts pour un montant cumulé de 65.000 euros (45 millions de francs cfa environ) que l’auteur du « Mur » n’a jamais payés. Les huissiers chargés d’exécuter ces jugements se sont heurtés à des obstacles juridiques puisque tous les biens supposés appartenir à l’humoriste étaient mis au nom de sa compagne ou de la société « la Plume ».
Bref, Dieudonné avait organisé son insolvabilité ! Il aggravait donc son cas aux yeux de l’Etat français résolu à le tuer non seulement artistiquement — puisque, sauf miracle, il ne pourra plus jamais donner de spectacle dans l’Hexagone — mais aussi financièrement en le frappant très durement au porte-monnaie. François Hollande et Manuel Valls sont en train de réussir leur coup puisque Dieudonné pourra difficilement se relever de l’annulation de sa tournée à travers l’Hexagone qui devait être triomphale puisque partout il allait faire salle comble, des dizaines de milliers de billets ayant été vendus à l’avance.
Artiste très populaire, porte-étendard de la cause des Noirs à un moment donné, Dieudonné s’était par la suite rapproché du Front national dont l’ancien leader, M. Jean-Marie Le Pen, est d’ailleurs le parrain d’un de ses enfants. Seulement voilà, comme Icare qui s’était brûlé les ailes en s’approchant trop près du soleil, Dieudonné a franchi une ligne rouge, lui le Nègre auquel les autorités françaises avaient entrebâillé leur porte, en s’attaquant aux Juifs ! Et ça, ça ne pardonne pas en Occident. A longueur de spectacles, l’humoriste dénonçait la domination des Juifs sur le système mondial d’une manière générale. Et sur le paysage médiatique français en général. Conséquence : cela fait longtemps que l’humoriste est boycotté par la grande presse de l’Hexagone qui ne lui donne même pas la parole pour qu’il réplique lorsqu’il est attaqué. Singulière manière de traiter l’information !
En se mobilisant de la manière dont elles l’ont fait pour le briser, les autorités françaises lui donnent raison et confirment avec éclat ce qu’il ne cessait de dénoncer, à savoir que ce sont les Juifs qui dominent le monde ! Car s’il s’attaquait dans ses spectacles aux Nègres, ce qu’il ne peut pas faire vu qu’il en est un, ou aux Arabes, alors, gageons qu’il aurait eu droit partout à un tapis rouge de la part des décideurs français et peut-être même, pourquoi pas, à la Légion d’honneur ! Or, s’attaquer aux Juifs en France alors qu’on est un Nègre, originaire d’Afrique de surcroît, c’est trop de délits, que dis-je, des crimes à la fois, et le pauvre Dieudonné Mbala Mbala en a fait les frais. Dans l’Hexagone, traiter une ministre (noire) de la République de macaque, lui jeter des bananes, ça passe, mais toucher à un seul cheveu d’un Juif, ah ça non, c’est intolérable, c’est de l’antisémitisme et la « justice » doit faire son travail. Oui, Dieudonné n’a pas compris qu’au pays de Marianne, être Nègre, c’est déjà un délit, être originaire d’Afrique, c’est une circonstance aggravante. Quant à attaquer les Juifs alors qu’on est Nègre et Africain, alors cela, ça mérite la pendaison !
Moustapha BOYE
LE TEMOIN N°1149 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / JANVIER 2014
Une tournée qui devait commencer par Nantes. Eh bien, Klarsfeld a sommé le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, d’interdire ce spectacle disant d’ailleurs que les fils de déportés allaient effectuer un déplacement dans cette ville pour protester contre la représentation. Eh bien, Manuel Valls, les doigts sur la couture du pantalon, s’est exécuté ! Et plutôt que de recourir à une décision de justice, il a, dans un premier temps, sorti un arrêté pour demander à tous les préfets de France d’interdire ce spectacle dans leurs circonscriptions administratives. Bien évidemment, celui de Nantes, qui n’osait pas désobéir à son ministre, a effectivement pris un arrêté d’interdiction. Et ce alors que plus de 5000 personnes avaient déjà acheté leurs billets ! Un ministre de l’Intérieur qui interdit une représentation théâtrale par arrêté sans recourir à la justice ? Bonjour la censure !
N’ayant eu cure de cette interdiction, Dieudonné Mbala Mbala s’était quand même rendu comme si de rien n’était à Nantes pour y donner son spectacle. Quand au public, il savourait déjà les bons moments qu’il allait passer en compagnie de l’humoriste d’autant plus que le jour même du spectacle, le tribunal administratif de Nice, saisi en référé par les avocats de Dieudonné, avait annulé l’arrêté d’interdiction du préfet au motif qu’il s’agissait d’une atteinte à la liberté d’expression. Bien vu ! Hélas, le triomphe des conseils de l’artiste ainsi que de ses partisans allait être de courte durée puisque M. Manuel Valls, sitôt connue la décision, a saisi le Conseil d’Etat. Lequel, c’était du jamais vu dans les annales de la République française, s’est réuni dans les heures qui ont suivi — c’est-à-dire la même journée ! — pour désavouer le tribunal administratif de Nantes et interdire le spectacle de Dieudonné.
Et ce au nom d’une prétendue atteinte à la dignité humaine. Laquelle venait s’ajouter au « trouble à l’ordre public » prétexté par le ministre de l’Intérieur, M. Manuel Valls. Même une « justice » dans le plus dictatorial Etat africain n’aurait pas été autant aux ordres que le Conseil d’Etat, pourtant plus haute juridiction française ! A la suite de quoi, comme par un effet boule de neige, les interdictions se sont enchaînées à travers toute la France. La France, terre des droits de l’homme, patrie de la Révolution, fille aînée de l’Eglise, muse de la démocratie, capitale de l’esprit. La France, surtout, terre de libertés qui se mettait à censurer le spectacle d’un humoriste. A se taper le cul par terre ! Et même lorsque le malheureux Dieudonné est retourné à Paris pour se produire au « Théâtre d’Or », où il joue depuis des années à guichets fermés, il s’en est vu interdire l’accès par des policiers qui avaient bloqué toutes les voies menant à ce lieu.
Preuve qu’il s’agissait d’un acharnement, d’une volonté de détruire un artiste qui dérange, Dieudonné avait pourtant fait savoir urbi et orbi qu’il renonçait à son spectacle controversé au profit d’un autre intitulé « Asu Zoa » et qui est fait « de danse et de musique, de mime et de quelques mouvements de taï-chi », un spectacle dans lequel il n’y avait aucun propos antisémite, rien n’y a fait ! Comme si cela ne suffisait pas, la « justice » française a ouvert une enquête contre l’humoriste franco-camerounais pour « blanchiment d’argent » et « insolvabilité frauduleuse ». Il faut dire que Dieudonné, qui est un récidiviste, avait été condamné plusieurs fois dans le passé pour « diffamation » et « antisémitisme ».
A ce titre, il devait payer des dommages et intérêts à diverses associations antiracistes et de lutte contre l’antisémitisme comme le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples). Des dommages et intérêts pour un montant cumulé de 65.000 euros (45 millions de francs cfa environ) que l’auteur du « Mur » n’a jamais payés. Les huissiers chargés d’exécuter ces jugements se sont heurtés à des obstacles juridiques puisque tous les biens supposés appartenir à l’humoriste étaient mis au nom de sa compagne ou de la société « la Plume ».
Bref, Dieudonné avait organisé son insolvabilité ! Il aggravait donc son cas aux yeux de l’Etat français résolu à le tuer non seulement artistiquement — puisque, sauf miracle, il ne pourra plus jamais donner de spectacle dans l’Hexagone — mais aussi financièrement en le frappant très durement au porte-monnaie. François Hollande et Manuel Valls sont en train de réussir leur coup puisque Dieudonné pourra difficilement se relever de l’annulation de sa tournée à travers l’Hexagone qui devait être triomphale puisque partout il allait faire salle comble, des dizaines de milliers de billets ayant été vendus à l’avance.
Artiste très populaire, porte-étendard de la cause des Noirs à un moment donné, Dieudonné s’était par la suite rapproché du Front national dont l’ancien leader, M. Jean-Marie Le Pen, est d’ailleurs le parrain d’un de ses enfants. Seulement voilà, comme Icare qui s’était brûlé les ailes en s’approchant trop près du soleil, Dieudonné a franchi une ligne rouge, lui le Nègre auquel les autorités françaises avaient entrebâillé leur porte, en s’attaquant aux Juifs ! Et ça, ça ne pardonne pas en Occident. A longueur de spectacles, l’humoriste dénonçait la domination des Juifs sur le système mondial d’une manière générale. Et sur le paysage médiatique français en général. Conséquence : cela fait longtemps que l’humoriste est boycotté par la grande presse de l’Hexagone qui ne lui donne même pas la parole pour qu’il réplique lorsqu’il est attaqué. Singulière manière de traiter l’information !
En se mobilisant de la manière dont elles l’ont fait pour le briser, les autorités françaises lui donnent raison et confirment avec éclat ce qu’il ne cessait de dénoncer, à savoir que ce sont les Juifs qui dominent le monde ! Car s’il s’attaquait dans ses spectacles aux Nègres, ce qu’il ne peut pas faire vu qu’il en est un, ou aux Arabes, alors, gageons qu’il aurait eu droit partout à un tapis rouge de la part des décideurs français et peut-être même, pourquoi pas, à la Légion d’honneur ! Or, s’attaquer aux Juifs en France alors qu’on est un Nègre, originaire d’Afrique de surcroît, c’est trop de délits, que dis-je, des crimes à la fois, et le pauvre Dieudonné Mbala Mbala en a fait les frais. Dans l’Hexagone, traiter une ministre (noire) de la République de macaque, lui jeter des bananes, ça passe, mais toucher à un seul cheveu d’un Juif, ah ça non, c’est intolérable, c’est de l’antisémitisme et la « justice » doit faire son travail. Oui, Dieudonné n’a pas compris qu’au pays de Marianne, être Nègre, c’est déjà un délit, être originaire d’Afrique, c’est une circonstance aggravante. Quant à attaquer les Juifs alors qu’on est Nègre et Africain, alors cela, ça mérite la pendaison !
Moustapha BOYE
LE TEMOIN N°1149 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / JANVIER 2014