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Non paiement des primes des rescapés de la guerre du Golfe : À nos Jambars, la patrie ingrate !

Voilà maintenant 31 ans que les rescapés de la guerre du Golfe et les familles des victimes courent derrière leurs indemnités. Pourtant, l’État du Sénégal avait reçu des milliards de l'Onu pour désintéresser les Jambars, mais à ce jour, nul ne sait oú est passé cet argent, alors que les ayants-droit continuent de vivre dans la dèche. Il est temps que le pouvoir, au nom de la continuité de l’État, fasse preuve d'humanisme, en mettant fin au supplice de ces compatriotes rescapés et des veuves des victimes.


Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Mars 2022 à 08:46 | | 0 commentaire(s)|

Ce qui se passe avec les rescapés et veuves des Jambars qui ont participé à la guerre du Golfe 1990-1991, est indigne d'un État qui se dit de droit. Voilà aujourd'hui 31 ans qu'ils courent derrière leurs indemnités, alors que l'Onu avait pourtant remis des milliards à l’État sénégalais pour dédommager les rescapés et les veuves des 93 militaires qui avaient péri dans le crash de l'avion qui les ramenait de La Mecque.

Depuis, cet argent s'est volatilisé, et à ce jour, personne ne sait où il est passé, au moment où les ayants-droit vivent dans la dèche. Une situation intolérable, inacceptable, à la limite inhumaine dans un pays qui se dit de droit. Comment comprendre que des patriotes qui ont mis leur vie en péril et hypothéqué celle de leurs familles pour honorer leur patrie, soient spoliés de leurs droits en toute impunité ?

Au nom de la continuité de l'État, le pouvoir doit régler ce dossier qui dure et perdure. Selon El Hadji Malick Guèye, coordonnateur du Collectif des rescapés, «les assurances, de même que l'Arabie Saoudite, ont indemnisé les 93 Jambars décédés lors du crash d'avion, ainsi que les 3 survivants et tous ceux qui avaient participé à cette guerre. Mais où est passé tout cet argent ?», s'est-il interrogé.

«Pourtant, on a payé beaucoup d'argent au Sénégal, mais nous n'avons reçu aucun franc. À part le million que chacun a perçu et qui représentait les droits de permission, on n'a plus rien touché. Quant aux 93 Jambars tombés lors du crash, on leur a ajouté chacun, sur le million, la somme de 40 mille francs Cfa. Donc, leur vie a coûté 40 mille, alors que l'on nous a payé beaucoup d'argent», déplore-t-il.

Avant d'ajouter : «À notre retour du Golfe, nous étions au nombre de 402, les 150 sont aujourd'hui décédés et leurs veuves qui ont trimé dur pour entretenir leurs familles, sont âgées, les orphelins qui n'ont jamais connu leur père, ont vécu, grandi dans la souffrance et dans la misère», se désole le coordonnateur.

Suffisant pour qu'il clame que trop c'est trop, ils ont frappé à toutes les portes et tout ce qu'ils veulent aujourd'hui, c'est qu'on leur restitue leur dû et ils sont en possession de tous les documents.

Donc, qu'attend l’État pour indemniser ces vaillants Jambars, étant donné qu'il a bien reçu les sommes à eux allouées par l'Onu et le royaume du Koweit ? D'ailleurs, le Général Joseph Louis Tavarez de Souza, chef d’État Major des Armées de 1984 à 1988, avait déclaré dans la presse, que l'argent avait été remis à l’État du Sénégal, qui ne l'a pas reversé aux militaires.

Propos confirmés par Me Assane Dioma Ndiaye, avocat du Collectif des héritiers et des défunts qui, face à la presse le 20 juin 2018, déclarait ceci : «J'avoue qu'on a échangé avec l’État, on a des correspondances même du ministre des Forces Armées, qui nous disait qu'une enquête est en cours».

Révélant au passage, «nous savons qu'à l'époque, beaucoup d'argent a été versé, on a la preuve, des milliards, et ça, c'est constant», avait précisé Me Assane Dioma Ndiaye. Mame Mactar Guèye de l'Ong Jamra, avait lui aussi émis dans la même fréquence et menacé de dévoiler les noms des officiers qui «bloquent le paiement des indemnités» de ces soldats. Maintenant, qu'attend l’État pour débloquer la situation de ces Jambars qui ont dignement représenté leur patrie ?

Parce que les rescapés et veuves des victimes ont fait preuve de patience et de discipline en réclamant leurs droits. Aujourd'hui, la patrie doit leur être reconnaissante, en soulageant leur douleur et non ingrate, en les abandonnant à leur triste sort.







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