Le journaliste retient d’abord que l’aéroport de Banjul semble se jouer des traditionnels clichés et conventions autour du design des aéroports. En outre, dit-il, tout le distingue des formes incurvées des toboggans et autres lignes semblables, même si le design laisse entrevoir ce qui ressemble à des ailes. Mais l’auteur reteint la présence, « sans raison apparente » d’une arche centrale surmontée d’une seconde arche inversée de plus grande taille. Au milieu, un canapé taillé comme une langue s’échappe de la bouche formée par cette arche. Un montage qui ramène clairement au registre animalier de l’art africain. M More conclut d’ailleurs que l’architecte semble avoir travaillé pour se faire plaisir.
PIERRE ATEPA GOUDIABY, ARCHITECTE : « Cette distinction est la preuve de l’existence d’une expertise africaine »
L’architecte Pierre Atépa Goudiaby voit à travers le classement de l’Aéroport international de Banjul parmi les Top 10 des aéroports mondiaux une preuve supplémentaire de l’existence d’une expertise africaine.
Vous êtes l’auteur du design de l’Aéroport international de Banjul qui vient d’être classé dans le Top 10 des aéroports mondiaux. Comment accueillez-vous ce classement ?
Je suis très agréablement surpris parce que je ne m’attendais pas à ce que notre modeste contribution à l’architecture internationale puisse être récompensée. En tout cas, c’est une distinction que je dédie à la jeunesse de mon pays et à la jeunesse africaine. Je leur dis qu’il n’y a plus de limite à ce que nous puisions faire, nous les Africains.
Cette distinction vous procure-t-elle une satisfaction personnelle ?
Vous savez, dans notre pays, la reconnaissance nationale et internationale est très importante. Cela veut dire que les personnes, à travers le monde, apprécient ce que nous faisons. Que le « Guardian », qui est un journal de réputation mondiale basé bien loin de chez-nous, après avoir fait le tour du monde, nous classe parmi les 10 meilleurs au monde pour les solutions aux problèmes aéroportuaires. Nous ne pouvons que nous en réjouir et partager ces moments de bonheur avec tous nos compatriotes et avec tous les Africains. Cela montre que l’expertise est là et il faut lui faire confiance. Je voudrais saisir cette occasion pour lancer un appel à tous les dirigeants africains pour qu’ils fassent confiance à l’expertise africaine.
Qu’est-ce qui a été mis en avant dans le design de l’Aéroport international de Banjul ?
Le design de cet aéroport, comme quelqu’un l’a dit il y a quelques années, symbolise l’envol. Le bâtiment, c’est comme un oiseau qui prend son envol. C’était aussi simple. Il y a un autre Sénégalais, Mar Thiam, Président-Directeur Général de Getran, qui a réalisé l’aéroport de A à Z dans une société Gamsen que nous avions créée à cet effet, à Banjul. J’ai fait appel, encore une fois, à l’expertise sénégalaise. J’ai fait venir ce jeune ingénieur qui a construit tout l’Aéroport. Je voudrais saisir l’occasion pour féliciter l’expertise sénégambienne. Je profite également de cette occasion pour remercier le Président Yayah Jammeh qui nous a fait confiance pour la réalisation de cet aéroport qui fait partie des plus petits qui ont été observés mais aussi qui est parmi les beaux et les plus fonctionnels.
On dit aussi qu’en travaillant sur le design, vous avez voulu vous faire plaisir. Qu’en est-il ?
Oui, quelque part. Vous savez, les architectes ressortent ce qu’ils ressentent. Nous nous sommes fait plaisir mais nous avons aussi voulu satisfaire les utilisateurs, l’opinion. Je voudrais remercier Tony Gil qui s’est occupé de la décoration parce que c’est un tout. Cette reconnaissance internationale est importante pour le petit Sénégalais qui essaie d’entrer dans la cour des grands de ce monde en matière d’architecture.
Quels sont les futurs grands chantiers qu’on vous a confiés ?
Actuellement, nous sommes en train de travailler sur des choses très importantes. Nous sommes en train de travailler sur une nouvelle ville à Ndjamena, sur une ville nouvelle en Côte d’Ivoire et sur beaucoup d’autres choses. Vous savez que nous avons ouvert un bureau en Chine. Nous sommes en train de nous organiser pour ouvrir un bureau en Corée du Sud. Nous avons déjà un bureau en Inde. Nous voulons donner un exemple à la jeunesse de notre pays et à la jeunesse africaine pour leur faire comprendre que le monde d’aujourd’hui est un monde sans frontières. Il faut oser. Il faut s’inscrire dans une perspective globale de développement de l’humanité.
Le Top 10 des aéroports
El Prat de Llobregat, Barcelona
Santos Dumont, Rio de Janeiro
Dulles Washington DC
Kansai Osaka
Chek Lap Kok, Hong Kong
Barajas, Madrid
Charles de Gaulle, Paris
Banjul Gambia
Changi, Singapore
King Abdulaziz Jeddah
Propos recueillis par Idrissa Sané