OULY D, CHANTEUSE : «Aujourd’hui, du moment que le peuple dit qu’il doit partir, il doit le faire. Mais pour moi, Wade restera toujours un monument»

«Wade restera toujours un monument».



Comment vous vous présenteriez à nos lecteurs ?
Mon nom d’artiste c’est Ouly D, mais à l’état civil c’est Ouly Diop. Je suis issue d’une famille polygame. J’ai commencé la musique à l’âge de 12 ans, mais c’est à 19 ans que je suis entrée sur la scène musicale. J’étais dans un groupe qui s’appelait «Selebe yoon», on faisait de l’afro-reggae. Je faisais les choeurs et en même temps j’étais lead vocal. Je peux dire que c’est dans ce groupe que j’ai vraiment appris la musique.


Comment vous êtes-vous retrouvée à Africa Star ?
Il y avait un casting ici au Sénégal et parmi les 135 personnes, j’étais retenue pour représenter le Sénégal à Africa Star. On m’avait éliminée en demi-finale mais cela ne m’a pas empêché d’avancer parce que j’y crois et j’aime ce que je fais.

Qu’est ce que cela vous a apporté de plus ?
Grâce à Africa Star j’ai appris beaucoup de choses. On a fait là-bas 6 mois et pendant tout ce temps, j’ai eu à côtoyer beaucoup d’artistes comme Koffi Olomidé, Césaria Evora, Meiway, Ismaïla Lo et d’autres grands artistes qui nous donnaient des formations et pas seulement en musique, mais en danse. Personnellement, j’y ai appris beaucoup de choses parce que je ne me suis pas arrêtée seulement à la chanson et à la dance, j’ai fait là-bas d’autres formations d’assistante prod, régisseur entre autres.

Qu’est ce qui vous a poussée à entrer dans la musique ?
La musique, c’est un don de Dieu. Une passion que depuis toute petite j’ai voulu exploiter. C’est dans mes chansons que je m’exprime mieux. Par exemple les gens disent parité et moi je n’y crois pas et c’est grâce à ma musique que je peux expliquer cela. Chaque personne à sa façon de faire et c’est avec la musique que je me sens à l’aise, libre de donner mes idées. Pour vous dire que c’est quand je chante que je suis vraiment heureuse, que je donne vraiment ma vision des choses.

Comment s’est faite votre intégration dans cet univers tant concurrencé ?
Plus ou moins difficile. Difficile surtout pour nous les jeunes talents parce qu’il n’y a plus de producteur et c’est vraiment un combat de tous les jours pour pouvoir percer dans ce milieu. Mais comme je dis toujours là où il y a des mauvais, il y a des bons. Et pour pouvoir réussir à quelque chose, il faut se soumettre et s’adapter.

Qu’entendez-vous par mauvais et bons ?
Je ne veux pas dire qu’il y a des mauvaises personnes, non. C’est juste qu’il y avait beaucoup de producteurs avant et aujourd’hui il n’y en plus. Je n’ai pas de producteur et je m’en réjouirais si j’en avais. Mon single qui se nomme «Foula Neex» dans lequel j’ai invité mon frère Fata, je l’ai produit moi-même et je fais aussi pareil pour l’album qui est en cours de route.

Quelles sont vos relations avec les autres artistes ?
Les autres artistes sont vraiment comme je dis des frères et soeurs. J’ai eu à faire des choeurs un peu partout pour et pas mal d’artistes par exemple Abdou Guité Seck,Tanor Tita Mbaye. J’ai travaillé avec le groupe Dara J et aujourd’hui j’ai côtoyé beaucoup d’artistes en étant que régisseur. Et depuis que j’ai sorti mon single, ils m’appellent pour m’encourager et j’ai de bonnes relations avec eux. Par exemple Queen Biz c’est moi qui ai fait ses choeurs, on a travaillé ensemble ainsi que Mirma. Viviane, elle, vu que j’avais imité une de ses chansons à Africa Star, m’a invitée à mon retour pour me conseiller, mais on ne se fréquente pas.

En tant que jeune artiste, quel regard avez- vous de ce monde musical ?
Je ne dirai pas que c’est un monde pourri mais c’est un univers plein de tentations, il y a la drogue, l’alcool et ça fait peur aux parents. Les hommes sont là, il y a toujours des prétendants, mais il faut juste savoir ce que tu veux et où tu veux aller et savoir qui tu es. Nous sommes des femmes cela veut dire en gros beaucoup de choses. Il y a des tentations mais on fait avec, on les gère naturellement. D’aucuns vont même jusqu’à dire que j’ai mauvais caractère mais c’est juste pour me défendre. C’est pourquoi je dis que l’éducation est importante et je remercie mes parents de m’avoir donné une bonne éducation. C’est aussi un milieu difficile où tu n’as plus de vie privée, de vie familiale. Je n’ai pas le temps à autre chose car le peu que j’ai, je le consacre à ma petite famille, à mes enfants qui sont mes amis.

Vous avez parlé d’enfants, est ce dire que vous êtes mariée ?
J’étais mariée, mais maintenant je suis divorcée et j’ai deux enfants, une fille et un garçon. Je m’arrête là.

Votre carrière n’a-t-elle pas quelque chose à voir avec votre divorce ? N’accordez-vous pas trop de temps à la musique plutôt qu’à votre époux ?
Non, non ! Cela ne peut pas être la cause parce que moi, mon mari était le producteur du groupe «Selebe Yoon» où j’étais et en même temps le manager donc ça ne peut pas être ça. Les gens ont tendance à dire que les femmes qui sont dans ce milieu se marient pour divorcer alors ce n’est pas souvent le cas. C’est juste que ce sont des personnes qui sont là que tout le monde voit, qui sont populaires et qui ont leur vie privée toujours livréesau grand public. Toujours est-il que même les personnes qui en parlent ne savent pas réellement ce qui en est la cause. Donc, prenons juste les choses comme il faut, on se marie, on divorce et il n’y a pas une femme qui aime se marier pour divorcer après. Je dis très souvent que la femme doit être soumise, la musique c’est un métier. C’est juste une robe que tu portes pour faire ton travail et une fois arrivée à la maison, on l’enlève pour devenir femme au foyer.

Mais des rumeurs disent que ce sont les rapports que vous entreteniez avec Claudy Siar lors de l’émission «Africa Star» qui ont un peu précipité votre divorce ?
C’est avant d’aller à «Africa Star» que j’ai divorcé de mon époux. Après mon retour au Sénégal, j’ai entendu des rumeurs du genre j’entretenais des relations intimes avec Claudy Siar, mais comme je le dis toujours, je ne me mets pas au-dessus du problème, mais toujours en dessous. Claudy Siar, c’est une personne que je respecte beaucoup par rapport à son travail, là où il est arrivé aujourd’hui. Je l’ai toujours apprécié depuis toute petite. Il est comme un père pour moi, c’est comme Aziz Dieng et Laye Diagne. Il m’a aidée vraiment à connaitre le monde, d’ailleurs. Il m’a fait connaitre beaucoup d’artistes. J’ai eu des relations avec Claudy Siar, mais ce ne sont pas des relations intimes, il n’a rien à voir avec mon divorce. Nous deux, c’est purement professionnel.

Etes-vous prête à vous remariez si l’occasion se présente ?
Pourquoi pas ! Je suis une femme, je dois avoir une vie casée, un foyer.

Vous êtes belle, intelligente, élégante. Des prétendants ça ne vous manque pas ?
Je suis une musulmane donc je ne peux pas répondre à cette question. Ce que je sais c’est que je suis une femme, célibataire, mère de deux enfants et je veux bien me remarier un jour. Des prétendants oui. Mais celui qui m’inspire le plus à qui je prête attention c’est ma musique. C’est pour vous dire que là où je suis maintenant, je n’ai personne, j’ai ma musique et je me consacre entièrement à elle et à mes enfants, à ma petite famille.

L’homme de votre vie, il doit être comment ?
Je suis musulmane et croyante donc je ne peux pas me donner le droit de choisir avec qui me marier car si c’était le cas peut être qu’on ne serait pas sur cette terre. On peut avoir des souhaits, mais on ne peut pas se permettre de choisir. Cependant, je souhaite avoir un bon mari, un bon musulman, quelqu’un qui sera d’accord sur ce que je fais qui va m’aider, qui va m’encourager, qui sera là et attentionné comme le veut toute femme.

Musulmane dites-vous. Cela veut dire que vous êtes pour la polygamie ?
Je ne suis pas contre mais j’aimerais avoir un mari à moi toute seule comme le veulent toutes les femmes. Je ne dirai pas non si un jour un homme marié veut m’épouser.

Quels sont les autres facettes d’Ouly Diop ?
Je ne fais pas seulement de la musique, je suis assistante prod. Je travaille avec Claudy Siar depuis mon retour d’Africa Star. Je suis coiffeuse de formation et je fais aussi du commerce.

Que pensez-vous du président de la République Abdoulaye Wade avec cette histoire de candidature qui fait actuellement le sujet de tous les débats ?
Wade c’est quelqu’un que je respecte beaucoup, je le remercie, il nous a fait voir beaucoup de choses qu’on n’avait pas vues avant. Depuis qu’il est arrivé, il a donné un autre visage à notre pays, il a fait beaucoup de choses dans notre pays. Et Aujourd’hui, du moment que le peuple dit qu’il doit partir, il doit le faire. Mais pour moi, il restera toujours un monument. Il s’est vraiment battu pour le Sénégal et je crois que personne ne doit lui mettre des bâtons dans les roues. Il doit vraiment parler au peuple pour se faire comprendre.

Quelle vision avez-vous de la société sénégalaise ?
J’étais à Abidjan au moment des élections et à chaque fois que j’y pense j’ai les larmes aux yeux parce que je me dis qu’on est arrivé à un moment où la peau noire tue la peau noire, où les Africains s’entretuent. On doit s’unir pour avoir beaucoup plus de force. C’est cette vision que j’ai pour l’Afrique, pour le Sénégal. On doit vraiment s’unir, s’entre-aider pour faire face à tous ces problèmes. La situation actuelle du pays fait peur car après avoir vu ce qui s’est passé à Abidjan et comment ça a commencé, je dis qu’il est temps que Wade se lève pour parler à son peuple et je ne crois pas que Wade va faire quelque chose qui va nuire à ce qu’il a construit jusqu’ici.
Mously NDIAYE (Stagiaire), Marianne NDIAYE & Cheikh DIALLO