Si Mitt Romney n'arrive pas à enflammer les foules républicaines cette semaine à Tampa, Obama 2016 y parviendra. En attendant le début de la convention républicaine repoussée à mardi en raison du passage d'une tempête, les délégués désœuvrés s'occupent en allant au cinéma et ce qu'ils y voient semble les exciter. Obama 2016, le documentaire anti-Obama de Dinesh D'Souza, auteur d'essais politiques d'origine indienne, est un peu le Fahrenheit 9/11 (le film critiquant la guerre en Irak signé Michael Moore) des conservateurs. L'auteur dit s'être inspiré du réalisateur de gauche.
Obama 2016, brûlot partisan présentant Barack Obama comme un ennemi de l'Amérique, a débuté très discrètement en juillet dans une seule salle de cinéma à Houston, au Texas. Trois semaines plus tard, il était diffusé dans 10 salles. Et ce week-end, il a ouvert dans 1090 salles à travers le pays dont près d'une dizaine à Tampa. En six semaines, il a enregistré 9,2 millions de dollars de recette. Le record de l'année pour un film documentaire. Il est encore très loin du succès de Fahrenheit 9/11 qui avait réalisé 119,2 millions de dollars de recette en 2004, mais aucun documentaire du camp conservateur n'avait jamais connu un tel succès. Pour réaliser son film, Dinesh D'Souza a reçu le soutien financier de Gerald Molen, producteur du film La Liste de Schindler de Steven Spielberg.
Antiamércain, antisioniste
À l'en croire, l'antiaméricanisme supposé du président trouve ses racines dans l'anticolonialisme de son père. «Tout est dans son autobiographie Rêves de mon père», affirme-t-il. Pour créditer sa théorie, il interroge experts, psychologues et même des proches du président, dont son frère George, au Kenya.
D'Souza soulève des questions intéressantes comme celle évoquant la complaisance des médias en 2008 à l'égard de Barack Obama. Mais les ficelles sont un peu grosses. Pour expliquer l'antiaméricanisme présumé du président, il cite encore son refus supposé d'empêcher que l'Iran n'obtienne la bombe nucléaire. D'Souza affirme que le président est un pur produit de l'antisionisme et pour le prouver, il reprend son discours du Caire en 2009. Il y parlait de «respect» et de «compréhension mutuelle» entre l'Amérique et l'Islam.
L'effet recherché est immédiat. Dans les salles, des voix s'élèvent, outrées par ce qu'elles viennent d'entendre. Selon Dinesh D'Souza, Barack Obama n'aurait qu'une idée en tête: affaiblir l'Amérique pour qu'elle ne domine plus le reste du monde. L'absence de mesures pour réduire la dette colossale du pays s'inscrirait parfaitement dans cette stratégie. «La dette est une arme de destruction massive», assure D'Souza. Jouant avec la peur des spectateurs, il affirme que si le locataire de la Maison-Blanche est réélu, il transformera radicalement l'Amérique (Barack Obama emploie d'ailleurs un argument semblable à l'égard de Mitt Romney). Dans la salle, les délégués applaudissent. «J'ai retrouvé mon inspiration. Je suis prête à acheter un billet à tous les jeunes que je connais pour qu'ils aillent voir ce film, c'est un document unique», s'enflamme Pam Pollard, nouvelle venue de l'État d'Oklahoma. «Ce film est le premier qui nous dit la vérité, poursuit une autre convertie, nous voulons rester le leader au monde plutôt qu'être égaux avec les Européens, or si on continue comme cela, personne n'aura plus peur de nous.»
Par Adèle Smith
Obama 2016, brûlot partisan présentant Barack Obama comme un ennemi de l'Amérique, a débuté très discrètement en juillet dans une seule salle de cinéma à Houston, au Texas. Trois semaines plus tard, il était diffusé dans 10 salles. Et ce week-end, il a ouvert dans 1090 salles à travers le pays dont près d'une dizaine à Tampa. En six semaines, il a enregistré 9,2 millions de dollars de recette. Le record de l'année pour un film documentaire. Il est encore très loin du succès de Fahrenheit 9/11 qui avait réalisé 119,2 millions de dollars de recette en 2004, mais aucun documentaire du camp conservateur n'avait jamais connu un tel succès. Pour réaliser son film, Dinesh D'Souza a reçu le soutien financier de Gerald Molen, producteur du film La Liste de Schindler de Steven Spielberg.
Antiamércain, antisioniste
À l'en croire, l'antiaméricanisme supposé du président trouve ses racines dans l'anticolonialisme de son père. «Tout est dans son autobiographie Rêves de mon père», affirme-t-il. Pour créditer sa théorie, il interroge experts, psychologues et même des proches du président, dont son frère George, au Kenya.
D'Souza soulève des questions intéressantes comme celle évoquant la complaisance des médias en 2008 à l'égard de Barack Obama. Mais les ficelles sont un peu grosses. Pour expliquer l'antiaméricanisme présumé du président, il cite encore son refus supposé d'empêcher que l'Iran n'obtienne la bombe nucléaire. D'Souza affirme que le président est un pur produit de l'antisionisme et pour le prouver, il reprend son discours du Caire en 2009. Il y parlait de «respect» et de «compréhension mutuelle» entre l'Amérique et l'Islam.
L'effet recherché est immédiat. Dans les salles, des voix s'élèvent, outrées par ce qu'elles viennent d'entendre. Selon Dinesh D'Souza, Barack Obama n'aurait qu'une idée en tête: affaiblir l'Amérique pour qu'elle ne domine plus le reste du monde. L'absence de mesures pour réduire la dette colossale du pays s'inscrirait parfaitement dans cette stratégie. «La dette est une arme de destruction massive», assure D'Souza. Jouant avec la peur des spectateurs, il affirme que si le locataire de la Maison-Blanche est réélu, il transformera radicalement l'Amérique (Barack Obama emploie d'ailleurs un argument semblable à l'égard de Mitt Romney). Dans la salle, les délégués applaudissent. «J'ai retrouvé mon inspiration. Je suis prête à acheter un billet à tous les jeunes que je connais pour qu'ils aillent voir ce film, c'est un document unique», s'enflamme Pam Pollard, nouvelle venue de l'État d'Oklahoma. «Ce film est le premier qui nous dit la vérité, poursuit une autre convertie, nous voulons rester le leader au monde plutôt qu'être égaux avec les Européens, or si on continue comme cela, personne n'aura plus peur de nous.»
Par Adèle Smith