Si j’étais Abdoulaye Wade, je vais, dès ce soir, me rendre à Touba, m’entretenir avec le khalife général des mourides, mon marabout, lui dire que j’ai compris le message de changement des Sénégalais; lui raconter comment j’ai été trompé par les petits marabouts politico-mafieux qui m’assuraient de la victoire au premier tour.
Lui présenter mes excuses d’avoir usé et abusé de la fibre confrérique et d’avoir fragilisé la cohésion sociale. Je dénoncerai mes visiteurs nocturnes qui m’ont poussé à commettre tous ces crimes qui font que je ne suis plus aimé par ce peuple qui m’a tout donné. Et le prendrai à témoin afin que pareilles choses n’arrivent plus dans ce pays. Par la même occasion, je lui ferai mes adieux.
Ensuite, j’appellerai mon héritier, Karim, lui demanderai de quitter le Sénégal illico presto, en amenant, avec lui, sa sœur et sa mère. Je dirai à Vivianne tout l’amour que je lui porte et lui demanderai de rentrer chez elle à Versailles et prier pour moi, en souvenir de ces heures de gloire que nous avons partagées. Je lui dirai de parler de moi à mes petits enfants et de se battre afin qu’une fondation me soit consacrée et mon histoire retoquée enseignée dans les manuels d’histoire.
Je dirai à mon héritier de prendre son avion et d’amener la famille dont il devient le protecteur. Il doit avoir assez de place dans son jet privé pour sauver les nôtres. Et pendant que je suis encore au palais, il peut bénéficier des mêmes privilèges qu’il a toujours eus, en chargeant son avion avec d’autant de sacs d’argent qu’il veut, sans passer ni par la douane ni par la police aux frontières.
Je lui conseillerai vivement de rentrer chez lui, en France. Et de ne plus jamais chercher à mettre les pieds ici; car aussi longtemps qu’il resterait au pays de Marianne, il ne sera jamais inquiété de ses nombreux crimes économiques qu’on lui reproche. Crimes qu’il n’a d’ailleurs jamais commis. Tout ce qui a été fait de mal dans l’Anoci l’a été avec et sous le contrôle d’Abdoulaye Baldé.
C’est lui l’ordonnateur de tout, c’est à lui de rendre des comptes. Dans le domaine de l’Energie, c’est Samuel Sarr, Madické Niang et Macky Sall qui ont créé tous ces problèmes que l’on subit. Karim est venu pour les régler. Tout ce qui a été écris et dis sur mon héritier est faux, comme l’ont témoigné de nombreux hommes véridiques dont Farba Senghor, Iba Der Thiam, Sérigne Mbacké Ndiaye et Pape Samba Mboup pour ne citer que ceux là.
Si j’étais Wade, je dirai que c’est Pierre Goudiaby Atépa et Mbackiou Faye qui m’ont convaincu de construire ce monument satanique pour lequel mes compatriotes m’en veulent. Que c’est Aziz Sow qui est responsable de tous les couacs notés dans la gestion du Fesman. Que Sindjéli n’a jamais rien fait de mal à personne, elle n’a jamais décidé de quoi que ce soit dans les affaires publiques. Elle n’a jamais touché aux fonds publics. C’est une innocente que mes ennemis veulent donner en pâture. Je vous le jure au nom de Sérigne T….
Si j’étais Wade, je démettrai Ousmane Ngom tout de suite, renverrai Cheikh Tidjane Sy et laisserai le procureur de la République engager des procédures judiciaires contre tous les hommes de la force publique impliqués dans la mort de manifestants. J’appellerai Nkrumah Sané et lui demanderai pardon de n’avoir pas pu respecter ma parole pour le pacte qu’on a lié à Reubeuss. Et je demanderai pardon aux Sénégalais de n’avoir pas pu régler la crise casamançaise en 100 jours, comme je n’ai d’ailleurs pas pu amener le kilo de riz à 100 Francs CFA.
J’appellerai Ahmath Dansokho, irai voir Abdoulaye Bathily et leur demanderai pardon de les avoir trahi. Je rendrai hommage à Mamadou Diop tué à la place de l’Obélisque et à tous ceux abattus depuis 2000 par une police qui se croyait à mon entière disposition. Ensuite, je dirai que j’étais sous prozac depuis des années et ignorais ce qui se passait dans le pays. Que j’ai perdu ma tête, comme l’a un jour affirmé une certaine Docteur Mame Marie Faye. Il ne manquerait, certainement, pas de compatriotes pour me croire. Tout le monde, depuis longtemps, ayant compris que je suis la tutelle de mon entourage.
Si j’étais le président, une fois ma famille à l’abri, je convoquerai la presse. Ensuite, en tant que patriarche, car j’ai 92 ans, je me présenterai comme le protecteur du Sénégal et de ses intérêts. Je me retirerai du deuxième tour de l’élection présidentielle et laisserai le choix aux Sénégalais de voter Macky Sall ou Moustapha Niasse. Comme ça je rendrai à Niasse et au Sénégal, le service qu’ils m’ont rendu en 2000 et prendrai ma revanche sur ce prétentieux de Macky que j’ai fait. Mieux, je demanderai au Pds et à mes sympathisants de voter pour le candidat de Benno, parce qu’il est représentatif de la volonté populaire.
Je leur dirai qu’en tant que démocrate et ayant gagné mes galons au cours de mes 26 années d’opposition, ma place est au panthéon des grands de ce monde. Ma photo doit être accrochée à côté de celle du Madiba, Nelson Mandela et que je n’aimerai pas entacher mon legs. Car après tout, nous avons connu la même longévité dans l’adversité; lui en prison pendant 27 ans et moi dans l’opposition.
Si j’étais Wade, je ne fuirai pas comme un voleur en allant me réfugier en France comme Abdou Diouf. Je retournerai dans ma villa du point E, avec l’assurance qu’il n’arrivera à aucun Sénégalais la folie d’aller emmerder un vieillard pour lui demander des comptes. Aussi, aux yeux du Code pénal sénégalais, je ne pourrai jamais être tenu responsable de mes actes puisque j’ai plus de 90 ans.
Si j’étais Wade, je demanderai au gendarmes dès ce soir de me mettre un tapis rouge devant les marches du plais et sortirai par la grande porte. Et là-bas, mon chauffeur me conduira directement à ma villa. Les militants viendront me dire merci et le peu, de chanteurs qui me restent après les défections de Pacotille, chantera mes louages pour l’éternité. L’occident parlera de moi en grand démocrate et peut être même que le Comité Nobel me donnera enfin le fameux Prix. Quoi qu’il arrive, il ne m’arrivera rien de mal au Sénégal. Après tout, ne dit-on pas que «le vieux est roi.»
Si j’étais Wade, voila ce que je ferai. Mais, je ne suis pas le président. Je ne suis qu’un simple journaliste inspiré par le sort d’un vieillard à la veille de son ultime humiliation.
Bacary Touré
Journaliste écrivain
Lui présenter mes excuses d’avoir usé et abusé de la fibre confrérique et d’avoir fragilisé la cohésion sociale. Je dénoncerai mes visiteurs nocturnes qui m’ont poussé à commettre tous ces crimes qui font que je ne suis plus aimé par ce peuple qui m’a tout donné. Et le prendrai à témoin afin que pareilles choses n’arrivent plus dans ce pays. Par la même occasion, je lui ferai mes adieux.
Ensuite, j’appellerai mon héritier, Karim, lui demanderai de quitter le Sénégal illico presto, en amenant, avec lui, sa sœur et sa mère. Je dirai à Vivianne tout l’amour que je lui porte et lui demanderai de rentrer chez elle à Versailles et prier pour moi, en souvenir de ces heures de gloire que nous avons partagées. Je lui dirai de parler de moi à mes petits enfants et de se battre afin qu’une fondation me soit consacrée et mon histoire retoquée enseignée dans les manuels d’histoire.
Je dirai à mon héritier de prendre son avion et d’amener la famille dont il devient le protecteur. Il doit avoir assez de place dans son jet privé pour sauver les nôtres. Et pendant que je suis encore au palais, il peut bénéficier des mêmes privilèges qu’il a toujours eus, en chargeant son avion avec d’autant de sacs d’argent qu’il veut, sans passer ni par la douane ni par la police aux frontières.
Je lui conseillerai vivement de rentrer chez lui, en France. Et de ne plus jamais chercher à mettre les pieds ici; car aussi longtemps qu’il resterait au pays de Marianne, il ne sera jamais inquiété de ses nombreux crimes économiques qu’on lui reproche. Crimes qu’il n’a d’ailleurs jamais commis. Tout ce qui a été fait de mal dans l’Anoci l’a été avec et sous le contrôle d’Abdoulaye Baldé.
C’est lui l’ordonnateur de tout, c’est à lui de rendre des comptes. Dans le domaine de l’Energie, c’est Samuel Sarr, Madické Niang et Macky Sall qui ont créé tous ces problèmes que l’on subit. Karim est venu pour les régler. Tout ce qui a été écris et dis sur mon héritier est faux, comme l’ont témoigné de nombreux hommes véridiques dont Farba Senghor, Iba Der Thiam, Sérigne Mbacké Ndiaye et Pape Samba Mboup pour ne citer que ceux là.
Si j’étais Wade, je dirai que c’est Pierre Goudiaby Atépa et Mbackiou Faye qui m’ont convaincu de construire ce monument satanique pour lequel mes compatriotes m’en veulent. Que c’est Aziz Sow qui est responsable de tous les couacs notés dans la gestion du Fesman. Que Sindjéli n’a jamais rien fait de mal à personne, elle n’a jamais décidé de quoi que ce soit dans les affaires publiques. Elle n’a jamais touché aux fonds publics. C’est une innocente que mes ennemis veulent donner en pâture. Je vous le jure au nom de Sérigne T….
Si j’étais Wade, je démettrai Ousmane Ngom tout de suite, renverrai Cheikh Tidjane Sy et laisserai le procureur de la République engager des procédures judiciaires contre tous les hommes de la force publique impliqués dans la mort de manifestants. J’appellerai Nkrumah Sané et lui demanderai pardon de n’avoir pas pu respecter ma parole pour le pacte qu’on a lié à Reubeuss. Et je demanderai pardon aux Sénégalais de n’avoir pas pu régler la crise casamançaise en 100 jours, comme je n’ai d’ailleurs pas pu amener le kilo de riz à 100 Francs CFA.
J’appellerai Ahmath Dansokho, irai voir Abdoulaye Bathily et leur demanderai pardon de les avoir trahi. Je rendrai hommage à Mamadou Diop tué à la place de l’Obélisque et à tous ceux abattus depuis 2000 par une police qui se croyait à mon entière disposition. Ensuite, je dirai que j’étais sous prozac depuis des années et ignorais ce qui se passait dans le pays. Que j’ai perdu ma tête, comme l’a un jour affirmé une certaine Docteur Mame Marie Faye. Il ne manquerait, certainement, pas de compatriotes pour me croire. Tout le monde, depuis longtemps, ayant compris que je suis la tutelle de mon entourage.
Si j’étais le président, une fois ma famille à l’abri, je convoquerai la presse. Ensuite, en tant que patriarche, car j’ai 92 ans, je me présenterai comme le protecteur du Sénégal et de ses intérêts. Je me retirerai du deuxième tour de l’élection présidentielle et laisserai le choix aux Sénégalais de voter Macky Sall ou Moustapha Niasse. Comme ça je rendrai à Niasse et au Sénégal, le service qu’ils m’ont rendu en 2000 et prendrai ma revanche sur ce prétentieux de Macky que j’ai fait. Mieux, je demanderai au Pds et à mes sympathisants de voter pour le candidat de Benno, parce qu’il est représentatif de la volonté populaire.
Je leur dirai qu’en tant que démocrate et ayant gagné mes galons au cours de mes 26 années d’opposition, ma place est au panthéon des grands de ce monde. Ma photo doit être accrochée à côté de celle du Madiba, Nelson Mandela et que je n’aimerai pas entacher mon legs. Car après tout, nous avons connu la même longévité dans l’adversité; lui en prison pendant 27 ans et moi dans l’opposition.
Si j’étais Wade, je ne fuirai pas comme un voleur en allant me réfugier en France comme Abdou Diouf. Je retournerai dans ma villa du point E, avec l’assurance qu’il n’arrivera à aucun Sénégalais la folie d’aller emmerder un vieillard pour lui demander des comptes. Aussi, aux yeux du Code pénal sénégalais, je ne pourrai jamais être tenu responsable de mes actes puisque j’ai plus de 90 ans.
Si j’étais Wade, je demanderai au gendarmes dès ce soir de me mettre un tapis rouge devant les marches du plais et sortirai par la grande porte. Et là-bas, mon chauffeur me conduira directement à ma villa. Les militants viendront me dire merci et le peu, de chanteurs qui me restent après les défections de Pacotille, chantera mes louages pour l’éternité. L’occident parlera de moi en grand démocrate et peut être même que le Comité Nobel me donnera enfin le fameux Prix. Quoi qu’il arrive, il ne m’arrivera rien de mal au Sénégal. Après tout, ne dit-on pas que «le vieux est roi.»
Si j’étais Wade, voila ce que je ferai. Mais, je ne suis pas le président. Je ne suis qu’un simple journaliste inspiré par le sort d’un vieillard à la veille de son ultime humiliation.
Bacary Touré
Journaliste écrivain