À Chicago, Barack Obama a buté sur la question pakistanaise, lors d'un «couac» diplomatique désagréable, qui souligne la difficulté croissante de Washington à gérer sa relation avec Islamabad. Les Américains auraient bien aimé pouvoir afficher l'image d'un président des États-Unis serrant la main du président pakistanais, lors d'un sommet de l'Otan largement consacré à démontrer que l'Alliance quitte l'Afghanistan dans un environnement à peu près stabilisé.
Persuadés que la partie afghane se joue essentiellement au Pakistan, dont les liens intimes avec les talibans seront décisifs pour toute reprise des négociations des insurgés avec Kaboul, ils auraient voulu annoncer un apaisement de la tension aiguë qui perdure entre Washington et Islamabad depuis l'élimination de Ben Laden par les forces spéciales américaines à Abottabad, il y a un an.
Plus concrètement, les deux parties étaient censées signer un accord pour la réouverture de la route pakistanaise aux convois terrestres vers l'Afghanistan, fermée en novembre en riposte à des frappes de drones américains qui avaient tué 24 personnes. Après des semaines de pourparlers intenses, la Maison-Blanche semblait persuadée qu'inviter Ali Asif Zardari à Chicago permettrait d'arracher un compromis.
Mais cet espoir s'est évanoui au cours du week-end, lorsqu'il est apparu clairement que ce dernier n'était pas prêt à lâcher du lest, continuant d'exiger un coût prohibitif de 5.000 dollars par camion, au lieu des 250 dollars payés avant l'incident de novembre. Inacceptable, ont répliqué les Américains. Cette exigence cachait apparemment la colère de Zardari, qui continue à réclamer des excuses pour les frappes de drones et insiste pour qu'elles cessent.
Du coup, Barack Obama a refusé de le rencontrer, laissant Hillary Clinton mener la négociation dimanche. Les Américains sont restés très discrets sur le contenu de cet entretien. Le Pakistanais devait repartir lundi vers Islamabad, humilié et sans rien d'autre dans sa besace qu'une aggravation du climat avec le partenaire américain.
«Message d'humiliation»
Lundi, dans leur déclaration, les chefs d'État et de gouvernement de l'Otan ont appelé le Pakistan à rouvrir les routes «dès que possible». Mais les responsables américains se gardaient bien de donner une date. «Le plus tôt sera le mieux», s'est contenté de dire le général John Allen, commandant des forces de la coalition. Évoquant son récent passage à Islamabad, il a minimisé l'ampleur du désaccord, estimant que l'existence même de discussions constituait «un signe positif» après des mois de paralysie diplomatique.
La voie est d'autant plus vitale que les États-Unis s'apprêtent à retirer 23.000 hommes à partir d'octobre. Les routes du nord, qui passent par la Russie et l'Asie centrale, posent de nombreux obstacles. Lundi, le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, n'en a pas moins organisé une rencontre avec les représentants du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan, en marge du sommet, pour assurer les arrières des Américains.
L'incident diplomatique avec Zardari révèle la faiblesse croissante de la marge de manœuvre américaine à Islamabad. Une mauvaise nouvelle pour la stratégie américaine dans la région. «Pas d'excuses et pas de rencontre… Cette combinaison va envoyer un message d'humiliation au Pakistan», mettait en garde hier Vali Nasr, un ancien conseiller du département d'État, dans le New York Times.
Par Laure Mandeville
Persuadés que la partie afghane se joue essentiellement au Pakistan, dont les liens intimes avec les talibans seront décisifs pour toute reprise des négociations des insurgés avec Kaboul, ils auraient voulu annoncer un apaisement de la tension aiguë qui perdure entre Washington et Islamabad depuis l'élimination de Ben Laden par les forces spéciales américaines à Abottabad, il y a un an.
Plus concrètement, les deux parties étaient censées signer un accord pour la réouverture de la route pakistanaise aux convois terrestres vers l'Afghanistan, fermée en novembre en riposte à des frappes de drones américains qui avaient tué 24 personnes. Après des semaines de pourparlers intenses, la Maison-Blanche semblait persuadée qu'inviter Ali Asif Zardari à Chicago permettrait d'arracher un compromis.
Mais cet espoir s'est évanoui au cours du week-end, lorsqu'il est apparu clairement que ce dernier n'était pas prêt à lâcher du lest, continuant d'exiger un coût prohibitif de 5.000 dollars par camion, au lieu des 250 dollars payés avant l'incident de novembre. Inacceptable, ont répliqué les Américains. Cette exigence cachait apparemment la colère de Zardari, qui continue à réclamer des excuses pour les frappes de drones et insiste pour qu'elles cessent.
Du coup, Barack Obama a refusé de le rencontrer, laissant Hillary Clinton mener la négociation dimanche. Les Américains sont restés très discrets sur le contenu de cet entretien. Le Pakistanais devait repartir lundi vers Islamabad, humilié et sans rien d'autre dans sa besace qu'une aggravation du climat avec le partenaire américain.
«Message d'humiliation»
Lundi, dans leur déclaration, les chefs d'État et de gouvernement de l'Otan ont appelé le Pakistan à rouvrir les routes «dès que possible». Mais les responsables américains se gardaient bien de donner une date. «Le plus tôt sera le mieux», s'est contenté de dire le général John Allen, commandant des forces de la coalition. Évoquant son récent passage à Islamabad, il a minimisé l'ampleur du désaccord, estimant que l'existence même de discussions constituait «un signe positif» après des mois de paralysie diplomatique.
La voie est d'autant plus vitale que les États-Unis s'apprêtent à retirer 23.000 hommes à partir d'octobre. Les routes du nord, qui passent par la Russie et l'Asie centrale, posent de nombreux obstacles. Lundi, le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, n'en a pas moins organisé une rencontre avec les représentants du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan, en marge du sommet, pour assurer les arrières des Américains.
L'incident diplomatique avec Zardari révèle la faiblesse croissante de la marge de manœuvre américaine à Islamabad. Une mauvaise nouvelle pour la stratégie américaine dans la région. «Pas d'excuses et pas de rencontre… Cette combinaison va envoyer un message d'humiliation au Pakistan», mettait en garde hier Vali Nasr, un ancien conseiller du département d'État, dans le New York Times.
Par Laure Mandeville