Officiellement, c'est un succès et Barack Obama en avait besoin pour livrer sa bataille électorale contre son adversaire républicain. Sur le bouclier antimissile, les responsables de l'Otan ont tenu l'objectif qu'ils s'étaient fixé pour le sommet de Chicago: annoncer l'achèvement de la première des quatre phases de ce projet visant à protéger les territoires, les populations et les forces des pays européens des missiles qui pourraient être tirés par des pays «proliférants», notamment l'Iran. «Se défendre contre les missiles est indispensable. Nous faisons face à des menaces réelles», a affirmé dimanche le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen.
Lancé au sommet de Lisbonne en 2010, le système de défense antimissile doit théoriquement être achevé à l'horizon 2020. Le projet repose pour l'instant sur un puissant radar en Turquie, des missiles SM3 installés sur des frégates en Méditerranée et des intercepteurs en Pologne et en Roumanie. Le tout piloté par les États-Unis, qui ont déjà investi plusieurs milliards de dollars dans cette nouvelle version de la «guerre des étoiles» de Ronald Reagan. Et qui ont appelé les alliés à participer financièrement pour la mise en commun des équipements et des structures de contrôle.
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En réalité et malgré les apparences, le bouclier antimissile n'a guère pris son envol à Chicago. En dépit de longs mois d'efforts, les États-Unis et l'Otan n'ont pas réussi à lever le blocage avec la Russie avant le sommet. Moscou, qui lutte de longue date contre l'avancée de l'Alliance à l'est, sur les terres de l'ancien monde communiste, considère que le projet américain fragilise ses intérêts stratégiques.
La Russie a menacé de déployer des missiles Iskander à Kaliningrad si les États-Unis continuaient à pousser leur projet dans leur arrière-cour sans faire de concessions au Kremlin. Barack Obama a laissé entendre aux responsables russes, au printemps dernier, qu'il pourrait assouplir sa position. Mais pas avant l'élection américaine, qui aura lieu le 4 novembre.
«Dérive financière»
Autre partenaire sceptique, la France, concernée par le projet car elle possède des compétences industrielles - l'alerte avancée - qui pourraient lui permettre de participer, même à la marge, au bouclier. Pendant sa campagne électorale, François Hollande avait émis «des réserves» et des «réticences» vis-à-vis de ce projet qui rencontre de fortes résistances dans les milieux de la défense, qui craignent qu'il affaiblisse à terme la force de frappe stratégique du pays.
Le nouveau président a énuméré dimanche les conditions d'une participation française. La défense antimissile ne doit pas être «un substitut à la dissuasion nucléaire mais un complément». L'Élysée a apparemment obtenu que cette ambiguïté disparaisse du communiqué final du sommet.
François Hollande a aussi réclamé un «contrôle politique» de l'utilisation du bouclier. Exigé que les industriels français trouvent leur compte dans ce projet. Mis en garde contre une «dérive financière». Et prévenu qu'une reprise du dialogue avec la Russie était un impératif. Sur tous ces points, sauf le dernier, François Hollande estime que les «malentendus» ont été «levés» à Chicago. Le document final lui donne donc «satisfaction».
Malgré cette unité de façade entre Barack Obama et François Hollande, qui semble d'ailleurs répondre à celle qui fut manifestée la veille sur l'Afghanistan, la France ne s'est cependant pas beaucoup engagée sur le bouclier à Chicago. La participation française aux prochaines étapes fera l'objet d'une longue réflexion en France, où de nombreux obstacles l'attendent: la crise financière et l'attachement français à la dissuasion nucléaire. L'impulsion politique et financière devrait donc encore, à court et moyen terme, revenir aux Américains.
Par Isabelle Lasserre
Lancé au sommet de Lisbonne en 2010, le système de défense antimissile doit théoriquement être achevé à l'horizon 2020. Le projet repose pour l'instant sur un puissant radar en Turquie, des missiles SM3 installés sur des frégates en Méditerranée et des intercepteurs en Pologne et en Roumanie. Le tout piloté par les États-Unis, qui ont déjà investi plusieurs milliards de dollars dans cette nouvelle version de la «guerre des étoiles» de Ronald Reagan. Et qui ont appelé les alliés à participer financièrement pour la mise en commun des équipements et des structures de contrôle.
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En réalité et malgré les apparences, le bouclier antimissile n'a guère pris son envol à Chicago. En dépit de longs mois d'efforts, les États-Unis et l'Otan n'ont pas réussi à lever le blocage avec la Russie avant le sommet. Moscou, qui lutte de longue date contre l'avancée de l'Alliance à l'est, sur les terres de l'ancien monde communiste, considère que le projet américain fragilise ses intérêts stratégiques.
La Russie a menacé de déployer des missiles Iskander à Kaliningrad si les États-Unis continuaient à pousser leur projet dans leur arrière-cour sans faire de concessions au Kremlin. Barack Obama a laissé entendre aux responsables russes, au printemps dernier, qu'il pourrait assouplir sa position. Mais pas avant l'élection américaine, qui aura lieu le 4 novembre.
«Dérive financière»
Autre partenaire sceptique, la France, concernée par le projet car elle possède des compétences industrielles - l'alerte avancée - qui pourraient lui permettre de participer, même à la marge, au bouclier. Pendant sa campagne électorale, François Hollande avait émis «des réserves» et des «réticences» vis-à-vis de ce projet qui rencontre de fortes résistances dans les milieux de la défense, qui craignent qu'il affaiblisse à terme la force de frappe stratégique du pays.
Le nouveau président a énuméré dimanche les conditions d'une participation française. La défense antimissile ne doit pas être «un substitut à la dissuasion nucléaire mais un complément». L'Élysée a apparemment obtenu que cette ambiguïté disparaisse du communiqué final du sommet.
François Hollande a aussi réclamé un «contrôle politique» de l'utilisation du bouclier. Exigé que les industriels français trouvent leur compte dans ce projet. Mis en garde contre une «dérive financière». Et prévenu qu'une reprise du dialogue avec la Russie était un impératif. Sur tous ces points, sauf le dernier, François Hollande estime que les «malentendus» ont été «levés» à Chicago. Le document final lui donne donc «satisfaction».
Malgré cette unité de façade entre Barack Obama et François Hollande, qui semble d'ailleurs répondre à celle qui fut manifestée la veille sur l'Afghanistan, la France ne s'est cependant pas beaucoup engagée sur le bouclier à Chicago. La participation française aux prochaines étapes fera l'objet d'une longue réflexion en France, où de nombreux obstacles l'attendent: la crise financière et l'attachement français à la dissuasion nucléaire. L'impulsion politique et financière devrait donc encore, à court et moyen terme, revenir aux Américains.
Par Isabelle Lasserre