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Ousmane Sonko promet de détruire les Terrou-Bi, Sea Plaza, Radisson Blue et autres Water Front : l’histoire d’une saga qui a commencé sous Diouf

De la plage des Parcelles où il se livre à des séances de lutte malgré les mesures-barrière et le confinement, Ousmane Sonko, président du Pastef, promet de détruire toutes les maisons qui sont situées dans le domaine maritime sénégalais. Sans doute en écho à la vague d’indignation suscitée dans un premier temps par l’attribution gracieuse de plusieurs hectares de terres au sieur Bassirou Mbacké. Le débat s’est étendu aux attributions sur le littoral. Il s’agit de tous ceux qui ont construit dans la bande de 100 mètres à partir de la plage, considérée comme une zone classée non edificandi, qui ne peut être déclassée et déclarée exploitable que par un décret présidentiel, qui peut la déclarer d’utilité publique.


Rédigé par leral.net le Lundi 15 Juin 2020 à 12:18 | | 0 commentaire(s)|

La première personne à violer cette loi datant de 1964, est la fille du Président Diouf, Fabienne Diouf elle-même, qui s’est fait construire une maison à l’entrée du Boulevard de la République, à la même hauteur où se trouve actuellement l’immeuble Horizon.

Son frère, Habib Diouf, est lui aussi parti se construire un joyau sur le col de la Corniche Est, en contrebas du Petit Palais de la République, d’où il a une vue imprenable sur l’île de Gorée et le Lagon.

En mars 2000, entre les deux tours, quand le Président Abdou Diouf a été interpellé sur ces constructions « anarchiques » de la part de membres de sa propre famille, il a stupéfait les journalistes, en répondant sans sourciller : Je ne savais pas. » En réalité, tout discrets qu’ils étaient, les enfants Diouf ont acquis de nombreuses propriétés dans le centre-ville de Dakar ainsi qu’aux Almadies, sur la Corniche notamment, où Fabienne Diouf est la voisine de Jean Claude Mimran.

Après la saga des Diouf, Abdoulaye Wade est arrivé avec sa bande d’amis. C’était le début du découpage sauvage de tout le littoral dakarois et la naissance des milliardaires du foncier. Dans un premier temps, le nouveau président de la République a mis en place ce qu’il appelait la Haute autorité de la Corniche, dirigée par feu Joe Mbaye pour faire la Police du littoral.
Mais il y avait, derrière cette bonne volonté exprimée, des intentions cachées. Après avoir répertorié toutes les propriétés de la zone, le vieil homme a entrepris de les partager avec ses proches, devenus subitement des exploitants immobiliers. Partis de rien, des hommes et des femmes sont devenus milliardaires en un jour.

Il se commentait dans les salons de Dakar, que le vieux président, après avoir pris ses hectares à Cheikh Amar (du Gabon, homonyme de celui de TSE), a engagé une vaste campagne de wadisation de toute la Corniche. Il se disait que l’ancien Directeur des Domaines, Tahibou Ndiaye, passait ses soirées au Palais de la République où, en petits comités, les oligarques du nouveau régime se partageaient les « poches ». La Foire de Dakar n’a pas tenu face à ces différents assauts.

C’est ainsi que pour les besoins du Sommet de l’Oci, tout le littoral a été découpé et vendu ou revendu à des hommes d’affaires, parfois à un vil prix. La commission domaniale, seule habilitée à procéder à ces attributions, ne s’est jamais réunie en réalité, attestant l’illégalité manifeste de toutes ces attributions.

Il en est ainsi du Terrou Bi, d’un nouvel hôtel attenant, construit par de lugubres hommes affaires, de plusieurs hectares attribués gratuitement au nommé Aidara Sylla, pris une fois avec des chèques de plusieurs centaines de millions de francs Cfa lors de la traque des biens mal acquis. Sont venus s’ajouter la famille d’Alioune Sow, pour le Radisson Blu et le Sea Plaza.

Mais la transaction la plus préoccupante est sans doute la mise à disposition des terres de la Corniche des Almadies au profit du promoteur Loum Diagne. Après le sommet de l’Oci, la grande étendue du littoral jouxtant l’ancien Club Med est devenue comme par magie, la propriété du promoteur. Quand les enquêteurs ont découvert 2 milliards virés au compte du Président Wade, Monsieur Diagne s’est justifié en évoquant le remboursement d’un prêt.

Aujourd’hui, il y a sur ces terrains où avaient été alignés des cabines dortoirs dans le cadre de l’Oci, un programme immobilier avec des appartements qui coûtent un milliard de francs l’Unité. Abdoulaye Wade a aussi dépossédé l’Asecna de toute une partie de la zone aéroportuaire de Yoff, pour les attribuer à l’homme d’affaires Mbackiou Faye, pour ensuite sommer l’Ipres de les acheter pour 16 milliards de francs. Les villas présidentielles commandées à Cheikh Amar TSE, pour lesquelles 26 milliards de francs ont été avancés à l’homme d’affaires, n’ont jamais été livrées. Pour sauver les apparences, l’Etat a tenté de les vendre au plus offrant.

Quand il est arrivé au pouvoir, Macky Sall, sensible aux arguments développés par de nombreuses associations, avait pris la décision d’offrir ces terrains à la jeunesse de Ngor. Mais sitôt les hectares de terre libérés, ils ont été vite morcelés par le maire de la localité, qui y a construit son propre restaurant (géré par son fils) et vendu le reste à des Libanais qui y ont érigé leurs restaurants les pieds dans l’eau. De 27, les restaurants appartenant aux jeunes de la localité sont passés à 2 en 5 ans. Il s’agit du Surfer’s Paradise et du Ngor Lounge. Et ils sont en sursis et sont menacés d’être déguerpis.

Dans cette zone, trois ministres de Macky Sall ont l’honneur de côtoyer les dignitaires de l’ancien régime. A côté de l’ancienne assistante de Wade, se côtoient en effet deux actuels ministres et un ancien.

Ce sont 40 années de gestion opaque et patrimoniale qu’Ousmane Sonko promet d’arrêter. Au risque de s’attaquer à ses propres intérêts et à ceux de ses amis ? Il existe en effet des relations très étroites qui lient le Président de Pastef à un de ses amis, Mouhamadou Fallou Guèye, de la SCI Le Bâtiment. Nous y reviendrons plus longuement.





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