TOUBA - Comment assouvir son penchant pour la cigarette sans pour autant violer l’interdiction faite à Touba qui a été déclarée zone non-fumeur par les autorités religieuses de la ville sainte depuis des années ? Un exercice assez périlleux pour bon nombre de pèlerins venus commémorer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba et qui les oblige, du coup, à se taper 7 km, c'est-à-dire la distance entre Touba et l’entrée de Mbacké pour griller une cigarette achetée plus cher que la normale. À «Frontière», principal espace fumeur et de commerce de cigarettes le plus proche de la capitale du mouridisme, le business du tabac, c’est l’affaire des commerçants de circonstance.
Niché sous le monument qui sépare les deux villes et dont le fronton est en marbre, ce marché de la cigarette, produit décrété illégal à Touba, grouille de monde à certaines heures de la journée et de la nuit. Ici, toutes sortes de marques de cigarette sont vendues. Et la bonne affaire réside dans les prix pratiqués sur ce marché spontané. Une cigarette s’échange en effet entre 25 et 50 francs Cfa. Et il ne manque pas d’accrocs qui font la distance pour une bonne bouffée de fumée.
Le prix de revient d’une cigarette atteint les 450 francs
Samedi nuit, vers minuit, alors que dans le sens Mbacké-Touba les embouteillages avaient fini d’immobiliser les voitures, à «Frontière», rond-point situé à quelque 100 mètres du siège du Conseil rural de Touba, un intense commerce de tabac se menait. Des centaines de jeunes, lourdement habillés pour se prémunir du froid, tendaient, dans les deux mains, des paquets de cigarettes aux passants. Ibrahima, qui venait de boucler les 7 km avec les embouteillages à n’en plus finir, ne s’est pas fait prier pour acheter une cigarette et se remplir les poumons de fumée avant de reprendre la route.
«Touba, c’est Touba. On y interdit de fumer. Tout talibé qui vient dans la ville de Bamba doit respecter cette prescription. Et comme je ne peux pas me passer de la cigarette, je suis obligé de faire ce voyage pour assouvir mon vice», explique notre interlocuteur qui renchérit : «Cette cigarette, si je compte le transport aller-retour, me revient à 450 francs Cfa. Car pour le transport entre Touba et Mbacké, en cette période de Magal, les prix ont doublé. Ce n’est plus 100, mais 200 francs».
Ibrahima explique qu’il tient à respecter l’interdiction de fumer dans la ville sainte, malgré la forte envie. Pour justifier l’énorme effort qu’il fait pour ne pas braver l’interdiction, il affirme ne pas vouloir faire comme bon nombre de fumeurs qui se cachent dans les maisons à Touba pour fumer en dissimulant la fumée avec de l’encens. Pourtant, sur l’une des poutres du monument, un message du Comité d’organisation, visible à plusieurs mètres, rappelle cette interdiction. «Oui au ndigël, non au tabac. Touba, ville sainte, ville sans tabac». Tel est l’inscription qui rappelle à tous que la cigarette est prohibée à Touba.
Ibrahima assure cependant qu’il ne peut pas se permettre des voyages incessants rien que pour fumer. «Je ne peux pas le faire tout le temps. C’est pénible, en plus, ça coûte cher. C’est pourquoi je fume deux à trois cigarettes dans un temps très court et je retourne à Touba jusqu’au lendemain», indique-t-il. Non sans rappeler : «C’est une question de jours. Dans deux jours, nous rentrons à Dakar et nous retrouvons une vie normale».
Il faut dire que si la navette des fumeurs entre «Frontière» et Touba est si pénible, c’est parce qu’au-delà des dépenses, certains sont contraints de se taper à pied les 7 bornes pour retourner dans la ville sainte du fait des embrouillages.
Jusqu’à 300 francs de bénéfice sur un paquet pour les vendeurs de tabac
Le commerce de cigarettes à «Frontière» est des plus rentables lors du Magal de Touba. En effet, suivant les marques, la cigarette est vendue entre 25 et 50 francs. Et c’est un prix non négociable. Moustapha Ndiaye, un parmi la centaine de vendeurs de tabac de «Frontière», explique pourquoi les prix des cigarettes augmentent. «En temps normal, un bâton de Marlboro light coûte 35 francs Cfa, le Houston et l’Excellence sont à 20 francs Cfa. Mais en période de Magal, le Houston et l’Excellence reviennent à 25 francs et le Marlboro (rouge comme light) se vendent à 50 francs Cfa», renseigne notre interlocuteur qui trouve que «c’est normal, Magal oblige». Parce que, dit-il, «ce n’est pas seulement la cigarette qui augmente. Regardez le transport, l’eau… toutes les denrées ont doublé. C’est normal que la cigarette augmente aussi».
Un autre vendeur embouche la même trompette et renseigne : «Il n’y a rien qui marche ici autant que la cigarette. Un paquet de 20 cigarettes nous le vendons en un temps record». Et les bénéfices passent, selon lui, «du simple au double». Il souligne qu’en temps normal, dans un paquet de Marlboro, le bénéfice est de 50 francs Cfa. Mais avec le Magal, ils peuvent gagner jusqu’à 300 francs Cfa. Cela, du fait que le chiffre d’affaires sur le même paquet atteint 1000 francs Cfa, au lieu des 700 francs en temps normal.
D’ailleurs, ce bénéfice qui frôle «l’usure» est cause de tiraillement entre les grossistes et les revendeurs de cigarettes. Selon Moustapha Ndiaye, nombre de ses collègues vendeurs ont «des problèmes avec les grossistes ou les boutiquiers. Ils savent que nos profits sont énormes et refusent de nous vendre d’importantes quantités». «Mais, renchérit-il, quitte à aller cent fois chez les grossistes, nous le ferons dans la journée».
Pour ce qui est des périodes de ruée des fumeurs, nos deux vendeurs font savoir que c’est l’après-midi et durant toute la nuit qu’ils reçoivent le plus de monde. «Le matin, les gens font leurs ziaar et s’affairent à autre chose. Mais une fois qu’ils ont déjeuné, l’envie de fumer les prend et ils font le déplacement à Frontière pour acheter leurs cigarettes. Et ils viennent aussi la nuit en très grand nombre».
Et Moustapha Ndiaye de préciser qu’il y a une seconde catégorie de clients. À savoir ceux qui viennent d’arriver. «Ils s’arrêtent ici pour fumer une ou deux cigarettes avant d’entrer dans Touba», dit-il.
Niché sous le monument qui sépare les deux villes et dont le fronton est en marbre, ce marché de la cigarette, produit décrété illégal à Touba, grouille de monde à certaines heures de la journée et de la nuit. Ici, toutes sortes de marques de cigarette sont vendues. Et la bonne affaire réside dans les prix pratiqués sur ce marché spontané. Une cigarette s’échange en effet entre 25 et 50 francs Cfa. Et il ne manque pas d’accrocs qui font la distance pour une bonne bouffée de fumée.
Le prix de revient d’une cigarette atteint les 450 francs
Samedi nuit, vers minuit, alors que dans le sens Mbacké-Touba les embouteillages avaient fini d’immobiliser les voitures, à «Frontière», rond-point situé à quelque 100 mètres du siège du Conseil rural de Touba, un intense commerce de tabac se menait. Des centaines de jeunes, lourdement habillés pour se prémunir du froid, tendaient, dans les deux mains, des paquets de cigarettes aux passants. Ibrahima, qui venait de boucler les 7 km avec les embouteillages à n’en plus finir, ne s’est pas fait prier pour acheter une cigarette et se remplir les poumons de fumée avant de reprendre la route.
«Touba, c’est Touba. On y interdit de fumer. Tout talibé qui vient dans la ville de Bamba doit respecter cette prescription. Et comme je ne peux pas me passer de la cigarette, je suis obligé de faire ce voyage pour assouvir mon vice», explique notre interlocuteur qui renchérit : «Cette cigarette, si je compte le transport aller-retour, me revient à 450 francs Cfa. Car pour le transport entre Touba et Mbacké, en cette période de Magal, les prix ont doublé. Ce n’est plus 100, mais 200 francs».
Ibrahima explique qu’il tient à respecter l’interdiction de fumer dans la ville sainte, malgré la forte envie. Pour justifier l’énorme effort qu’il fait pour ne pas braver l’interdiction, il affirme ne pas vouloir faire comme bon nombre de fumeurs qui se cachent dans les maisons à Touba pour fumer en dissimulant la fumée avec de l’encens. Pourtant, sur l’une des poutres du monument, un message du Comité d’organisation, visible à plusieurs mètres, rappelle cette interdiction. «Oui au ndigël, non au tabac. Touba, ville sainte, ville sans tabac». Tel est l’inscription qui rappelle à tous que la cigarette est prohibée à Touba.
Ibrahima assure cependant qu’il ne peut pas se permettre des voyages incessants rien que pour fumer. «Je ne peux pas le faire tout le temps. C’est pénible, en plus, ça coûte cher. C’est pourquoi je fume deux à trois cigarettes dans un temps très court et je retourne à Touba jusqu’au lendemain», indique-t-il. Non sans rappeler : «C’est une question de jours. Dans deux jours, nous rentrons à Dakar et nous retrouvons une vie normale».
Il faut dire que si la navette des fumeurs entre «Frontière» et Touba est si pénible, c’est parce qu’au-delà des dépenses, certains sont contraints de se taper à pied les 7 bornes pour retourner dans la ville sainte du fait des embrouillages.
Jusqu’à 300 francs de bénéfice sur un paquet pour les vendeurs de tabac
Le commerce de cigarettes à «Frontière» est des plus rentables lors du Magal de Touba. En effet, suivant les marques, la cigarette est vendue entre 25 et 50 francs. Et c’est un prix non négociable. Moustapha Ndiaye, un parmi la centaine de vendeurs de tabac de «Frontière», explique pourquoi les prix des cigarettes augmentent. «En temps normal, un bâton de Marlboro light coûte 35 francs Cfa, le Houston et l’Excellence sont à 20 francs Cfa. Mais en période de Magal, le Houston et l’Excellence reviennent à 25 francs et le Marlboro (rouge comme light) se vendent à 50 francs Cfa», renseigne notre interlocuteur qui trouve que «c’est normal, Magal oblige». Parce que, dit-il, «ce n’est pas seulement la cigarette qui augmente. Regardez le transport, l’eau… toutes les denrées ont doublé. C’est normal que la cigarette augmente aussi».
Un autre vendeur embouche la même trompette et renseigne : «Il n’y a rien qui marche ici autant que la cigarette. Un paquet de 20 cigarettes nous le vendons en un temps record». Et les bénéfices passent, selon lui, «du simple au double». Il souligne qu’en temps normal, dans un paquet de Marlboro, le bénéfice est de 50 francs Cfa. Mais avec le Magal, ils peuvent gagner jusqu’à 300 francs Cfa. Cela, du fait que le chiffre d’affaires sur le même paquet atteint 1000 francs Cfa, au lieu des 700 francs en temps normal.
D’ailleurs, ce bénéfice qui frôle «l’usure» est cause de tiraillement entre les grossistes et les revendeurs de cigarettes. Selon Moustapha Ndiaye, nombre de ses collègues vendeurs ont «des problèmes avec les grossistes ou les boutiquiers. Ils savent que nos profits sont énormes et refusent de nous vendre d’importantes quantités». «Mais, renchérit-il, quitte à aller cent fois chez les grossistes, nous le ferons dans la journée».
Pour ce qui est des périodes de ruée des fumeurs, nos deux vendeurs font savoir que c’est l’après-midi et durant toute la nuit qu’ils reçoivent le plus de monde. «Le matin, les gens font leurs ziaar et s’affairent à autre chose. Mais une fois qu’ils ont déjeuné, l’envie de fumer les prend et ils font le déplacement à Frontière pour acheter leurs cigarettes. Et ils viennent aussi la nuit en très grand nombre».
Et Moustapha Ndiaye de préciser qu’il y a une seconde catégorie de clients. À savoir ceux qui viennent d’arriver. «Ils s’arrêtent ici pour fumer une ou deux cigarettes avant d’entrer dans Touba», dit-il.