Comment se passe le premier jour de Boy Kaïré en tant que retraité ?
Je me suis réveillé en rendant grâce à Dieu d’avoir exhaussé mon vœu en me donnant l’opportunité d’arrêter ma carrière après avoir disputé un combat, le même jour que mon fils (Diène Diouf Kaïré) et cela après une longue carrière qui a débuté en 1984. C’était un gros risque de lutter en même temps que mon fils. Parce que je suis le seul à l’avoir fait dans l’histoire de la lutte. Le fait que mon fils ait remporté son combat m’a procuré un très grand plaisir. Ç’aurait été une pilule amère à avaler si toutefois mon fils et moi étions battus. Il y aurait beaucoup de critiques qui se seraient abbatus sur nous.
Vous avez donc vécu avec beaucoup de pression le combat de votre fils face à Djégui Sirath ?
Je tremblais comme une feuille morte durant son combat. J’avais la chair de poule. Mais lorsque mon fils a remporté le sien, c’était la délivrance. Je dirais même qu’il a gagné les deux combats.
Qu’est-ce qui explique que vous avez décidé de mettre fin à votre carrière, juste après avoir perdu devant Bathie Séras ?
J’ai pris cette décision parce que je ne veux pas continuer à partager l’arène avec mon fils. Je lui avais promis de lui transmettre le relais au lendemain de mon combat contre Bathie Séras. C’est une décision longuement mûrie. Même si j’étais sorti vainqueur de ce duel, j’avais décidé de mettre fin à ma carrière pour laisser champ libre à mon fils. Je n’en peux plus des pressions avant les combats. Avant et après mes combats, je suis obligé de faire beaucoup de massage. Parce que mon corps ne répond plus et ne peux suivre le rythme effreiné des entraînements. Je sens une grosse fatigue. Mon fils peut suivre trois séances par jour sans ressentir les contrecoups. Contrairement à moi qui ne peux plus soutenir un tel rythme. Avec mon âge, l’envie n’est plus là comme à mes débuts dans l’arène. Vous avez dû vous rendre compte que lorsque je perds, cela ne me fait absolument rien. Alors qu’au début de ma carrière, j’avais du mal à les contenir (les défaites).
Vous aviez une fois annoncé votre retraite avant de changer d’avis. Est-il possible que vous refassiez une volte-face sur pression de vos proches ?
Ma décision est irrévocable. Rien ne pourra me faire revenir sur ma décision. Il ne faut pas manquer de souligner que vous (les journalistes) avez tout fait pour que je prenne ma retraite (rires). Plus sérieusement, la décision est prise depuis longtemps. Mais c’était sans compter avec des gens comme Moustapha Guèye, Birame Ndiaye, Serigne Mbacké Ndiaye, Pape Diop Boston et Mor Fadam qui m’ont prié de reconsidérer ma position. Mor Fadam m’a dit qu’il a lutté jusqu’à 50 ans et que je ne devais pas arrêter à 42 ans. Mais là, c’est pour de bon. Il faut savoir arrêter au bon moment. Je vais maintenant apporter mon expérience aux jeunes lutteurs de Soumbédioune. Il y a là-bas Diène Kaïré, Bismi Ndoye, Edouard Dimlé Dioh, Cheihou Diène et tant d’autres pour entretenir le flambeau de notre écurie. Je compte organiser un grand jubilé soit en fin ou en début de saison prochaine.
Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre défaite ?
C’est un combat que j’avais pris très au sérieux à cause du contexte assez particulier. Il y avait le combat de mon fils. Pour revenir sur mon combat, après quelques balancements de bras, je me suis mis à refaire le talisman mal noué au niveau de mon bras gauche. C’est le moment qu’a choisi mon adversaire pour déclencher une attaque. A un moment donné, j’ai cherché en vain à avoir une prise sur lui. C’est par la suite que Bathie Séras s’est saisi de mon bras droit pour effectuer une rotation qui a occasionné ma chute.
Qu’est-ce qui vous a le plus dégoûté dans votre carrière ?
Pas grand chose. Si ce ne sont les accusations tenues à la fin du combat par Bathie Séras. Cela m’a fait mal, surtout au moment où je prends ma retraite. Je n’ai pas apprécié qu’il m’ait accusé de lui avoir demandé de l’argent pour me laisser battre. Mon honneur ne me permet pas de tricher. Je ne lui ai jamais parlé par téléphone. On ne se fréquente même pas. (Il interrompt l’entretien) Laissez-moi prendre le Livre Saint (le Coran) pour y poser ma main et jurer que ce qu’il dit constitue des contrevérités. Je jure de n’avoir pas essayé de lui vendre le combat. Je lui demande de fournir les preuves de ce qu’il avance. Il est resté quatre ans sans connaître de victoire. Je lui ai tendu la perche. Bathie Séras devait faire comme Modou Lô, Ness et Baye Mandione qui m’ont félicité de leur avoir donné la chance de progresser dans l’arène.
Que comptez-vous faire s’il n’apporte pas de preuves ?
J’exige de Bathie Séras des excuses publiques. Sinon, je le poursuivrai en Justice. Je veux qu’il apporte les preuves de ce qu’il avance. Je n’accepterai pas qu’il salisse ma réputation et mon image.
Vous êtes à la retraite désormais. Qu’en sera-t-il du poste de président de l’Association des lutteurs en activité que vous occupez actuellement ?
Je reste suspendu à la volonté des membres de l’Association des lutteurs en activité. S’ils me demandent de rendre le tablier, je suis prêt à le faire.
Lequel de vos combats vous a le plus marqué dans votre carrière ?
Mon combat face à Bombardier en 1999 m’a le plus marqué. Ça a été une confrontation très dure (il se répète). Malgré mon petit gabarit, je suis parvenu à tenir tête à Bombardier pendant 40 minutes. A l’époque j’étais encore jeune. J’ai chopé le virus de la lutte en voyant des lutteurs comme Mor Fadam et Serigne Ndiaye s’entraîner sur les plages. Mon idole, c’était Boy Kaïré (ancien lutteur de Mermoz). C’est lui qui m’a fait nouer mon premier nguimb, lors de mon premier combat. C’est après son décès en 1985 que j’ai décidé de porter son nom.
Que vous inspire la présence de Kamal Salémé, ancien président de l’écurie Mermoz lors de votre dernier combat ?
(Emu) Il y a longtemps que je l’avais perdu de vue. C’est au sein de son écurie (Mermoz) que j’ai livré mon premier combat en 1984. Le destin a voulu qu’il soit présent lorsque je mettais fin à ma carrière. Je vais le convaincre d’intégrer l’écurie Soumbédioune. C’est un père pour moi. C’est lui qui m’a aidé à trouver du travail au Casino. J’y suis depuis 18 ans, et en tant que responsable de la sécurité aujourd’hui. Dieu merci, j’ai ma société de gardiennage, une maison pas loin de la Liberté 6 extension… Voilà en gros ce que la lutte m’a donné pour assurer ma retraite. Je le prends des deux mains.
Le Quotidien
Je me suis réveillé en rendant grâce à Dieu d’avoir exhaussé mon vœu en me donnant l’opportunité d’arrêter ma carrière après avoir disputé un combat, le même jour que mon fils (Diène Diouf Kaïré) et cela après une longue carrière qui a débuté en 1984. C’était un gros risque de lutter en même temps que mon fils. Parce que je suis le seul à l’avoir fait dans l’histoire de la lutte. Le fait que mon fils ait remporté son combat m’a procuré un très grand plaisir. Ç’aurait été une pilule amère à avaler si toutefois mon fils et moi étions battus. Il y aurait beaucoup de critiques qui se seraient abbatus sur nous.
Vous avez donc vécu avec beaucoup de pression le combat de votre fils face à Djégui Sirath ?
Je tremblais comme une feuille morte durant son combat. J’avais la chair de poule. Mais lorsque mon fils a remporté le sien, c’était la délivrance. Je dirais même qu’il a gagné les deux combats.
Qu’est-ce qui explique que vous avez décidé de mettre fin à votre carrière, juste après avoir perdu devant Bathie Séras ?
J’ai pris cette décision parce que je ne veux pas continuer à partager l’arène avec mon fils. Je lui avais promis de lui transmettre le relais au lendemain de mon combat contre Bathie Séras. C’est une décision longuement mûrie. Même si j’étais sorti vainqueur de ce duel, j’avais décidé de mettre fin à ma carrière pour laisser champ libre à mon fils. Je n’en peux plus des pressions avant les combats. Avant et après mes combats, je suis obligé de faire beaucoup de massage. Parce que mon corps ne répond plus et ne peux suivre le rythme effreiné des entraînements. Je sens une grosse fatigue. Mon fils peut suivre trois séances par jour sans ressentir les contrecoups. Contrairement à moi qui ne peux plus soutenir un tel rythme. Avec mon âge, l’envie n’est plus là comme à mes débuts dans l’arène. Vous avez dû vous rendre compte que lorsque je perds, cela ne me fait absolument rien. Alors qu’au début de ma carrière, j’avais du mal à les contenir (les défaites).
Vous aviez une fois annoncé votre retraite avant de changer d’avis. Est-il possible que vous refassiez une volte-face sur pression de vos proches ?
Ma décision est irrévocable. Rien ne pourra me faire revenir sur ma décision. Il ne faut pas manquer de souligner que vous (les journalistes) avez tout fait pour que je prenne ma retraite (rires). Plus sérieusement, la décision est prise depuis longtemps. Mais c’était sans compter avec des gens comme Moustapha Guèye, Birame Ndiaye, Serigne Mbacké Ndiaye, Pape Diop Boston et Mor Fadam qui m’ont prié de reconsidérer ma position. Mor Fadam m’a dit qu’il a lutté jusqu’à 50 ans et que je ne devais pas arrêter à 42 ans. Mais là, c’est pour de bon. Il faut savoir arrêter au bon moment. Je vais maintenant apporter mon expérience aux jeunes lutteurs de Soumbédioune. Il y a là-bas Diène Kaïré, Bismi Ndoye, Edouard Dimlé Dioh, Cheihou Diène et tant d’autres pour entretenir le flambeau de notre écurie. Je compte organiser un grand jubilé soit en fin ou en début de saison prochaine.
Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre défaite ?
C’est un combat que j’avais pris très au sérieux à cause du contexte assez particulier. Il y avait le combat de mon fils. Pour revenir sur mon combat, après quelques balancements de bras, je me suis mis à refaire le talisman mal noué au niveau de mon bras gauche. C’est le moment qu’a choisi mon adversaire pour déclencher une attaque. A un moment donné, j’ai cherché en vain à avoir une prise sur lui. C’est par la suite que Bathie Séras s’est saisi de mon bras droit pour effectuer une rotation qui a occasionné ma chute.
Qu’est-ce qui vous a le plus dégoûté dans votre carrière ?
Pas grand chose. Si ce ne sont les accusations tenues à la fin du combat par Bathie Séras. Cela m’a fait mal, surtout au moment où je prends ma retraite. Je n’ai pas apprécié qu’il m’ait accusé de lui avoir demandé de l’argent pour me laisser battre. Mon honneur ne me permet pas de tricher. Je ne lui ai jamais parlé par téléphone. On ne se fréquente même pas. (Il interrompt l’entretien) Laissez-moi prendre le Livre Saint (le Coran) pour y poser ma main et jurer que ce qu’il dit constitue des contrevérités. Je jure de n’avoir pas essayé de lui vendre le combat. Je lui demande de fournir les preuves de ce qu’il avance. Il est resté quatre ans sans connaître de victoire. Je lui ai tendu la perche. Bathie Séras devait faire comme Modou Lô, Ness et Baye Mandione qui m’ont félicité de leur avoir donné la chance de progresser dans l’arène.
Que comptez-vous faire s’il n’apporte pas de preuves ?
J’exige de Bathie Séras des excuses publiques. Sinon, je le poursuivrai en Justice. Je veux qu’il apporte les preuves de ce qu’il avance. Je n’accepterai pas qu’il salisse ma réputation et mon image.
Vous êtes à la retraite désormais. Qu’en sera-t-il du poste de président de l’Association des lutteurs en activité que vous occupez actuellement ?
Je reste suspendu à la volonté des membres de l’Association des lutteurs en activité. S’ils me demandent de rendre le tablier, je suis prêt à le faire.
Lequel de vos combats vous a le plus marqué dans votre carrière ?
Mon combat face à Bombardier en 1999 m’a le plus marqué. Ça a été une confrontation très dure (il se répète). Malgré mon petit gabarit, je suis parvenu à tenir tête à Bombardier pendant 40 minutes. A l’époque j’étais encore jeune. J’ai chopé le virus de la lutte en voyant des lutteurs comme Mor Fadam et Serigne Ndiaye s’entraîner sur les plages. Mon idole, c’était Boy Kaïré (ancien lutteur de Mermoz). C’est lui qui m’a fait nouer mon premier nguimb, lors de mon premier combat. C’est après son décès en 1985 que j’ai décidé de porter son nom.
Que vous inspire la présence de Kamal Salémé, ancien président de l’écurie Mermoz lors de votre dernier combat ?
(Emu) Il y a longtemps que je l’avais perdu de vue. C’est au sein de son écurie (Mermoz) que j’ai livré mon premier combat en 1984. Le destin a voulu qu’il soit présent lorsque je mettais fin à ma carrière. Je vais le convaincre d’intégrer l’écurie Soumbédioune. C’est un père pour moi. C’est lui qui m’a aidé à trouver du travail au Casino. J’y suis depuis 18 ans, et en tant que responsable de la sécurité aujourd’hui. Dieu merci, j’ai ma société de gardiennage, une maison pas loin de la Liberté 6 extension… Voilà en gros ce que la lutte m’a donné pour assurer ma retraite. Je le prends des deux mains.
Le Quotidien