Dakar, commune de Yoff. Une ruelle ensablée. Alioune Mbaye est ce qu’on appelle un modou-modou, un émigré. Il passe du Sénégal à l’Italie pour importer sur Dakar de l’électroménager d’occasion. Derrière lui, dans sa boutique, on aperçoit d’ailleurs le profil de deux gros réfrigérateurs.
Chez les Mbaye, on parle beaucoup de l’Italie, depuis mardi. Comme si le drame de Florence avait créé un sentiment de danger : « Ma femme a peur que je retourne en Italie maintenant, explique le commerçant. Elle me dit ‘Et si tu trouvais quelque chose de mieux ici ?’ C’était mieux de rester, ou de ne pas retourner maintenant… »
Alioune Mbaye lui-même se dit inquiet. Et persuadé que le regard des autres s’est durci, avec la crise économique : « Je suis déçu du comportement des Italiens vis-à-vis des immigrés, avoue-t-il. Quand j’entre dans le bus, l’Italien a honte de s’asseoir à côté de moi. Je sens le racisme dans le milieu de travail, dans les supermarchés, partout en Italie ».
Italie : une histoire faite d’émigration
A quelques rues de là, une maison de famille. Un autre «modou-modou» : Birahim Ndiaye, importateur de pièces détachées pour voitures et camions. Lui aussi parle de progression du racisme, ce qui le pousse à renvoyer l’Italie à sa propre histoire. Une histoire faite d’émigration, vers la France et les Etats-Unis notamment : « Les émigrés d’Italie sont sortis pour aller chercher de l’argent partout aux Etats-Unis, partout en Europe.. Les Italiens ce sont aussi des émigrés. Donc qu’ils nous laissent travailler en paix ! ».
Sa femme est là, hésite à parler. Elle se dit inquiète de son départ prochain. Birahim Ndiaye explique : « Nous avons eu des problèmes avec le propriétaire de notre logement. Du coup, ma femme n’a plus voulu vivre en Italie. Pour que ma famille ne prenne pas de risque, conclut-t-il, je l’ai fait revenir ici ».
Réaction de politiques
Deux candidats déclarés à la présidentielle sénégalaise ont pour l’instant réagi à ce drame de Florence.
L’ancien Premier ministre Idrissa Seck demande, dans un communiqué, l’ouverture rapide d’une enquête pour « faire la lumière sur cet acte odieux ». Idrissa Seck exige aussi que les droits et la dignité des ressortissants sénégalais soient respectés. « Je renouvelle, écrit-il, mon appel solennel à l’Etat sénégalais et à nos autorités diplomatiques pour une meilleure protection des Sénégalais de l’Extérieur ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, de son côté, souhaite que l’Etat du Sénégal dénonce les dérives qui mènent à de tels actes. Selon lui, il est urgent d’agir « pour que nous ne fermions pas les yeux sur certaines politiques et déclarations en Occident qui participent à générer la xénophobie, la haine, la violence et la mort ».
( RFI)
PiccMi.Com - La Rédaction
Chez les Mbaye, on parle beaucoup de l’Italie, depuis mardi. Comme si le drame de Florence avait créé un sentiment de danger : « Ma femme a peur que je retourne en Italie maintenant, explique le commerçant. Elle me dit ‘Et si tu trouvais quelque chose de mieux ici ?’ C’était mieux de rester, ou de ne pas retourner maintenant… »
Alioune Mbaye lui-même se dit inquiet. Et persuadé que le regard des autres s’est durci, avec la crise économique : « Je suis déçu du comportement des Italiens vis-à-vis des immigrés, avoue-t-il. Quand j’entre dans le bus, l’Italien a honte de s’asseoir à côté de moi. Je sens le racisme dans le milieu de travail, dans les supermarchés, partout en Italie ».
Italie : une histoire faite d’émigration
A quelques rues de là, une maison de famille. Un autre «modou-modou» : Birahim Ndiaye, importateur de pièces détachées pour voitures et camions. Lui aussi parle de progression du racisme, ce qui le pousse à renvoyer l’Italie à sa propre histoire. Une histoire faite d’émigration, vers la France et les Etats-Unis notamment : « Les émigrés d’Italie sont sortis pour aller chercher de l’argent partout aux Etats-Unis, partout en Europe.. Les Italiens ce sont aussi des émigrés. Donc qu’ils nous laissent travailler en paix ! ».
Sa femme est là, hésite à parler. Elle se dit inquiète de son départ prochain. Birahim Ndiaye explique : « Nous avons eu des problèmes avec le propriétaire de notre logement. Du coup, ma femme n’a plus voulu vivre en Italie. Pour que ma famille ne prenne pas de risque, conclut-t-il, je l’ai fait revenir ici ».
Réaction de politiques
Deux candidats déclarés à la présidentielle sénégalaise ont pour l’instant réagi à ce drame de Florence.
L’ancien Premier ministre Idrissa Seck demande, dans un communiqué, l’ouverture rapide d’une enquête pour « faire la lumière sur cet acte odieux ». Idrissa Seck exige aussi que les droits et la dignité des ressortissants sénégalais soient respectés. « Je renouvelle, écrit-il, mon appel solennel à l’Etat sénégalais et à nos autorités diplomatiques pour une meilleure protection des Sénégalais de l’Extérieur ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, de son côté, souhaite que l’Etat du Sénégal dénonce les dérives qui mènent à de tels actes. Selon lui, il est urgent d’agir « pour que nous ne fermions pas les yeux sur certaines politiques et déclarations en Occident qui participent à générer la xénophobie, la haine, la violence et la mort ».
( RFI)
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