Le Sénégalais aime toujours le mil, le maïs (pour le fondé, le lakh et le couscous), mais il préfère encore plus le riz. Si manger, comme le dit le professeur Issiaka Prospère Lalèyé de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, est un des trois actes les plus forts du vivant, à côté de la mort et de la procréation, il reste que chaque peuple ne consomme que les produits qu’il a à sa disposition, au moment où il fait pour se nourrir. Mais, en dehors du riz quel aliment pourrait nourrir les Sénégalais ? La réponse est sans doute des plus simples. Parce que ce produit alimentaire est et reste le riz, même acheté au prix fort sur le marché asiatique.
Présence et dynamique du spirituel dans l’alimentation humaine, voilà une communication présentée le 30 juin dernier par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal à l’occasion de la journée de la renaissance scientifique africaine qui campe bien ce sujet sur l’alimentation. Sous le thème « Alimentation, Nutrition et santé », les chercheurs sénégalais se sont lancés dans le jeu des stratégies . le constat du chercheur a été « qu’une des choses qui retienne l’attention lorsqu’on observe l’alimentation des groupes humains dans les milieux où ils vivent est que ces groupes ne mangent jamais tout ce qui pourrait être mangé. »
A l’en croire, « la variété et l’extrême abondance des offres de la nature sont partout soumises à des choix plus ou moins restrictifs, à des hiérarchies qui, au-delà des variations saisonnières, imposent ce qu’il faut manger, ce qu’il est préférable de manger, ce qu’il est préférable d’éviter de manger et ce qu’il fait catégoriquement éviter de manger … »
Manger, se nourrir ou s’alimenter, voilà le cœur du débat d’aujourd’hui au moment où l’Afrique, le monde sont confrontés à la plus grave crise alimentaire de l’histoire de l’humanité. Si aujourd’hui, les populations des quartiers pauvres de Port aux Princes en Haïti sont réduits à manger de la boue traités et chauffées, les Africains qui vivent dans les zones arides du Soudan, de l’Ethiopie, les parties inondées de certains pays du golfe de Guinée ne sont pas mieux nanties. Si certains mangent à peine tout ce qu’ils ont produit, d’autres se nourrissent avec ce qu’on leur donne. Et les Sénégalais alors ?
Le seul satisfecit qui peut être relevé est qu’aujourd’hui, le pays ne connaît ni la disette, ni la rupture dans son alimentation. Mais, le Sénégal reste fortement tributaire de sa consommation de riz. Une denrée propre au système de production agricole, mais qu’il faut aller chercher bien loin, pour faire face à la forte demande nationale entre 400 et 600.000 tonnes de riz. Or, entre la surcharge de poids, l’hypertension artérielle et le diabète, la médecine a fini de faire la corrélation et d’attirer l’attention des Sénégalais sur les dangers liés à la forte consommation de riz des Sénégalais.
Le mystère de la dépendance
« Une des missions de l’agriculture est de nourrir les populations urbaines et rurales. Or depuis 1970, l’agriculture sénégalaise a failli à cette mission essentielle, » le constat est du professeur Amadou Tidiane Guiro, Responsable du laboratoire de Nutrition à l’Université de Dakar. Parlant de la situation actuelle que vit le monde, le professeur Guiro d’ajouter que, « la flambée des prix des céréales sur le marché mondial pourrait être un atout pour nos céréales locales, à condition que nous puissions saisir cette opportunité offerte par la période… » Se nourrir avec les produits tirés par l’agriculture sénégalaise, voilà un des enjeux de la Grande offensive agricole pour la Nourriture et l’abondance (Goana), dont quelques esprits politiquement bien ou mal intentionnés, chantent déjà la réussite au moment où l’hivernage n’offre que ses premières récoltes.
Mais, même avec les résultats de cet hivernage 2008, la Goana, chère au président Wade, permettra-t-elle de nourrir convenablement les 11 millions de Sénégalais parmi lesquels les femmes malades, les enfants, les vieilles personnes etc. Permettra-t-elle aux masses paysannes de mettre de côté le riz, pour revenir au Ngourbane (bouillie de mil à base d’arachide et de poisson) ? La question est posée. Mais, sans doute oui, diront les partisans du président de la République, qui au mépris de toute règle de bienséance, (en attendant d’avoir les résultats définitifs de la première année), se bombent le torse sur les écrans de la télévision nationale en parlant de l’immense réussite de la Goana.
La réalité, selon les spécialistes, est qu’aucun pays en Afrique de l’ouest ne peut dire qu’il peut assurer seul son autofinance alimentaire. C’est le point de vue partagé par le Réseau des organisations paysannes et de producteurs africains (Roppa) Dans le processus, la Goana ne devrait être qu’une étape dans la mise en œuvre d’une politique réelle de relance de l’agriculture au Sahel et dans la sous-région. Car au Sénégal, si comme l’ont noté les nutritionnistes, les céréales constituent la base de l’alimentation sénégalaise, il faut encore regretter que près de 72 % des calories céréalières sont apportées par le riz qui est principalement importé. Les produits locaux comme le fonio ont encore du mal à être valorisé en dépit des efforts faits, pour le décorticage et le traitement. D’autres produits comme le manioc qui sert à faire le Gari sont encore consommés très peu dans les familles. Le Maïs aussi comme le niébé ne sont pas au mieux dans les assiettes.
Tout ou presque est pour le riz. Aujourd’hui, le sac de riz de 50 kilogrammes est vendu à près de 20.000 Fcfa. Quel Sénégalais avec une famille moyenne de 10 personnes pourrait se payer deux sacs de 50kg à près 40.000 Fcfa sans compter les charges quotidiennes de la maison ? Dans un contexte où le retour aux céréales locales n’a fait l’objet depuis le début du lancement du projet Goana, d’aucune forme de communication, on peut se demander comment fera l’Etat pour imposer la consommation de ces produits issus de l’agriculture (mil, maïs, niébé, jusqu’au manioc).
Ce défi majeur concerne d’ailleurs, au premier chef, le mil qui constituait 60 % de la production céréalière en année normale. L’autre équation à résoudre, selon les chercheurs, est dans la transformation de certaines céréales comme le maïs, mais aussi des produits de l’agriculture comme le manioc et la patate douce qui devraient connaître une production record. À côté de cela, Wade et son pouvoir déjà très tatillons sur les bons résultats de la campagne arachidière 2000-2001, avec l’affaire des bons impayés, gagneraient plus à mieux organiser la campagne de cette année, au lieu de se pavaner dans des champs virtuels des fois, d’arachide ou de riz, qui font plus la promotion d’un homme politicien qu’autre chose. Les paysans et les consommateurs sénégalais usés par la crise alimentaire, ne sont pas intéressés par ce type d’image. Ils veulent s’inscrire dans une agriculture durable qui part des promesses de l’après-barrage. Ils demandent surtout de l’eau, de l’argent frais et de la nourriture bon marché
source sud quotidien
Présence et dynamique du spirituel dans l’alimentation humaine, voilà une communication présentée le 30 juin dernier par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal à l’occasion de la journée de la renaissance scientifique africaine qui campe bien ce sujet sur l’alimentation. Sous le thème « Alimentation, Nutrition et santé », les chercheurs sénégalais se sont lancés dans le jeu des stratégies . le constat du chercheur a été « qu’une des choses qui retienne l’attention lorsqu’on observe l’alimentation des groupes humains dans les milieux où ils vivent est que ces groupes ne mangent jamais tout ce qui pourrait être mangé. »
A l’en croire, « la variété et l’extrême abondance des offres de la nature sont partout soumises à des choix plus ou moins restrictifs, à des hiérarchies qui, au-delà des variations saisonnières, imposent ce qu’il faut manger, ce qu’il est préférable de manger, ce qu’il est préférable d’éviter de manger et ce qu’il fait catégoriquement éviter de manger … »
Manger, se nourrir ou s’alimenter, voilà le cœur du débat d’aujourd’hui au moment où l’Afrique, le monde sont confrontés à la plus grave crise alimentaire de l’histoire de l’humanité. Si aujourd’hui, les populations des quartiers pauvres de Port aux Princes en Haïti sont réduits à manger de la boue traités et chauffées, les Africains qui vivent dans les zones arides du Soudan, de l’Ethiopie, les parties inondées de certains pays du golfe de Guinée ne sont pas mieux nanties. Si certains mangent à peine tout ce qu’ils ont produit, d’autres se nourrissent avec ce qu’on leur donne. Et les Sénégalais alors ?
Le seul satisfecit qui peut être relevé est qu’aujourd’hui, le pays ne connaît ni la disette, ni la rupture dans son alimentation. Mais, le Sénégal reste fortement tributaire de sa consommation de riz. Une denrée propre au système de production agricole, mais qu’il faut aller chercher bien loin, pour faire face à la forte demande nationale entre 400 et 600.000 tonnes de riz. Or, entre la surcharge de poids, l’hypertension artérielle et le diabète, la médecine a fini de faire la corrélation et d’attirer l’attention des Sénégalais sur les dangers liés à la forte consommation de riz des Sénégalais.
Le mystère de la dépendance
« Une des missions de l’agriculture est de nourrir les populations urbaines et rurales. Or depuis 1970, l’agriculture sénégalaise a failli à cette mission essentielle, » le constat est du professeur Amadou Tidiane Guiro, Responsable du laboratoire de Nutrition à l’Université de Dakar. Parlant de la situation actuelle que vit le monde, le professeur Guiro d’ajouter que, « la flambée des prix des céréales sur le marché mondial pourrait être un atout pour nos céréales locales, à condition que nous puissions saisir cette opportunité offerte par la période… » Se nourrir avec les produits tirés par l’agriculture sénégalaise, voilà un des enjeux de la Grande offensive agricole pour la Nourriture et l’abondance (Goana), dont quelques esprits politiquement bien ou mal intentionnés, chantent déjà la réussite au moment où l’hivernage n’offre que ses premières récoltes.
Mais, même avec les résultats de cet hivernage 2008, la Goana, chère au président Wade, permettra-t-elle de nourrir convenablement les 11 millions de Sénégalais parmi lesquels les femmes malades, les enfants, les vieilles personnes etc. Permettra-t-elle aux masses paysannes de mettre de côté le riz, pour revenir au Ngourbane (bouillie de mil à base d’arachide et de poisson) ? La question est posée. Mais, sans doute oui, diront les partisans du président de la République, qui au mépris de toute règle de bienséance, (en attendant d’avoir les résultats définitifs de la première année), se bombent le torse sur les écrans de la télévision nationale en parlant de l’immense réussite de la Goana.
La réalité, selon les spécialistes, est qu’aucun pays en Afrique de l’ouest ne peut dire qu’il peut assurer seul son autofinance alimentaire. C’est le point de vue partagé par le Réseau des organisations paysannes et de producteurs africains (Roppa) Dans le processus, la Goana ne devrait être qu’une étape dans la mise en œuvre d’une politique réelle de relance de l’agriculture au Sahel et dans la sous-région. Car au Sénégal, si comme l’ont noté les nutritionnistes, les céréales constituent la base de l’alimentation sénégalaise, il faut encore regretter que près de 72 % des calories céréalières sont apportées par le riz qui est principalement importé. Les produits locaux comme le fonio ont encore du mal à être valorisé en dépit des efforts faits, pour le décorticage et le traitement. D’autres produits comme le manioc qui sert à faire le Gari sont encore consommés très peu dans les familles. Le Maïs aussi comme le niébé ne sont pas au mieux dans les assiettes.
Tout ou presque est pour le riz. Aujourd’hui, le sac de riz de 50 kilogrammes est vendu à près de 20.000 Fcfa. Quel Sénégalais avec une famille moyenne de 10 personnes pourrait se payer deux sacs de 50kg à près 40.000 Fcfa sans compter les charges quotidiennes de la maison ? Dans un contexte où le retour aux céréales locales n’a fait l’objet depuis le début du lancement du projet Goana, d’aucune forme de communication, on peut se demander comment fera l’Etat pour imposer la consommation de ces produits issus de l’agriculture (mil, maïs, niébé, jusqu’au manioc).
Ce défi majeur concerne d’ailleurs, au premier chef, le mil qui constituait 60 % de la production céréalière en année normale. L’autre équation à résoudre, selon les chercheurs, est dans la transformation de certaines céréales comme le maïs, mais aussi des produits de l’agriculture comme le manioc et la patate douce qui devraient connaître une production record. À côté de cela, Wade et son pouvoir déjà très tatillons sur les bons résultats de la campagne arachidière 2000-2001, avec l’affaire des bons impayés, gagneraient plus à mieux organiser la campagne de cette année, au lieu de se pavaner dans des champs virtuels des fois, d’arachide ou de riz, qui font plus la promotion d’un homme politicien qu’autre chose. Les paysans et les consommateurs sénégalais usés par la crise alimentaire, ne sont pas intéressés par ce type d’image. Ils veulent s’inscrire dans une agriculture durable qui part des promesses de l’après-barrage. Ils demandent surtout de l’eau, de l’argent frais et de la nourriture bon marché
source sud quotidien