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PRIÈRE DE CONSULTATION OU ISTIKHAAR : Ces incantations religieuses qui guident nos choix

La prière de consultation pour obtenir une guidance dans un choix à opérer ou « istihaar » est très prisée des Sénégalais. Cette pratique prophétique recommandée pour toute personne confrontée à une décision importante comme un mariage, un voyage ou un travail, est bien comprise par les Sénégalais qui n’hésitent pas à aller voir souvent les marabouts.


Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Septembre 2010 à 03:09 commentaire(s)|

PRIÈRE DE CONSULTATION OU ISTIKHAAR : Ces incantations religieuses qui guident nos choix
Beaucoup de Sénégalais croient à la prière de consultation dite « istihaar ». Ils n’hésitent pas à recourir à un marabout pour avoir les idées plus claires quand il s’agit de prendre une décision comme se marier. Salimata Sène, une jeune fille, confie qu’elle consulte ces marabouts. « Il m’arrive souvent de voir un marabout pour la prière de consultation. C’est une précaution pour m’assurer que l’homme que j’aime est celui de ma vie », déclare-t-elle. « Pour le moment, tout ce qu’il me dit à propos de mon homme est positif, maintenant, il reste à voir ce que l’avenir me réservera », ajoute la demoiselle, avec un sourire aux lèvres.

Bineta Badio, la trentaine dépassée, s’intéresse aussi à cette prière de consultation. « Il est hors de question pour moi de me marier sans faire l’istihaar’. Ce serait mettre ma main au feu », avance-t-elle. Elle poursuit sur un ton convainquant que cette prière est même recommandée par la religion musulmane. « Le Prophète a recommandé ce genre de prière pour tout projet de mariage ou autre que le musulman envisage d’accomplir. Si le projet est bénéfique, il faut voir si les conditions de son exécution sont aussi favorables, sinon Dieu nous en détourne », argumente-t-elle. Pour éviter une mauvaise interprétation, elle fait appel toujours à ceux qui ont de la science dans ce domaine. « Pour plus de certitude, je fais recours à des marabouts », confie-t-elle.

Dans ce lot de Sénégalais qui ont recours à la prière de consultation, figurent les parents. Une mère de famille qui a requis l’anonymat révèle avoir recouru aux services d’un marabout à l’occasion du mariage de son fils et de sa fille. « Pour tous les deux, j’ai vu un marabout qui m’a demandé de faire des offrandes pour un bon déroulement des cérémonies », indique-t-elle. Et d’ajouter avec un brin de satisfaction : « cela fait quatre ans que chacun vit en harmonie avec son conjoint ». « En toute sincérité, je continuerai à voir les marabouts pour qu’ils me fassent cette prière pour mes autres enfants. Je vous assure que c’est plus rassurant et elle permet une bonne orientation pour tout projet que l’on compte entreprendre dans l’avenir », a poursuivi cette maman.

Les hommes aussi, pour y voir plus clair dans leurs projets, font recours à la prière de consultation, notamment quand ils s’apprêtent à se marier. Toutefois, ils le font discrètement, en envoyant soit leur grande sœur ou leur maman. « J’ai l’habitude de faire cette prière. Mais, comme je suis à Dakar, j’appelle souvent ma mère qui va voir un marabout au village pour me faire la prière de consultation », déclare Mamadou Tine, tailleur à la cité Scat Urbam. Célibataire, il entend sacrifier à la tradition au moment de se marier.

« Elle permet une bonne orientation »

« Le jour où je déciderai de me marier, j’enverrai ma maman voir le marabout comme elle a l’habitude de le faire pour mes autres projets. C’est une façon pour moi de m’assurer que mon ménage fonctionnera bien », justifie-t-il.

Amadou Woury Diallo, boutiquier, fait lui-même son « istihaar ». « J’ai fait, personnellement, la prière de la consultation quand je me mariais, puisque que j’ai appris l’invocation que nous avait recommandée le Prophète », dit-il. Mais, pour plus d’assurance, il précise avoir recouru à un marabout plus aguerri. « Pour avoir vraiment la conscience tranquille et le cœur net sur la décision à prendre, car j’avais l’embarras du choix, j’ai demandé à un grand marabout du village de faire la prière pour moi. Par la suite, tout a été clair avec l’aide de Dieu, car j’ai fini par me décider et à prendre la femme qui me convenait le plus », raconte-t-il.

Toutefois, si pour certains l’« istihaar » a donné des résultats positifs, d’autres doutent de ses bienfaits. Aicha Diagne, 35 ans, révèle que, malgré le fait d’avoir fait cette prière qui a suscité en elle un espoir, ses parents ont rejeté la demande en mariage de son copain. « Un jeune homme s’est présenté chez mes parents pour me demander en mariage. Mes parents ont refusé de manière catégorique. Pourtant, j’avais auparavant fait la salat « istihaar » (prière de consultation) et j’étais sereine », dit-elle, ajoutant que malgré ce refus, elle croit toujours à la prière de la consultation. Aminata Diao a vécu la même aventure. « J’ai même vu mon chéri habillé d’un long djellaba blanc. Il y avait de la musique à la télé et mon chéri a pris la télécommande pour zapper. Mon père semblait discuter avec lui, mais avec mépris. L’habit blanc qu’il portait et le fait qu’il avait éteint la musique signifie pour moi qu’il était bon et que c’était quelqu’un de pieux, sinon je ne l’aurais pas vu habillé ainsi. Cela m’a réconforté dans l’idée d’en parler avec mon père. A ma grande surprise, quand j’ai annoncé la nouvelle à mon papa, il était contre et il est resté sur sa position. Je ne sais plus si je dois continuer à y croire ou si je dois prendre cette réponse négative de mon père comme la décision finale d’Allah comme quoi qu’il n’est pas le mari souhaité ».

Mariée depuis une dizaine d’années, Fatou, appelons-là ainsi, puisqu’elle préfère parler sous le couvert de l’anonymat, avoue avoir fait l’« istihaar » avant son mariage. « Je l’ai fait pour me rassurer », explique cette dame qui travaille dans une société de la place et dont le « grand père faisait l’’istihaar’ ». Massamba Ngom, éducateur spécialisé et chef de service départemental de l’Aemo de Bignona, fait souvent de l’ « istihaar » pour avoir le cœur net sur ces entreprises. Il assure : « J’ai eu à le faire assez souvent et, parfois même, au téléphone. Soit je décline mon prénom et nom et celui de ma maman et le besoin, soit on me demande juste mon prénom et nom. Et quand je rappelle le marabout, il me dit ce qu’il faut faire de même que les sacrifices ». A l’en croire, « tous les musulmans sans exception devraient en faire usage en cas de décision à prendre au lieu d’aller voir les voyants, parce que ceci est contraire à la religion ». La voyance et l’« istihaar » préoccupent les Sénégalais. Et certains médiats l’on bien compris en mettant l’accent sur des émissions thématiques. Au niveau de plusieurs radios de la place, une bonne place est faite à ces émissions. Ce qui constitue une entrée d’argent importante, les auditeurs se bousculant sur un serveur on ne peut plus coûteux.


Maguette GUEYE DIEDHIOU et Aly DIOUF
Source Le Soleil

(Plus d'informations demain sur leral .net)


1.Posté par Bozz le 16/09/2010 10:23 | Alerter
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"istihaar",ou "seet", le sénégalais est très encrés dans ces pratiques.Guide opu pas,ils ont un effet psychologique sur nos mentalités.