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PROMESSE - Césaire, l’oublié du panthéon wadien

Dans la douleur vécue lors du rappel à Dieu de Aimé Césaire, le poète martiniquais qui avait toujours, de son vivant, considéré le Sénégal de son ami Senghor comme «sa seconde patrie», le Président Wade avait promis de rendre un hommage solennel à l’illustre disparu. Il avait annoncé la mise sur pied d’une commission à cet effet. L’écrivain, poète et philosophe, Hamidou Dia en faisait partie. Depuis, ce sont des rendez-vous manqués ou différés, alors même que d’autres pays africains, moins en proximité avec Césaire, se sont acquittés de cette dette avec l’une des dernières consciences universelles.


Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Octobre 2008 à 12:28 | | 0 commentaire(s)|

PROMESSE - Césaire, l’oublié du panthéon wadien
Hamidou Dia, l’écrivain, poète et philosophe, qui a eu l’honneur d’échanger plusieurs fois avec Aimé Césaire, se dit meurtri, navré, saisi par le doute et l’incompréhension, que le Sénégal n’ait pas encore honoré sa dette vis-à-vis du défunt poète martiniquais, Aimé Césaire. Le Président Wade avait pourtant promis de rendre un hommage à ce dernier. Mais depuis, rien ; sinon des rendez-vous manqués, des dates différées, sans raison. Hamidou Dia confie pourtant avoir été le premier à suggérer au Président Wade la nécessité pour la Nation sénégalaise de «rendre un hommage solennel à Césaire qui avait une tendresse particulière pour le Sénégal qu’il a visité à plusieurs reprises en se rendant une fois jusqu’en Casamance». Il y a, ensuite, ce lien plus qu’affectif, presque parental, que Césaire nouait avec le pays à travers sa sœur, Mme Wiltord qui a longtemps servi dans notre pays, mais aussi son frère Jacques Césaire, alors animateur d’une célèbre émission à la télévision nationale, Kaléidoscope.

Hamidou Dia rappelle aussi combien Césaire était attaché au pays de Senghor qu’il a toujours considéré comme «sa seconde patrie». M. Dia ne comprend pas le laxisme dans l’organisation de l’hommage promis à Césaire qui soutenait, de son vivant, que tous les Martiniquais devraient effectuer un pèlerinage au Sénégal, car ils «resteraient toujours aveugles par rapport à leur histoire, s’ils ignoraient leurs racines africaines». Peut-on pardonner cet oubli des vivants envers un mort qui, «en plein midi de son existence», fut le parrain de l’un des plus grands événements cultuels en Afrique : le Festival des Arts nègres en 1969 ? Cet oubli est d’autant plus insupportable que le monde entier sait le compagnonnage et la complicité intellectuelle entre Senghor et Aimé Césaire au sein du mouvement de la Négritude dont, d’ailleurs, la paternité du mot appartient au défunt poète martiniquais, auteur du très célèbre Cahier d’un retour au pays natal.

INCOMPREHENSION


«Pour tout cela, fait remarquer Hamidou Dia, le Sénégal devait être le premier pays à rendre l’hommage de la Nation à Césaire.» C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il avait proposé la fabrication d’une plaque dans laquelle vont figurer les trois photos de pères fondateurs de la Négritude (Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire). Plusieurs fois, on a demandé à Hamidou Dia de faire des chronogrammes, d’abord pour le 26 juin, ensuite pour le 9 octobre 2008, date symbolique de l’anniversaire de la disparition de Léopold Sédar Senghor.

Hamidou Dia avait proposé que l’hommage à Aimé Césaire se déroule à la Place du Souvenir avec une portée éducative, précisément la confection de tee-shirts à l’effigie du poète disparu et sur lesquels seront inscrites ses phrases significatives. Depuis, en réponse, Hamidou Dia n’a reçu que des échos silencieux. Ce qui, pour lui, est «incompréhensible vis-à-vis de Aimé Césaire qui est la dernière conscience universelle, la grande voix de l’Afrique qu’il considérait comme «un cœur de réserve», et de la diaspora». «Je suis meurtri, compte tenu de tout cela, que le Sénégal ne lui ait toujours pas rendu un hommage, surtout par manque d’organisation.

Or, notre pays a une dette vis-à-vis de Césaire», se désole Hamidou Dia. Ce dernier, comme marquer par cette promesse encore non tenue qui est une faute envers les vivants, se souvient que «quand Césaire est mort, personne n’a parlé ce jour-là, sauf le maire de la Martinique et le Sénégal par la voix de son ministre de la Culture, Mame Birame Diouf». Son incompréhension est d’autant plus fondée qu’aujourd’hui on parle de renaissance africaine. Or, on ne peut parler de renaissance africaine et ignorer Césaire, «ses armes miraculeuses». Et Hamidou Dia de faire remarquer que «Césaire a réfuté par avance le discours de Sarkozy à Dakar dans son «Discours sur le colonialisme», la tragédie des indépendances avec «Une saison au Congo» consacré à la mort de Lumumba». A la limite, notre interlocuteur se demande si les intellectuels n’auraient pas dû prendre les devants, afin que les politiques suivent.


Alors que les lumières se sont éteintes sur le sommet de la Francophonie, Hamidou Dia rappelle que Césaire, au début, était réfractaire à cette Francophonie qu’il considérait comme une manière déguisée de perpétuer l’impérialisme, mais par la suite, il avait fini par se réconcilier avec la Francophonie au nom du principe de la diversité. En définitive, Hamidou Dia considère Césaire comme «l’oublié du panthéon wadien».
source le quotidien

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