Ce mardi 5 avril, le journal Le Monde, associé au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) de Washington, a publié de nouvelles révélations liées à l’affaire des «Panama Papers».
Selon le quotidien, deux proches de Marine Le Pen - Nicolas Crochet et Frédéric Chatillon - ont mis en place un système offshore sophistiqué entre Hong kong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama. Le but: sortir de l’argent de France (316.000 euros), au moyen de sociétés écrans et de fausses factures avec la volonté d’échapper aux services anti-blanchiment français.
«Le banquier de la boulangère de Le Pen impliqué»
Ancien dirigeant du Groupe uniondéfense (GUD), groupuscule étudiant d’extrême droite, Frédéric Chatillon connaît Marine Le Pen depuis ses études à l’université de droit d’Assas au début des années 90. Se sachant visé par cette affaire, il a d’ailleurs anticipé les révélations du Monde en assurant lundi sur Facebook que ce système avait été monté en «toute légalité» et que «le Front national n’a rien à voir ni de près ni de loin avec cette affaire privée».
Florian Philippot a également exposé lundi soir sur iTÉLÉ, les raisons pour lesquelles cette affaire n’aurait rien à voir avec le parti frontiste et a prévenu que tout ce qui sera fait pour essayer de relier cela au FN serait «tout simplement de la diffamation». Il ajoutait:
Marine Le Pen, quant à elle, ne s’est pas encore exprimée et Wallerand de Saint-Just contacté par BuzzFeed News n’a pas souhaité commenter l’affaire.
Le FN est-il impliqué par ces révélations?
Devant des juges qui l’avaient interrogé lors d’une enquête, Frédéric Chatillon avait indiqué que cette opération avait pour but de rendre service à une amie. «Une explication peu convaincante», écrit toutefois Le Monde qui met en avant la complexité des chemins financiers empruntés.
Si les magistrats ont soupçonné un temps que cet argent avait pu in fine retourner au Front national, l’enquête n’a toutefois pas établi de liens avec le parti. Il serait donc faux en effet de dire que cet argent exfiltré a servi à financer le parti de Marine Le Pen.
Mais pour défendre l’honorabilité du parti, Florian Philippot prend aussi des distances avec Nicolas Crochet et Frédéric Chatillon en assurant qu’ils ne sont pas vraiment liés au parti.
Frédéric Chatillon bien lié au Front national
Sur iTÉLÉ ce mardi, l’eurodéputé ajoute que «de toute façon M. Chatillon n’a aucune responsabilité au Front national». Problème: le lien entre le parti de Marine Le Pen et Frédéric Chatillon est évident.
Cet ancien militant très radical est connu pour être un rouage essentiel de l’équipe de Marine Le Pen notamment par le biais de sa société Riwal qui était le plus important prestataire du FN en 2012. En janvier dernier, il a ainsi été mis en examen dans le cadre de l’information judiciaire concernant le financement des campagnes électorales du FN pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012.
Mais Chatillon n’est pas qu’un «ancien» proche du FN. Selon une enquête deMarianne, cet ex-gudard prépare aussi la campagne présidentielle de l’année prochaine depuis un QG de campagne officieux situé dans le 16e arrondissement de Paris.
BuzzFeed News a d’ailleurs pu le photographier à l’université d’été du FN en septembre dernier en compagnie des responsables de la sécurité du parti. Et ce,même si la justice l’interdit d’entretenir une «relation commerciale directe ou indirecte avec le FN dans le cadre des élections».
Nicolas Crochet payé par Le Pen, facture à l’appui
Enfin, Nicolas Crochet qui apparaît aussi dans le listing des Panama Papers est loin d’être inconnu parmi des frontistes. Cet homme est en effet l’un des deux commissaires aux comptes qui a certifié le bilan annuel de Jeanne en 2011, qui n’est autre que le micro-parti de Marine Le Pen.
Expert-comptable, il a également dirigé le cabinet Amboise Audit dans lequeltravaillait l’élu FN Jean-François Jalkh en 2012 et était candidat aux législatives de ce même parti en 1992.
Ce mardi midi encore sur iTÉLÉ, Florian Philippot a ajouté que Nicolas Crochet «n’a pas écrit une ligne du programme économique de Marine Le Pen», contrairement à ce qui avait été écrit dans la presse.
Pourtant, l’intéressé lui-même revendiquait sa collaboration avec la présidente du FN. «Oui, j’étais l’un des conseillers économiques de Marine Le Pen», confirmait-il à Rue89 en février 2015. Et une facture publiée parMediapart et adressée à Marine Le Pen en février 2012, montrait qu’il avait été payé 59.800 euros pour ses précieux conseils.
Enfin, il occupait également la fonctionde «tiers-payant» pour les eurodéputés frontistes avant d’être lui aussi mis en examen dans l’enquête sur le financement du FN et de ses campagnes.
Contacté par BuzzFeed News, il n’a pas donné suite.