Panne d'électricité en Espagne: Retour progressif à la normale, une commission d'enquête nommée

L'électricité est quasiment complètement rétablie, mardi 29 avril, en Espagne et au Portugal, près de vingt heures après une coupure de courant massive et exceptionnelle qui a semé le chaos dans toute la péninsule ibérique, et dont l'origine reste à ce stade, inconnue. Les autorités des deux pays s'efforcent d'établir les causes de cette panne, d'une ampleur rarement égalée en Europe, et ont écarté la piste d'une cyberattaque.

Le gouvernement espagnol a annoncé la création d'une commission d'enquête qui sera chapeautée par le ministère de la Transition écologique sur les causes de la méga-panne, a annoncé le Premier ministre Pedro Sánchez. Toutes « les mesures nécessaires seront prises pour que cela ne se reproduise pas », a aussi assuré le Premier ministre, lors d'une conférence de presse ce mardi à la mi-journée, à l'issue d'une réunion de crise, affirmant par ailleurs qu'il allait placer les « opérateurs privés » du secteur électrique devant « leurs responsabilités ». Selon Pedro Sanchez, la méga-panne électrique n'est pas liée à un manque d'énergie nucléaire, rapporte l'Agence France presse.

Plus tôt ce mardi, le directeur des opérations du réseau électrique espagnol (Red electrica), Eduardo Prieto avait écarté la piste d'une cyberattaque, assurant n'avoir détecté « aucune intrusion » dans ses systèmes de contrôle.

Début de polémique politique

Depuis hier soir, plusieurs responsables politiques accusent le gouvernement d’avoir mal géré la crise : une communication « désastreuse » et des décisions tardives ou inexistantes… Les critiques viennent notamment de Vox, le parti d’extrême-droite, mais aussi du chef du parti populaire à droite ou du président de la région de Murcie.


À gauche, Podemos ne veut pas entrer dans la polémique tout de suite, le parti préfère consacrer cette journée à remercier les agents des services publics du pays.

Le retour à la normale en marche

Après dix-sept heures de panne, depuis 06h00 ce mardi matin (heure locale, 04h00 TU) l’électricité est revenue en Espagne, sur plus de 99% du territoire, indiquait notre correspondante en Espagne, Elise Gazengel.

Les Espagnols se sont donc réveillés progressivement avec de la lumière et retrouvent leur vie normale, même s’il reste encore beaucoup de problèmes, notamment pour les transports. Seules Barcelone et Bilbao ont pour le moment rétabli leur service de métro. À Madrid, la circulation des métros a repris partiellement. « Nous continuons à travailler pour rétablir le service », a annoncé sur le réseau social X la régie des transports madrilènes, en recommandant aux habitants de prendre le bus. Pour les trains de banlieue, c’est encore très compliqué partout dans le pays.

En revanche, les lignes à grande vitesse semblent presque toutes rétablies, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe. Le trafic reste cependant suspendu sur plusieurs autres grands axes, les autorités ayant donné la priorité au rétablissement des trains suburbains, après une journée de chaos où des centaines de passagers ont passé une partie de la nuit dans des trains.

Les écoles sont ouvertes ce mardi, mais surtout pour accueillir les enfants : la plupart annoncent qu’aucun cours réel ne sera donné.

À Bilbao, entre panique et résilience

Ce mardi matin, dès 07h00 à Bilbao, au Pays-Basque espagnol, il y avait déjà beaucoup de circulation, rapportent nos envoyés spéciaux, Julien Chavanne et Boris Vichith. Des joggeurs, des voitures et des habitants en route pour le travail, comme Mikael, étudiant infirmier à l’hôpital de Bilbao : « Je voulais prendre le train, mais il n'y en a pas. J'espère qu'il y a un métro, je vais essayer et on verra comment on s'en sort », nous explique-t-il.

Le courant était rapidement revenu ici lundi en fin d’après-midi. Mais la panne générale a évidemment surpris tout le monde. Mikael a eu un petit moment de panique : « Tout à coup, nous avons vu que toute la lumière s’était éteinte. Et bien sûr, dans un hôpital, c’est dangereux. Nous l'avons récupéré immédiatement là-bas, parce qu'il y a des générateurs et tout, mais c’était primordial qu’on ait de la lumière. »

Le mot « cancelado » (« annulé » en français) s’affichait partout sur l’écran de la gare de Bilbao. Une trentaine de personnes attendaient encore ce matin dans le hall, sans savoir quand elles pourraient partir. Libé doit aller à Valladolid dans le centre : « Nous avions un train à 07h00 du matin. Nous sommes arrivés à 06h30 et il était déjà annulé. Ils nous ont dit qu’il y avait du courant, mais que la communication n’était pas possible, alors nous attendons. Nous ne savons encore rien. Rien du tout, personne ne sait rien, personne ne tire de conclusions ou quoi que ce soit. » Libé a pu finalement partir. Le trafic est revenu à la normale vers 08h30, heure locale.

Reste enfin à déterminer les causes de cette panne gigantesque. Comment l’Espagne a pu perdre l’équivalent de 60% de sa consommation en cinq secondes ? Lundi soir, Pedro Sanchez déclarait que toutes les hypothèses étaient toujours examinées, tout en demandant à la population de ne pas spéculer.

Rfi