C’est comme s’ils s’étaient passés le mot. Tous les membres de sa famille trouvés à Pikine Icotaf à quelques encablures du groupe scolaire Gaindé Fatma sont unanimes : « Pape Amadou Mbodji s’emporte vite ». Mais sa fiancée met son véto. « Dans le professionnel, il est posé », place Diariatou Ly qui use du même subterfuge pour barrer la route à toutes ces filles qui rôdent autour de son prince charmant.
Tout ce que l'on puisse dire, c'est que ce jeune de la banlieue dakaroise a réussi pour un coup d’essai un coup de maître. La première édition de la Nuit des calebasses de l’excellence awards organisée dans un hôtel de la place l’a extirpé du cercle des jeunes désœuvrés de cette large frange de la population dakaroise. C’est parce que l’enfant de Pikine Tally Icotaf a très trop compris le sens de son existence. A 26 ans, Pape Mbodj entreprend à l’instar des grands de ce pays. L’organisation d’évènements, c’est le dada de ce petit-fils de Kabirou Mbodj, ancien maire de Pikine. Sa tasse de thé.
Déjà en 2007, alors qu’il n’avait que 22 ans, Pape Amadou Mbodji initia une journée d’aide aux démunis de son quartier. Il met à contribution le mois de diète des musulmans, notamment le ramadan pour aller au chevet des nécessiteux. Ne lâchant pas du lest, la même année, il suivait une formation en gestion des entreprises à Saint-Michel. En 2011, son sésame, une licence en Gestion des entreprises, en poche, le natif de Pikine qui a les yeux rivés sur l’avenir porte sur les fonts baptismaux sa propre entreprise. Sen AIAT- une entreprise qui s’occupe d’agronomie, d’immobiliers et d’automobiles - venait de naitre. Comme le fils de Ndèye Coumba Diouf aime partager, il crée en même temps l’Opees (Office des petites entreprises émergentes du Sénégal).
Son carnet d’adresse s’enrichit. Mais Pape reste humble. Et n’oublie pas ses origines modestes. Pour faire montre d’une modestie inouïe, il conduit dans sa chambre qu’il partage avec son ami d’enfance Fallou Niang. Un matelas posé à même le…plancher est le décor sobre de cette pièce où il git avec celui qui le présente comme « un battant qui aime bien ses parents ».
Le parisien
Mais Pape Amadou Mbodj présenté comme un casanier, n’est pas aussi modeste qu’il veut le faire croire. Sa sœur raconte une anecdote qui va à l’encontre de ce beau tableau qu’il veut présenter de sa personne. Anta Mbodj : « en 2000, on s’est rendu à Gorée. Une fois sur place, Pape est devenu un parisien. Il ne voulait plus parler wolof ». Une façon pour ce pikinois au corps rachitique de faire le malin. Il s’en défend. Et laisse le soin aux siens de le dépeindre sous meilleurs jours. Ils s’en donnent à cœur joie. Du pater à la mère, en passant par la cousine. Même son neveu Abdoulaye Dia, un bon préparateur de thé, est de la partie. « Pape est quelqu’un de très disponible et de très généreux », témoigne-t-il sous le contrôle de son oncle qui ne peut s’empêcher de placer un rictus.
Pourtant la vie n’a pas toujours eu droit à ce petit sourire de coin de la part de la vie. Déjà, pour obtenir son baccalauréat, il a fallu qu’il le passe trois fois de suite. Son courage, son seul compagnon lui a facilité les choses. C’est de la même façon qu’il a su monter Special Event Senegal, organisatrice des calebasses awards en 2011. Prévu en juin dernier, cette grande nuit n’a pu se tenir qu’au mois de décembre. Le défaut de sponsors y est pour quelque chose. Mais c’est mal connaitre Pape Mbodji qui marchait de Dakar à Pikine pour voir son bébé naitre. Son ami Fallou Niang dit : « Il nous est arrivé de marcher de Dakar à Pikine car on n’avait pas le prix du transport ». Mais au soir du 17 décembre dernier, les choses semblaient meilleures. Le sourire en bandoulière, Pape Amadou Mbodj ne peut qu’être fier de son exploit. De sa prouesse.
Copinages
Mais le choix porté sur quelques lauréats n’en reste pas moins l’objet de critiques. Pour d’aucuns, il a primé ses amis. Bégayant, Pape tente de s’expliquer. Pour le cas de Mbathio Ndiaye qui a reçu le prix Ndèye Khady Niang de la meilleure danse de l’année 2011, il argue que plusieurs éléments ont été pris en compte. « Déjà, il faut que la danseuse ait une réputation saine, qu’elle ne soit pas mêlée à des frasques. Mais ce que ces gens qui émettent des réserves sur le choix de Mbathio ignorent, c’est qu’elle a bénéficié du vote de ses partisans ». Il semble oublier que la danseuse a fait les choux gras de la presse dans une affaire de vol de portable et a été « enceintée » par la rumeur. Mais bon…
C’est la même tactique qu’il met en œuvre pour légitimer le prix décerné à Papis Niang Art-bi. Pour le cas de Pape Moussa Sonko qui est sacré meilleur danseur, Pape Mbodji n’a pas trouvé nécessaire de s’expliquer puisque pour lui « Le récipiendaire du prix Alla Seck est sans conteste le danseur le plus en vue au Sénégal ».
Trop politique
Toutefois, les griefs contre ce jeune entrepreneur continuent de pleuvoir. Il lui est reproché la politisation de la nuit des calebasses awards. Pour cause, le député Aliou Dia était la star de l’évènement. « Aliou Dia a été choisi pour le travail qu’il a fait pour le monde paysan et non pour ses convictions politiques », se défend celui qui préconise un gouvernement de sortie de crise pour remettre les sénégalais au travail.
Pape Amadou Mbodji se donne comme viatique de puiser dans les eaux de la sous-région ouest africaine pour faire de son « bébé » une affaire continentale. En a-t-il les moyens ? En tout cas, il en a la foi. Et sa famille est soudée derrière lui pour l’aider à accomplir ses rêves les plus fous. Ils en ont montré les prémices…
Abdou Khadre Cissé
Tout ce que l'on puisse dire, c'est que ce jeune de la banlieue dakaroise a réussi pour un coup d’essai un coup de maître. La première édition de la Nuit des calebasses de l’excellence awards organisée dans un hôtel de la place l’a extirpé du cercle des jeunes désœuvrés de cette large frange de la population dakaroise. C’est parce que l’enfant de Pikine Tally Icotaf a très trop compris le sens de son existence. A 26 ans, Pape Mbodj entreprend à l’instar des grands de ce pays. L’organisation d’évènements, c’est le dada de ce petit-fils de Kabirou Mbodj, ancien maire de Pikine. Sa tasse de thé.
Déjà en 2007, alors qu’il n’avait que 22 ans, Pape Amadou Mbodji initia une journée d’aide aux démunis de son quartier. Il met à contribution le mois de diète des musulmans, notamment le ramadan pour aller au chevet des nécessiteux. Ne lâchant pas du lest, la même année, il suivait une formation en gestion des entreprises à Saint-Michel. En 2011, son sésame, une licence en Gestion des entreprises, en poche, le natif de Pikine qui a les yeux rivés sur l’avenir porte sur les fonts baptismaux sa propre entreprise. Sen AIAT- une entreprise qui s’occupe d’agronomie, d’immobiliers et d’automobiles - venait de naitre. Comme le fils de Ndèye Coumba Diouf aime partager, il crée en même temps l’Opees (Office des petites entreprises émergentes du Sénégal).
Son carnet d’adresse s’enrichit. Mais Pape reste humble. Et n’oublie pas ses origines modestes. Pour faire montre d’une modestie inouïe, il conduit dans sa chambre qu’il partage avec son ami d’enfance Fallou Niang. Un matelas posé à même le…plancher est le décor sobre de cette pièce où il git avec celui qui le présente comme « un battant qui aime bien ses parents ».
Le parisien
Mais Pape Amadou Mbodj présenté comme un casanier, n’est pas aussi modeste qu’il veut le faire croire. Sa sœur raconte une anecdote qui va à l’encontre de ce beau tableau qu’il veut présenter de sa personne. Anta Mbodj : « en 2000, on s’est rendu à Gorée. Une fois sur place, Pape est devenu un parisien. Il ne voulait plus parler wolof ». Une façon pour ce pikinois au corps rachitique de faire le malin. Il s’en défend. Et laisse le soin aux siens de le dépeindre sous meilleurs jours. Ils s’en donnent à cœur joie. Du pater à la mère, en passant par la cousine. Même son neveu Abdoulaye Dia, un bon préparateur de thé, est de la partie. « Pape est quelqu’un de très disponible et de très généreux », témoigne-t-il sous le contrôle de son oncle qui ne peut s’empêcher de placer un rictus.
Pourtant la vie n’a pas toujours eu droit à ce petit sourire de coin de la part de la vie. Déjà, pour obtenir son baccalauréat, il a fallu qu’il le passe trois fois de suite. Son courage, son seul compagnon lui a facilité les choses. C’est de la même façon qu’il a su monter Special Event Senegal, organisatrice des calebasses awards en 2011. Prévu en juin dernier, cette grande nuit n’a pu se tenir qu’au mois de décembre. Le défaut de sponsors y est pour quelque chose. Mais c’est mal connaitre Pape Mbodji qui marchait de Dakar à Pikine pour voir son bébé naitre. Son ami Fallou Niang dit : « Il nous est arrivé de marcher de Dakar à Pikine car on n’avait pas le prix du transport ». Mais au soir du 17 décembre dernier, les choses semblaient meilleures. Le sourire en bandoulière, Pape Amadou Mbodj ne peut qu’être fier de son exploit. De sa prouesse.
Copinages
Mais le choix porté sur quelques lauréats n’en reste pas moins l’objet de critiques. Pour d’aucuns, il a primé ses amis. Bégayant, Pape tente de s’expliquer. Pour le cas de Mbathio Ndiaye qui a reçu le prix Ndèye Khady Niang de la meilleure danse de l’année 2011, il argue que plusieurs éléments ont été pris en compte. « Déjà, il faut que la danseuse ait une réputation saine, qu’elle ne soit pas mêlée à des frasques. Mais ce que ces gens qui émettent des réserves sur le choix de Mbathio ignorent, c’est qu’elle a bénéficié du vote de ses partisans ». Il semble oublier que la danseuse a fait les choux gras de la presse dans une affaire de vol de portable et a été « enceintée » par la rumeur. Mais bon…
C’est la même tactique qu’il met en œuvre pour légitimer le prix décerné à Papis Niang Art-bi. Pour le cas de Pape Moussa Sonko qui est sacré meilleur danseur, Pape Mbodji n’a pas trouvé nécessaire de s’expliquer puisque pour lui « Le récipiendaire du prix Alla Seck est sans conteste le danseur le plus en vue au Sénégal ».
Trop politique
Toutefois, les griefs contre ce jeune entrepreneur continuent de pleuvoir. Il lui est reproché la politisation de la nuit des calebasses awards. Pour cause, le député Aliou Dia était la star de l’évènement. « Aliou Dia a été choisi pour le travail qu’il a fait pour le monde paysan et non pour ses convictions politiques », se défend celui qui préconise un gouvernement de sortie de crise pour remettre les sénégalais au travail.
Pape Amadou Mbodji se donne comme viatique de puiser dans les eaux de la sous-région ouest africaine pour faire de son « bébé » une affaire continentale. En a-t-il les moyens ? En tout cas, il en a la foi. Et sa famille est soudée derrière lui pour l’aider à accomplir ses rêves les plus fous. Ils en ont montré les prémices…
Abdou Khadre Cissé