Au Sénégal, après plus d’une décennie de régime libéral, le président Macky Sall, dépositaire d’un patrimoine national doit faire face à bon nombre d’obstacles. Par conséquent, si son régime entend incarner un gouvernement de rupture en promettant d’adopter la sobriété, l’humilité et la rigueur, force est de constater que l’actuel locataire du palais peut trouver du mal à élaborer ce nouveau paradigme en matière de conception de politique de développement. Dès lors, s’attaquer d’abord aux vrais problèmes qui gangrènent la société sénégalaise avec courage et détermination ne serait pas un crime, encore moins une abomination. Le nouveau gouvernement a bien hérité d’un déficit budgétaire de 7,4% du PIB et il est tout à fait normal de prendre des mesures drastiques pour juguler cet énorme creux. Mais il serait difficile de redresser la barre dans un pays où le civisme et le patriotisme s’effritent. La désobéissance aux règles de citoyenneté, l’expression sans gêne d’une remise en cause de l’ordre établi et de l’autorité légitime, sont devenues de véritables psychoses auxquelles l’Etat doit faire face audacieusement, sans complaisance. Dans ces temps de crises économique et sociale, le besoin de s’attaquer à l’anarchie et au désordre est une entreprise à la fois essentielle et incontournable pour surmonter les difficultés et se préparer à affronter les défis du siècle.
L’occupation anarchique des voiries, le comportement déplorable sur les routes, la recrudescence de l’insalubrité permanente surtout dans Dakar la capitale, montrent encore une fois que les responsabilités sont partagées. Il s’agit de prime abord, d’interpeller le citoyen sénégalais qui, par devoir, est appelé à se conformer aux principes inaliénables du civisme. Deuxièmement, l’effort d’assainissement et d’aménagement du territoire incombe bien à l’Etat, mais il ne saurait le réussir sans l’apport de tous, pour gommer définitivement ce visage hideux du Sénégal. Aujourd’hui, les trottoirs doivent retrouver leur liberté et nos villes leur propreté, seuls espaces du territoire national qui s’amoindrit, conséquence de la surenchère foncière et du bazar. Désengorger les avenues et les grandes artères est un véritable travail de titan car il s’agit en même temps, de recaser les déguerpis, sans quoi ils continueront de déclarer la guerre au pouvoir. L’exemple le plus illustratif est celui des marchands ambulants qui s’adonnent à un métier générant une croissance économique non négligeable. Mais, aucun recasement ne serait possible sans un travail d’identification et de recensement par secteur d’activité.
Si Dakar est dans un engorgement croissant cela est aussi dû jusque là, à l’échec, de la politique de décentralisation, laquelle consiste par exemple, à la fondation d’une nouvelle capitale, afin de revaloriser et rendre attrayantes les autres régions en luttant contre la macrocéphalie. Dakar à elle seule enregistre plus de 25% de la population totale, soit 3215255 habitants en 2011 contre 300000 habitants en 1960 pour seulement 0,28% du territoire national, soit 55000 hectares. Absorbant plus de 85% du tissu productif national, la capitale sénégalaise subit de plein fouet le phénomène du déséquilibre socioéconomique entrainant ainsi, une croissance urbaine difficile à maitriser. L’espoir de réussite que suscite la ville en Afrique surtout pour le monde paysan, découle de l’absence d’une véritable rupture de politique agricole depuis la fin de la colonisation. Une agriculture pluviale orientée généralement sur la persistance de l’économie de traite a encore du mal à enrayer le monopole de l’arachide et à occuper le paysan plus de trois mois sur douze. Cette pistache bien qu’utile, servait de produit de substitution suite à l’abolition de la traite négrière et à la crise de la gomme arabique. Il est alors crucial pour l’Etat de rompre avec la monoculture de rente en modernisant et en valorisant la diversification de ce secteur, moteur de croissance et de lutte contre la pauvreté.
Face à l’internationalisation des économies et au libéralisme sauvage en Afrique, il est temps de doter nos appareils étatiques de systèmes de gouvernement qui nous sont propres tout en s’ouvrant au reste du monde. Ceux hérités de la colonisation vont à l’antipode des défis de la politique de rupture. Quand un pays perd de plus en plus son identité politique et culturelle, il emprunte la voie des suiveurs. L’adage wolof ne dit il pas que : « Ku eumb sa sankal eumb sa suturė » ? Je ne joue pas les cassandre, mais en voilà encore un obstacle de taille ! Il s’y ajoute la culture de l’ignorance et celle des festivités qui ne cessent de conduire la jeunesse dans un obscurantisme alarmant. Cette jeunesse n’a plus de repère et les valeurs ancestrales comme la dignité, l’abnégation, le courage d’affronter avec philosophie les épreuves de la vie ont pris congé de notre paysage donnant naissance désormais, au clientélisme, au fatalisme et au culte du favoritisme. Devons-nous privilégier le pouvoir et l’avoir à la place du savoir ?
Répondre aux préoccupations des sénégalais c’est aussi accorder à la recherche scientifique, au savoir et à l’innovation une place capitale dans la conception des plans de redressement national. Notre génie créatif et notre capacité organisationnelle doivent être pris en considération depuis les hautes instances de décision. Il va falloir en faire, un cheval de bataille afin de mieux assimiler professionnalisation et méthode de travail en responsabilisant chercheurs, universitaires, associations. La démagogie politicienne et le hameçonnage ne pourront pas hisser les secteurs comme l’éducation, la santé et l’agriculture à un niveau escompté. Autant d’obstacles dans l’héritage post-Wade qui font qu’il serait difficile pour le président Macky Sall de s’ériger en messie sauveur ou en Picasso politique. Attendre tout de lui, les yeux fermés et les mains grandement ouvertes n’est pas la solution. Chaque sénégalais, où qu’il se trouve quelle que soit sa profession peut jouer un rôle capital dans la construction nationale par son patriotisme, son civisme, sa dignité au travail tout en sachant au plus profond de lui-même, que le vent de la conscientisation collective a soufflé et que les peuples n’accepteront plus que l’on fasse l’histoire à leur place.
Dr Daouda DIOP, historien-économiste
Diplômé de l’Université de Strasbourg
Croissance économique/Inégalités entre nations
diop.d@laposte.net
L’occupation anarchique des voiries, le comportement déplorable sur les routes, la recrudescence de l’insalubrité permanente surtout dans Dakar la capitale, montrent encore une fois que les responsabilités sont partagées. Il s’agit de prime abord, d’interpeller le citoyen sénégalais qui, par devoir, est appelé à se conformer aux principes inaliénables du civisme. Deuxièmement, l’effort d’assainissement et d’aménagement du territoire incombe bien à l’Etat, mais il ne saurait le réussir sans l’apport de tous, pour gommer définitivement ce visage hideux du Sénégal. Aujourd’hui, les trottoirs doivent retrouver leur liberté et nos villes leur propreté, seuls espaces du territoire national qui s’amoindrit, conséquence de la surenchère foncière et du bazar. Désengorger les avenues et les grandes artères est un véritable travail de titan car il s’agit en même temps, de recaser les déguerpis, sans quoi ils continueront de déclarer la guerre au pouvoir. L’exemple le plus illustratif est celui des marchands ambulants qui s’adonnent à un métier générant une croissance économique non négligeable. Mais, aucun recasement ne serait possible sans un travail d’identification et de recensement par secteur d’activité.
Si Dakar est dans un engorgement croissant cela est aussi dû jusque là, à l’échec, de la politique de décentralisation, laquelle consiste par exemple, à la fondation d’une nouvelle capitale, afin de revaloriser et rendre attrayantes les autres régions en luttant contre la macrocéphalie. Dakar à elle seule enregistre plus de 25% de la population totale, soit 3215255 habitants en 2011 contre 300000 habitants en 1960 pour seulement 0,28% du territoire national, soit 55000 hectares. Absorbant plus de 85% du tissu productif national, la capitale sénégalaise subit de plein fouet le phénomène du déséquilibre socioéconomique entrainant ainsi, une croissance urbaine difficile à maitriser. L’espoir de réussite que suscite la ville en Afrique surtout pour le monde paysan, découle de l’absence d’une véritable rupture de politique agricole depuis la fin de la colonisation. Une agriculture pluviale orientée généralement sur la persistance de l’économie de traite a encore du mal à enrayer le monopole de l’arachide et à occuper le paysan plus de trois mois sur douze. Cette pistache bien qu’utile, servait de produit de substitution suite à l’abolition de la traite négrière et à la crise de la gomme arabique. Il est alors crucial pour l’Etat de rompre avec la monoculture de rente en modernisant et en valorisant la diversification de ce secteur, moteur de croissance et de lutte contre la pauvreté.
Face à l’internationalisation des économies et au libéralisme sauvage en Afrique, il est temps de doter nos appareils étatiques de systèmes de gouvernement qui nous sont propres tout en s’ouvrant au reste du monde. Ceux hérités de la colonisation vont à l’antipode des défis de la politique de rupture. Quand un pays perd de plus en plus son identité politique et culturelle, il emprunte la voie des suiveurs. L’adage wolof ne dit il pas que : « Ku eumb sa sankal eumb sa suturė » ? Je ne joue pas les cassandre, mais en voilà encore un obstacle de taille ! Il s’y ajoute la culture de l’ignorance et celle des festivités qui ne cessent de conduire la jeunesse dans un obscurantisme alarmant. Cette jeunesse n’a plus de repère et les valeurs ancestrales comme la dignité, l’abnégation, le courage d’affronter avec philosophie les épreuves de la vie ont pris congé de notre paysage donnant naissance désormais, au clientélisme, au fatalisme et au culte du favoritisme. Devons-nous privilégier le pouvoir et l’avoir à la place du savoir ?
Répondre aux préoccupations des sénégalais c’est aussi accorder à la recherche scientifique, au savoir et à l’innovation une place capitale dans la conception des plans de redressement national. Notre génie créatif et notre capacité organisationnelle doivent être pris en considération depuis les hautes instances de décision. Il va falloir en faire, un cheval de bataille afin de mieux assimiler professionnalisation et méthode de travail en responsabilisant chercheurs, universitaires, associations. La démagogie politicienne et le hameçonnage ne pourront pas hisser les secteurs comme l’éducation, la santé et l’agriculture à un niveau escompté. Autant d’obstacles dans l’héritage post-Wade qui font qu’il serait difficile pour le président Macky Sall de s’ériger en messie sauveur ou en Picasso politique. Attendre tout de lui, les yeux fermés et les mains grandement ouvertes n’est pas la solution. Chaque sénégalais, où qu’il se trouve quelle que soit sa profession peut jouer un rôle capital dans la construction nationale par son patriotisme, son civisme, sa dignité au travail tout en sachant au plus profond de lui-même, que le vent de la conscientisation collective a soufflé et que les peuples n’accepteront plus que l’on fasse l’histoire à leur place.
Dr Daouda DIOP, historien-économiste
Diplômé de l’Université de Strasbourg
Croissance économique/Inégalités entre nations
diop.d@laposte.net