Mamadi Doumbia, le président de la transition guinéenne a nommé mardi par décret, Amadou Oury Bah au poste de Premier ministre. Ce fin connaisseur de la politique guinéenne succède à Bernard Goumou, remercié avec son gouvernement il y a une semaine.
En 2008, alors qu’Amadou Oury Bah intégrait pour la première fois un gouvernement (au poste de ministre de la Réconciliation nationale), le régime agonisant de Lansana Conté était en crise. Seize ans plus tard, le voici nommé Premier ministre par le général Mamadi Doumbouya.
Amadou Oury Bah – communément appelé Bah Oury – succède à Bernard Goumou, limogé avec tout son gouvernement le 19 février dernier, le tout dans un contexte de grogne sociale et alors qu’une grève générale illimitée a été déclenchée le 26 février par les centrales syndicales. Le mécontentement ne paraît pas si différent de celui qui, en 2007, avait ébranlé le pouvoir de Lansana Conté.
Tiraillé entre ceux qui souhaitaient que le nouveau Premier ministre ait un profil politique, ceux qui préféraient un technocrate, et ses propres frères d’armes, qui ne voulaient plus rester en marge de la gestion du pouvoir et réclamaient que le poste revienne à un militaire.
A en croire Jeune Afrique, M. Doumbouya a hésité, avant de se laisser convaincre par les partisans de la première option.
PARCOURS
Économiste formé à Dakar puis en France, grâce à une bourse d’études offerte par Léopold Sédar Senghor, Bah Oury a un temps fait carrière dans la banque. Quoiqu’il fût membre fondateur de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), c’est plutôt son parcours politique, du reste peu linéaire, que l’on retient.
Dès l’instauration du multipartisme en Guinée, au début des années 1990, il chemine aux côtés de Bah Mamadou, d’Alpha Sow, de Siradiou Diallo et d’un certain Alpha Condé… Il participe bientôt à la création de l’UFDG, accueille Bah Mamadou, puis Cellou Dalein Diallo, avant d’en être exclu en 2016 sur fond de divergences de positions. Trois ans plus tard, en septembre 2019, il est accueilli au sein de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), mais l’aventure ne dure pas : il en est débarqué l’année suivante. En 2020, il créé donc l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG), qu’il dirige encore aujourd’hui. Il était, ces derniers mois, l’un des derniers soutiens de la junte face à une classe politique qui a désormais tourné le dos aux militaires.
Accusé d’avoir joué un rôle dans l’attaque du domicile d’Alpha Condé, le 19 juillet 2011, Bah Oury fut condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité. C’est l’ancien chef de l’État lui-même qui le graciera cinq ans plus tard et favorisera son retour d’exil. Dès sa descente d’avion, l’opposant réclamera les rênes de l’UFDG à Cellou Dalein Diallo, se battant jusque devant les tribunaux pour récupérer le parti qu’il a fondé. S.G
Source : https://lesoleil.sn/passage-a-dakar-droit-de-lhomm...