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Pastef et la politique sénégalaise : Au-delà des étiquettes simplistes !

Le Sénégal traverse une période de polarisation intense, où les débats politiques se transforment trop souvent en confrontations stériles plutôt qu’en échanges constructifs. Certains n’hésitent pas à qualifier le parti Pastef, de mouvement fascisant, une étiquette réductrice qui empêche toute analyse approfondie de sa nature et de son rôle dans la dynamique politique actuelle.


Rédigé par leral.net le Mercredi 12 Février 2025 à 09:56 | | 0 commentaire(s)|

Pastef et la politique sénégalaise : Au-delà des étiquettes simplistes !
Plutôt que de se limiter à des jugements catégoriques, il est essentiel d’adopter une lecture plus nuancée, fondée sur l’examen des faits, des actions et des ambitions portées par ce parti et ses dirigeants.

Un exemple marquant de cette approche biaisée, est la manière dont la crise de mars 2021 est perçue. Réduire ces événements tragiques à la seule responsabilité de Pastef, revient à occulter les causes structurelles ayant nourri le mécontentement populaire. Les violences et l’instabilité qui en ont découlé, ne sont pas simplement le fait d’un acteur isolé, mais le reflet d’un malaise social profond, alimenté par des inégalités persistantes et un déficit de confiance envers les institutions. Plutôt que de désigner un coupable unique, il serait plus pertinent d’engager une réflexion sur les racines de ces tensions et sur les réformes nécessaires pour y remédier.

Ce contexte de tensions explique en partie pourquoi une large frange de la population s’est tournée vers Pastef, cherchant une alternative aux modèles politiques traditionnels. Présenter ce parti comme un « ordre réactionnaire », revient à nier les aspirations légitimes de nombreux citoyens. Pour une large partie de la population, il incarne l’espoir d’un renouveau, face à des gouvernements successifs, perçus comme inefficaces ou déconnectés des réalités sociales. Accuser ce mouvement d’autoritarisme sans prendre en compte la rupture entre les promesses politiques et la réalité vécue par les Sénégalais, c’est faire abstraction du profond désir de justice, de transparence et d’opportunités, qui a motivé une majorité à lui faire confiance.

L’engagement des intellectuels en faveur de Pastef, suscite également des critiques, souvent injustes. Pourtant, leur rôle ne se limite pas à soutenir un parti ou à s’opposer à ses détracteurs. Les débats qu’ils alimentent, parfois passionnés et chaotiques, contribuent à la vitalité démocratique du pays. La pluralité des idées et des opinions est essentielle à toute société aspirant à une démocratie véritable.

Enfin, accuser Pastef d’avoir une « essence violente » sans apporter de preuves tangibles, fragilise toute critique sérieuse. Un débat politique responsable doit se fonder sur des faits concrets plutôt que sur des jugements subjectifs et des exagérations. La stigmatisation ne fait que creuser les divisions et nourrir la méfiance entre citoyens. Aujourd’hui plus que jamais, le Sénégal a besoin d’un dialogue apaisé, loin des procès d’intention et des discours polarisants.

Face aux tensions et aux clivages politiques qui marquent notre époque, il est essentiel de sortir des postures figées. Réduire un parti à une étiquette simpliste, ne favorise ni la démocratie ni le progrès collectif. Le Sénégal a besoin d’un débat politique plus exigeant, où la critique constructive remplace l’anathème, où les divergences enrichissent la réflexion au lieu d’alimenter la division. Si Pastef est aujourd’hui aux responsabilités, c’est avant tout parce qu’une partie du peuple sénégalais a vu en lui, une alternative crédible aux systèmes précédents. L’enjeu n’est donc pas de se réjouir de son éventuel échec, mais d’exiger de lui des résultats concrets, tout en maintenant une vigilance démocratique.

Plutôt que d’entretenir la méfiance et la suspicion, les acteurs politiques, les médias et la société civile doivent œuvrer à un dialogue sincère, fondé sur des faits et non sur des caricatures. Car, au-delà des appartenances partisanes, c’est le destin du Sénégal qui est en jeu. Une nation ne se construit pas sur la diabolisation, mais sur la confrontation saine des idées et la quête d’un avenir partagé.

Le moment est venu de dépasser les antagonismes stériles pour embrasser une politique du dialogue et de la responsabilité. Le Sénégal mérite mieux qu’un éternel cycle de crises et de suspicions. Ce pays a besoin d’une démocratie vivante, exigeante et inclusive. Sortir des clivages est désormais une nécessité. Choisir l’intelligence collective plutôt que la division, l’action constructive plutôt que l’invective, voilà l’urgence de l’heure.







Cheikh Seck
Conseiller en Stratégies – Montréal
cheikhseck313@gmail.com

Ousseynou Wade