Peu connu du grand public, c'était l'occasion pour lui de briller et d'être au premier plan. Paul Ryan, le colistier de Mitt Romney, a prononcé mercredi soir un des discours les plus attendus de la convention républicaine à Tampa. Une allocution très acclamée qui a électrisé la foule des délégués et militants. Acceptant sa nomination à la vice-présidence, l'élu de 42 ans du Wisconsin a dit relever «l'appel de sa génération pour transmettre à nos enfants ce que les États-Unis nous ont donné».
D'abord nerveux, Paul Ryan a gagné en assurance au fur et à mesure de ses attaques, pas toujours soucieuses de l'exactitude des faits, sur le bilan du président sortant Barack Obama. «Après quatre ans passés à se faire mener en bateau, l'Amérique a besoin de changer de cap et l'homme qui peut le faire est Mitt Romney», a lancé Paul Ryan. «Cette Maison-Blanche n'a jamais été à court de mots mais ce qui lui manque cruellement, c'est un capitaine. Cette présidence est à la dérive et survit sur des slogans de campagne éculés. Vos dirigeants vous ont trahis», a-t-il dénoncé. «Tout ce qui reste aux démocrates, c'est la peur et la division», a raillé le héraut du conservatisme fiscal. Dans l'un des passages les plus applaudis, Paul Ryan a dénoncé la réforme de la santé du président démocrate. «Obamacare revient à plus de 2000 pages de règlements, mandats, taxes et autres qui n'ont aucune place dans un pays libre». Il s'est à nouveau engagé en cas de victoire à l'élection présidentielle le 6 novembre prochain à abroger la loi.
«Mitt Romney, un homme bon»
Paul Ryan a aussi évoqué ses sujets de prédilection: la réduction de la dette et des dépenses publiques. «Nous n'éviterons pas les questions difficiles», a-t-il mis en garde. «Mitt Romney et moi allons régler les problèmes économiques de la nation, mais l'Amérique n'a plus beaucoup de temps», a-t-il prophétisé, devant les écrans géants qui comptabilisent, depuis l'ouverture de la convention, la dette du pays. Rappelant le programme républicain, qui promet de créer 12 millions d'emplois en quatre ans, la coqueluche du Tea Party a aussi plaidé pour une réduction de l'influence de l'État fédéral. «Le choix est soit de limiter la croissance ou de limiter la taille du gouvernement, nous avons choisi de limiter le gouvernement.»
Passage obligé d'un discours de colistier, Paul Ryan a vanté les mérites de Mitt Romney. «C'est un homme bon, capable de mener ce pays optimiste et généreux.» Il s'est aussi moqué gentiment de leur différence d'âge révélée par leurs goûts musicaux. «Certaines chansons présentes sur son iPod ont été diffusées dans le bus de campagne, mais je les ai aussi beaucoup entendues dans les ascenseurs des hôtels!», a plaisanté Paul Ryan. Quand Mitt Romney, de vingt-trois ans son aîné, lui a proposé de passer certaines de ses chansons fétiches durant les meetings, l'élu du Wisconsin a été un peu gêné. «Ma liste de lecture commence à AC/DC et se termine avec Led Zeppelin», a-t-il avoué, faisant rire la salle entière.
Evoquant la foi mormone du prétendant à la Maison-Blanche, parfois source de méfiance, Ryan, catholique pratiquant, a souligné que «quoique différentes, leurs religions partageaient la même croyance morale: dans chaque vie il y a de la bonté, pour chaque personne il y a de l'espoir». «À nous deux, nous pouvons remettre ce pays sur les rails, faire croître notre économie. Rassemblons-nous pour le bien de notre pays et mettons toutes nos forces dans cette cause», a-t-il conclu.
En attendant le clou de la convention, le discours d'investiture prononcé jeudi soir par Mitt Romney, la politique étrangère s'est brièvement rappelée au souvenir des délégués. John McCain, le candidat républicain à la Maison-Blanche en 2008, et Condoleezza Rice, ont déploré l'absence de leadership américain. Très applaudie, l'ancienne secrétaire d'État de l'Administration Bush s'est inquiétée de la faiblesse de l'Amérique qui menace de «faire du monde un endroit plus dangereux».
Par Constance Jamet