Le ministre néerlandais des finances, Jan Kees De Jager, est formel : son pays sera bel et bien en mesure de fournir à la Commission européenne, à la fin du mois d'avril, le plan de discipline budgétaire promis. Et ce malgré la chute, samedi 21 avril, de la coalition dirigée par le libéral Mark Rutte, désormais privé du soutien des populistes islamophobes de Geert Wilders. La date des prochaines élections devait être annoncée après un débat entamé à la chambre basse mardi 24 avril.
L'enjeu financier est de taille : l'amende que pourrait infliger Bruxelles aux Pays-Bas, dans l'hypothèse où leur gouvernement démissionnaire n'arriverait pas à déposer son projet de budget 2013 (avec un déficit ramené à 3% du PIB) serait de... 1,2 milliard d'euros. Paradoxal pour un pays qui fut parmi les plus vigoureux à plaider pour un renforcement des sanctions, couplé à une augmentation des capacités de contrôle de la Commission.
UN VASTE PLAN DE COUPES
Et si M. De Jaeger compte sur la solidarité des autres pays pour échapper à la punition, il risque d'être déçu : il faudrait qu'une majorité des pays de l'eurozone s'y oppose or, compte tenu de leur attitude passée, les Pays-Bas ne comptent plus beaucoup d'amis au sein de ce club. Le gouvernement démissionnaire espère dès lors encore convaincre les groupes d'opposition à la Chambre basse d'approuver une partie de ses projets.
Ceux-ci visaient notamment à porter l'âge de la retraite à 66 ans, geler le salaire des fonctionnaires et les prestations sociales, porter à 7% et 21% les taux de TVA (au lieu de 6% et 19% à l'heure actuelle) et opérer des coupes dans le secteur de la santé. Le budget de la coopération devait être fortement raboté, le système des bourses d'étude révisé, le remboursement des médicaments diminué, etc. De quoi fournir, au total, de 14 à 18 milliards d'euros d'économies.
LE TRIPLE A DANS LE VISEUR
Une bonne partie de ces mesures sont jugées inacceptables par les différentes formations d'opposition. Jusqu'ici, seuls les libéraux réformateurs de D 66 ont ouvert la porte à une éventuelle collaboration mais ses dix élus ne combleront pas le déficit des vingt-quatre voix qui manquent à la coalition de M. Rutte depuis le retrait de M. Wilders. Le premier ministre compte toutefois sur un élément tangible pour amener l'opposition à le soutenir : la menace d'une dégradation de la note du pays.
Jusqu'ici, les marchés n'ont pas surréagi à la crise politique déclenchée samedi. Mardi, Amsterdam ont pu lever sans problème 2 milliards d'euros à un taux de 2,78 % (à dix ans) sur les marchés. Un test concluant malgré les menaces lancées par l'agence de notation financière Fitch Ratings, qui pourrait être la première à dégrader en juin la note du royaume - un triple A avec perspective "stable". Les Pays-Bas acquittent annuellement 11 milliards d'euros pour le remboursement des intérêts de leur dette, un montant qui pourrait enfler en cas d'abaissement de la note du pays.
"LA DOULEUR, C'EST BIEN"
Les experts financiers soulignent que le plan de réduction des dépenses publiques envisagé devrait être assorti d'une relance de l'emploi et du marché du logement ainsi que d'importantes réformes structurelles. Avec un déficit de 4,7% en 2012 et un taux d'endettement de 65,2%, les Pays-Bas figurent encore dans le groupe des "bons élèves" de l'Union mais l'instabilité politique chronique qu'ils connaissent depuis une dizaine d'années commence à inquiéter les opérateurs.
Un professeur d'économie, Arnoud Boot, résumait récemment la situation dans le quotidien De Volkskrant : plus dur sera l'effort à fournir pour les politiques néerlandais, mieux ce sera pour les marchés, indiquait-il en substance. Avec une formule-choc : "bloed is goed, pijn is fijn" (littéralement, "le sang, c'est bon ; la douleur, c'est bien").
SOURCE:Lemonde.fr
L'enjeu financier est de taille : l'amende que pourrait infliger Bruxelles aux Pays-Bas, dans l'hypothèse où leur gouvernement démissionnaire n'arriverait pas à déposer son projet de budget 2013 (avec un déficit ramené à 3% du PIB) serait de... 1,2 milliard d'euros. Paradoxal pour un pays qui fut parmi les plus vigoureux à plaider pour un renforcement des sanctions, couplé à une augmentation des capacités de contrôle de la Commission.
UN VASTE PLAN DE COUPES
Et si M. De Jaeger compte sur la solidarité des autres pays pour échapper à la punition, il risque d'être déçu : il faudrait qu'une majorité des pays de l'eurozone s'y oppose or, compte tenu de leur attitude passée, les Pays-Bas ne comptent plus beaucoup d'amis au sein de ce club. Le gouvernement démissionnaire espère dès lors encore convaincre les groupes d'opposition à la Chambre basse d'approuver une partie de ses projets.
Ceux-ci visaient notamment à porter l'âge de la retraite à 66 ans, geler le salaire des fonctionnaires et les prestations sociales, porter à 7% et 21% les taux de TVA (au lieu de 6% et 19% à l'heure actuelle) et opérer des coupes dans le secteur de la santé. Le budget de la coopération devait être fortement raboté, le système des bourses d'étude révisé, le remboursement des médicaments diminué, etc. De quoi fournir, au total, de 14 à 18 milliards d'euros d'économies.
LE TRIPLE A DANS LE VISEUR
Une bonne partie de ces mesures sont jugées inacceptables par les différentes formations d'opposition. Jusqu'ici, seuls les libéraux réformateurs de D 66 ont ouvert la porte à une éventuelle collaboration mais ses dix élus ne combleront pas le déficit des vingt-quatre voix qui manquent à la coalition de M. Rutte depuis le retrait de M. Wilders. Le premier ministre compte toutefois sur un élément tangible pour amener l'opposition à le soutenir : la menace d'une dégradation de la note du pays.
Jusqu'ici, les marchés n'ont pas surréagi à la crise politique déclenchée samedi. Mardi, Amsterdam ont pu lever sans problème 2 milliards d'euros à un taux de 2,78 % (à dix ans) sur les marchés. Un test concluant malgré les menaces lancées par l'agence de notation financière Fitch Ratings, qui pourrait être la première à dégrader en juin la note du royaume - un triple A avec perspective "stable". Les Pays-Bas acquittent annuellement 11 milliards d'euros pour le remboursement des intérêts de leur dette, un montant qui pourrait enfler en cas d'abaissement de la note du pays.
"LA DOULEUR, C'EST BIEN"
Les experts financiers soulignent que le plan de réduction des dépenses publiques envisagé devrait être assorti d'une relance de l'emploi et du marché du logement ainsi que d'importantes réformes structurelles. Avec un déficit de 4,7% en 2012 et un taux d'endettement de 65,2%, les Pays-Bas figurent encore dans le groupe des "bons élèves" de l'Union mais l'instabilité politique chronique qu'ils connaissent depuis une dizaine d'années commence à inquiéter les opérateurs.
Un professeur d'économie, Arnoud Boot, résumait récemment la situation dans le quotidien De Volkskrant : plus dur sera l'effort à fournir pour les politiques néerlandais, mieux ce sera pour les marchés, indiquait-il en substance. Avec une formule-choc : "bloed is goed, pijn is fijn" (littéralement, "le sang, c'est bon ; la douleur, c'est bien").
SOURCE:Lemonde.fr