La junte militaire et le Fonds international chinois (CIF) négocient actuellement des contrats sur le pétrole et les minerais. Ces accords seraient les plus importants jamais conclus en Afrique, d’un montant potentiel de plusieurs milliards d’euros, affirme Mohamed Thiam, ministre des Mines guinéen. Selon les Guinéens, le CIF endosserait la majeure partie du développement financier, soit environ 7 milliards de dollars [4,7 milliards d’euros], qui seraient consacrés à des projets allant de la fourniture d’énergie à la création d’une compagnie aérienne.
Dans le même temps, les Chinois s’associeraient à la Sonangol, la société pétrolière nationale d’Angola, pour explorer les réserves pétrolières au large des côtes de Guinée. Pékin tirerait ainsi parti de ses relations avec l’Angola, où le CIF a engagé 2,9 milliards de dollars sous forme de prêts et où il sert de lien entre la Sinopec, la compagnie pétrolière nationale chinoise, et la Sonangol. Ce projet qui implique la Chine et l’Angola représenterait un ballon d’oxygène pour le régime guinéen, menacé de sanctions par les puissances occidentales et l’Union africaine (UA) depuis le massacre de plus de 150 manifestants le 28 septembre dernier [voir CI n° 988, du 5 octobre 2009]. L’UA doit se réunir le 17 octobre pour débattre des mesures à prendre contre la junte si le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de l’Etat autoproclamé, ne démissionne pas avant les élections, prévues en janvier.
La Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite et dispose de réserves importantes d’or, de diamants, d’uranium et de minerai de fer, ressources qui avaient permis à Lansana Conté, l’ancien dictateur, de survivre à des périodes d’isolement international. Les perspectives du pays dans le secteur pétrolier ont attiré l’attention à l’issue de découvertes récentes dans des Etats voisins comme le Ghana. Les accords en cours de discussion rappellent les contrats de plusieurs milliards de dollars conclus en Angola et en république démocratique du Congo. Ces pays ont cédé le contrôle de ressources minières et pétrolières en échange d’investissements dans les infrastructures. Mohamed Thiam assure que la Guinée tirera des enseignements des pays où les accords avec la Chine ont mal tourné.
Le CIF a pris une part de 75 % dans une entreprise également détenue par le gouvernement guinéen, la Guinea Development Corporation (GDC), qui sera implantée à Singapour et gérera des projets dans les transports, les infrastructures, l’eau, l’énergie et les mines. “Nous pensons que, dans les cinq prochaines années, les investissements sur les différents projets de la GDC représenteront un volume supérieur à 7 milliards de dollars, poursuit Thiam. Au lieu de simplement échanger des ressources naturelles contre des promesses de développement de nos infrastructures, nous avons préféré la solution d’un partenariat, et non seulement être copropriétaires des sociétés et des projets de développement des infrastructures, mais aussi participer conjointement aux sociétés ou projets éventuels dans le secteur des ressources naturelles.”
L’accord pétrolier, distinct, conférerait des droits exclusifs à une coentreprise regroupant la Guinée, le CIF et la Sonangol, qui serait autorisée à prospecter et à développer ou vendre sur 64 % des terrains offshore que Hyperdynamics, une compagnie texane, a accepté de rétrocéder à l’Etat d’ici à la fin de l’année. Le CIF, qui opère depuis Hong Kong, s’est refusé à tout commentaire, tout comme la Sonangol.
Des accords aussi ambitieux risquent de faire monter la température politique sur place, où les tensions s’accroissent entre les différentes factions au sein des forces armées tandis que les syndicats brandissent la menace d’une grève générale. Sidya Touré, ancien Premier ministre et dirigeant de l’opposition qui a pris la tête des récentes manifestations, avait lui-même refusé de négocier des projets chinois d’un montant de plusieurs milliards de dollars. “Je ne comprends pas comment il est possible de croire que l’on va injecter de telles sommes dans l’économie guinéenne, alors que notre PIB total n’est que de 3 milliards de dollars. On parle de milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes sans tenir compte du fait que notre économie n’est pas capable d’entretenir de telles infrastructures”, a-t-il déclaré lors d’un forum du secteur minier, en mars dernier. “Où sont les voitures censées rouler sur ces autoroutes ? Où sont les trains ? Soyons sérieux, tout cela n’est qu’une illusion”, avait-il ajouté.
- Par Nettali -
Dans le même temps, les Chinois s’associeraient à la Sonangol, la société pétrolière nationale d’Angola, pour explorer les réserves pétrolières au large des côtes de Guinée. Pékin tirerait ainsi parti de ses relations avec l’Angola, où le CIF a engagé 2,9 milliards de dollars sous forme de prêts et où il sert de lien entre la Sinopec, la compagnie pétrolière nationale chinoise, et la Sonangol. Ce projet qui implique la Chine et l’Angola représenterait un ballon d’oxygène pour le régime guinéen, menacé de sanctions par les puissances occidentales et l’Union africaine (UA) depuis le massacre de plus de 150 manifestants le 28 septembre dernier [voir CI n° 988, du 5 octobre 2009]. L’UA doit se réunir le 17 octobre pour débattre des mesures à prendre contre la junte si le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de l’Etat autoproclamé, ne démissionne pas avant les élections, prévues en janvier.
La Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite et dispose de réserves importantes d’or, de diamants, d’uranium et de minerai de fer, ressources qui avaient permis à Lansana Conté, l’ancien dictateur, de survivre à des périodes d’isolement international. Les perspectives du pays dans le secteur pétrolier ont attiré l’attention à l’issue de découvertes récentes dans des Etats voisins comme le Ghana. Les accords en cours de discussion rappellent les contrats de plusieurs milliards de dollars conclus en Angola et en république démocratique du Congo. Ces pays ont cédé le contrôle de ressources minières et pétrolières en échange d’investissements dans les infrastructures. Mohamed Thiam assure que la Guinée tirera des enseignements des pays où les accords avec la Chine ont mal tourné.
Le CIF a pris une part de 75 % dans une entreprise également détenue par le gouvernement guinéen, la Guinea Development Corporation (GDC), qui sera implantée à Singapour et gérera des projets dans les transports, les infrastructures, l’eau, l’énergie et les mines. “Nous pensons que, dans les cinq prochaines années, les investissements sur les différents projets de la GDC représenteront un volume supérieur à 7 milliards de dollars, poursuit Thiam. Au lieu de simplement échanger des ressources naturelles contre des promesses de développement de nos infrastructures, nous avons préféré la solution d’un partenariat, et non seulement être copropriétaires des sociétés et des projets de développement des infrastructures, mais aussi participer conjointement aux sociétés ou projets éventuels dans le secteur des ressources naturelles.”
L’accord pétrolier, distinct, conférerait des droits exclusifs à une coentreprise regroupant la Guinée, le CIF et la Sonangol, qui serait autorisée à prospecter et à développer ou vendre sur 64 % des terrains offshore que Hyperdynamics, une compagnie texane, a accepté de rétrocéder à l’Etat d’ici à la fin de l’année. Le CIF, qui opère depuis Hong Kong, s’est refusé à tout commentaire, tout comme la Sonangol.
Des accords aussi ambitieux risquent de faire monter la température politique sur place, où les tensions s’accroissent entre les différentes factions au sein des forces armées tandis que les syndicats brandissent la menace d’une grève générale. Sidya Touré, ancien Premier ministre et dirigeant de l’opposition qui a pris la tête des récentes manifestations, avait lui-même refusé de négocier des projets chinois d’un montant de plusieurs milliards de dollars. “Je ne comprends pas comment il est possible de croire que l’on va injecter de telles sommes dans l’économie guinéenne, alors que notre PIB total n’est que de 3 milliards de dollars. On parle de milliers de kilomètres de routes et d’autoroutes sans tenir compte du fait que notre économie n’est pas capable d’entretenir de telles infrastructures”, a-t-il déclaré lors d’un forum du secteur minier, en mars dernier. “Où sont les voitures censées rouler sur ces autoroutes ? Où sont les trains ? Soyons sérieux, tout cela n’est qu’une illusion”, avait-il ajouté.
- Par Nettali -