En dépit de la lenteur des réformes de la zone euro, Pékin ne laissera pas tomber la monnaie unique. Le premier ministre chinois Wen Jiabao a promis que la seconde économie mondiale continuerait à acheter de la dette européenne à l'occasion de la visite d'Angela Merkel, jeudi à Pékin. «La Chine est disposée, à condition d'évaluer pleinement les risques, à continuer d'investir sur le marché de la dette souveraine de la zone euro», a déclaré Wen Jiabao au grand soulagement de la chancelière allemande qui effectue sa seconde visite de l'année à la tête d'une imposante délégation de patrons. Mais le numéro 2 chinois n'a pas caché son «inquiétude» devant les atermoiements des dirigeants européens, estimant que la mise en œuvre des réformes au sein de l'UE «ne serait pas un long fleuve tranquille».
En réalité, la Chine n'a guère le choix que de soutenir son premier partenaire commercial à l'heure où ses exportations piquent du nez et que ses dirigeants sont à cours de solution pour relancer la machine. Car si l'économie chinoise ralentit à vue d'œil, les timoniers du géant asiatique ne sont pas encore prêts à appuyer sur le bouton relance.
L'économie de l'atelier du monde ralentit
De nouveaux chiffres inquiétants ont pourtant confirmé que l'atelier du monde ralentissait à un rythme encore plus fort que prévu plombant la confiance des investisseurs. Le revenu des industriels a chuté de 5,4% en juillet contre 1,7% en juin du fait de la baisse des exportations, miné par la crise de la zone euro et la fragilité du marché américain. Ces mauvais chiffres publiés en début de semaine ont démoralisé la Bourse de Shanghaï dont l'index est tombé à son niveau le plus bas depuis un peu plus de trois ans. «Le gouvernement a sous-estimé l'état de l'économie», estime Francis Cheung du cabinet CLSA à Hongkong. «Les exportations ne tirent plus l'économie et les coûts de production et les salaires augmentent», confirme Ding Yifan, du Centre de recherches sur le développement du conseil des affaires d'État.
Et cette fois, l'inquiétude semble avoir atteint le sommet du pouvoir. Le week-end dernier, Wen Jiabao a laissé paraître sa préoccupation lors d'une visite dans la région de Canton, place forte des exportations chinoises qui n'ont progressé que de 1% en juillet contre 11,3% en juin. «Le troisième trimestre sera critique pour la Chine en vue d'atteindre notre cible d'exportation annuelle», a déclaré le premier ministre, tranchant avec les propos rassurants de ces dernières semaines. «Nous devons prendre des mesures ciblées pour stabiliser la croissance», a ajouté Wen Jiabao, selon l'agence officielle Chine nouvelle. Des déclarations qui ont immédiatement redonné corps aux rumeurs d'un plan de relance prochain pour soutenir l'activité économique.
Pas de plan de relance à l'horizon
Néanmoins, les chances de voir le pouvoir sortir de son chapeau des mesures de grande ampleur prochainement sont jugées faibles par les experts du fait du calendrier politique à Pékin. À la veille d'un congrès du Parti qui doit en octobre adouber un nouveau leadership pour la prochaine décennie, le régime est entré dans une phase de «paralysie politique», juge Francis Cheung. «Il ne faut pas s'attendre à des mesures radicales dans les prochains mois», enfonce Ding Yifan. Car il reviendra à la nouvelle équipe d'éventuellement changer de cap et de tirer les bénéfices politiques d'un nouveau coup de pouce à l'économie.
L'idée d'un plan de relance géant sur le modèle de celui de 2008 qui avait permis à la Chine de traverser la crise des subprimes et de tirer l'économie mondiale en injectant 500 milliards d'euros n'est plus à l'ordre du jour. Quatre ans plus tard, les experts dressent un bilan mitigé de cet effort qui a renforcé les infrastructures du pays mais aussi favorisé l'inflation, la spéculation et plombé les finances des collectivités locales. Et pour le pouvoir, enrayer la hausse des prix de l'immobilier reste une priorité plus urgente que la stimulation de la croissance, selon Francis Cheung.
Mais la dégradation plus rapide que prévu des voyants économiques devrait inciter le pouvoir à prendre des mesures ciblées, en laissant les provinces jouer cette fois le rôle de locomotive avant l'arrivée d'une nouvelle équipe à Pékin.
Par Sébastien Falletti
En réalité, la Chine n'a guère le choix que de soutenir son premier partenaire commercial à l'heure où ses exportations piquent du nez et que ses dirigeants sont à cours de solution pour relancer la machine. Car si l'économie chinoise ralentit à vue d'œil, les timoniers du géant asiatique ne sont pas encore prêts à appuyer sur le bouton relance.
L'économie de l'atelier du monde ralentit
De nouveaux chiffres inquiétants ont pourtant confirmé que l'atelier du monde ralentissait à un rythme encore plus fort que prévu plombant la confiance des investisseurs. Le revenu des industriels a chuté de 5,4% en juillet contre 1,7% en juin du fait de la baisse des exportations, miné par la crise de la zone euro et la fragilité du marché américain. Ces mauvais chiffres publiés en début de semaine ont démoralisé la Bourse de Shanghaï dont l'index est tombé à son niveau le plus bas depuis un peu plus de trois ans. «Le gouvernement a sous-estimé l'état de l'économie», estime Francis Cheung du cabinet CLSA à Hongkong. «Les exportations ne tirent plus l'économie et les coûts de production et les salaires augmentent», confirme Ding Yifan, du Centre de recherches sur le développement du conseil des affaires d'État.
Et cette fois, l'inquiétude semble avoir atteint le sommet du pouvoir. Le week-end dernier, Wen Jiabao a laissé paraître sa préoccupation lors d'une visite dans la région de Canton, place forte des exportations chinoises qui n'ont progressé que de 1% en juillet contre 11,3% en juin. «Le troisième trimestre sera critique pour la Chine en vue d'atteindre notre cible d'exportation annuelle», a déclaré le premier ministre, tranchant avec les propos rassurants de ces dernières semaines. «Nous devons prendre des mesures ciblées pour stabiliser la croissance», a ajouté Wen Jiabao, selon l'agence officielle Chine nouvelle. Des déclarations qui ont immédiatement redonné corps aux rumeurs d'un plan de relance prochain pour soutenir l'activité économique.
Pas de plan de relance à l'horizon
Néanmoins, les chances de voir le pouvoir sortir de son chapeau des mesures de grande ampleur prochainement sont jugées faibles par les experts du fait du calendrier politique à Pékin. À la veille d'un congrès du Parti qui doit en octobre adouber un nouveau leadership pour la prochaine décennie, le régime est entré dans une phase de «paralysie politique», juge Francis Cheung. «Il ne faut pas s'attendre à des mesures radicales dans les prochains mois», enfonce Ding Yifan. Car il reviendra à la nouvelle équipe d'éventuellement changer de cap et de tirer les bénéfices politiques d'un nouveau coup de pouce à l'économie.
L'idée d'un plan de relance géant sur le modèle de celui de 2008 qui avait permis à la Chine de traverser la crise des subprimes et de tirer l'économie mondiale en injectant 500 milliards d'euros n'est plus à l'ordre du jour. Quatre ans plus tard, les experts dressent un bilan mitigé de cet effort qui a renforcé les infrastructures du pays mais aussi favorisé l'inflation, la spéculation et plombé les finances des collectivités locales. Et pour le pouvoir, enrayer la hausse des prix de l'immobilier reste une priorité plus urgente que la stimulation de la croissance, selon Francis Cheung.
Mais la dégradation plus rapide que prévu des voyants économiques devrait inciter le pouvoir à prendre des mesures ciblées, en laissant les provinces jouer cette fois le rôle de locomotive avant l'arrivée d'une nouvelle équipe à Pékin.
Par Sébastien Falletti