C'est un bras de fer de plus entre Pékin et le Vatican, qui ne va pas améliorer des relations déjà tendues. La Chine vient d'ordonner un nouvel évêque, contre l'avis du Saint-Siège. Le père Yue Fusheng a été ordonné vendredi dernier à Harbin, la grande ville du Nord-Est. Le Saint-Siège a averti que cette ordination épiscopale serait jugée illégitime, et menacé d'excommunication le nouvel évêque ainsi que les prélats qui le consacreraient. Pékin a rejeté ces protestations romaines, les jugeant «injurieuses et déraisonnables».
Ce cas est d'autant plus sensible que le père Yue Fusheng, 48 ans, est vice-président de l'Association patriotique - l'organisation par laquelle le Parti communiste contrôle les catholiques chinois - et son représentant dans la province du Heilongjiang. C'est d'ailleurs le président de l'Association patriotique au niveau national, monseigneur Fang Xingyao, qui a conduit la cérémonie.
«À ses côtés, comme à chaque fois, Pékin s'est évertué à ce que soient présents des évêques et prêtres ayant reçu l'aval de Rome, en les y contraignant si besoin par toutes sortes de pressions, explique un membre de l'Église souterraine chinoise, cela permet de semer le trouble au sein de notre communauté.»
Comme à chaque fois aussi, on «nettoie» la contestation potentielle. Deux jours auparavant, Thaddeus Ma Daquin, un évêque auxiliaire de Shanghaï, en rupture avec l'Église inféodée à l'État chinois, a été arrêté et a disparu. La célébration s'est déroulée avec une forte présence policière.
Église souterraine
La perspective de cette ordination avait suscité à Rome la publication d'une note par la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, condamnant un acte «qui porte atteinte à l'unité de l'Église». L'agence d'information des missions étrangères de Paris EDA rappelle que cette note s'appuie largement sur la Lettre de Benoît XVI aux catholiques chinois du printemps 2007. Elle reconnaît ainsi aux autorités chinoises le droit d'être «attentives» au choix des évêques. Mais rappelle que «la nomination des évêques par le pape est la garantie de l'unité de l'Église».
La Chine et le Saint-Siège n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1951, mais l'on parle de leur rétablissement depuis 1999. Lors de son arrivée à la tête de l'Église catholique, le Pape Benoît XVI avait fait de cette question l'une de ses priorités. Mais si, au milieu des années 2000, l'atmosphère paraissait favorable au rapprochement, le climat se dégrade depuis. Le modus vivendi trouvé entre les deux parties impliquait que les évêques reçoivent l'aval de Rome avant d'être nommés par le gouvernement chinois. Mais depuis trois ans, Pékin a procédé à plusieurs nominations «illégales».
Le chiffre officiel de catholiques en Chine est de 5,7 millions, mais on estime leur nombre à 12 millions au moins. Ils sont répartis entre une «Église officielle» et une «Église souterraine», deux communautés loin d'être étanches. Entre ces deux Églises, les relations sont complexes, et varient beaucoup selon les régions et les personnalités.
Par Arnaud de La Grange
Ce cas est d'autant plus sensible que le père Yue Fusheng, 48 ans, est vice-président de l'Association patriotique - l'organisation par laquelle le Parti communiste contrôle les catholiques chinois - et son représentant dans la province du Heilongjiang. C'est d'ailleurs le président de l'Association patriotique au niveau national, monseigneur Fang Xingyao, qui a conduit la cérémonie.
«À ses côtés, comme à chaque fois, Pékin s'est évertué à ce que soient présents des évêques et prêtres ayant reçu l'aval de Rome, en les y contraignant si besoin par toutes sortes de pressions, explique un membre de l'Église souterraine chinoise, cela permet de semer le trouble au sein de notre communauté.»
Comme à chaque fois aussi, on «nettoie» la contestation potentielle. Deux jours auparavant, Thaddeus Ma Daquin, un évêque auxiliaire de Shanghaï, en rupture avec l'Église inféodée à l'État chinois, a été arrêté et a disparu. La célébration s'est déroulée avec une forte présence policière.
Église souterraine
La perspective de cette ordination avait suscité à Rome la publication d'une note par la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, condamnant un acte «qui porte atteinte à l'unité de l'Église». L'agence d'information des missions étrangères de Paris EDA rappelle que cette note s'appuie largement sur la Lettre de Benoît XVI aux catholiques chinois du printemps 2007. Elle reconnaît ainsi aux autorités chinoises le droit d'être «attentives» au choix des évêques. Mais rappelle que «la nomination des évêques par le pape est la garantie de l'unité de l'Église».
La Chine et le Saint-Siège n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1951, mais l'on parle de leur rétablissement depuis 1999. Lors de son arrivée à la tête de l'Église catholique, le Pape Benoît XVI avait fait de cette question l'une de ses priorités. Mais si, au milieu des années 2000, l'atmosphère paraissait favorable au rapprochement, le climat se dégrade depuis. Le modus vivendi trouvé entre les deux parties impliquait que les évêques reçoivent l'aval de Rome avant d'être nommés par le gouvernement chinois. Mais depuis trois ans, Pékin a procédé à plusieurs nominations «illégales».
Le chiffre officiel de catholiques en Chine est de 5,7 millions, mais on estime leur nombre à 12 millions au moins. Ils sont répartis entre une «Église officielle» et une «Église souterraine», deux communautés loin d'être étanches. Entre ces deux Églises, les relations sont complexes, et varient beaucoup selon les régions et les personnalités.
Par Arnaud de La Grange