Le changement est une valeur intrinsèque à toute société. La société sénégalaise n’en fait pas exception. Ainsi, elle subit des influences extérieures et des mutations intérieures qui mènent à des changements de comportement aussi bien positifs que négatifs, qui bouleversent les valeurs traditionnelles et suscitent des résistances. Souvent décriée comme «crise de valeurs», cette évolution mérite d’être analysée de façon scientifique afin d’en dégager les raisons et conséquences. Dans ce but, le Mouvement citoyen a consacré la nouvelle édition de sa revue biannuelle, La lettre du citoyen, à «la société sénégalaise entre mutations et résistances».
Comme l’a dévoilé le Rédacteur en chef, Souleymane Barry, lors de la cérémonie de lancement, mardi dernier, à la fondation Konrad Adenauer, les sept contributions des jeunes chercheurs, se regroupent autour de deux thèmes, la famille et la sexualité. Tandis que le premier axe rassemble des textes portant sur l’évolution des couples, la situation de l’enfant et le problème de la féminisation de l’infécondité, les contributions du deuxième axe sont consacrées aux abus sexuels sur les mineurs, à la question du viol, au voyeurisme chez les jeunes et à la dépigmentation artificielle.
Selon l’adjointe au représentant résident de la fondation Adenauer, Mme Ute Bocandé, le regard critique des chercheurs sur la société intervient dans une situation où cette dernière est en «crise morale et institutionnelle». Selon elle, le danger de la mondialisation entraînant une insécurité psychologique, conduit au repli identitaire. Ce repli «d’orientation religieuse, ethnique, linguistique, géographique et culturelle», risque de culminer dans une résistance aigue face aux changements, qui peuvent néanmoins être de nature positive. «D’un autre côté, la vie dans les villes (…) incite à des relâchement des mœurs, étant donné que le contrôle social ne joue plus son rôle. Souvent l’individualisme prime sur l’intérêt du groupe (…), et des comportements qui mettent en danger la cohésion de la société, sont devenus monnaie courante», explique-t-elle dans son avant-propos, et traite aussi les deux côtés de la médaille.
A la base de cette crise se trouve l’«abandon des valeurs cardinales de la famille», qui est devenu caractéristique d’une société «qui ne tient plus compte des valeurs fondamentales de solidarité et de responsabilité».
CRITIQUE DES MARABOUTS : «La religion est prise en otage»
Dans l’analyse des mutations et résistances dans la société sénégalaise, la présidente du Mouvement citoyen, Penda Mbow n’a pas manqué de crier son ras-le-bol aux chefs religieux : «Les marabouts, on ne les entend que quand il s’agit de limiter les droits de la femme, mais jamais sur la question du tawhid.» Un avis partagé par Youssoupha Wade, président du Conseil national du dialogue social (Cnds), qui confirme : «Le risque ne se trouve pas au niveau de la religion, mais au niveau des confréries.»
Mme Mbow regrette l’absence de tout regard critique quand il s’agit de la religion. «Personne n’ose critiquer notre pratique», a-t-elle dénoncé. De plus, elle a constaté «une prise en otage de la religion, non pas seulement par les fidèles, mais également par les hommes politiques». En conséquence, «la religion perd sa spiritualité» et devient un «phénomène social et politique». Cette «mise à l’écart de la religion» constitue selon elle, un danger majeur pour la société, qui risque d’«exploser» et d’aboutir à «un modèle païen».
Stagiaire
le quotidien
Comme l’a dévoilé le Rédacteur en chef, Souleymane Barry, lors de la cérémonie de lancement, mardi dernier, à la fondation Konrad Adenauer, les sept contributions des jeunes chercheurs, se regroupent autour de deux thèmes, la famille et la sexualité. Tandis que le premier axe rassemble des textes portant sur l’évolution des couples, la situation de l’enfant et le problème de la féminisation de l’infécondité, les contributions du deuxième axe sont consacrées aux abus sexuels sur les mineurs, à la question du viol, au voyeurisme chez les jeunes et à la dépigmentation artificielle.
Selon l’adjointe au représentant résident de la fondation Adenauer, Mme Ute Bocandé, le regard critique des chercheurs sur la société intervient dans une situation où cette dernière est en «crise morale et institutionnelle». Selon elle, le danger de la mondialisation entraînant une insécurité psychologique, conduit au repli identitaire. Ce repli «d’orientation religieuse, ethnique, linguistique, géographique et culturelle», risque de culminer dans une résistance aigue face aux changements, qui peuvent néanmoins être de nature positive. «D’un autre côté, la vie dans les villes (…) incite à des relâchement des mœurs, étant donné que le contrôle social ne joue plus son rôle. Souvent l’individualisme prime sur l’intérêt du groupe (…), et des comportements qui mettent en danger la cohésion de la société, sont devenus monnaie courante», explique-t-elle dans son avant-propos, et traite aussi les deux côtés de la médaille.
A la base de cette crise se trouve l’«abandon des valeurs cardinales de la famille», qui est devenu caractéristique d’une société «qui ne tient plus compte des valeurs fondamentales de solidarité et de responsabilité».
CRITIQUE DES MARABOUTS : «La religion est prise en otage»
Dans l’analyse des mutations et résistances dans la société sénégalaise, la présidente du Mouvement citoyen, Penda Mbow n’a pas manqué de crier son ras-le-bol aux chefs religieux : «Les marabouts, on ne les entend que quand il s’agit de limiter les droits de la femme, mais jamais sur la question du tawhid.» Un avis partagé par Youssoupha Wade, président du Conseil national du dialogue social (Cnds), qui confirme : «Le risque ne se trouve pas au niveau de la religion, mais au niveau des confréries.»
Mme Mbow regrette l’absence de tout regard critique quand il s’agit de la religion. «Personne n’ose critiquer notre pratique», a-t-elle dénoncé. De plus, elle a constaté «une prise en otage de la religion, non pas seulement par les fidèles, mais également par les hommes politiques». En conséquence, «la religion perd sa spiritualité» et devient un «phénomène social et politique». Cette «mise à l’écart de la religion» constitue selon elle, un danger majeur pour la société, qui risque d’«exploser» et d’aboutir à «un modèle païen».
Stagiaire
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