Pléthore de fonctionnaires, volumes importants des budgets de fonctionnement… : Wade va-t-il dégraisser la Fonction publique ?

Un dégraissage en vue dans la Fonction publique ? L’idée n’est pas saugrenue ! Hier, présidant la rencontre du Conseil présidentiel de l’investissement, le président de la République a fortement dénoncé l’utilisation des budgets des ministères pour payer des fonctionnaires au détriment des actions concrètes pouvant concourir à améliorer les conditions de vie des populations. En effet, pour le chef de l’Etat, il est triste de constater qu’au Sénégal, ‘on reconduit tout sans réfléchir’. Aussi, il ne comprend pas que certains départements ministériels consacrent la quasi-totalité de leurs budgets au fonctionnement. ‘On arrive à des budgets extraordinaires où 80 % est consacré au fonctionnement et seulement 20 % pour l’action sur le terrain. On crée des fonctionnaires mais pour l’action, rien. J’ai découvert l’autre jour que, dans un budget comme celui du ministère de la Femme, sur 18 milliards, il n’y a que 300 millions de francs Cfa pour l’action. Vous savez, c’est très sérieux, si je ne regardais pas comme un scientifique dans son microscope, je ne l’aurais pas vu’, déclare le président de la République. Qui assure que l’Etat va renverser la conception budgétaire. ‘J’ai dit que je ne veux plus de budgets dans lesquels il y a plus de 40 % de fonctionnement. J’ai dit que désormais tous les fonctionnements n’occuperont pas le maximum. Imaginez si dans ce ministère, (Ministère de la Femme, Ndlr) on avait investi plus de 12 ou 14 milliards pour une action en direction des femmes en termes de micro-crédit ou de projets de groupement féminin ! Malheureusement, on en est encore à un point d’absorption élevé à cause du fonctionnement’.

Partant de ce constat de l’inefficacité de cette approche, Wade qui a rappelé une controverse qu’il avait eue avec un ministre de l’Economie et des finances du régime socialiste, sur la réduction des fonctionnaires, estime qu’il va falloir en revoir le nombre. ‘On a tout essayé, avec les départs volontaires et je ne sais pas quoi encore, mais cette fois-ci nous allons nous y prendre autrement’, soutient-il. Néanmoins, il annonce que cette remise en cause du nombre de fonctionnaires ne va pas se faire n’importe comment. ‘Nous sommes des humains, nous n’allons pas renvoyer des gens ou les verser dans le chômage. Il faut trouver les mutations qu’il faut pour aller à une fonction publique optimale, pour que la dépense de l’Etat de 100 % arrive dans les actions à hauteur de 60 % et non vers la rémunération de fonctionnaires ou ce que je raille - à savoir les ‘renforcements de capacités’ que je n’assimile pas bien’, prévient le chef de l’Etat. Justement, le président Wade en a profité pour dénoncer l’utilisation de l’argent de l’Etat dans les sessions de ‘renforcement de capacités’ alors que ‘tout est priorité’ dans des pays comme le Sénégal. ‘Je viens de recevoir un fonds très important qui doit se chiffrer à 50 millions de dollars hier (27 milliards Cfa, environ, Ndlr) dont on me disait que c’est pour renforcer les capacités. J’ai dit à nos partenaires de nous laisser l’investir dans des secteurs productifs. Et ils ont accepté de nous y suivre’, fait-il remarquer.

Seyni DIOP