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Pluies à Dakar -Maisons inondées, routes coupées, eaux usées, sdf… :L'Etat patauge dans ses carences

Les pluies qui se sont abattues la semaine dernière dans Dakar ont amené les populations de la banlieue à vivre dans l’eau. De Dalifort à Nord Foire en passant par Pikine Niéty Mbar et Guédiawaye, les eaux ont envahi les quartiers, les maisons, troublant ainsi la quiétude des populations. Dans plusieurs secteurs, les eaux ont tout simplement délogé les populations. Samedi dernier, le Premier ministre Hadjibou Soumaré, en compagnie de quelques membres du gouvernement, est descendu sur le terrain. Une visite mouvementée avec des maires hués dans leurs localités. Des huées qui font écho à un drame humain causé par la pluie.


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Septembre 2008 à 12:14 | | 1 commentaire(s)|

Pluies à Dakar -Maisons inondées, routes coupées, eaux usées, sdf… :L'Etat patauge dans ses carences
Il est 10h 30 quand le cortège du chef du gouvernement s’ébranle du building administratif, en ce samedi, pour se diriger vers la banlieue. Cette visite du Premier ministre, Hadjibou Soumaré pour s’enquérir des difficultés rencontrées par les populations en cette période de fortes pluies occasionnant des inondations dans cette zone défavorisée, a connu une grande mobilisation. Treize sites étaient au menu de cette visite.

- Dalifort
Après quelques minutes de route, le convoi rallie le premier point : Dalifort, où l’eau a pris en otage la mairie de cette localité. Une eau noire qui commence à laisser échapper une odeur nauséabonde. Des pneus et des détritus de toutes sortes y pataugent. Cette situation n’est pas une première. Les populations la vivent à chaque hivernage.«C’est comme ça chaque année, on est inondé», lance un habitant à l’endroit des journalistes pour se faire entendre. Il n’est pas le seul à déplorer la situation. Un groupuscule de femmes et d’enfants arborant des foulards rouges et des pancartes sur lesquels on pouvait lire «Gorgui, avec l’autoroute à péage sans canalisation nous sommes fichus», crient à tue tête leur mécontentement : «Nous sommes fatigués.»

- Thiaroye-sur-mer
Après cette première étape, cap sur Thiaroye-sur-mer. Là, même les rails ont fait les frais des fortes précipitations enregistrées ces derniers jours. Conséquence, le train des Industries chimiques du Sénégal (Ics) avec les rails complètement envahis par les eaux pluviales se trouve paralysé. De même dans cette localité, «les morts» se retrouvent sous l’eau. Le cimetière est dans ses trois-quart envahi. Ce que déplore Ndèye Mbaye, une riveraine en ces termes : «Il y a trop d’eau et nous sommes très fatigués, regardez comment le cimetière est rempli.» Seulement d’après les riverains, cette situation est moins inquiétante par rapport à ce qu’ils vivent à l’intérieur du quartier. «Nous souffrons énormément de cette situation, même pour couper le jeûne ou pour manger, on a du mal à trouver de la place pour déposer le plat, les cours sont remplies d’eau», renseigne Mame Libasse en sous vêtement vert, un habitant du quartier qui attend des autorités, des gestes concrets. «Les autorités devaient mener ces genres de démar-ches avant l’entame de l’hivernage et installer une canalisation qui nous mettraient à l’abri des maladies comme le choléra et le paludisme, mais nous espérons qu’elles feront quelques choses après leur passage», se console-t-il.
Dans cette zone, le maire a fait savoir au Premier ministre que la localité dispose de quatre motos pompes de mille mètres cubes. Mais, souligne-t-il au passage le problème de canalisation se pose pour faciliter un drainage des eaux vers la mer. Satisfait, le Premier minsitre donne des recommandations. «Travaillez sur ça et faites, moi un rapport rapidement sur cette question.»

- Diaksao
L’étape suivante qui se trouve être Diaksao II a laissé un goût amer aux riverains. Le Premier ministre s’étant limité à la visite du bassin de rétention à propos duquel il a reçu l’assurance du directeur général de l’Agence autonome des travaux routiers (Aart), Ibrahima Ndiaye, qui lui a fait savoir que ce bassin pourrait contenir toutes les eaux de la localité s’il y a des stations de drainage à l’intérieur des quartiers. Cet avis n’est pas partagé par les populations qui demandent à ce que la visite soit menée à l’intérieur des quartiers où se trouvent les vraies difficultés. Un ancien militaire, Moustapha Ndao et non moins riverain dans un blouson blanc, explique son calvaire quotidien. «J’habite tout près dans la deuxième rue et chaque jour, je retrousse ma tenue jusqu’ aux hanches pour sortir, car je patauge dans l’eau avec ma famille», s’indigne-t-il. Toutefois, il ajoute : «Quand je sors pour aller au travail ou pour vaquer à mes besoins, je mets mes habits dans un sachet, je traverse l’eau sur une longueur de deux cents mètres, et une fois au bord de la route, je m’habille avec toutes les saletés pour partir au boulot.» Avant de lancer : «Le Premier ministre doit agir le plus rapidement possible, parce que quand on nous amène des pompes de petites tailles, ça ne nous mène à rien. On attend qu’on nous amène des sasseurs et dans quarante huit heures, nous allons nous séparer des eaux.» Les populations de Diaksao se plaignent aussi de l’eau de Diamaguene qui est drainée vers leur localité. En effet, renseigne un des chargés du pompage au ministre de l’Intérieur, des commerçants du marché de Diamaguene ont créé une tranchée qui conduit l’eau des pluies directement vers Diaksao.

- Diamaguene
A Diamaguene, le premier à prendre la parole est le maire de la commune d’arrondissement, Amadou Yoro Sy, qui fait remarquer à Hadjibou Soumaré que sa localité a perdu deux écoles à cause des fortes pluies. Mais comme pour rejeter le tort qu’on veut faire porter aux autorités, le Premier ministre rappelle au maire que c’est à eux de se prendre en charge, parce que certaines compétences sont déléguées aux Collectivités. Ce qui ne les empêche pas de voler au secours des populations dans le but de «soulager leurs souffrances». A cette étape de Diamaguene, M. Soumaré a tenu à rappeler que «l’Etat appuie les populations car c’est un problème national et le gouvernement est conscient des difficultés qu’il y a dans le pays». Mais, le départ du cortège a été marqué par quelques huées qui ont obligé les forces de l’ordre à chasser les femmes et jeunes qui criaient : «Ndokh bi moniou sonal»

- Fass Mbao-Hamdalay 4
A Fass Mbao, c’est le sinistre total. La route qui traverse le quartier sur plusieurs kilomètres est devenue impraticable. L’eau arrive aux hanches. Les populations pour vaquer à leurs occupations sont obligées de plonger dans cette eau noire et verdâtre par ailleurs ou d’emprunter les charrettes. A l’intérieur de certaines maisons c’est le calvaire, car l’eau est dans toutes les chambres. Pour accéder à certaines maisons, il faut marcher sur des briques posées par les propriétaires et ils avertissent même du danger qu’il y a à marcher sur les briques, car dans certaines maisons, des égouts sont ouverts. Des cours complètement envahies par les eaux. De Fass Mbao à Hamdalay 4, le scénario est le même. Quelques véhicules de la délégation tomberont en panne, notamment celui de Daour Niang Ndiaye, car le niveau de l’eau était très élevé à Hamdalay 4. Les populations ont voulu montrer cette situation au Premier ministre qui n’a pas pu visiter demeure après demeure. D’aucuns ont même souhaité le départ du maire de leur communauté, lequel a été fortement hué. Ce qui l’a obligé à changer de véhicule. D’ailleurs, dans cette zone de Fass Mbao, les riverains ont fait savoir qu’il ya deux cas de noyades, occasionnant la mort.

- Guinaw Rail, une mosquee entouree par les eaux
A Guinaw Rail, les zones visitées présentent un visage hideux. Il y a de l’eau trouble et verdâtre par endroits. Et là-bas, c’est la grande mosquée en construction complètement sous les eaux qui étonne la délégation. En face, une boulangerie, inondée, continue à préparer du pain malgré le danger que cela peut représenter. On ne peut pas non plus y reconnaître les eaux usées et celles des pluies, car des caniveaux débordés se déversent sur la route et se mélangent à l’eau des pluies. Et les populations de déplorer la réaction des autorités dans leur localité.
Niéty Mbar, Wakhinane, Nimzatt où des huées de femmes et enfants ont accompagné la délégation, Médina Gounas et Hamdalaye II près de Thiaroye Gare ont été visités par Hadjibou Soumaré et sa délégation. Les bassins de rétention ont aussi été visités. Celui dénommé «Sénégal 92» près du pont de la Patte d’Oie a été un des derniers arrêts du convoi qui venait de quitter Guédiawaye. Mais les maires se disent incapables de résoudre à eux seuls les problèmes de l’inondation.

l Yoff, le Terminus
Arrivés à Yoff, l’espace goudronné faisant face au centre de santé Philippe M. Senghor est réquisitionné comme site pour le point de presse. Le Premier ministre, entouré de Cheikh Tidiane Sy, vêtu d’un uniforme des sapeurs-pompiers, de Samuel Sarr chapelet en main, de Abdou Aziz Sow, ministre de l’Information et de Oumar Sarr de l’Urbanisme, tient d’abord à remercier la presse, car, il estime que c’est «un effort national et patriotique» qu’ont fait les journalistes, caméramans et photographes. Ensuite, le chef du gouvernement s’est dit préoccupé de la situation que traverse les résidents des sites inondés: «Je veux dire aux populations qui sont sous les eaux que le gouvernement et le président de la République est avec eux pour relever ce défi.» Il poursuit : «J’ai vu des populations qui traversent des difficultés mais dans la dignité.» Mais pour atteindre cet objectif, le Premier ministre «en appelle aux populations et à tout le secteur privé pour accompagner l’Etat dans cette tâche».
Des moyens sont déjà mis à la disposition de ces populations, car selon Hadjibou Soumaré, quarante autos-pompeurs et vingt-cinq motos-pompes de haut débit sont déjà déployés. Mais pour le chef du gouvernement qui se veut rassurant, ces moyens ne suffisent pas pour soulager les populations.
Et dans ce cas, dit-il, «nous devons faire des efforts supplémentaires et j’en informerai le chef de l’Etat», rassure-t-il. Interpelé aussi au sujet de l’aide internationale pour venir à bout des eaux, il précise que la France s’est déjà manifestée. Mais, il estime que malgré tout, l’effort national est colossal. A la suite de cela, le cortège s’est dirigé vers la Primature, achevant une longue journée passée dans les eaux.

Par Justin GOMIS et Serigne Saliou DIAGNE avec le quotidien

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1.Posté par Buur Djoloff le 08/09/2008 17:22 | Alerter
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Ils attendent quoi du secteur privé. C'est à eux de faire le travail pour que INONDATION soit un mauvais souvenir!

Dans quel pays sommes-nous? dés qu'il y a une affaire qu'ils arrivent pas à résoudre, ils font appel aux secteurs privés.

Dans ces conditions, il est préférable de donner les prérogatives nationales et publiques aux secteurs privés.

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