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Plus de 90 000 œuvres originaires d'Afrique dans les musées de France

Le 23 novembre dernier, le rapport Savoy-Sarr sur la restitution à certains pays d’Afrique d’œuvres spoliées a été remis au président Emmanuel Macron. Le rapport rend compte des œuvres originaires de pays de l’Afrique subaérienne.


Rédigé par leral.net le Samedi 1 Décembre 2018 à 18:43 | | 0 commentaire(s)|

Plus de 90 000 œuvres originaires d'Afrique dans les musées de France
Il y en aurait près de 90 000 aujourd’hui à travers les musées de France, dont la grande majorité, 70 000, se trouveraient au musée du quai Branly à Paris. La plupart des objets viennent du Tchad, puis du Cameroun, de Madagascar et du Mali et enfin de la Côte d’Ivoire, du Bénin, de l’Éthiopie, du Gabon ou du Congo.

Emmanuel Macron avait déjà exprimé son opinion à ce sujet en novembre de l’année dernière, lors de son voyage à Ouagadougou. Il s’était alors engagé à restituer les œuvres aux anciens pays des colonies françaises en s’accordant un délai de cinq ans.

Un état des lieux affligeant

Ce rapport n’est que la première étape vers une restitution temporaire ou pérenne de ces objets. Les deux universitaires l’ayant rédigé, la Française Bénédicte Savoy et le Sénégalais Felwine Sarr, défendent le cas d’une restitution permanente. Ils parlent de quatre différents types d’objets qu’ils estiment devoir être renvoyés à leur pays d’origine : ceux acquis au cours d’agressions militaires, ceux saisis durant la période coloniale, ceux pris de force lors des expéditions scientifiques françaises en Afrique, et enfin, ceux acquis illégalement, notamment à travers des réseaux de trafics.

Le rapport propose également de modifier le code du patrimoine pour faciliter la restitution de ces œuvres à leur pays d’origine.

Le musée du quai Branly, le plus grand musée français d’ « art premier », possède environ 10 000 pièces d’art Africain, notamment des œuvres de l’art dogon du Mali, des statues royales mi-homme mi-lion du Bénin, des peintures chrétiennes d’Éthiopie ou encore des œuvres de l’art classique du royaume du Dahomey, qui se situait dans l’actuel Bénin.

Une grande partie de ces œuvres, près des deux-tiers, seraient parvenues dans les collections durant la période coloniale, entre 1885 et 1960. Le rapport explique que certaines auraient même été acquises lors de pillages de la part des troupes coloniales à la fin du XIXe siècle, notamment dans le cas du trésor de Ségou.

Premiers pas vers la restitution

A l’obtention du rapport, Emmanuel Macron a pris la décision vendredi dernier, de restituer 26 œuvres d’art au Bénin. Celles-ci avaient été acquises par l’armée française pendant la conquête de Dahomey en 1892 au Bénin. Elles comprennent notamment les trônes des rois Glèlè et Ghezo, couramment exposés au musée du quai Branly.

Le président a également l’intention de « réunir à Paris au premier trimestre 2019, l’ensemble des partenaires africains et européens » afin de s’accorder sur les actions à prendre dans les prochaines années.

Une source de polémique 

Malgré les mesures prises récemment par le chef d’Etat, la question reste cependant la source de nombreuses polémiques : le directeur du musée du quai Branly, Stéphane Martin, a montré son désaccord avec les opinons exprimées dans le rapport. Selon lui, elles démontrent une incompréhension du rôle des musées. L’ex-ministre de la culture sous Jacques Chirac, Jean-Jacques Aillagon, a qualifié les musées français tels que le Louvre ou le musée Guimet d’ « universels », en ajoutant que « la mise en œuvre des recommandations aurait pour effet de vider les collections africaines des musées français et, en premier lieu, celles du Musée du quai Branly ».

Reste à voir si ce rapport encouragera une politique plus active de restitution, notamment en changeant l’opinion publique à ce sujet.







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