C’est un vrai regain de popularité pour la polygamie au Sénégal. Fait étonnant, voire déroutant pour les Occidentales, de nombreuses jeunes femmes instruites en quête d’indépendance déclarent la plébisciter.
Selon une enquête du magazine Elle, «environ 40% des ménages sénégalais sont officiellement polygames, un chiffre qui serait en dessous de la réalité, selon Moustapha Wone, sociologue à Dakar, qui ajoute : «curieusement, il y a une recrudescence de la polygamie dans les milieux aisés, et c’est ce qui est extraordinaire.»
La loi sénégalaise propose à l’homme de choisir dès son premier mariage entre la monogamie, le polygamie classique (jusqu’à quatre épouses) et la polygamie «limitée» à deux ou trois epouses, explique senegalaisement.com.
Les femmes ne sont bien sûr pas contraintes physiquement à ce choix. Mais la pression sociale est telle que beaucoup l’acceptent. Selon dakaroiseries.com, «c’est la quête d’un statut (mariage) imposé par la société qui pousse donc des centaines à rentrer en union polygame. On assiste à une polygamie choisie pour se distinguer de celle subie.»
Dans les années 60, le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, avait interdit à ses ministres d’avoir plus d’une épouse. Aujourd’hui, on assiste à un complet revirement. L’actuel Premier ministre, Abdoul Mbaye, est un polygame revendiqué.
L’écrivaine française Caroline Pochon a été quelques mois la deuxième épouse d’un homme au Sénégal. Elle raconte son expérience dans un livre Deuxième femme. La journaliste Sabine Cessou décrit cette polygamie vécue par une Occidentale dans un blog sur rue 89: «Cette jolie blonde aux yeux bleus rencontre Seydou, réalisateur sénégalais.
C’est la coup de foudre. Elle le suit chez lui, à Dakar, où elle accepte de se convertir à l’islam pour l’épouser et partager son existence avec sa première femme Awa.» Quant à Caroline Pochon, elle rappelle que «dans la société sénégalaise, la notion de couple est irreductiblement différente de la nôtre, monogame et romantique.»
Le Sénégal connaît une vague conservatrice depuis les années 2000. Pour certains, la polygamie apparaît comme une contestation du modèle occidental. Pour d’autres, elle est un signe de réussite, c’est «la polygamie du nouveau riche» selon Awe Ba, fondatrice de l’association franco-sénégalaise Efapo (en finir avec la polygamie).
A Dakar, beaucoup de jeunes intellectuelles ont du mal à «se caser». On se méfie des filles «malignes». Un mode de fonctionnement y est devenu courant : un homme contracte un premier mariage de raison avec une jeune femme soumise et peu instruite. Puis il épousera une femme plus éduquée et financièrement indépendante. Beaucoup d’entre elles cherchent ce statut de seconde épouse. Un statut «confortable».
Entre les jeunes Sénégalais et la polygamie, une nouvelle histoire d’amour s’établit : «Aujourd’hui, tout laisse à croire que le fait de partager un mari avec une autre ou de convoler en secondes noces pour les hommes est à la mode.» «Je l’ai fait pour le feeling. J’ai les moyens de prendre en charge une femme de plus, alors ce n’est pas que je ne sois plus amoureux de ma awaa (première femme, NDLR), mais j’avais envie de de faire et je l’ai fait», raconte Madiaw, 34 ans.
M. est une jeune femme de 29 ans, mariée puis divorcée après deux années de mariage avec un monogame. Aujourd’hui, elle compte refaire sa vie mais à une seule condition : se remarier avec un conjoint polygame. Selon elle, les jeunes hommes qui prennent l’initiative d’avoir plusieurs épouses sont plus mûres et plus sensibles. «Je parle en connaissance de cause et je pense finalement que la polygamie est un avantage pour les femmes. Si on considère que le mariage est programmé pour toute la vie, c’est long. Mais si ton mari a d’autres femmes, tu auras suffisamment le temps de faire autre chose».
Polygamie, un mariage à mi-temps ?
Les secondes épouses, jeunes actives, continuent à travailler. Sur la campus de Dakar, toutes rêvent d’être appellées «Madame». Une nouvelle «mode» qui fait bondir Marie-Angélique Savané, fondatrice de l’association féministe Yeewu Yewwi (Prendre conscience pour se libérer). «Même l’élite moderne et branchée s’y met. C’est indécent! Les féministes de ma génération se sont battues contre la polygamie. Maintenant, on n’ose plus déclarer qu’on est contre.»
Même les chrétiennes y succombent. Soit parce qu’elles tombent amoureuses d’un homme marié soit par peur de rester vieilles filles.
Valérie Kowal France Info
Selon une enquête du magazine Elle, «environ 40% des ménages sénégalais sont officiellement polygames, un chiffre qui serait en dessous de la réalité, selon Moustapha Wone, sociologue à Dakar, qui ajoute : «curieusement, il y a une recrudescence de la polygamie dans les milieux aisés, et c’est ce qui est extraordinaire.»
La loi sénégalaise propose à l’homme de choisir dès son premier mariage entre la monogamie, le polygamie classique (jusqu’à quatre épouses) et la polygamie «limitée» à deux ou trois epouses, explique senegalaisement.com.
Les femmes ne sont bien sûr pas contraintes physiquement à ce choix. Mais la pression sociale est telle que beaucoup l’acceptent. Selon dakaroiseries.com, «c’est la quête d’un statut (mariage) imposé par la société qui pousse donc des centaines à rentrer en union polygame. On assiste à une polygamie choisie pour se distinguer de celle subie.»
Dans les années 60, le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, avait interdit à ses ministres d’avoir plus d’une épouse. Aujourd’hui, on assiste à un complet revirement. L’actuel Premier ministre, Abdoul Mbaye, est un polygame revendiqué.
L’écrivaine française Caroline Pochon a été quelques mois la deuxième épouse d’un homme au Sénégal. Elle raconte son expérience dans un livre Deuxième femme. La journaliste Sabine Cessou décrit cette polygamie vécue par une Occidentale dans un blog sur rue 89: «Cette jolie blonde aux yeux bleus rencontre Seydou, réalisateur sénégalais.
C’est la coup de foudre. Elle le suit chez lui, à Dakar, où elle accepte de se convertir à l’islam pour l’épouser et partager son existence avec sa première femme Awa.» Quant à Caroline Pochon, elle rappelle que «dans la société sénégalaise, la notion de couple est irreductiblement différente de la nôtre, monogame et romantique.»
Le Sénégal connaît une vague conservatrice depuis les années 2000. Pour certains, la polygamie apparaît comme une contestation du modèle occidental. Pour d’autres, elle est un signe de réussite, c’est «la polygamie du nouveau riche» selon Awe Ba, fondatrice de l’association franco-sénégalaise Efapo (en finir avec la polygamie).
A Dakar, beaucoup de jeunes intellectuelles ont du mal à «se caser». On se méfie des filles «malignes». Un mode de fonctionnement y est devenu courant : un homme contracte un premier mariage de raison avec une jeune femme soumise et peu instruite. Puis il épousera une femme plus éduquée et financièrement indépendante. Beaucoup d’entre elles cherchent ce statut de seconde épouse. Un statut «confortable».
Entre les jeunes Sénégalais et la polygamie, une nouvelle histoire d’amour s’établit : «Aujourd’hui, tout laisse à croire que le fait de partager un mari avec une autre ou de convoler en secondes noces pour les hommes est à la mode.» «Je l’ai fait pour le feeling. J’ai les moyens de prendre en charge une femme de plus, alors ce n’est pas que je ne sois plus amoureux de ma awaa (première femme, NDLR), mais j’avais envie de de faire et je l’ai fait», raconte Madiaw, 34 ans.
M. est une jeune femme de 29 ans, mariée puis divorcée après deux années de mariage avec un monogame. Aujourd’hui, elle compte refaire sa vie mais à une seule condition : se remarier avec un conjoint polygame. Selon elle, les jeunes hommes qui prennent l’initiative d’avoir plusieurs épouses sont plus mûres et plus sensibles. «Je parle en connaissance de cause et je pense finalement que la polygamie est un avantage pour les femmes. Si on considère que le mariage est programmé pour toute la vie, c’est long. Mais si ton mari a d’autres femmes, tu auras suffisamment le temps de faire autre chose».
Polygamie, un mariage à mi-temps ?
Les secondes épouses, jeunes actives, continuent à travailler. Sur la campus de Dakar, toutes rêvent d’être appellées «Madame». Une nouvelle «mode» qui fait bondir Marie-Angélique Savané, fondatrice de l’association féministe Yeewu Yewwi (Prendre conscience pour se libérer). «Même l’élite moderne et branchée s’y met. C’est indécent! Les féministes de ma génération se sont battues contre la polygamie. Maintenant, on n’ose plus déclarer qu’on est contre.»
Même les chrétiennes y succombent. Soit parce qu’elles tombent amoureuses d’un homme marié soit par peur de rester vieilles filles.
Valérie Kowal France Info