La sexualité, modalité d’existence de l’homme, est peut-être avec la foi, l’une des formes d’expression les plus puissantes de l’homme dans la société. C’est la raison pour laquelle elle est naturellement ‘comprimée’ dans un ensemble de normes sociales qui lui offre la voie à suivre. Lorsque ce processus de socialisation est rompu ou perturbé par la tendance particulière au ‘désenchantement spirituel’ qui caractérise aujourd’hui la société sénégalaise, nous pouvons assister à une forme d’expression de la sexualité dangereusement perverse.
Il existe des éléments notables dont la fonction est de réprimer ou éduquer la sexualité débridée. Il s’agit des constructions morales fabriquées par la société, la religion, mais aussi un élément psychologique important qui est le dégoût. Lorsque l’un quelconque de ces éléments est absent, le risque est énorme de voir la sexualité quitter sa fonction naturelle pour se déployer ailleurs. Il s’agit ici de la diversion sexuelle.
Au Sénégal, le religieux est très prégnant. Mais attention ! L’omniprésence du religieux n’implique toujours pas que la religion en tant que telle, joue sa véritable fonction. Malgré ce brouillamini de religieux, les Sénégalais éprouvent des difficultés à convoquer la religion dans sa dimension spirituelle et morale. Ils entretiennent un rapport étrange avec la religion, un rapport qui peut être qualifié d’attraction-répulsion. Tout ceci concourt à expliquer la propension des Sénégalais à afficher de façon ostensible leur appartenance religieuse et, dans le même temps, leur amour presque ‘culturel’ des choses érotiques. Nous avons une société très érotisée.
Dans la société traditionnelle, Eros et tout ce qui est lié à la sexualité étaient maîtrisés parce que suffisamment socialisés. La découverte de ces ‘choses’ participait au processus de socialisation de l’individu. Aujourd’hui, des formes de déviance comme la pornographie qui est une variante particulière et facile du voyeurisme et qui n’a rien à voir avec l’érotisme, les pratiques contre-nature comme la pédérastie, l’étalage éhonté du sexe gratuit à travers le petit écran, le dévoilement public de tout l’arsenal érotique (visuel, tactile) dont la culture africaine recèle, sont d’une banalité telle qu’ils n’offusquent que les personnes qualifiées de ringards.
Au Sénégal, il existe une forme pernicieuse de diffusion illégale de la pornographie à travers les réseaux câblés qui piratent des chaînes X à des fins bassement commerciales. Tout le monde le sait et personne n’en parle. Dans une ville pas loin de Dakar, ‘un réseau-man’ s’est permis de diffuser habituellement du porno-hard en plein jour. Il a fallu que des pères de famille consciencieux se plaignent pour qu’ils arrêtent ces pratiques ‘diaboliques’.
La crise du cinéma au Sénégal avec son corollaire (la fermeture des salles qui ont fait faillite, faute de clients) est un facteur favorisant. Les quelques salles qui restent, diffusent de la pornographie pour exister et faire face à la menace de fermeture.
Quant au petit écran, une attitude particulièrement laxiste des autorités de régulation et des directeurs de programme expose aujourd’hui les enfants à une pluie d’images et d’émissions qui heurtent leur jeune conscience. L’on oublie souvent qu’il existe des images hallucinantes et même subliminales qui ont l’air banales mais qui, à force de consommation, peuvent déstructurer l’individu. Il existe des clips au Sénégal qui ne peuvent être diffusés dans aucune chaîne publique en Occident. Les Occidentaux seraient-ils plus pudiques que nous ? Tout le monde se souvient de l’incident créé par Janet Jackson qui a dénudé involontairement un sein lors d’un concert ; ce geste qui peut paraître anodin face aux images des soirées sénégalaises, a valu à la chanteuse la menace d’être interdite de télévision aux Etats-Unis parce que l’émission passait à une heure de grande écoute.
Le film français ‘Les choristes’ a été interdit aux moins de douze ans par les Américains parce que, tout simplement, il s’y trouve une scène où un enfant profère des injures. Que dire de ‘Saa Neex’, champion de la vulgarité et de l’injure ? Il serait ‘enterré vivant’ dans des pays conservateurs comme les Etats-Unis et l’Angleterre.
Aucun effort de censure n’est opéré par les autorités, du moins on ne le sent pas. Les responsables de nos chaînes de télévision jouent avec le feu. Le sexe peut rendre fou. Lorsque la sexualité sort de son lit naturel, elle peut se draper du manteau du diable pour frapper de sa main lourde toute une civilisation. Le néo-marxiste américain d’origine allemande Herbert Marcuse l’a compris lorsqu’il écrit dans Eros et Civilisation (1955) : ‘Contre une société qui utilise la sexualité comme moyen pour réaliser une fin socialement utile, les perversions maintiennent la sexualité comme une fin en soi’.
Aussi le sémillant psychologue Serigne Mor Mbaye a raison d’écrire : ‘La main du diable est tendue sur le Sénégal, nous irons tous en enfer’. A travers la dimension eschatologique de l’expression, c’est toute l’horreur et la misère morale vécue par les Sénégalais qui se trouvent exprimées dans ces propos.
Khalifa TOURE lanalyste.com
Il existe des éléments notables dont la fonction est de réprimer ou éduquer la sexualité débridée. Il s’agit des constructions morales fabriquées par la société, la religion, mais aussi un élément psychologique important qui est le dégoût. Lorsque l’un quelconque de ces éléments est absent, le risque est énorme de voir la sexualité quitter sa fonction naturelle pour se déployer ailleurs. Il s’agit ici de la diversion sexuelle.
Au Sénégal, le religieux est très prégnant. Mais attention ! L’omniprésence du religieux n’implique toujours pas que la religion en tant que telle, joue sa véritable fonction. Malgré ce brouillamini de religieux, les Sénégalais éprouvent des difficultés à convoquer la religion dans sa dimension spirituelle et morale. Ils entretiennent un rapport étrange avec la religion, un rapport qui peut être qualifié d’attraction-répulsion. Tout ceci concourt à expliquer la propension des Sénégalais à afficher de façon ostensible leur appartenance religieuse et, dans le même temps, leur amour presque ‘culturel’ des choses érotiques. Nous avons une société très érotisée.
Dans la société traditionnelle, Eros et tout ce qui est lié à la sexualité étaient maîtrisés parce que suffisamment socialisés. La découverte de ces ‘choses’ participait au processus de socialisation de l’individu. Aujourd’hui, des formes de déviance comme la pornographie qui est une variante particulière et facile du voyeurisme et qui n’a rien à voir avec l’érotisme, les pratiques contre-nature comme la pédérastie, l’étalage éhonté du sexe gratuit à travers le petit écran, le dévoilement public de tout l’arsenal érotique (visuel, tactile) dont la culture africaine recèle, sont d’une banalité telle qu’ils n’offusquent que les personnes qualifiées de ringards.
Au Sénégal, il existe une forme pernicieuse de diffusion illégale de la pornographie à travers les réseaux câblés qui piratent des chaînes X à des fins bassement commerciales. Tout le monde le sait et personne n’en parle. Dans une ville pas loin de Dakar, ‘un réseau-man’ s’est permis de diffuser habituellement du porno-hard en plein jour. Il a fallu que des pères de famille consciencieux se plaignent pour qu’ils arrêtent ces pratiques ‘diaboliques’.
La crise du cinéma au Sénégal avec son corollaire (la fermeture des salles qui ont fait faillite, faute de clients) est un facteur favorisant. Les quelques salles qui restent, diffusent de la pornographie pour exister et faire face à la menace de fermeture.
Quant au petit écran, une attitude particulièrement laxiste des autorités de régulation et des directeurs de programme expose aujourd’hui les enfants à une pluie d’images et d’émissions qui heurtent leur jeune conscience. L’on oublie souvent qu’il existe des images hallucinantes et même subliminales qui ont l’air banales mais qui, à force de consommation, peuvent déstructurer l’individu. Il existe des clips au Sénégal qui ne peuvent être diffusés dans aucune chaîne publique en Occident. Les Occidentaux seraient-ils plus pudiques que nous ? Tout le monde se souvient de l’incident créé par Janet Jackson qui a dénudé involontairement un sein lors d’un concert ; ce geste qui peut paraître anodin face aux images des soirées sénégalaises, a valu à la chanteuse la menace d’être interdite de télévision aux Etats-Unis parce que l’émission passait à une heure de grande écoute.
Le film français ‘Les choristes’ a été interdit aux moins de douze ans par les Américains parce que, tout simplement, il s’y trouve une scène où un enfant profère des injures. Que dire de ‘Saa Neex’, champion de la vulgarité et de l’injure ? Il serait ‘enterré vivant’ dans des pays conservateurs comme les Etats-Unis et l’Angleterre.
Aucun effort de censure n’est opéré par les autorités, du moins on ne le sent pas. Les responsables de nos chaînes de télévision jouent avec le feu. Le sexe peut rendre fou. Lorsque la sexualité sort de son lit naturel, elle peut se draper du manteau du diable pour frapper de sa main lourde toute une civilisation. Le néo-marxiste américain d’origine allemande Herbert Marcuse l’a compris lorsqu’il écrit dans Eros et Civilisation (1955) : ‘Contre une société qui utilise la sexualité comme moyen pour réaliser une fin socialement utile, les perversions maintiennent la sexualité comme une fin en soi’.
Aussi le sémillant psychologue Serigne Mor Mbaye a raison d’écrire : ‘La main du diable est tendue sur le Sénégal, nous irons tous en enfer’. A travers la dimension eschatologique de l’expression, c’est toute l’horreur et la misère morale vécue par les Sénégalais qui se trouvent exprimées dans ces propos.
Khalifa TOURE lanalyste.com