Sopi, cela veut dire "changement" en Wolof, ethnie majoritaire au Sénégal, dont Momar Mbaye est aussi issu. En 2000, il vivait à Thies, « la ville rebelle qui peut faire basculer toutes les élections ». Justement les élections, et plus largement la chose publique, le passionnent. « J'ai été parmi ceux pour élire Wade à la présidence. Les jeunes s'étaient mobilisés massivement, mais quand il est arrivé il a fait pire que Diouf. Je suis très déçu », confie-t-il.
En 2002, il quitte son pays, Deug de Sciences politiques obtenu à Saint-Louis (du Sénégal) en poche, pour poursuivre des études en France. D'abord à Grenoble, puis à l'université de Haute-Alsace. « J'ai grandi dans un milieu intellectuel, mon père était enseignant et imam. Les études étaient quelque chose de très important pour nous ».
Le voici donc débarquant à Saint-Louis (d'Alsace) chez sa soeur, puis à Mulhouse où il décroche un master d'anglais. « Je n'ai pas eu de problème d'intégration. J'ai eu de bons contacts avec l'université, j'ai tissé un réseau ». Ce réseau passe par l'association Afro Alsa Culture, qui fait connaître la culture africaine sur le campus, dont il reste « chargé des relations extérieures » après en avoir été vice-président et secrétaire général.
« Dans un premier temps, j'aimerais travailler en France »
Cependant, les études, le trentenaire aux allures de jeune homme avoue qu'il s'en lasse : il voudrait bien tourner la page. « Dans un premier temps, j'aimerais travailler en France », dit-il. Puis réaliser ses deux « grands rêves » au Sénégal : « Créer un journal satirique et une maison d'édition pour promouvoir les jeunes auteurs ». Deux rêves qu'il a commencé à façonner. « En août 2008, j'ai écrit quatre pages sur le président Wade et son fils dans Le Quotidien. Le directeur de la publication a été convoqué car le contenu a été jugé insultant par le président ».
Pourquoi ne pas mettre alors directement les mains dans le cambouis de la politique ? « Je ne l'exclus pas », souffle-t-il. Mais sa préférence va à des livres... « dont la politique n'est jamais loin ». Dans son roman La Sénégauloise à Matignon (2008 Edilivre.com), il explore les aventures de Nafi, une immigrée originaire du Sénégal, propulsée sur les devants de la scène politique française. L'immigration et la politique nourrissent aussi le fond d'un second roman à paraître, Les Miettes de l'occident, dont le titre sonne comme un écho au Ventre de l'Atlantique de Fatou Diome, l'écrivaine sénégalaise installée en Alsace. « C'est une correspondance entre une femme immigrée en Alsace et une amie restée au Sénégal ».
« Je regardais une émission religieuse sur France 2 »
Il y pose deux questions : La nouvelle politique européenne d'immigration stigmatise-t-elle les ressortissants africains ? La France est-elle toujours le pays des Droits de l'Homme ? « Les gens ont droit d'être racistes, ça les regarde, tant que le racisme n'empiète pas sur ma liberté ». Une liberté chérie mise à l'épreuve dans sa pièce de théâtre Audience divine : Trois « prophètes » à l'assaut du pouvoir d'achat" (Edilivre.com 2009).
« Je regardais une émission religieuse sur France 2 et je me suis dit : et si j'avais trois prophètes - musulman, juif et chrétien - qui parlent du monde contemporain? » Voici donc Abdel, Pierre et Micha discourant avec Dieu et la Mort de la Ligue 1, de Sarkozy et du prix du baril. Provocateur ? « La provocation ne peut pas être absente d'une oeuvre littéraire ». De foi musulmane, il se dit « religieux mais sans excès », guidé par une recherche de spiritualité. « Je suis une personne qui tient beaucoup à sa liberté ». Sa vie, il la conçoit donc librement « une série d'étapes et d'épreuves » auxquelles comme dans les livres il faut savoir tracer le mot FIN, car « chaque fin est le début d'une autre histoire ». Un éternel recommencement entre France et Sénégal.
G. Gauchet
(*) "Les dérives du Sopi, Bavures impunies et médias en sursis". Edilivre.com. (Blog : http ://www.mbayemomar.over-blog.net)
En 2002, il quitte son pays, Deug de Sciences politiques obtenu à Saint-Louis (du Sénégal) en poche, pour poursuivre des études en France. D'abord à Grenoble, puis à l'université de Haute-Alsace. « J'ai grandi dans un milieu intellectuel, mon père était enseignant et imam. Les études étaient quelque chose de très important pour nous ».
Le voici donc débarquant à Saint-Louis (d'Alsace) chez sa soeur, puis à Mulhouse où il décroche un master d'anglais. « Je n'ai pas eu de problème d'intégration. J'ai eu de bons contacts avec l'université, j'ai tissé un réseau ». Ce réseau passe par l'association Afro Alsa Culture, qui fait connaître la culture africaine sur le campus, dont il reste « chargé des relations extérieures » après en avoir été vice-président et secrétaire général.
« Dans un premier temps, j'aimerais travailler en France »
Cependant, les études, le trentenaire aux allures de jeune homme avoue qu'il s'en lasse : il voudrait bien tourner la page. « Dans un premier temps, j'aimerais travailler en France », dit-il. Puis réaliser ses deux « grands rêves » au Sénégal : « Créer un journal satirique et une maison d'édition pour promouvoir les jeunes auteurs ». Deux rêves qu'il a commencé à façonner. « En août 2008, j'ai écrit quatre pages sur le président Wade et son fils dans Le Quotidien. Le directeur de la publication a été convoqué car le contenu a été jugé insultant par le président ».
Pourquoi ne pas mettre alors directement les mains dans le cambouis de la politique ? « Je ne l'exclus pas », souffle-t-il. Mais sa préférence va à des livres... « dont la politique n'est jamais loin ». Dans son roman La Sénégauloise à Matignon (2008 Edilivre.com), il explore les aventures de Nafi, une immigrée originaire du Sénégal, propulsée sur les devants de la scène politique française. L'immigration et la politique nourrissent aussi le fond d'un second roman à paraître, Les Miettes de l'occident, dont le titre sonne comme un écho au Ventre de l'Atlantique de Fatou Diome, l'écrivaine sénégalaise installée en Alsace. « C'est une correspondance entre une femme immigrée en Alsace et une amie restée au Sénégal ».
« Je regardais une émission religieuse sur France 2 »
Il y pose deux questions : La nouvelle politique européenne d'immigration stigmatise-t-elle les ressortissants africains ? La France est-elle toujours le pays des Droits de l'Homme ? « Les gens ont droit d'être racistes, ça les regarde, tant que le racisme n'empiète pas sur ma liberté ». Une liberté chérie mise à l'épreuve dans sa pièce de théâtre Audience divine : Trois « prophètes » à l'assaut du pouvoir d'achat" (Edilivre.com 2009).
« Je regardais une émission religieuse sur France 2 et je me suis dit : et si j'avais trois prophètes - musulman, juif et chrétien - qui parlent du monde contemporain? » Voici donc Abdel, Pierre et Micha discourant avec Dieu et la Mort de la Ligue 1, de Sarkozy et du prix du baril. Provocateur ? « La provocation ne peut pas être absente d'une oeuvre littéraire ». De foi musulmane, il se dit « religieux mais sans excès », guidé par une recherche de spiritualité. « Je suis une personne qui tient beaucoup à sa liberté ». Sa vie, il la conçoit donc librement « une série d'étapes et d'épreuves » auxquelles comme dans les livres il faut savoir tracer le mot FIN, car « chaque fin est le début d'une autre histoire ». Un éternel recommencement entre France et Sénégal.
G. Gauchet
(*) "Les dérives du Sopi, Bavures impunies et médias en sursis". Edilivre.com. (Blog : http ://www.mbayemomar.over-blog.net)