rIl y a, à mon avis, un certain nombre de leçons importantes qui appuient la trajectoire de développement de ce pays. Tout d’abord, l’importance des catalyseurs de développement. Un élément-clé de la réussite du Cap-Vert a été la capacité de maintenir des conditions préalables fondamentales pour le développement économique, à savoir la garantie de la paix et de la stabilité, la mise en place d’institutions saines, assortie d’efforts visant à les améliorer sans cesse, la réalisation de la bonne gouvernance et le maintien de la stabilité macroéconomique, selon un ami haut fonctionnaire de la Banque mondiale.
Tel est le cas aussi du Sénégal. Cependant, le mal le mieux partagé sous nos cieux est la politique politicienne, la capacité du wakh wakhète, voire l’hypocrisie d’une certaine élite intellectuelle, le débat de bas étage de la classe politique. Ce qui d’ailleurs fait le terreau de certains animateurs d’émissions audiovisuelles ou «revueurs» de presse. Voilà une race en voie de prolifération qui ne s’occupe guère des sujets à caractère économique, constructif ou éducatif. Sous ce rapport, l’on se permet même certains dérapages lorsqu’il s’agit de leurs «bailleurs» du soir.
Attention Monsieur le président de la République, ne vous fiez jamais à ce que rapporte une certaine presse pour sanctionner négativement ou positivement vos mandants. Qu’ils fassent preuve de dévouement, d’abnégation et d’éthique pour répondre aux aspirations placées à ce nouveau gouvernement.
Ce qui constitue la force de notre voisin insulaire est qu’au lendemain d’élection présidentielle, on fait table rase des débats politiciens pour se mettre au travail. Le Cap-Vert a donc su montrer que travailler dur rapporte.
Et récemment, une étude de la Banque mondiale sur le développement économique n’a-t-elle pas classé le Sénégal derrière le Cap-Vert. Et pourtant on a connu la même première alternance, en 2000.
Le Cap-Vert et le Kenya occupent la tête du classement avec 3,9 points, la Guinée-Bissau fermant la marche avec 2,6 points. Les «politiques pour l’inclusion sociale et équité» font partie des critères d’évaluation, avec la «gestion du secteur public et institutions».
L’édition 2013 de l’Evaluation des politiques et institutions qui a été rendue publique lors d’une vidéoconférence de la Bm, donne la note de 3,8 sur six au Sénégal, la même qu’avait obtenue le pays dans le rapport 2012. «Nous allons étudier le rapport ligne par ligne pour savoir dans quels domaines nous sommes faibles et entreprendre les réformes» nécessaires, rassurait l’économiste Moubarack Lô, ministre, directeur de cabinet adjoint du Président Macky Sall.
Bonne prise de conscience M. Lô, d’autant qu’à titre de rappel, de 1995 à 2005, la croissance moyenne était de 4,5%, avec une baisse significative du taux de pauvreté, qui est passé en dix ans de 68 à 48%, soit une baisse de 20 points.
Mais, sur la période 2006-2011, la croissance moyenne a péniblement atteint 3,3% et le taux de pauvreté est resté quasiment identique à 47%.
Après la mauvaise performance de 2011 (+2,6%), en partie due à la sécheresse, la croissance économique pour 2012 devrait pourtant s’élever à 3,7% avec des perspectives à 4,3% en 2013 et 4,8% en 2014, selon le Fmi.
En termes d’études et de réflexions, le Sénégal serait premier en Afrique subsaharienne. Et quid de leurs conclusions ? Ce qui ne devrait pas être le cas pour le Fonsis, la Sndes, entre autres instruments à opérationnaliser !
Quelques lignes sur la Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes).
Pour réaliser cet ambitieux programme économique et social (2013-2017), le Sénégal devra séduire le Groupe consultatif de Paris, le mois prochain, pour mieux vendre la Sndes aux partenaires au développement. Le chef de l’Etat, plus ambitieux à travers ce programme, a voulu atteindre l’objectif fixé à un taux de croissance de 7%, qui est nécessaire pour relever le défi non seulement de la croissance et de l’enrichissement mais surtout de l’emploi.
Sera-t-il un grand coup de balai pour un premier essai avec le tout nouveau Premier ministre, voire le régime de Macky Sall.
Le financement de la Sndes nécessite un montant global de près de 5 300 milliards francs. Le Sénégal dispose déjà de plus 3 500 milliards francs Cfa. L’Etat devra lever sur la place parisienne, lors du 7ème Groupe Consultatif, en octobre prochain, le reliquat pour le closing du financement. Le gouvernement de Mimi Touré fera-t-il mieux que ses prédécesseurs à ce road show ? En l’occurrence les Premiers ministres Idrissa Seck et Hadjibou Soumaré.
Monsieur le Président, vous serez seul comptable en 2017. Dites à vos ministres de se mettre donc au travail et de mettre les bouchées doubles. Le contexte mondial est certes difficile, mais sachez Mme le Premier ministre, que l’administration d’un remède de cheval contre les servitudes de l’Etat-providence exige un prétexte. Une crise est toujours nécessaire pour permettre d’enclencher la dynamique. «Dou maan rekk, boku massi moka gueun.»
En classe s’il vous plaît ! Et évitez les récréations politiciennes si vous voulez «accélérer la cadence». Le cas échéant, vous répondrez aux aspirations des populations.
Les instruments sont déjà là pour relever les défis du redressement économique tant psalmodié. N’est-ce pas conscient de cela que le candidat Sall avait promis la mise en place d’un Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis). Doté à terme de 500 milliards de francs en cash et en actifs d’Etat, il a été capitalisé pour une première tranche de 20 %. Dans la zone Franc, seul le Gabon pétrolier possède un fonds souverain. Sous cet angle, le Sénégal est pionnier dans la mise en place du Fonsis. Il est le premier pays au monde à se doter d’un tel fonds alors qu’il n’a ni rente minière ni rente commerciale.
Ce nouvel instrument a pour objet principal de relancer l’Economie nationale et de soutenir les Pme pour permettre une création massive d’emplois et de richesses pour les générations actuelles et futures.
L’un des aspects les plus notables dans ce fonds, dont la création a été annoncée depuis un certain temps, est son mode de financement. On avance un prélèvement de «dix francs Cfa sur chaque communication d’un abonné». Une telle hypothèse a été partagée par le président du groupe Libéral et démocratique à l’Assemblée, M. Modou Diagne Fada. Il a indiqué lors de l’adoption de la Loi sur le Fonsis avoir proposé au gouvernement de remettre la taxe sur les appels entrants qui, selon lui, permettait de générer 50 milliards de francs Cfa.
Le hic est que des observateurs s’étaient étonnés que Amadou Kane, alors ministre de l’Economie et des Finances, membre d’un gouvernement dont l’une des premières mesures avait été d’abroger le décret instituant la taxe sur les appels entrants, qui avait été en son temps fortement combattue, se retrouvait à affirmer vouloir «étudier une proposition» qui envisage le retour de cette législation.
Avec une participation de 70% minimum au capital du Fonds, l’Etat s’engage à travers un conseil de surveillance à mettre les bonnes personnes aux bonnes places. L’enjeu de ce fonds est l’avenir des générations futures de ce pays, d’où le besoin pour l’Etat d’impulser l’investissement et non le privé qui est guidé par ses propres intérêts.
Sur le plan de l’environnement des affaires,le gouvernement est en train de mettre en œuvre un Programme triennal de reformes structurelles appelées Preac qui, en 10 mois de mise en œuvre, a commencé à donner des résultats. Le rapport mondial de la compétitivité vient de sanctionner positivement ces efforts de réformes et de stabilité politique par une amélioration du classement du Sénégal de la 117 à la 113ème place. Ce léger gain démontre que les actes posés vont dans le bon sens et c’est pour la première fois depuis des années que l’on soit classé devant le Ghana et le Cap-Vert et en entrant dans le top 10 des pays les plus compétitifs de l’Afrique subsaharienne.
De façon spécifique, des améliorations sont notées dans le domaine de la création d’entreprises, des transferts de propriétés, d’exécution des contrats, de la protection des investisseurs et du commerce transfrontalier. Accélérer le rythme pour plus d’investissements surtout domestiques.
Pourquoi pas un contrat de performance à l’équipe de Mimi Touré, cher Président ?
Relancer l’économie, donner des emplois aux jeunes et faire reculer la pauvreté. Pas facile dans ce Sénégal où les invectives politiciennes l’emportent sur tout.
Une belle image. Quelqu’un, une jeune fille, mannequin originaire de l’intérieur, ne disait-elle pas que l’étoile du drapeau national devait être remplacée par une langue ! On vous attend moins dans les colonnes des journaux que sur le terrain.
Johnson MBENGUE
Membre de l’Amicale des
Anciens du Cesti (33e Promotion)
Membre fondateur du Collectif des Journalistes économiques et de l’Association des journalistes spécialisés en tourisme.
Johnson.mbengue20@gmail.com
Tel est le cas aussi du Sénégal. Cependant, le mal le mieux partagé sous nos cieux est la politique politicienne, la capacité du wakh wakhète, voire l’hypocrisie d’une certaine élite intellectuelle, le débat de bas étage de la classe politique. Ce qui d’ailleurs fait le terreau de certains animateurs d’émissions audiovisuelles ou «revueurs» de presse. Voilà une race en voie de prolifération qui ne s’occupe guère des sujets à caractère économique, constructif ou éducatif. Sous ce rapport, l’on se permet même certains dérapages lorsqu’il s’agit de leurs «bailleurs» du soir.
Attention Monsieur le président de la République, ne vous fiez jamais à ce que rapporte une certaine presse pour sanctionner négativement ou positivement vos mandants. Qu’ils fassent preuve de dévouement, d’abnégation et d’éthique pour répondre aux aspirations placées à ce nouveau gouvernement.
Ce qui constitue la force de notre voisin insulaire est qu’au lendemain d’élection présidentielle, on fait table rase des débats politiciens pour se mettre au travail. Le Cap-Vert a donc su montrer que travailler dur rapporte.
Et récemment, une étude de la Banque mondiale sur le développement économique n’a-t-elle pas classé le Sénégal derrière le Cap-Vert. Et pourtant on a connu la même première alternance, en 2000.
Le Cap-Vert et le Kenya occupent la tête du classement avec 3,9 points, la Guinée-Bissau fermant la marche avec 2,6 points. Les «politiques pour l’inclusion sociale et équité» font partie des critères d’évaluation, avec la «gestion du secteur public et institutions».
L’édition 2013 de l’Evaluation des politiques et institutions qui a été rendue publique lors d’une vidéoconférence de la Bm, donne la note de 3,8 sur six au Sénégal, la même qu’avait obtenue le pays dans le rapport 2012. «Nous allons étudier le rapport ligne par ligne pour savoir dans quels domaines nous sommes faibles et entreprendre les réformes» nécessaires, rassurait l’économiste Moubarack Lô, ministre, directeur de cabinet adjoint du Président Macky Sall.
Bonne prise de conscience M. Lô, d’autant qu’à titre de rappel, de 1995 à 2005, la croissance moyenne était de 4,5%, avec une baisse significative du taux de pauvreté, qui est passé en dix ans de 68 à 48%, soit une baisse de 20 points.
Mais, sur la période 2006-2011, la croissance moyenne a péniblement atteint 3,3% et le taux de pauvreté est resté quasiment identique à 47%.
Après la mauvaise performance de 2011 (+2,6%), en partie due à la sécheresse, la croissance économique pour 2012 devrait pourtant s’élever à 3,7% avec des perspectives à 4,3% en 2013 et 4,8% en 2014, selon le Fmi.
En termes d’études et de réflexions, le Sénégal serait premier en Afrique subsaharienne. Et quid de leurs conclusions ? Ce qui ne devrait pas être le cas pour le Fonsis, la Sndes, entre autres instruments à opérationnaliser !
Quelques lignes sur la Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes).
Pour réaliser cet ambitieux programme économique et social (2013-2017), le Sénégal devra séduire le Groupe consultatif de Paris, le mois prochain, pour mieux vendre la Sndes aux partenaires au développement. Le chef de l’Etat, plus ambitieux à travers ce programme, a voulu atteindre l’objectif fixé à un taux de croissance de 7%, qui est nécessaire pour relever le défi non seulement de la croissance et de l’enrichissement mais surtout de l’emploi.
Sera-t-il un grand coup de balai pour un premier essai avec le tout nouveau Premier ministre, voire le régime de Macky Sall.
Le financement de la Sndes nécessite un montant global de près de 5 300 milliards francs. Le Sénégal dispose déjà de plus 3 500 milliards francs Cfa. L’Etat devra lever sur la place parisienne, lors du 7ème Groupe Consultatif, en octobre prochain, le reliquat pour le closing du financement. Le gouvernement de Mimi Touré fera-t-il mieux que ses prédécesseurs à ce road show ? En l’occurrence les Premiers ministres Idrissa Seck et Hadjibou Soumaré.
Monsieur le Président, vous serez seul comptable en 2017. Dites à vos ministres de se mettre donc au travail et de mettre les bouchées doubles. Le contexte mondial est certes difficile, mais sachez Mme le Premier ministre, que l’administration d’un remède de cheval contre les servitudes de l’Etat-providence exige un prétexte. Une crise est toujours nécessaire pour permettre d’enclencher la dynamique. «Dou maan rekk, boku massi moka gueun.»
En classe s’il vous plaît ! Et évitez les récréations politiciennes si vous voulez «accélérer la cadence». Le cas échéant, vous répondrez aux aspirations des populations.
Les instruments sont déjà là pour relever les défis du redressement économique tant psalmodié. N’est-ce pas conscient de cela que le candidat Sall avait promis la mise en place d’un Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis). Doté à terme de 500 milliards de francs en cash et en actifs d’Etat, il a été capitalisé pour une première tranche de 20 %. Dans la zone Franc, seul le Gabon pétrolier possède un fonds souverain. Sous cet angle, le Sénégal est pionnier dans la mise en place du Fonsis. Il est le premier pays au monde à se doter d’un tel fonds alors qu’il n’a ni rente minière ni rente commerciale.
Ce nouvel instrument a pour objet principal de relancer l’Economie nationale et de soutenir les Pme pour permettre une création massive d’emplois et de richesses pour les générations actuelles et futures.
L’un des aspects les plus notables dans ce fonds, dont la création a été annoncée depuis un certain temps, est son mode de financement. On avance un prélèvement de «dix francs Cfa sur chaque communication d’un abonné». Une telle hypothèse a été partagée par le président du groupe Libéral et démocratique à l’Assemblée, M. Modou Diagne Fada. Il a indiqué lors de l’adoption de la Loi sur le Fonsis avoir proposé au gouvernement de remettre la taxe sur les appels entrants qui, selon lui, permettait de générer 50 milliards de francs Cfa.
Le hic est que des observateurs s’étaient étonnés que Amadou Kane, alors ministre de l’Economie et des Finances, membre d’un gouvernement dont l’une des premières mesures avait été d’abroger le décret instituant la taxe sur les appels entrants, qui avait été en son temps fortement combattue, se retrouvait à affirmer vouloir «étudier une proposition» qui envisage le retour de cette législation.
Avec une participation de 70% minimum au capital du Fonds, l’Etat s’engage à travers un conseil de surveillance à mettre les bonnes personnes aux bonnes places. L’enjeu de ce fonds est l’avenir des générations futures de ce pays, d’où le besoin pour l’Etat d’impulser l’investissement et non le privé qui est guidé par ses propres intérêts.
Sur le plan de l’environnement des affaires,le gouvernement est en train de mettre en œuvre un Programme triennal de reformes structurelles appelées Preac qui, en 10 mois de mise en œuvre, a commencé à donner des résultats. Le rapport mondial de la compétitivité vient de sanctionner positivement ces efforts de réformes et de stabilité politique par une amélioration du classement du Sénégal de la 117 à la 113ème place. Ce léger gain démontre que les actes posés vont dans le bon sens et c’est pour la première fois depuis des années que l’on soit classé devant le Ghana et le Cap-Vert et en entrant dans le top 10 des pays les plus compétitifs de l’Afrique subsaharienne.
De façon spécifique, des améliorations sont notées dans le domaine de la création d’entreprises, des transferts de propriétés, d’exécution des contrats, de la protection des investisseurs et du commerce transfrontalier. Accélérer le rythme pour plus d’investissements surtout domestiques.
Pourquoi pas un contrat de performance à l’équipe de Mimi Touré, cher Président ?
Relancer l’économie, donner des emplois aux jeunes et faire reculer la pauvreté. Pas facile dans ce Sénégal où les invectives politiciennes l’emportent sur tout.
Une belle image. Quelqu’un, une jeune fille, mannequin originaire de l’intérieur, ne disait-elle pas que l’étoile du drapeau national devait être remplacée par une langue ! On vous attend moins dans les colonnes des journaux que sur le terrain.
Johnson MBENGUE
Membre de l’Amicale des
Anciens du Cesti (33e Promotion)
Membre fondateur du Collectif des Journalistes économiques et de l’Association des journalistes spécialisés en tourisme.
Johnson.mbengue20@gmail.com