En suivant l’émission d’une chaîne de télévision un de ces jours qui mettait aux prises un ancien ministre de l’artisanat avec un journaliste fort réputé pour ses questions pertinentes, les téléspectateurs surtout les artisans n’ont pas manqué de tiquer en entendant les propos tenus par l’invité sur les causes de sa rupture politique avec Maître Abdoulaye Wade.
L’illustre invité, pour tenter de légitimer sa transhumance du PDS vers l’APR, a évoqué, entre autres causes du divorce, le fait qu’Abdoulaye Wade ait cru devoir lui confier le ministère de l’artisanat, lui qui est hyper diplômé.
Ainsi donc, le nomade politique qui n’hésite pas à aller à Canossa, a étalé son ignorance de l’importance des enjeux économiques, sociaux et culturels du secteur dont il avait la charge surtout que pour la première fois dans l’histoire, l’artisanat est érigé en ministère plein. Il n’est pas surprenant qu’il ait lamentablement échoué dans ce Département ministériel avec une si courte vue des enjeux de développement de ce secteur.
Cette sortie malencontreuse ne peut être interprétée que comme une insulte aux valeureux artisans, hommes et femmes qui jouent à la fois un rôle d’agent économique, de formateurs de plusieurs milliers d’enfants rejetés du système scolaire sans aucune subvention ni appui sous quelque forme que ce soit de l’Etat.
Comment, notre brillant ministre a pu ignorer que l’artisanat, un secteur à part entière de l’économie nationale recèle un potentiel humain extraordinaire évoluant dans des centaines de milliers d’entreprises de toutes les tailles et dont la particularité, est son aptitude à surmonter les plus graves crises économiques et financières ?
Le dernier recensement national de l’artisanat nous enseigne que pas moins de 1.200 000 sénégalais animent ce secteur à travers plus de 120 corps de métiers. Il n’est un secret pour personne que l’artisanat contribue à l’équilibre de la balance commerciale par l’exportation des produits de l’artisanat d’art en plus d’être auxiliaire et levier du développement de l’industrie, de l’agriculture, du tourisme, de la pêche etc… par un apport en fourniture de matériels d’exploitation, par la fabrication, la maintenance, les réparations et par l’apport en main d’œuvre qualifiée. De source sure en 1987 l’ancien président de la république Monsieur Abdou DIOUF avait demandé a un expert de l’artisanat de lui faire une note sur le secteur. Parce qu’il s’avait que l’artisanat peut répondre positivement a l’angoissante question de l’emplois.
Si le pseudo intellectuel a pu se fourvoyer dans l’appréciation de l’importance du secteur de l’artisanat, l’homme politique soi-disant compétent et chevronné aurait pu comprendre que le contrôle de ce secteur peut largement contribuer à s’assurer un réservoir électoral très précieux. Certains de ses prédécesseurs l’ont compris pour avoir tenté de rallier les artisans dans leurs formations politiques en s’y prenant mal et très mal d’où leur échec sur toute la ligne.
Monsieur le Ministre s’est donc planté doublement. Dans l’appréciation de son parcours dans ce ministère si stratégique, nous retenons le mépris qu’il éprouve pour les hommes et femmes de métiers que nous sommes et la volonté de déstructurer un outil précieux qu’est l’Agence de Promotion et de Développement de l’artisanat (APDA) créée par le décret 2002-934 du 03 Octobre 2002. Plusieurs faits témoignent de ce sombre dessein :
Le recrutement clientéliste : la direction de l’APDA est occupée par un professeur d’anglais (un corps d’élite qui excelle dans leur domaine de compétence qu’est l’enseignement et l’instruction de nos enfants). Qu’est ce que les artisans peuvent attendre d’un directeur dont le profil et le cursus n’entretiennent aucun rapport avec un secteur aussi stratégique en termes de levier de développement ? La seule référence qui a présidé à sa nomination est son appartenance politique (c’est un proche du ministre).
Le manque de visibilité et d’utilité de l’APDA pour les bénéficiaires que sont les artisans. Après une décennie d’existence, nul ne peut pointer du doigt une seule réalisation concrète de cette agence qui fait partie des structures budgétivores avec un effectif pléthorique à la compétence douteuse. Maintenue dans sa forme actuelle et fonctionnant sur la base du clientélisme politique, ainsi que (l’arnaque aux foires) qui consiste a faire payer aux artisans la somme de 150.000 francs non remboursable pour des voyages qu’ils n’effectueront jamais. L’absence de volonté manifeste de la tutelle d’utiliser l’APDA comme un véritable outil de développement. Etant donné le mépris et l’incompétence auquel les différents Ministres ont tenu le secteur de l’artisanat jusqu’à un passé récent. La solution des défis et des maux qui assaillent ce secteur était hypothéquée depuis 2000, Il n’est pas question d’en rajouter à ce qui paraît un sévère réquisitoire contre l’APDA.
En réalité c’est la mauvaise option doublée de l’ignorance de l’importance de l’artisanat dans l’économie nationale qui a précipité ce bel outil de promotion dans l’Etat où il se trouve. C’est la responsabilité exclusive de ce Ministre qui, du reste, est le pire des Ministres de l’artisanat qui se sont succédés à ce poste depuis l’indépendance pour avoir fait des mauvais choix et affiché un bilan plus nul au terme de sa présence dans ce département.
La carrière ministérielle de ce Monsieur, prouve à suffisance qu’il incarne un vrai fossoyeur des secteurs qui lui ont été confiés. La polémique autour des licences de pèche est fraîche dans les mémoires. Pour sortir l’APDA de la mauvaise passe où elle se trouve, il urge au nouveau ministre de prendre des mesures hardies de restructuration et de réorientation stratégique. Il ne faut guère s’y tromper, pour réhabiliter cet outil précieux pour les artisans, la pilule sera forcément amère .Elle passe par la recomposition du personnel avec des choix de profil conforme aux missions dévolues à la structure. En interne comme en externe, l’artisanat est, et a été animé par des acteurs de valeur qui ne sont mus que par les intérêts du secteur en dehors de toute coloration politique mais l’incompétence et la désinformation de nos directeurs a fait fuir certains.
Dans cette œuvre de déconstruction et de reconstruction de l’existant, les nouvelles autorités devront s’atteler au renforcement des capacités de l’APDA afin de la doter des moyens d’intervention dont elle a besoin pour rendre lisibles et visibles ses missions. Dans cette perspective, une étude avait été menée par le cabinet Access Finance Gestion (AFG) qui dort dans les tiroirs du ministère depuis l’époque ou M. Savané gérait le département. Des projets, entièrement ficelés portaient sur la création des guichets uniques de services à l’artisanat (GUSAC) et le Centre National de Promotion et d’Exportation Artisanale Permanente (CNPEAP) dont un site de 2ha était même trouvé a Diamniadio pour la réalisation des actions de développement. D’autres études sont encore en l’état dans le Plan d’Opérations Stratégiques ( P.O.S) de l’APDA 2004 - 2008 au niveau de l’artisanat. Il s’agit de les dépoussiérer pour les remettre au goût du jour, de les négocier et de les appliquer sur le terrain au bénéfice des artisans.
Dans l’exécution des projets et programmes, l’outil le plus approprié c’est l’APDA. La Direction de l’artisanat, faut-il le rappeler, doit être l’inspiratrice de la politique nationale de développement de l’artisanat en plus du rôle de gestion de la tutelle des chambres de métiers encore faudrait-il que la compétence et l’efficacité soient au rendez-vous. S’agissant de cette structure déconcentrée de l’Etat, ce service public obéit aux mêmes règles de gestion qui ont cours dans l’administration centrale et qui sont caractérisées par la lourdeur des procédures de mise en œuvre des actions promotionnelles et une bureaucratie qui peuvent être des facteurs limitant quant à la diligence et à la célérité des opérations sur le terrain .
Combien de projets et de programmes destinés à l’artisanat n’ont eu aucun impact sur le développement du secteur de l’artisanat jusqu’au terme de leur réalisation. Aucun mécanisme de pérennisation n’ayant été mis en place lors de leur conception. D’où la nécessité de déconstruire l’ancienne approche, de refonder une vision innovante et de reconstruire une nouvelle politique et équipe plus pertinente avec un impact certain sur le vécu quotidien des artisans.
Dans cette œuvre de reconstruction nationale du secteur de l’artisanat, des hommes du passé, n’ont pas leur place pour avoir montré leur incurie. Pikine le 23 juillet 2012
Amdy Moustapha THIAM Elu a la chambre de métiers de Dakar Secrétaire Général CNCAS/Artisanat Président de L’union des professionnels de la Métallurgie (URPAM)
Source:Loffice
L’illustre invité, pour tenter de légitimer sa transhumance du PDS vers l’APR, a évoqué, entre autres causes du divorce, le fait qu’Abdoulaye Wade ait cru devoir lui confier le ministère de l’artisanat, lui qui est hyper diplômé.
Ainsi donc, le nomade politique qui n’hésite pas à aller à Canossa, a étalé son ignorance de l’importance des enjeux économiques, sociaux et culturels du secteur dont il avait la charge surtout que pour la première fois dans l’histoire, l’artisanat est érigé en ministère plein. Il n’est pas surprenant qu’il ait lamentablement échoué dans ce Département ministériel avec une si courte vue des enjeux de développement de ce secteur.
Cette sortie malencontreuse ne peut être interprétée que comme une insulte aux valeureux artisans, hommes et femmes qui jouent à la fois un rôle d’agent économique, de formateurs de plusieurs milliers d’enfants rejetés du système scolaire sans aucune subvention ni appui sous quelque forme que ce soit de l’Etat.
Comment, notre brillant ministre a pu ignorer que l’artisanat, un secteur à part entière de l’économie nationale recèle un potentiel humain extraordinaire évoluant dans des centaines de milliers d’entreprises de toutes les tailles et dont la particularité, est son aptitude à surmonter les plus graves crises économiques et financières ?
Le dernier recensement national de l’artisanat nous enseigne que pas moins de 1.200 000 sénégalais animent ce secteur à travers plus de 120 corps de métiers. Il n’est un secret pour personne que l’artisanat contribue à l’équilibre de la balance commerciale par l’exportation des produits de l’artisanat d’art en plus d’être auxiliaire et levier du développement de l’industrie, de l’agriculture, du tourisme, de la pêche etc… par un apport en fourniture de matériels d’exploitation, par la fabrication, la maintenance, les réparations et par l’apport en main d’œuvre qualifiée. De source sure en 1987 l’ancien président de la république Monsieur Abdou DIOUF avait demandé a un expert de l’artisanat de lui faire une note sur le secteur. Parce qu’il s’avait que l’artisanat peut répondre positivement a l’angoissante question de l’emplois.
Si le pseudo intellectuel a pu se fourvoyer dans l’appréciation de l’importance du secteur de l’artisanat, l’homme politique soi-disant compétent et chevronné aurait pu comprendre que le contrôle de ce secteur peut largement contribuer à s’assurer un réservoir électoral très précieux. Certains de ses prédécesseurs l’ont compris pour avoir tenté de rallier les artisans dans leurs formations politiques en s’y prenant mal et très mal d’où leur échec sur toute la ligne.
Monsieur le Ministre s’est donc planté doublement. Dans l’appréciation de son parcours dans ce ministère si stratégique, nous retenons le mépris qu’il éprouve pour les hommes et femmes de métiers que nous sommes et la volonté de déstructurer un outil précieux qu’est l’Agence de Promotion et de Développement de l’artisanat (APDA) créée par le décret 2002-934 du 03 Octobre 2002. Plusieurs faits témoignent de ce sombre dessein :
Le recrutement clientéliste : la direction de l’APDA est occupée par un professeur d’anglais (un corps d’élite qui excelle dans leur domaine de compétence qu’est l’enseignement et l’instruction de nos enfants). Qu’est ce que les artisans peuvent attendre d’un directeur dont le profil et le cursus n’entretiennent aucun rapport avec un secteur aussi stratégique en termes de levier de développement ? La seule référence qui a présidé à sa nomination est son appartenance politique (c’est un proche du ministre).
Le manque de visibilité et d’utilité de l’APDA pour les bénéficiaires que sont les artisans. Après une décennie d’existence, nul ne peut pointer du doigt une seule réalisation concrète de cette agence qui fait partie des structures budgétivores avec un effectif pléthorique à la compétence douteuse. Maintenue dans sa forme actuelle et fonctionnant sur la base du clientélisme politique, ainsi que (l’arnaque aux foires) qui consiste a faire payer aux artisans la somme de 150.000 francs non remboursable pour des voyages qu’ils n’effectueront jamais. L’absence de volonté manifeste de la tutelle d’utiliser l’APDA comme un véritable outil de développement. Etant donné le mépris et l’incompétence auquel les différents Ministres ont tenu le secteur de l’artisanat jusqu’à un passé récent. La solution des défis et des maux qui assaillent ce secteur était hypothéquée depuis 2000, Il n’est pas question d’en rajouter à ce qui paraît un sévère réquisitoire contre l’APDA.
En réalité c’est la mauvaise option doublée de l’ignorance de l’importance de l’artisanat dans l’économie nationale qui a précipité ce bel outil de promotion dans l’Etat où il se trouve. C’est la responsabilité exclusive de ce Ministre qui, du reste, est le pire des Ministres de l’artisanat qui se sont succédés à ce poste depuis l’indépendance pour avoir fait des mauvais choix et affiché un bilan plus nul au terme de sa présence dans ce département.
La carrière ministérielle de ce Monsieur, prouve à suffisance qu’il incarne un vrai fossoyeur des secteurs qui lui ont été confiés. La polémique autour des licences de pèche est fraîche dans les mémoires. Pour sortir l’APDA de la mauvaise passe où elle se trouve, il urge au nouveau ministre de prendre des mesures hardies de restructuration et de réorientation stratégique. Il ne faut guère s’y tromper, pour réhabiliter cet outil précieux pour les artisans, la pilule sera forcément amère .Elle passe par la recomposition du personnel avec des choix de profil conforme aux missions dévolues à la structure. En interne comme en externe, l’artisanat est, et a été animé par des acteurs de valeur qui ne sont mus que par les intérêts du secteur en dehors de toute coloration politique mais l’incompétence et la désinformation de nos directeurs a fait fuir certains.
Dans cette œuvre de déconstruction et de reconstruction de l’existant, les nouvelles autorités devront s’atteler au renforcement des capacités de l’APDA afin de la doter des moyens d’intervention dont elle a besoin pour rendre lisibles et visibles ses missions. Dans cette perspective, une étude avait été menée par le cabinet Access Finance Gestion (AFG) qui dort dans les tiroirs du ministère depuis l’époque ou M. Savané gérait le département. Des projets, entièrement ficelés portaient sur la création des guichets uniques de services à l’artisanat (GUSAC) et le Centre National de Promotion et d’Exportation Artisanale Permanente (CNPEAP) dont un site de 2ha était même trouvé a Diamniadio pour la réalisation des actions de développement. D’autres études sont encore en l’état dans le Plan d’Opérations Stratégiques ( P.O.S) de l’APDA 2004 - 2008 au niveau de l’artisanat. Il s’agit de les dépoussiérer pour les remettre au goût du jour, de les négocier et de les appliquer sur le terrain au bénéfice des artisans.
Dans l’exécution des projets et programmes, l’outil le plus approprié c’est l’APDA. La Direction de l’artisanat, faut-il le rappeler, doit être l’inspiratrice de la politique nationale de développement de l’artisanat en plus du rôle de gestion de la tutelle des chambres de métiers encore faudrait-il que la compétence et l’efficacité soient au rendez-vous. S’agissant de cette structure déconcentrée de l’Etat, ce service public obéit aux mêmes règles de gestion qui ont cours dans l’administration centrale et qui sont caractérisées par la lourdeur des procédures de mise en œuvre des actions promotionnelles et une bureaucratie qui peuvent être des facteurs limitant quant à la diligence et à la célérité des opérations sur le terrain .
Combien de projets et de programmes destinés à l’artisanat n’ont eu aucun impact sur le développement du secteur de l’artisanat jusqu’au terme de leur réalisation. Aucun mécanisme de pérennisation n’ayant été mis en place lors de leur conception. D’où la nécessité de déconstruire l’ancienne approche, de refonder une vision innovante et de reconstruire une nouvelle politique et équipe plus pertinente avec un impact certain sur le vécu quotidien des artisans.
Dans cette œuvre de reconstruction nationale du secteur de l’artisanat, des hommes du passé, n’ont pas leur place pour avoir montré leur incurie. Pikine le 23 juillet 2012
Amdy Moustapha THIAM Elu a la chambre de métiers de Dakar Secrétaire Général CNCAS/Artisanat Président de L’union des professionnels de la Métallurgie (URPAM)
Source:Loffice