1. Gérer la succession familiale
Au Sénégal, la volonté d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat ne surprend pas. Dans les rues de Dakar, chacun y va de son commentaire. Mais une idée domine les autres : Wade s’accrocherait au pouvoir pour que son fils Karim puisse lui succéder. « Si ce n’est pas le cas, comment comprenez-vous la décision de Wade de se séparer successivement de Idrissa Seck et Macky Sall, qui étaient ses successeurs légitimes ? », analyse Habib Mbaye, un jeune marchand ambulant.
L’homme de la rue n’est pas le seul à avoir cette opinion, qui est partagée par de nombreux acteurs politiques. « Wade veut se faire succéder par son fils. C’est son projet politique fondamental », déclare Amath Dansokho, opposant et ancien initiateur de la coalition qui a porté Wade au pouvoir en mars 2000. L’ancien Premier ministre de Wade, Idrissa Seck, candidat à l’élection présidentielle de février prochain, précise : « La seule raison de la candidature de Wade, c’est de se mettre au service de son fils. Et comme il sait que Karim ne peut pas être victorieux grâce au suffrage des Sénégalais, il veut faire le travail à sa place ».
2. Éviter la justice sénégalaise
Le projet de succession dynastique n’est cependant pas la seule explication avancée pour interpréter la candidature de Wade. Selon certains acteurs et commentateurs politiques, « Gorgui » aurait également peur d’être rattrapé par la justice. « Les malversations dans la gestion des affaires publiques font que le moindre audit, après le départ du parti au pouvoir, peut constituer un bilan pénal pour Wade et son entourage », assure ainsi le sociologue sénégalais Djibi Diakhaté.
Même son de cloche chez Amath Dansokho, qui fut ministre dans le premier gouvernement de l’alternance. Si Wade refuse de quitter le pouvoir aujourd’hui, dit-il, c’est parce qu’il a « complètement dévié de notre programme commun, en manipulant de l’argent qui n’est pas seulement celui des ressources publiques, et parce qu’il a créé une oligarchie, comme on fabrique des voitures dans les chaînes de montage »…
3. Un problème de tout à l’égo
Enfin, dernière accusation portée contre le chef de l’État, celle de l’égocentrisme dont il ferait preuve dans son refus de céder le pouvoir. « Wade a le sentiment que lui seul est capable de diriger le Sénégal », lâche Moustapha Diakhaté. L’ex-chargé de mission à la présidence en veut pour preuve la célèbre réplique de Wade dans une interview au quotidien français La Croix en juillet 2011 : « Qui pourrait me remplacer ? Personne de crédible ». Ou encore plus récemment : « Je pars dans un combat sans rival ».
De ce point de vue, le président sénégalais n’est pas loin de l’attitude de Kaddafi, estime Djibi Diakhaté. « Son ego hypertrophié fait qu’il s’accroche au pouvoir comme l’ancien raïs, pour montrer à l’opinion nationale et surtout internationale qu’il peut tenir tête », explique le sociologue.
Et si l’ennemi, cette fois, c’était le peuple sénégalais lui-même ?
4. Poursuivre les chantiers
Évidemment, dans l’entourage du président, on balaie d’un revers de main toutes les allégations formulées par les contempteurs du président. La seule chose qui justifierait la candidature de Wade, c’est sa volonté de terminer ses projets, prétend-on. « Il a mis, en très peu de temps, le Sénégal en chantier et il doit poursuive sa mission », soutient Sérigne Mbacké Ndiaye, porte-parole du président Wade.
Ndiaye conteste par ailleurs toute idée de succession dynastique. La Constitution, rappelle-t-il, a défini les règles de transmission du pouvoir. « C’est seulement en cas de vacance que le président est remplacé par le président du Sénat qui, 60 jours au moins et 90 jours au plus, organise de nouvelle élection ».
Mais quelles que soient les motivations exactes du président, une chose est sûre : il se prépare au combat. « Nous prendrons toutes les dispositions. Ils nous ont surpris une fois, le 23 juin, mais maintenant c’est fini », a-t-il martelé lors d’une interview à RFI et France 24 début janvier.
Un éternel esprit de bagarreur que le politologue Abdoul Aziz Diop explique à sa façon : « Wade estime que la politique est le terrain par excellence de l’affrontement entre ennemis. Selon lui, il ne faut rien concéder à l’ennemi, il faut l’affronter ». Mais si l’ennemi, cette fois, c’était le peuple sénégalais lui-même ? Réponse dans les urnes, le 26 février. Du moins si le Conseil constitutionnel valide la candidature du chef de l’État.
Jeuneafrique.com
Au Sénégal, la volonté d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat ne surprend pas. Dans les rues de Dakar, chacun y va de son commentaire. Mais une idée domine les autres : Wade s’accrocherait au pouvoir pour que son fils Karim puisse lui succéder. « Si ce n’est pas le cas, comment comprenez-vous la décision de Wade de se séparer successivement de Idrissa Seck et Macky Sall, qui étaient ses successeurs légitimes ? », analyse Habib Mbaye, un jeune marchand ambulant.
L’homme de la rue n’est pas le seul à avoir cette opinion, qui est partagée par de nombreux acteurs politiques. « Wade veut se faire succéder par son fils. C’est son projet politique fondamental », déclare Amath Dansokho, opposant et ancien initiateur de la coalition qui a porté Wade au pouvoir en mars 2000. L’ancien Premier ministre de Wade, Idrissa Seck, candidat à l’élection présidentielle de février prochain, précise : « La seule raison de la candidature de Wade, c’est de se mettre au service de son fils. Et comme il sait que Karim ne peut pas être victorieux grâce au suffrage des Sénégalais, il veut faire le travail à sa place ».
2. Éviter la justice sénégalaise
Le projet de succession dynastique n’est cependant pas la seule explication avancée pour interpréter la candidature de Wade. Selon certains acteurs et commentateurs politiques, « Gorgui » aurait également peur d’être rattrapé par la justice. « Les malversations dans la gestion des affaires publiques font que le moindre audit, après le départ du parti au pouvoir, peut constituer un bilan pénal pour Wade et son entourage », assure ainsi le sociologue sénégalais Djibi Diakhaté.
Même son de cloche chez Amath Dansokho, qui fut ministre dans le premier gouvernement de l’alternance. Si Wade refuse de quitter le pouvoir aujourd’hui, dit-il, c’est parce qu’il a « complètement dévié de notre programme commun, en manipulant de l’argent qui n’est pas seulement celui des ressources publiques, et parce qu’il a créé une oligarchie, comme on fabrique des voitures dans les chaînes de montage »…
3. Un problème de tout à l’égo
Enfin, dernière accusation portée contre le chef de l’État, celle de l’égocentrisme dont il ferait preuve dans son refus de céder le pouvoir. « Wade a le sentiment que lui seul est capable de diriger le Sénégal », lâche Moustapha Diakhaté. L’ex-chargé de mission à la présidence en veut pour preuve la célèbre réplique de Wade dans une interview au quotidien français La Croix en juillet 2011 : « Qui pourrait me remplacer ? Personne de crédible ». Ou encore plus récemment : « Je pars dans un combat sans rival ».
De ce point de vue, le président sénégalais n’est pas loin de l’attitude de Kaddafi, estime Djibi Diakhaté. « Son ego hypertrophié fait qu’il s’accroche au pouvoir comme l’ancien raïs, pour montrer à l’opinion nationale et surtout internationale qu’il peut tenir tête », explique le sociologue.
Et si l’ennemi, cette fois, c’était le peuple sénégalais lui-même ?
4. Poursuivre les chantiers
Évidemment, dans l’entourage du président, on balaie d’un revers de main toutes les allégations formulées par les contempteurs du président. La seule chose qui justifierait la candidature de Wade, c’est sa volonté de terminer ses projets, prétend-on. « Il a mis, en très peu de temps, le Sénégal en chantier et il doit poursuive sa mission », soutient Sérigne Mbacké Ndiaye, porte-parole du président Wade.
Ndiaye conteste par ailleurs toute idée de succession dynastique. La Constitution, rappelle-t-il, a défini les règles de transmission du pouvoir. « C’est seulement en cas de vacance que le président est remplacé par le président du Sénat qui, 60 jours au moins et 90 jours au plus, organise de nouvelle élection ».
Mais quelles que soient les motivations exactes du président, une chose est sûre : il se prépare au combat. « Nous prendrons toutes les dispositions. Ils nous ont surpris une fois, le 23 juin, mais maintenant c’est fini », a-t-il martelé lors d’une interview à RFI et France 24 début janvier.
Un éternel esprit de bagarreur que le politologue Abdoul Aziz Diop explique à sa façon : « Wade estime que la politique est le terrain par excellence de l’affrontement entre ennemis. Selon lui, il ne faut rien concéder à l’ennemi, il faut l’affronter ». Mais si l’ennemi, cette fois, c’était le peuple sénégalais lui-même ? Réponse dans les urnes, le 26 février. Du moins si le Conseil constitutionnel valide la candidature du chef de l’État.
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