Quelques mois voire quelques années plus tard, on a constaté que c'est l'effet inverse qui s'est produit. C'est plutôt l'abandon de l'épave dans les eaux maritimes qui crée des effets traumatiques et cauchemardesques pour les familles de victimes. Nous tous avons perdu des êtres chers, mais on a pu les enterrer dignement. Et nous allons régulièrement au chevet de leur tombe pour prier pour le repos de leur âme. Cette tombe nous soulage. Elle nous permet de faire des prières et d'être plus proches nos chers êtres disparus. Pourquoi donc refuser ce droit aux familles des victimes ? Il n'existe aucun obstacle religieux ou culturel par rapport au renflouage de l'épave. Et chaque être humain a droit à une tombe! Même si les chances de trouver des corps dans l'épave sont minimes, l'essentiel c'est qu'elle soit renflouée; elle pouvait contribuer grandement vers l'effectivité d'un deuil dans beaucoup de familles sénégalaises, africaines et européennes.
A l'an IV du naufrage du bateau le Joola, en 2006, Nassardine Aïdara, dans une contribution intitulée «Le régime de l'alternance» et le naufrage du Joola, revenait sur l'importance de procéder au renflouement de l'épave : «Le renflouement est un acte de respect de la dignité humaine (...) Il est une demande forte des familles de victimes. D'abord pour des raisons religieuses. Toutes les religions insistent sur l'importance des rites funéraires et du deuil».
Les rites funéraires occupent également une place importante dans us et coutumes de plusieurs ethnies présentes dans la région naturelle de la Casamance où sont originaires plus de deux tiers des victimes du Joola. Dans cette partie du Sénégal, certaines ethnies procèdent souvent à ce qu'on appelle l'interrogatoire funéraire. Le mort est interrogé pour savoir les causes de son décès. C'est seulement à l'issue de cet interrogatoire que les parents du défunt procèdent à certains sacrifices pour délivrer l'âme du disparu. Donc, on comprend aisément les conséquences fâcheuses engendrées par le non-renflouement de l'épave dans cette partie du Sénégal et bien d'autres contrées africaines ou européennes. Dix ans après, il presqu'impossible de retrouver un corps, mais il faut renflouer ne serait-ce que pour l'effectivité du deuil et lutter contre l'oubli.
Papa Moctar SELANE
Journaliste
Réalisateur du film-documentaire
«Le Joola, l’ancre du souvenir»
papamoctar@gmail.com
A l'an IV du naufrage du bateau le Joola, en 2006, Nassardine Aïdara, dans une contribution intitulée «Le régime de l'alternance» et le naufrage du Joola, revenait sur l'importance de procéder au renflouement de l'épave : «Le renflouement est un acte de respect de la dignité humaine (...) Il est une demande forte des familles de victimes. D'abord pour des raisons religieuses. Toutes les religions insistent sur l'importance des rites funéraires et du deuil».
Les rites funéraires occupent également une place importante dans us et coutumes de plusieurs ethnies présentes dans la région naturelle de la Casamance où sont originaires plus de deux tiers des victimes du Joola. Dans cette partie du Sénégal, certaines ethnies procèdent souvent à ce qu'on appelle l'interrogatoire funéraire. Le mort est interrogé pour savoir les causes de son décès. C'est seulement à l'issue de cet interrogatoire que les parents du défunt procèdent à certains sacrifices pour délivrer l'âme du disparu. Donc, on comprend aisément les conséquences fâcheuses engendrées par le non-renflouement de l'épave dans cette partie du Sénégal et bien d'autres contrées africaines ou européennes. Dix ans après, il presqu'impossible de retrouver un corps, mais il faut renflouer ne serait-ce que pour l'effectivité du deuil et lutter contre l'oubli.
Papa Moctar SELANE
Journaliste
Réalisateur du film-documentaire
«Le Joola, l’ancre du souvenir»
papamoctar@gmail.com