En bon Commandeur des croyants, le roi du Maroc Mohammed VI a réglé, rubis sur l’ongle, la somme rondelette de 787.000 euros pour achever les travaux de la nouvelle mosquée «Bilal» de Blois. Portant le nom du premier muezzin de l’islam, l’édifice cultuel couvrira une surface de 1.500 m2 sur deux niveaux, avec une salle de prière de 420 m2, d’une capacité de 1.000 fidèles, et un modeste minaret de 9,20 m.
Sur place, c’est l’association musulmane «Vivre ensemble» qui encaisse. Pour ses promoteurs, il s’agit de soutenir un islam «tolérant comme au Maroc», selon les termes du Vice-président de l’association. La concession est que l’imam sera marocain et adoubé par les instances religieuses du pays.
Un maintien de la soumission au roi
Quatrième tête couronnée la plus riche du monde arabe, le souverain chérifien sait se montrer prodigue lorsqu’il s’agit de financer l’islam en Europe. Le don de Mohammed VI pour la mosquée «Bilal» est intervenu quelques semaines après celui de la mosquée de Turin, deuxième plus grande en Italie derrière celle de Rome, également financée par le roi du Maroc.
Quoi de plus normal que de vouloir assurer sa place au carré VIP de l’Eden d’Allah, auprès des généreux donateurs du Golfe? Loin de lui, toutefois, l’idée de promouvoir le wahhabisme et les «fous de Dieu» qui veulent islamiser le monde chrétien. Les deniers du roi ne financent que le rite malékite, la jurisprudence islamique adoptée en terre chérifienne qui ordonne surtout aux ouailles de Sa Majesté, aussi françaises, républicaines et laïques soient-elles, obéissance au descendant du prophète qu’il est.
En 2011, Mohammed VI avait financé la mosquée d’Evry, ville où Manuel Valls était député-maire. La même année, l’actuel ministre de l’Intérieur avait été fait Commandeur du Wissam alaouite, la Légion d’Honneur marocaine, en reconnaissance de son «action pour l’intégration de ses administrés marocains et son engagement connu de tous pour la promotion d’un nouveau vivre ensemble porteur de beaucoup d’espoirs», selon El Mostafa Sahel, alors ambassadeur du Maroc en France.
Des financements contestés
Mohammed VI avait aussi déboursé 1 million d’euros dans la mosquée de Strasbourg, ouverte 2011. Et 4 millions d’euros pour celle de Saint-Etienne qui porte même son nom. Inaugurée le 19 juin, cette dernière fait déjà polémique.
«Des heurts ont opposé des manifestants réclamant notamment davantage de transparence sur son financement et sa gestion, et la police. Un homme a été placé en garde à vue, soupçonné de violences sur des agents de la force publique. Une cinquantaine de manifestants, originaires de plusieurs pays du Maghreb, qui avaient pu franchir des barrages policiers aux abords de l'édifice religieux ont brandi des banderoles, saisies par la police, qui mentionnaient leur hostilité au recteur de la mosquée, Larbi Marchiche, et leur attachement à l'imam Mohamed El Adly, officiant depuis 17 ans à Saint-Etienne, récemment rappelé au Maroc par les autorités religieuses dont il était l'employé», a rapporté l’AFP.
Une jeune femme, d'origine marocaine, s'est aussi élevée contre le nom de Mohammed VI, donné à la mosquée, «un signe de conservatisme et de manque d'ouverture vis-à-vis des non-Marocains» selon elle.
«Le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a tenu à être présent. Pourquoi donc, si l ’argent apporté par le roi pour le financement de cette mosquée, vient de son portefeuille et non des arcanes de l ’Etat?», s’interroge pour sa part le site d'informantion Demain.
Sur place, c’est l’association musulmane «Vivre ensemble» qui encaisse. Pour ses promoteurs, il s’agit de soutenir un islam «tolérant comme au Maroc», selon les termes du Vice-président de l’association. La concession est que l’imam sera marocain et adoubé par les instances religieuses du pays.
Un maintien de la soumission au roi
Quatrième tête couronnée la plus riche du monde arabe, le souverain chérifien sait se montrer prodigue lorsqu’il s’agit de financer l’islam en Europe. Le don de Mohammed VI pour la mosquée «Bilal» est intervenu quelques semaines après celui de la mosquée de Turin, deuxième plus grande en Italie derrière celle de Rome, également financée par le roi du Maroc.
Quoi de plus normal que de vouloir assurer sa place au carré VIP de l’Eden d’Allah, auprès des généreux donateurs du Golfe? Loin de lui, toutefois, l’idée de promouvoir le wahhabisme et les «fous de Dieu» qui veulent islamiser le monde chrétien. Les deniers du roi ne financent que le rite malékite, la jurisprudence islamique adoptée en terre chérifienne qui ordonne surtout aux ouailles de Sa Majesté, aussi françaises, républicaines et laïques soient-elles, obéissance au descendant du prophète qu’il est.
En 2011, Mohammed VI avait financé la mosquée d’Evry, ville où Manuel Valls était député-maire. La même année, l’actuel ministre de l’Intérieur avait été fait Commandeur du Wissam alaouite, la Légion d’Honneur marocaine, en reconnaissance de son «action pour l’intégration de ses administrés marocains et son engagement connu de tous pour la promotion d’un nouveau vivre ensemble porteur de beaucoup d’espoirs», selon El Mostafa Sahel, alors ambassadeur du Maroc en France.
Des financements contestés
Mohammed VI avait aussi déboursé 1 million d’euros dans la mosquée de Strasbourg, ouverte 2011. Et 4 millions d’euros pour celle de Saint-Etienne qui porte même son nom. Inaugurée le 19 juin, cette dernière fait déjà polémique.
«Des heurts ont opposé des manifestants réclamant notamment davantage de transparence sur son financement et sa gestion, et la police. Un homme a été placé en garde à vue, soupçonné de violences sur des agents de la force publique. Une cinquantaine de manifestants, originaires de plusieurs pays du Maghreb, qui avaient pu franchir des barrages policiers aux abords de l'édifice religieux ont brandi des banderoles, saisies par la police, qui mentionnaient leur hostilité au recteur de la mosquée, Larbi Marchiche, et leur attachement à l'imam Mohamed El Adly, officiant depuis 17 ans à Saint-Etienne, récemment rappelé au Maroc par les autorités religieuses dont il était l'employé», a rapporté l’AFP.
Une jeune femme, d'origine marocaine, s'est aussi élevée contre le nom de Mohammed VI, donné à la mosquée, «un signe de conservatisme et de manque d'ouverture vis-à-vis des non-Marocains» selon elle.
«Le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a tenu à être présent. Pourquoi donc, si l ’argent apporté par le roi pour le financement de cette mosquée, vient de son portefeuille et non des arcanes de l ’Etat?», s’interroge pour sa part le site d'informantion Demain.
La mosquée de Strasbourg a été financée par le roi du Maroc, PATRICK HERTZOG / AFP
Rabat et Alger à couteaux tirés
La munificence royale n’est manifestement pas d’ordre strictement cultuel. Elle s’inscrit dans une lutte d’influence que se livrent le Maroc et Algérie sur leurs communautés respectives établies en Europe, notamment en France.
Sur ce terrain, les deux pays sont, depuis des années, «à couteaux tirés». Après le contrôle marocain sur le Conseil français du culte musulman, l'Algérie contre-attaque dans la course à l’édification de mosquées en France: 490.000 euros pour la construction de la mosquée de Tours, 270.000 euros pour celle de Toulouse et 1 million d'euros pour la grande mosquée de Marseille. Sans oublier les crédits accordés chaque année par l'Etat algérien à la gestion de la Mosquée de Paris.
«Le bras de fer entre les deux pays sur le terrain de la religion en France n'est que la traduction des divergences politiques existantes, explique l'islamologue marocain Mohamed Darif. Et si, globalement, il existe dans ce pays une cohabitation entre toutes les nationalités sur le registre de la foi musulmane, il n'en est rien pour les deux pays qui essayent chacun de récupérer une part du terrain qu'il estime sienne.»
Le Conseil des Oulémas pour l'Europe institué par Rabat est destiné à assurer l'encadrement religieux des Marocains du Vieux continent. En l'absence de structure religieuse d'Etat dans les pays d'accueil, ce Conseil s'érige de facto en interlocuteur incontournable des politiques. Une situation qui permet au Maroc d'étendre son influence
hors de ses frontières en s'immisçant dans les débats sociaux qui agitent l'Europe.
Ali Amar
Rabat et Alger à couteaux tirés
La munificence royale n’est manifestement pas d’ordre strictement cultuel. Elle s’inscrit dans une lutte d’influence que se livrent le Maroc et Algérie sur leurs communautés respectives établies en Europe, notamment en France.
Sur ce terrain, les deux pays sont, depuis des années, «à couteaux tirés». Après le contrôle marocain sur le Conseil français du culte musulman, l'Algérie contre-attaque dans la course à l’édification de mosquées en France: 490.000 euros pour la construction de la mosquée de Tours, 270.000 euros pour celle de Toulouse et 1 million d'euros pour la grande mosquée de Marseille. Sans oublier les crédits accordés chaque année par l'Etat algérien à la gestion de la Mosquée de Paris.
«Le bras de fer entre les deux pays sur le terrain de la religion en France n'est que la traduction des divergences politiques existantes, explique l'islamologue marocain Mohamed Darif. Et si, globalement, il existe dans ce pays une cohabitation entre toutes les nationalités sur le registre de la foi musulmane, il n'en est rien pour les deux pays qui essayent chacun de récupérer une part du terrain qu'il estime sienne.»
Le Conseil des Oulémas pour l'Europe institué par Rabat est destiné à assurer l'encadrement religieux des Marocains du Vieux continent. En l'absence de structure religieuse d'Etat dans les pays d'accueil, ce Conseil s'érige de facto en interlocuteur incontournable des politiques. Une situation qui permet au Maroc d'étendre son influence
hors de ses frontières en s'immisçant dans les débats sociaux qui agitent l'Europe.
Ali Amar