Il ne fait pas toujours bon être footballeur professionnel. Notamment au Nigeria, où le statut privilégié de ses expatriés crée pas mal de jalousies.
Christian Obodo, 28 ans, a pu l’expérimenter très récemment. Le milieu de terrain de l’Udinese avait profité de la trêve estivale pour rentrer au pays. Et s'est causé une belle frayeur. Enlevé devant une église au cœur de sa ville natale, Warri, il a finalement été relâché quelques heures plus tard, sain et sauf.
La somme exigée par les ravisseurs, de l'ordre de 150 000 dollars, n'a pas été versée, la police locale étant intervenue à temps. C'est la version officielle.
«Ils n’avaient pas l’intention de tuer»
En réalité, le joueur de l'Udinese, prêté cette saison à Lecce, s'en est sorti seul en échappant à la vigilance de son unique gardien, mineur, alors que les autres membres du gang s’étaient rendus à un rendez-vous et espéraient récupérer l'argent avant de libérer leur otage.
«Après avoir parlé à ma famille, trois de mes ravisseurs se sont rendus à un point de rendez-vous donné pour aller chercher leur rançon. Puis un quatrième les a rejoints. Il n’y en avait plus qu’un qui me surveillait, avec un fusil. Après que les trois premiers se sont faits arrêtés par la police, l’autre a téléphoné à mon gardien en lui disant de me tuer.
J’ai entendu leur conversation et je me suis enfui, a expliqué le Super Eagle à l’agence Ansa après sa libération, avant de donner plus de détails sur ses kidnappeurs. Mes ravisseurs étaient des jeunes, des mineurs, ils n’avaient pas l’intention de tuer mais de se procurer de l’argent.»
Difficile de faire plus ostentatoire
Les ravisseurs avaient visiblement prévu leur coup et savaient à qui ils avaient affaire. Le Super Eagle avait été repéré et attaqué par ses kidnappeurs à cause de sa voiture de luxe, une Bentley avec des plaques minéralogiques à son nom: «Obodo 5».
Difficile de faire plus ostentatoire et de passer inaperçu dans une région déjà minée par la pauvreté. Mais le calvaire du joueur de 28 ans n’aura pas duré bien longtemps:
«Il a été libéré et nous avons interpellé cinq personnes à la suite de cette intervention qui a eu lieu dans la nuit de dimanche», a expliqué Charles Muka, le porte-parole de la police.
Un événement qui aurait pu rester au rang des faits divers, sauf que cette pratique tend à se répandre dans cette région du sud-est du Nigeria, où les collaborateurs des grosses firmes pétrolières sont la principale cible des ravisseurs.
Les kidnappings y sont devenus monnaie courante et semblent désormais viser les footballeurs et leurs familles, des victimes beaucoup plus fortunées.
C’est ainsi que frère de Joseph Yobo, le défenseur de Fenerbahçe et plus récemment, le père de John Obi Mikel, le milieu de Chelsea, avaient été enlevés puis libérés.
Des gangsters armés jusqu'au dents
Dans un pays qui compte trois des vingt Africains les plus riches du continent, plus de 60% des Nigérians vivaient avec moins d'un dollar par jour en 2010, assure un rapport sur la pauvreté par le Bureau national des statistiques (NBS). Les envieux sont nombreux...
Si, en 2004, le Nigeria comptait 68 millions de pauvres, le pays le plus peuplé d'Afrique —avec ses de 160 millions d'habitants— a vu depuis ce nombre dépasser les 100 millions, rapporte le quotidien The Guardian Nigeria.
Dans le delta du Niger, la violence règne en maître et les compagnies pétrolières, Shell, Chevron et Exxon Mobil, qui procèdent à de vastes opérations d’extraction, ont vu de nombreux employés disparaître.
Avec une police aussi inefficace qu'insuffisamment équipée pour faire face à des gangsters armés jusqu'aux dents et une corruption latente, le Nigeria inquiète. Et même ses enfants chéris ne sont pas à l'abri.
À l'image des Super Eagles, donc. Si bien que désormais, les footballeurs nigérians qui souhaient rentrer au pays s'arrogent les services de gardes du corps. Ce que ne manquera certainement pas de faire Christian Obodo lors de son prochain passage à Jos.
Nicholas Mc Anally
Christian Obodo, 28 ans, a pu l’expérimenter très récemment. Le milieu de terrain de l’Udinese avait profité de la trêve estivale pour rentrer au pays. Et s'est causé une belle frayeur. Enlevé devant une église au cœur de sa ville natale, Warri, il a finalement été relâché quelques heures plus tard, sain et sauf.
La somme exigée par les ravisseurs, de l'ordre de 150 000 dollars, n'a pas été versée, la police locale étant intervenue à temps. C'est la version officielle.
«Ils n’avaient pas l’intention de tuer»
En réalité, le joueur de l'Udinese, prêté cette saison à Lecce, s'en est sorti seul en échappant à la vigilance de son unique gardien, mineur, alors que les autres membres du gang s’étaient rendus à un rendez-vous et espéraient récupérer l'argent avant de libérer leur otage.
«Après avoir parlé à ma famille, trois de mes ravisseurs se sont rendus à un point de rendez-vous donné pour aller chercher leur rançon. Puis un quatrième les a rejoints. Il n’y en avait plus qu’un qui me surveillait, avec un fusil. Après que les trois premiers se sont faits arrêtés par la police, l’autre a téléphoné à mon gardien en lui disant de me tuer.
J’ai entendu leur conversation et je me suis enfui, a expliqué le Super Eagle à l’agence Ansa après sa libération, avant de donner plus de détails sur ses kidnappeurs. Mes ravisseurs étaient des jeunes, des mineurs, ils n’avaient pas l’intention de tuer mais de se procurer de l’argent.»
Difficile de faire plus ostentatoire
Les ravisseurs avaient visiblement prévu leur coup et savaient à qui ils avaient affaire. Le Super Eagle avait été repéré et attaqué par ses kidnappeurs à cause de sa voiture de luxe, une Bentley avec des plaques minéralogiques à son nom: «Obodo 5».
Difficile de faire plus ostentatoire et de passer inaperçu dans une région déjà minée par la pauvreté. Mais le calvaire du joueur de 28 ans n’aura pas duré bien longtemps:
«Il a été libéré et nous avons interpellé cinq personnes à la suite de cette intervention qui a eu lieu dans la nuit de dimanche», a expliqué Charles Muka, le porte-parole de la police.
Un événement qui aurait pu rester au rang des faits divers, sauf que cette pratique tend à se répandre dans cette région du sud-est du Nigeria, où les collaborateurs des grosses firmes pétrolières sont la principale cible des ravisseurs.
Les kidnappings y sont devenus monnaie courante et semblent désormais viser les footballeurs et leurs familles, des victimes beaucoup plus fortunées.
C’est ainsi que frère de Joseph Yobo, le défenseur de Fenerbahçe et plus récemment, le père de John Obi Mikel, le milieu de Chelsea, avaient été enlevés puis libérés.
Des gangsters armés jusqu'au dents
Dans un pays qui compte trois des vingt Africains les plus riches du continent, plus de 60% des Nigérians vivaient avec moins d'un dollar par jour en 2010, assure un rapport sur la pauvreté par le Bureau national des statistiques (NBS). Les envieux sont nombreux...
Si, en 2004, le Nigeria comptait 68 millions de pauvres, le pays le plus peuplé d'Afrique —avec ses de 160 millions d'habitants— a vu depuis ce nombre dépasser les 100 millions, rapporte le quotidien The Guardian Nigeria.
Dans le delta du Niger, la violence règne en maître et les compagnies pétrolières, Shell, Chevron et Exxon Mobil, qui procèdent à de vastes opérations d’extraction, ont vu de nombreux employés disparaître.
Avec une police aussi inefficace qu'insuffisamment équipée pour faire face à des gangsters armés jusqu'aux dents et une corruption latente, le Nigeria inquiète. Et même ses enfants chéris ne sont pas à l'abri.
À l'image des Super Eagles, donc. Si bien que désormais, les footballeurs nigérians qui souhaient rentrer au pays s'arrogent les services de gardes du corps. Ce que ne manquera certainement pas de faire Christian Obodo lors de son prochain passage à Jos.
Nicholas Mc Anally