Rien à voir avec une passade, une faiblesse d’un soir dont l’empreinte s’efface aussi facilement que celle d’une main posée sur le sable. « Je rentrais du travail, Joseph était dans ma tête. Je jouais avec ma fille, son timbre de voix résonnait dans mes oreilles. Je préparais le dîner, ses mains se promenaient sur mes épaules. Puis Laurent, mon mari, arrivait. J’étais contente de le retrouver. Parfois, je l’écoutais et… parfois, je ne l’entendais plus. Je ponctuais chacune de ses remarques d’un sourire niais. Mais cette double histoire me dévorait le coeur. »
Il y a quatre ans, Léa, photographe de 42 ans, s’est partagée entre Laurent, le père de sa fille, et Joseph, illustrateur, rencontré dans une soirée. Un adultère banal, comme des milliers d’autres, mais Léa en est convaincue : pendant une année, elle a aimé deux hommes, avant de rompre avec son amant, la mort dans l’âme.
Une brèche s'est ouverte
Pourquoi s’engager ainsi dans cette double vie amoureuse ? Par peur de s’engager. Par désoeuvrement – comme Emma Bovary. Par besoin, chez les femmes, de nouer sexe et interdit. Par nécessité, chez les hommes, de scinder – d’un côté la « maman », de l’autre la « putain ». Par incapacité à lier tendresse et sensualité – comme le détaille Sigmund Freud dans ses écrits, in La Vie sexuelle de Sigmund Freud (PUF, 2002)..
Cela dit, dans bien des cas, soutiennent les psychanalystes, nous en arrivons là quand une brèche s’est subrepticement ouverte dans un couple déjà constitué. « L’amour s’use et demande de l’entretien, estime le psychiatre et psychanalyste Didier Lauru, auteur de Père-Fille, une histoire de regard (Albin Michel, 2006). Nous en avons moins pris soin, parfois malgré nous. Avec le temps, nous nous sommes écartés l’un de l’autre. Une distance s’installe. Un espace s’ouvre, éventuellement au sentiment amoureux : soit c’est juste un béguin, soit c’est une belle histoire… » Nous pouvons aussi nous mettre à aimer deux personnes parce que la jeune fille ou le jeune homme que nous étions, et qui manquait de confiance en elle ou en lui, a changé. Nous avons grandi, nous nous sommes petit à petit débarrassé des interdits fixés par notre histoire personnelle et familiale.
Comme le rappelle la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, auteure d’En cas d’amour, psychopathologie de la vie amoureuse (Payot, 2009), « nous sommes des êtres multiples, composés de plusieurs couches sensibles. Au fil des ans, nous évoluons. De nouvelles feuilles se déplient, faisant tomber les anciennes. Parfois, nous avons une potentialité en nous que nous n’avons pas pu développer, et nous avons aimé quelqu’un qui exploitait ce que nous étouffi ons. Si nous nous sommes défait de nos inhibitions, nous avons retrouvé et travaillé cette qualité. Alors nous avons désinvesti le partenaire de ce besoin inassouvi qu’il incarnait. Et nous nous découvrons de nouvelles attentes. C’est souvent à ce moment-là que se produit la rencontre : quelqu’un d’autre va nous regarder au moment où nous nous sommes délivrés ».
Marc, 44 ans, marié, trois enfants, a décidé de changer de vie, après avoir suivi sans broncher la trajectoire tracée par son père : cursus scientifique, grande école, avant de devenir ingénieur dans une grosse entreprise. Après ses études, il a épousé Marie, rencontrée en classe préparatoire. Il y a quelques mois, il a démissionné de son poste. « J’étouffais, j’ai quitté mon travail pour me lancer dans une formation d’ébéniste, et j’y ai croisé Romane. Nous sommes tombés amoureux. Je ne veux pas que ma famille souffre. Je me sens bien, en sécurité avec eux. Marie ne comprend pas pourquoi j’ai démissionné, pourtant, elle fait ce qu’elle peut et essaye de me combler sur tous les plans. Elle y parvenait jusqu’à présent, mais cette histoire avec Romane me chavire. Je pense beaucoup à elle, elle me manque tout le temps. »
rewmi.com
Il y a quatre ans, Léa, photographe de 42 ans, s’est partagée entre Laurent, le père de sa fille, et Joseph, illustrateur, rencontré dans une soirée. Un adultère banal, comme des milliers d’autres, mais Léa en est convaincue : pendant une année, elle a aimé deux hommes, avant de rompre avec son amant, la mort dans l’âme.
Une brèche s'est ouverte
Pourquoi s’engager ainsi dans cette double vie amoureuse ? Par peur de s’engager. Par désoeuvrement – comme Emma Bovary. Par besoin, chez les femmes, de nouer sexe et interdit. Par nécessité, chez les hommes, de scinder – d’un côté la « maman », de l’autre la « putain ». Par incapacité à lier tendresse et sensualité – comme le détaille Sigmund Freud dans ses écrits, in La Vie sexuelle de Sigmund Freud (PUF, 2002)..
Cela dit, dans bien des cas, soutiennent les psychanalystes, nous en arrivons là quand une brèche s’est subrepticement ouverte dans un couple déjà constitué. « L’amour s’use et demande de l’entretien, estime le psychiatre et psychanalyste Didier Lauru, auteur de Père-Fille, une histoire de regard (Albin Michel, 2006). Nous en avons moins pris soin, parfois malgré nous. Avec le temps, nous nous sommes écartés l’un de l’autre. Une distance s’installe. Un espace s’ouvre, éventuellement au sentiment amoureux : soit c’est juste un béguin, soit c’est une belle histoire… » Nous pouvons aussi nous mettre à aimer deux personnes parce que la jeune fille ou le jeune homme que nous étions, et qui manquait de confiance en elle ou en lui, a changé. Nous avons grandi, nous nous sommes petit à petit débarrassé des interdits fixés par notre histoire personnelle et familiale.
Comme le rappelle la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, auteure d’En cas d’amour, psychopathologie de la vie amoureuse (Payot, 2009), « nous sommes des êtres multiples, composés de plusieurs couches sensibles. Au fil des ans, nous évoluons. De nouvelles feuilles se déplient, faisant tomber les anciennes. Parfois, nous avons une potentialité en nous que nous n’avons pas pu développer, et nous avons aimé quelqu’un qui exploitait ce que nous étouffi ons. Si nous nous sommes défait de nos inhibitions, nous avons retrouvé et travaillé cette qualité. Alors nous avons désinvesti le partenaire de ce besoin inassouvi qu’il incarnait. Et nous nous découvrons de nouvelles attentes. C’est souvent à ce moment-là que se produit la rencontre : quelqu’un d’autre va nous regarder au moment où nous nous sommes délivrés ».
Marc, 44 ans, marié, trois enfants, a décidé de changer de vie, après avoir suivi sans broncher la trajectoire tracée par son père : cursus scientifique, grande école, avant de devenir ingénieur dans une grosse entreprise. Après ses études, il a épousé Marie, rencontrée en classe préparatoire. Il y a quelques mois, il a démissionné de son poste. « J’étouffais, j’ai quitté mon travail pour me lancer dans une formation d’ébéniste, et j’y ai croisé Romane. Nous sommes tombés amoureux. Je ne veux pas que ma famille souffre. Je me sens bien, en sécurité avec eux. Marie ne comprend pas pourquoi j’ai démissionné, pourtant, elle fait ce qu’elle peut et essaye de me combler sur tous les plans. Elle y parvenait jusqu’à présent, mais cette histoire avec Romane me chavire. Je pense beaucoup à elle, elle me manque tout le temps. »
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