Les travaux de construction de la future Université du Sénégal oriental (Uso), vont « incessamment démarrer », avait laissé entendre le Premier ministre, Amadou Bâ, lors de sa dernière visite à Tambacounda. Il avait même soutenu que la pose de la première est prévue au cours de ce mois. Dans cet entretien, le coordonnateur du projet, le Professeur Kandioura Noba, souligne l’impact économique attendu, en termes de valorisation des potentialités locales.
Entretien réalisé par Boubacar Agna CAMARA(Correspondant)
M. le Coordonnateur, la pose de la première pierre de l’Université du Sénégal oriental (Uso) est prévue au courant de ce mois (janvier). Quel avantage peut-on attendre d’un tel projet sur le plan régional ?
Je voudrais saisir cette occasion pour remercier, encore une fois, le Président de la République, Macky Sall, d’abord pour m’avoir fait confiance en me nommant Coordonnateur du projet de l’Université du Sénégal oriental, mais aussi et surtout pour l’opportunité qu’il donne à cette région naturelle du Sénégal oriental d’atteindre ses objectifs de développement à travers la mise en place d’une université. En cela, il vient concrétiser une doléance vieille de plusieurs années des populations. Je voudrais ensuite exprimer ma reconnaissance au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Pr Moussa Baldé et lui dire tout le plaisir de travailler sous son autorité dans la réalisation de ce Projet. La construction de cette Université vient renforcer le dispositif de l’État en ce qui concerne le maillage national des établissements d’enseignement supérieur. Elle permettra de compléter l’architecture nationale en matière d’implantation de nouvelles universités. Non seulement elle permettra d’améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et de faire face aux flux de nouveaux bacheliers, mais aussi elle va assurer une meilleure équité territoriale vers l’Est du pays et donc en phase avec les politiques publiques de décentralisation et d’aménagement du territoire. Les étudiants de la région pourront être plus proches de leur lieu d’habitation ; ce qui est très important pour leur réussite. En plus, il faut s’attendre à un impact économique extrêmement important parce que c’est tout un ensemble d’activités économiques qui va se développer autour de cette Université, avec la présence des étudiants, des personnels et de l’administration de l’université.
Qu’est-ce qui a été fait à votre niveau dans la réalisation du projet ?
La mise en place d’une nouvelle Université est très complexe. Il y a plusieurs phases et tout se fait dans la durée. On peut citer la mise en place des organes de gouvernance, des réflexions sur le projet, notamment sur les missions, le projet pédagogique et de recherche, le projet de service à la communauté et celui d’insertion future des apprenants, clé de la réussite de tout projet universitaire. Et enfin, la mise en place des infrastructures et des équipements. Comme vous le savez, le projet de décret a été signé et fixe les orientations à donner à cette université. Les organes de gouvernance ont été mis en place à travers le comité de pilotage installé par arrêté du Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Il est composé de différentes parties prenantes et avec des orientations claires. Nous avons effectué plusieurs missions pour rencontrer les autorités administratives et les acteurs à la base. Les commissions de travail, constitués des personnels enseignants chargées de concrétiser ces orientations et ces attentes sont en train d’être mises en place et les termes de références qui doivent encadrer leur travail sont en cours d’élaboration. Un plan d’actions a été élaboré pour nous permettre de démarrer les activités en octobre 2024. Je voudrais remercier le Recteur de l’Ucad, le Pr Ahmadou Aly Mbaye, qui a facilité la mise en relation et l’accompagnement de notre Université à travers les différents établissements et structures de l’Ucad. Des initiatives sont développées en direction des autres universités.
Les ressources et potentialités de la zone seront-elles prises en compte par cette future université ?
C’est tout le sens qu’il faut donner à la création des nouvelles universités. C’est de faire en sorte de valoriser les potentialités des terroirs, évidemment avec un ancrage national. Et ces potentialités sont très importantes au Sénégal oriental et nous venons de l’évoquer. Il y a les ressources minières, hydriques, les terres cultivables, les parcours pastoraux et l’élevage, les ressources forestières et la pêche qu’il faut davantage développer. Et la plus grande ressource, c’est l’homme, la grande diversité culturelle, un patrimoine extrêmement important à conserver et à valoriser dans cette partie du Sénégal. Les orientations données à cette université sont centrées sur la valorisation des potentialités des deux régions (Tambacounda et Kédougou). Il s’agit de voir comment l’Université peut appuyer le développement des industries minières et des autres ressources naturelles du Sénégal oriental. On pense, par exemple, à l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’aquaculture, les ressources forestières, la santé d’une part et d’autre part comment valoriser tout le patrimoine culturel et artistique de cette région. C’est cela la commande publique. La réflexion est ouverte. Il s’agit de voir tout ce qui est pertinent à valoriser, y compris aussi les gaps à combler. Il s’agit donc d’une réflexion très importante du point de vue stratégique. C’est ce à quoi nous nous attellerons les semaines et mois à venir.
Quelles seront les particularités de cette institution ?
Les particularités de cette Université pourraient se situer à plusieurs niveaux. D’abord elle concerne deux régions administratives, Tambacounda et Kédougou qui forment la zone écogéographique et naturelle du Sénégal oriental qui représente au moins le quart de la superficie du pays. Elle est en plus frontalière avec quatre pays voisins du Sénégal : le Mali, la Mauritanie, la Guinée et la Gambie. On pourrait même y ajouter la Guinée-Bissau. Ces particularités géographiques lui confèrent un statut de zone « périphérique » et de région « carrefour ». Elle offre ainsi une grande diversité sur le plan géologique et géomorphologique, sur le plan climatique et hydrologique et sur le plan biologique. Son sol et sous-sol regorgent d’importantes ressources naturelles, minières, végétales et animales. L’exploitation minière, l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière, le commerce transfrontalier ainsi que le tourisme constituent des enjeux économiques très importants pour le développement de cette zone. À cela, s’ajoutent la grande diversité et la richesse culturelle et artistique et agricole de cette partie qu’il faut également valoriser. Voilà les particularités de cette région qu’il faut traduire en opportunités de développement. Et l’université doit être là pour appuyer et concrétiser toutes ces opportunités à travers ses missions d’enseignement et de formation, de recherche et de service à la communauté et en mettant l’insertion des sortants au cœur de ses préoccupations.
Source : https://lesoleil.sn/pr-kandioura-noba-coordonnateu...